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L’évaluation des programmes est cruciale pour les organismes de sport. Par exemple, l’évaluation peut servir à démontrer l’incidence des programmes aux organismes de financement (comme Sport Canada) ou à éclairer les changements apportés aux programmes afin de mieux servir les sportives et sportifs. Cependant, de nombreux organismes de sport manquent de temps, d’argent, de connaissances et d’expérience pour entreprendre efficacement des travaux d’évaluation (Mitchell & Berlan, 2016 ; Lovell et al., 2016).  

Dans le but de combler une lacune à l’échelle du secteur en matière de capacité d’évaluation et d’améliorer nos pratiques d’évaluation internes, le Centre de documentation pour le sport (SIRC) s’est associé à Corliss Bean, PhD, CE, chercheuse et experte en évaluation de l’Université Brock. Ensemble, nous avons formé un partenariat de recherche axé sur la mise en œuvre d’une initiative d’application des connaissances visant à accroître les connaissances et les capacités en matière d’évaluation au sein des organismes de sport à but non lucratif au Canada. 

Dans cet article de SIRCuit, nous décrirons notre partenariat et notre processus de planification, d’exécution et d’évaluation de notre initiative d’application des connaissances. Nous partagerons également des conseils et des enseignements aux organismes qui souhaitent s’engager dans des partenariats de recherche. 

Cet article du SIRCuit est basé sur un article académique coécrit par le SIRC et Corliss Bean. Veuillez contacter le SIRC à l’adresse info@sirc.ca pour consulter l’article. Télécharger l’article ici.

Développer le partenariat 

En 2020, le SIRC a engagé Corliss Bean, PhD, CE, pour animer un atelier d’évaluation en deux parties pour les membres du personnel du SIRC. L’atelier nous a permis de réfléchir à nos pratiques en matière d’évaluation et d’identifier des façons de les améliorer. Grâce à cet atelier et à des discussions avec d’autres organisations sportives, nous avons réalisé qu’il y avait un besoin de formation sur l’évaluation dans le secteur du sport, car de nombreuses organisations n’avaient pas les connaissances ou les capacités nécessaires pour réaliser des évaluations significatives de leurs initiatives.  

Pour répondre à ce besoin, nous avons formé un partenariat de recherche. Lorsque des chercheurs et des parties prenantes ou des organismes communautaires se réunissent pour œuvrer vers un objectif commun qui profitera à la recherche et à la pratique, il en résulte un partenariat de recherche (Holt et al., 2018 ; Kendellen et al., 2017). Les objectifs de notre partenariat étaient de :  

  1. Coanimer une série de webinaires axés sur l’enseignement des habiletés en matière d’évaluation qui combleraient les principales lacunes en matière de connaissances et amélioreraient les capacités d’évaluation dans le secteur du sport. 
  2. Co-créer des ressources (par exemple, des feuilles de travail et des vidéos) qui accompagneraient la série de webinaires afin de faciliter l’assimilation des connaissances et d’améliorer la portée de l’initiative. 
  3. Co-évaluer la série de webinaires et les ressources afin d’établir ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré. 
  4. Renforcer la capacité d’évaluation du SIRC afin d’accroître nos connaissances, d’améliorer nos programmes et de mieux servir le secteur du sport au Canada. 

Subventions Connexion

Principes de partenariat  

Afin de maintenir une relation positive et de nous engager mutuellement de manière significative, nous avons développé un ensemble de principes pour guider notre partenariat de recherche. Ces principes proviennent d’une liste établie à partir d’une synthèse de la littérature sur les partenariats (Hoekstra et al., 2020). Avec notre partenaire de recherche, Corliss Bean, nous avons identifié et convenu de principes qui, selon les deux partenaires, se traduiraient par un partenariat fructueux. Une liste de ces principes et des exemples de stratégies que nous avons utilisées pour soutenir chaque principe est présentée ci-dessous.

Orienter le processus  

Pour que les initiatives aient un impact, elles doivent être conçues de manière réfléchie en tenant compte des besoins des utilisateurs des connaissances (dans notre cas, les gestionnaires du sport). Afin de nous assurer que notre initiative a des répercussions favorables, nous avons guidé sa planification, sa mise en œuvre et son évaluation à l’aide du cadre de mise en pratique des connaissances [Knowledge to Action Framework ou KTA] (Graham et al., 2006). 

Figure extraite de Graham et al., 2006

Le cadre KTA est composé de deux processus. Le premier processus est l’entonnoir de création de connaissances, que vous pouvez voir au centre de la figure 1. L’entonnoir de création de connaissances décrit le processus de création de nouvelles connaissances et leur synthèse en messages clés qui peuvent être partagés sous la forme d’outils et de produits. Le deuxième processus est le cycle d’action, que vous pouvez voir sur l’anneau extérieur de la figure 1. Le cycle d’action décrit le processus de conception, de mise en œuvre et d’évaluation de ressources, de programmes ou d’initiatives fondé sur des données probantes afin d’appuyer l’utilisation des connaissances dans la pratique.  

Notre initiative a été principalement guidée par le cycle d’action. Nous décrivons ci-dessous comment nous avons utilisé les étapes du cycle d’action pour guider la planification, la mise en œuvre et l’évaluation de notre initiative. Ces étapes peuvent servir de modèle pour orienter votre prochain projet d’application des connaissances. 

Étape 1 : Identifier le problème et déterminer l’écart entre les connaissances et l’action 

Nous avons identifié un besoin d’améliorer notre capacité d’évaluation interne et avons engagé un chercheur possédant l’expertise nécessaire pour nous aider. Conscients de l’existence d’une lacune plus large dans l’ensemble du secteur en matière de connaissances et de capacités en ce qui a trait à l’évaluation, nous avons formé un partenariat de recherche pour nous aider à combler cette lacune. 

Étape 2 : Sélectionner les connaissances et les adapter au contexte local  

En tant que partenariat, nous avons examiné la documentation sur l’évaluation dans les contextes d’organismes à but non lucratif et d’organismes sportifs pour voir ce qui avait été fait précédemment. Nous avons pris en compte nos propres expériences en matière d’évaluation et nous avons contacté d’autres organisations pour connaître leurs besoins. Ensemble, nous avons identifié trois sujets prioritaires reflétant les principales lacunes dans les connaissances en matière d’évaluation des secteurs à but non lucratif et du sport. 

Étape 3 : Évaluer les obstacles et les facteurs facilitant l’utilisation des connaissances  

Nous avons utilisé les résultats de notre analyse documentaire et nos expériences pour identifier certaines des principales raisons pour lesquelles les organisations ne procédaient pas à des évaluations. Les obstacles courants à la pratique de l’évaluation dans les organismes de sport à but non lucratif que nous avons relevés étaient les suivants : 

En comprenant ce qui empêchait les organisations de procéder à des évaluations, nous pouvions mieux concevoir des ressources pour les aider à surmonter ces obstacles. 

Étape 4 : Sélectionner, adapter et mettre en œuvre les interventions   

Nous avons prévu d’organiser des webinaires comme principale composante de notre initiative en raison du succès de la série de webinaires des experts du SIRC. Les webinaires sont géographiquement et financièrement accessibles à un large éventail de personnes, peuvent accueillir de nombreux participantes et participants simultanément, et peuvent être enregistrés et partagés à une date ultérieure. Pour accompagner les webinaires, nous avons développé et partagé des billets de blogue, des vidéos et des gabarits. Ces ressources présentent les connaissances partagées lors de la série de webinaires sous différents formats afin de favoriser l’apprentissage et l’application future des connaissances. Nous avons hébergé ces ressources dans une boîte à outils en ligne gratuite et facilement accessible sur la page web du SIRC. La série de webinaires et les ressources complémentaires ont aidé à surmonter les obstacles, notamment les ressources financières et les ressources d’évaluation limitées, et ont permis aux participantes et participants d’améliorer leurs connaissances en matière d’évaluation dans nos trois domaines prioritaires. 

Étapes 5 et 6 : contrôler l’utilisation des connaissances et évaluer les résultats 

Nous avons contrôlé l’utilisation des connaissances partagées dans le cadre de notre initiative et évalué leur incidence à l’aide d’un outil appelé le cadre RE-AIM (Glasgow et al., 1999). Un suivi et une évaluation réguliers (par exemple, après chaque webinaire) offrent une occasion importante de voir ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas, et de procéder à des ajustements pour améliorer les résultats. Les définitions de chaque dimension du cadre RE-AIM et des exemples d’indicateurs que nous avons évalués pour chaque dimension sont présentés ci-dessous. 

  1. La portée fait référence au nombre, à la proportion et à la représentativité des personnes touchées par l’initiative. Nous avons mesuré la portée à l’aide des formulaires d’inscription aux webinaires et des analyses des médias sociaux. Par exemple, nous avons évalué le nombre d’inscriptions, les caractéristiques démographiques des personnes inscrites (telles que leur rôle dans le sport, leur profession et leur province ou territoire de résidence) et le nombre de personnes qui ont consulté les promotions du webinaire et des ressources sur les médias sociaux.
  2. L’efficacité fait référence à l’impact de l’initiative sur les résultats positifs et négatifs. Nous avons choisi d’évaluer l’évolution des connaissances en matière d’évaluation, la confiance dans les pratiques d’évaluation et les intentions d’appliquer les connaissances acquises sur chaque sujet d’évaluation. Nous avons mesuré ces résultats à l’aide d’un sondage envoyé aux participantes et participants immédiatement après chaque webinaire. Les résultats ont montré que la série de webinaires était largement efficace : 86 % des répondants ont signalé une augmentation de leurs connaissances, 73 % ont signalé une augmentation de leur confiance et 78 % ont prévu d’appliquer ce qu’ils ont appris. Au-delà de la série de webinaires, nous avons suivi le nombre de consultations des blogues, des vidéos et des ressources hébergées sur la page web du SIRC comme indicateur général de l’application des connaissances.
  3. L’adoption fait référence au nombre, à la proportion et à la représentativité des structures et du personnel qui sont prêts à participer à l’initiative. Pour notre initiative, nous avons mesuré le nombre de participantes et participants et le taux de participation aux webinaires (la proportion de personnes inscrites qui ont effectivement participé) à l’aide des rapports générés par l’application Zoom. Notre taux de participation a été en moyenne de 51 % pour l’ensemble de la série de webinaires, ce qui correspond à la norme du secteur pour les événements virtuels (Bennet, 2023). 
  4. La mise en œuvre fait référence à la mesure dans laquelle l’initiative a été mise en œuvre comme prévu. Les indicateurs de mise en œuvre comprenaient le nombre prévu par rapport au nombre réel de webinaires organisés et de ressources créées, ainsi que les commentaires des participantes et participants (recueillis par le biais du sondage de rétroaction après la présentation) sur ce qu’ils ont apprécié et ce qui pourrait être amélioré. Dans l’ensemble, l’initiative a été mise en œuvre comme prévu. Toutefois, les gens ont suggéré d’accorder plus de temps aux périodes de questions et de réponses, et ont encouragé les animatrices et animateurs des webinaires à inclure davantage d’éléments pratiques dans leurs présentations. Nous avons utilisé les commentaires recueillis après chaque webinaire pour améliorer les webinaires ultérieurs de la série. 
  5. Le maintien fait référence à l’impact à long terme de l’initiative sur les résultats des participantes et participants (au-delà de 6 mois), ainsi qu’à la mesure dans laquelle l’initiative devient partie intégrante de la pratique organisationnelle. Nous continuons à contrôler et à évaluer le maintien en suivant le nombre de consultations des blogues, des vidéos et des ressources hébergées sur la page web du SIRC au fil du temps. 

Étape 7 : Maintenir l’utilisation des connaissances  

Les étapes du cycle d’action sont en fin de compte destinées à conduire à l’application durable des connaissances. Nous continuons à encourager l’utilisation des connaissances en partageant régulièrement les ressources que nous avons créées avec le secteur du sport par le biais du bulletin quotidien du SIRC et des médias sociaux. L’équipe du SIRC continue également à appliquer les connaissances et les compétences acquises dans le cadre de ce partenariat ainsi que les outils et les modèles que nous avons créés ensemble dans nos pratiques d’évaluation quotidiennes. 

Réflexions finales et principaux enseignements 

Ce partenariat de recherche a fourni aux deux partenaires les ressources et les capacités nécessaires pour développer et offrir une série de webinaires et des ressources en ligne afin d’améliorer les capacités d’évaluation dans le secteur du sport au Canada. Les clés de la réussite de ce partenariat ont été l’utilisation des cadres KTA et RE-AIM pour planifier et évaluer intentionnellement notre initiative du début à la fin, ainsi que l’identification et l’adoption d’un ensemble de principes pour guider notre partenariat dès le départ.  

Êtes-vous en train de développer un partenariat de recherche pour favoriser l’application des connaissances ? Voici trois conseils pour vous aider à démarrer :  

Le sport offre une occasion unique aux communautés des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) d’être actives et sociales, en particulier pendant les mois d’hiver lorsque la lumière du jour est limitée et que les températures sont glaciales. Le sport offre aux gens une raison de se rassembler et de continuer à bouger.

C’est pour ces raisons, ainsi que pour mieux servir les communautés autochtones du Nord, que Ringuette Canada s’est associée au Centre de documentation pour le sport (SIRC) et a décidé de revenir dans les Territoires du Nord-Ouest. Selon Erin Van Gulik, directrice de la sécurité et du développement sportif de l’organisme, cela fait plus de vingt ans que les T.N.-O. n’ont pas d’organismes de ringuette et Ringuette Canada voulait changer cela.

Ringuette Canada a fait appel aux fondatrices de Ringuette For All, le duo mère-fille Kim, vice-présidente des opérations de SIRC, et Alexa Gurtler, pour diriger la programmation. Kim, entraineure de ringuette de longue date, était sur le banc pendant la carrière de ringuette de compétition d’Alexa. Après que cette dernière ait subi une série de commotions cérébrales, la famille s’est détournée de la ringuette de compétition pour créer « une équipe pour les enfants ayant des habiletés différentes ». Le couple a fait appel à Gavin Johnson, animateur de sport adapté de longue date, également du SIRC. Thorsten Gohl, entraineur de tennis de table, coordonnateur de la littératie physique pour les 33 collectivités des T.N.-O. et récipiendaire du prix de contribution communautaire Delma Kisoun Memorial en 2023 de Sport North, a servi de guide local et d’hôte pour le groupe.

Semer les graines de la participation à la ringuette

[Kim] Gurtler décrit la mission du voyage comme étant de « semer les graines » pour mettre en place un programme de ringuette dans le Nord. Alors que l’équipe offrirait des ateliers pratiques aux enfants, la mission secondaire de Gurtler était d’identifier les membres de la communauté qui pourraient se faire les championnes et champions du sport après leur départ. Alexa a mis au point des trousses d’entrainement « Ringuette pour tous » afin d’appuyer les entraineurs de joueuses et joueurs d’habiletés diverses. Elle espérait que ces ressources, en plus des appuis en entrainement offerts par Ringuette Canada, pourraient être utilisées par une championne ou un champion communautaire pour mettre sur pied un programme dans le Nord.

Au cours de ce voyage d’une semaine, il a fallu faire preuve de flexibilité et pivoter à de nombreuses reprises. Par exemple, Johnson et les Gurtler sont arrivés à Yellowknife pour découvrir que la ville était au lendemain d’une grève générale et qu’ils ne pourraient pas accéder aux patinoires qu’ils avaient prévu d’utiliser. Cet incident les a incités à se tourner vers la ringuette en gymnase dans une école secondaire locale.

Avant de quitter le gymnase, l’enseignante a demandé à en savoir plus sur ce sport afin d’inclure la ringuette dans son programme d’études pour l’année suivante. L’équipe avait sa première championne potentielle. Les graines étaient semées, malgré le permagel.

L’identification des championnes et champions n’a pas été aussi facile dans certaines des autres communautés. L’équipe a également visité Hay River (population d’environ 3550 habitants) et Fort

Providence (population d’environ 700 habitants). Compte tenu de la population, la participation de 5 à 6 enfants à Hay River a été un succès, en particulier dans une région qui s’enorgueillit de son hockey. À Fort Providence, quatre autres enfants se sont présentés, dont trois avaient des patins émoussés, ce qui rendait le patinage difficile, et a incité l’équipe à changer d’idée.

« Alexa a eu l’idée d’utiliser des chaises. Nous les avons donc poussés tous les trois sur des chaises pendant qu’ils faisaient les exercices avec les bâtons. Je pense que le petit garçon qui savait patiner souhaitait lui aussi être sur une chaise, car nous nous amusions tous beaucoup », explique Kim.

L’une des principales différences identifiées est l’écart entre les types de ressources dont disposent le Nord et le Sud. Par exemple, l’équipe de « Ringuette pour tous » de Gurtler à Ottawa disposait de nombreuses ressources humaines sous la forme de bénévoles, mais elle manquait de ressources financières pour soutenir les athlètes. L’inverse pourrait être vrai pour le Nord, qui dispose d’un soutien financier suffisant, mais manque de régularité au niveau des entraineurs et des bénévoles.

Continuez à revenir : un message pour les organisations sportives qui cherchent à atteindre le Nord

La nécessité de favoriser la cohérence est un point essentiel pour Thorsten, un ardent défenseur de l’accessibilité au sport dans les territoires.

« Les problèmes et les difficultés auxquels nous sommes confrontés dans le Nord sont dus au fait qu’il y a beaucoup de choses qui vont et viennent. Le personnel enseignant, les infirmières et infirmiers, et la GRC vont et viennent. Il n’y a pas beaucoup de constance dans la vie des jeunes », explique M. Gohl.

Cependant, même si la pandémie a été difficile, M. Gohl estime que l’accessibilité accrue des connexions virtuelles est un élément positif pour le Nord : « L’élément le plus important [pour que les organisations du Sud connaissent du succès avec leur programmation dans le Nord] est la permanence et le mentorat. Je pense que les organisations doivent tisser des liens locaux, venir dans le Nord et avoir un contact direct avec les enfants. Ensuite, il peut être intéressant de se brancher virtuellement ou par téléphone pour continuer à bâtir cette relation. »

Gohl insiste également sur la nécessité de mettre l’accent sur le plaisir plutôt que sur l’athlétisme de haut niveau : « Il n’est pas nécessaire d’amener les enfants dans le Sud et de les inscrire dans des programmes de haut niveau pour qu’ils vivent une expérience sportive positive », déclare-t-il.

Les organismes sportifs qui souhaitent introduire un sport dans le Nord doivent également penser en termes d’échelle, selon M. Gohl : « Nous devons nous demander comment développer le sport ici. Est-il possible de mettre sur pied un programme de ringuette dans une communauté qui ne compte que quelques centaines de personnes ? Comment pouvons-nous nous adapter aux besoins de la communauté ? Comment pouvons-nous faire appel à d’autres organisations qui existent déjà pour appuyer ce programme ? »

Pour M. Johnson, c’est là qu’une formation en entrainement pour le développement d’habiletés multiples peut s’avérer un atout. Si les méthodes d’entrainement des habiletés multiples sont souvent utilisées pour faciliter le jeu entre des participantes et participants ayant différents niveaux d’aptitude ou d’incapacité, les principes peuvent également être utilisés pour faciliter le jeu entre, par exemple, différents groupes d’âge. Des stratégies comme l’exemple de Fort Providence, qui utilise des chaises

pour que les enfants ayant des habiletés de patinage différentes soient sur un pied d’égalité, peuvent contribuer à garantir une expérience inclusive.

Conseils de Thor aux organismes de sport qui souhaitent offrir des programmes dans les T.N.-O.

– Travaillez avec un membre de la communauté qui est bien établi et développez un bon rapport.

o Demandez à la communauté ce qui serait le plus bénéfique pour elle.

– Pensez aux besoins spécifiques de la communauté et gardez à l’esprit les circonstances géographiques, sociales et financières.

o Par exemple, la lumière du jour est limitée pendant les mois d’hiver, les populations sont peu nombreuses, les ressources humaines sont limitées.

o Adaptez la programmation aux besoins de la communauté

– Lorsque vous vous rendez dans le Nord, envoyez une équipe qui peut consacrer du temps non seulement aux enfants, mais aussi au renforcement des capacités de la communauté.

– Maintenez la relation virtuellement après la visite afin que les participantes et participants se sentent constamment soutenus.

o Faites du mentorat un élément clé de la planification du programme.

Apprendre du Nord

Comme nous l’avons déjà mentionné, le duo mère-fille de Kim et Alexa Gurtler a fait l’expérience d’offrir des occasions de pratiquer la ringuette à des niveaux d’habiletés multiples au sein de leur communauté à Ottawa.

« Le modèle d’habiletés multiples permet à tous les enfants et à tous les jeunes de faire partie d’une équipe, peu importe leur capacité ou leur incapacité. … Cette approche semble convenir au Nord en ce moment. Tout le monde peut faire partie de l’équipe, quels que soient son âge ou ses habiletés. »

Elle a ressenti la même chose en animant les ateliers dans les T.N.-O., un sentiment de privilège de pouvoir offrir aux enfants une expérience qu’ils n’auraient peut-être pas eue autrement, mais aussi un sentiment d’impuissance quant à la meilleure façon de continuer à soutenir les communautés nordiques une fois de retour chez elle.

Mais la devise de Gohl est « Tout est possible », et cela a déteint sur l’équipe d’Ottawa.

Johnson, qui a grandi en jouant au hockey et qui a suivi un parcours de développement compétitif, a ressenti la même chose : le voyage lui a rappelé l’importance du plaisir et du jeu, et pas seulement de la compétition.

« En tant qu’enfant, je me suis toujours retrouvé dans le courant de la compétitivité plutôt que dans celui de l’inclusion, explique-t-il, mais dans le cadre de mes activités d’entraineur adaptatif, et en particulier lors de ces ateliers, j’ai pu constater les avantages qu’il y a à faire de la place pour tout le monde et à encourager le sentiment d’être actif pour la vie. »

Les conseils de Kim et Gavin pour travailler dans le Nord en tant que représentants du Sud :

– Toujours être prêt à pivoter

o En fin de compte, l’objectif est de permettre aux enfants de s’amuser et à la communauté locale de découvrir un sport. Tant que c’est le cas, les changements en cours de route ne posent aucun problème

– Travailler avec la communauté locale

o Identifiez au moins un guide local qui peut vous apporter son expertise et vous mettre en contact avec le réseau communautaire.

– Aidez à développer les capacités en matière de ressources humaines : ne vous contentez pas de fournir des ressources matérielles.

o Réfléchissez à la manière dont vous pouvez soutenir et former les championnes et champions de la communauté.

L’évaluation du SIRC

Au cours du voyage, le SIRC a identifié des résultats clés compilés dans cette infographie. Parmi ces constatations, citons que dans les quatre communautés visitées, Yellowknife, Fort Providence, Hay River et Behchǫ̀ko, 244 personnes ont participé au programme, dont plus des deux tiers étaient des filles et des femmes. Il s’agit d’une augmentation du nombre de participants par rapport au dernier voyage en 2021 qui comptait 187 participants. De plus, ce sont les jeunes des communautés qui ont été les plus touchés par le programme : 95 % des participantes et participants étaient âgés de 6 à 17 ans.

« C’est le plus beau jour de ma vie… Je pense que TOUT LE MONDE DEVRAIT JOUER À LA RINGUETTE, et c’est formidable de voir ce sport ici, dans les Territoires du Nord-Ouest », déclare un participant au programme.

Des commentaires de ce genre montrent que les communautés ont exprimé leur intérêt et leur enthousiasme à établir des ligues, se porter bénévole et participer à de futurs événements. Grâce à ce regain d’intérêt, le SIRC estime qu’avec le soutien des dirigeants communautaires, il existe un fort potentiel de succès pour les programmes de ringuette dans les T.N.-O.

Le travail n’est pas encore terminé

M. Van Gulik affirme que Ringuette Canada « s’est définitivement engagée à établir la ringuette dans le Nord ».

Bien que l’objectif puisse sembler difficile à atteindre, comme le dit Gohl, un programme de ringuette dans les T.N.-O. n’est pas une fin en soi.

Points saillants

Les appels au changement de culture dans les sports au Canada sont persistants et plus forts que jamais. Dans le cadre de notre programme de recherche systématique, nous avons écouté et partagé les points de vue des athlètes de haut niveau sur ce qui semble être des comportements et des pratiques dangereux acceptés (ou du moins, tolérés) dans le sport. La tolérance des comportements et pratiques dangereux reflète une attitude de « voici comment on fait les choses ici » qui fait obstacle au changement de culture (MacIntosh & Doherty, 2005). Pour faire progresser la culture sportive, il faut continuer à s’appuyer sur une compréhension factuelle du changement nécessaire.

La culture peut être modifiée au fil du temps, en recentrant et en enracinant des comportements et des pratiques nouveaux et différents, ainsi que les valeurs sous-jacentes plus positives qu’ils représentent (Alvesson & Sveningsson, 2016). Dans un récent blogue du SIRC, Jennifer Walinga a décrit certains mécanismes de changement culturel : « Pour changer la culture, il faut d’abord la vérifier en épluchant les couches de valeurs et de croyances afin d’exposer, puis de remettre en question et de changer certaines des hypothèses qui régissent le sport. » Cet audit doit prendre en compte le point de vue des entraîneurs et des gestionnaires de haut niveau, étant donné qu’elles et ils participent directement à la création et au renforcement de la culture du sport de haut niveau et, en fin de compte, à l’évolution de cette culture vers un sport plus sécuritaire.

Dans cet article, nous partageons les résultats de notre récente recherche qui se concentre sur les voix des entraîneurs et des gestionnaires concernant les aspects sécuritaires et non sécuritaires de la culture du sport de haut niveau au Canada. Tout d’abord, nous décrivons les défis que les entraîneurs et les gestionnaires du sport de haut niveau considèrent comme obstacle au changement de culture dans le sport. Ensuite, nous présentons des stratégies fondées sur des données probantes pour relever ces défis. S’appuyant sur nos recherches qui examinent les perspectives des athlètes de haut niveau sur les environnements sportifs sécuritaires et dangereux, ces résultats enrichissent notre compréhension de la culture du sport de haut niveau et de la sécurité des athlètes.

Notre étude : Le point de vue des entraîneurs et des gestionnaires

Coaching, rugby or happy man writing with a strategy, planning or training progress with a game formation.Les entraîneurs et les gestionnaires sont les principaux responsables de l’évolution vers un sport plus sécuritaire. Ils sont chargés de gérer et d’administrer un environnement sportif sécuritaire en élaborant, en mettant en œuvre et en renforçant les politiques et les pratiques comportementales au sein de leur organisation et de leur équipe. Les athlètes de haut niveau ont attiré l’attention sur le rôle essentiel de ces leaders pour garantir un espace sportif positif.

En tant que gardiens de la culture du sport de haut niveau, et donc du changement de culture, ces leaders ont une expérience et une vision directes des défis associés aux appels à une nouvelle orientation. Pour tirer parti de leurs expériences et de leurs points de vue, nous avons interrogé 27 entraîneurs et gestionnaires (appelés collectivement « leaders sportifs » dans le présent article) de 23 organismes de sport de haut niveau, principalement des organismes nationaux de sport (ONS). Nous les avons interrogés sur leur perception des pratiques sportives sécuritaires et dangereuses, sur ce qui peut être fait pour passer à une culture sportive plus sécuritaire et sur les défis que cela représente.

Les défis liés à l’adoption d’une culture sportive plus sécuritaire

Les entraîneurs et les gestionnaires que nous avons interrogés nous ont fait part de ce qu’ils considèrent comme des comportements et des pratiques dangereux dans le milieu du sport de haut niveau, notamment :

Ils ont également indiqué que, selon eux, un sport sécuritaire se caractérise par les éléments suivants :

Nous présentons nos conclusions comme un processus de passage d’un sport dangereux à un sport plus sécuritaire (voir figure 1), en mettant l’accent sur les défis perçus de ce changement. Les leaders sportifs que nous avons interrogés ont mis en évidence plusieurs défis à relever pour passer à un environnement sportif plus sécuritaire, défini comme un environnement qui est inclusif, solidaire, confiant et qui permet à toutes les parties prenantes de connaitre des performances optimales. Nous partageons ces résultats ici, avec des citations à l’appui.

Figure 1. Les défis posés par le passage d’aspects dangereux à des aspects sécuritaires dans le sport de haut niveau.

1er défi : Le sport est intrinsèquement risqué et dangereux

Les entraîneurs et les gestionnaires ont souligné la difficulté d’établir un environnement totalement sécuritaire, malgré tous les efforts déployés, car le sport lui-même est intrinsèquement dangereux. Par exemple, un leader sportif a décrit la nécessité de se concentrer sur le fait de rendre le sport « plus sécuritaire » plutôt que « sans danger » tout en se conformant aux politiques et aux exigences en matière de sécurité dans le sport : « Mais même une fois que nous avons réglé tout cela, cela ne veut pas dire que la sécurité est possible. Vous savez, il y a un risque inhérent dans le sport et dans la vie, donc il s’agit vraiment d’une question d’être plus sécuritaire. »

Les leaders sportifs ont souligné l’importance de reconnaître que le sport comporte des éléments intrinsèquement dangereux dans le cadre de la compétition et de l’entraînement. Le passage à un contexte de sport plus sécuritaire nécessite une réflexion sur ce que le risque inhérent à l’activité physique de compétition signifie pour la sécurité des athlètes. Il y a sans aucun doute des zones d’ombre dans lesquelles il faut naviguer. Par exemple, pour préparer les athlètes à des situations risquées en compétition, les entraîneurs peuvent avoir besoin de simuler des situations risquées pendant l’entraînement (de la manière la plus sécuritaire possible) afin que les athlètes puissent apprendre à gérer une telle situation tout en atténuant le risque. C’est souvent le cas des sports de combat, comme le décrit ce leader sportif :

« Les entraîneurs sont dans le coin et lancent des ordres parce qu’ils voient ce qui va se passer, car ils ont de l’expérience… Ainsi, pour préparer les athlètes à la compétition, au niveau auquel ils participent, il faut simuler exactement le même environnement que celui qui va se produire… Ainsi, si vous dites : “S’il vous plaît, arrêtez de faire ceci parce que je pense que ce n’est pas bon pour vous”, vous pouvez aussi dire : “Hé, faites-le maintenant. Et faites-le très vite !” ».

2e défi : Environnement sportif turbulent et instable

Les leaders sportifs ont décrit la difficulté d’évoluer vers une culture du sport plus sécuritaire lorsque l’environnement actuel continue d’être si turbulent et instable, un lieu où les individus ont peur d’agir. « Je pense que si nous trouvions un moyen pour que les gens n’agissent pas dans cet espace de peur et dans cet espace très menacé, alors nous mettrions en œuvre des pratiques sportives sécuritaires qui ne seraient pas simplement un spectacle », a déclaré l’un des leaders que nous avons interrogés. « J’ai l’impression qu’à l’heure actuelle, beaucoup de gens se sentent incroyablement menacés dans leur rôle et ont incroyablement peur de commettre une erreur, et sont donc très prudents quant à la manière dont ils s’engagent réellement dans le sport sécuritaire », a ajouté le leader.

Les leaders ont également parlé de leur sentiment d’être laissés pour compte dans l’instabilité des appels au changement et des efforts de réforme, et de leur difficulté à faire le tri dans le nouveau dialogue et les nouvelles informations. Ils ont dit se sentir réactifs et sans protection, plutôt que soutenus, lorsqu’ils essaient de faire ce qu’il faut. Selon un leader :

« Je pense qu’à l’heure actuelle, tout le monde se trouve dans cette zone de réaction. [Et à cause de cela] vous devez compter sur votre association pour vous soutenir si vous faites ce qu’il faut, et je pense que bien souvent, les associations ne le font pas. Elles ne soutiennent pas vraiment le processus, vous savez. »

De toute évidence, les organismes de sport au Canada sont confrontés à de nouvelles informations, à de nouvelles allégations de mauvais traitements et à des lignes directrices mises à jour qui peuvent les laisser perplexes quant à ce qu’ils doivent faire et à la façon de le faire.

3e défi : Manque d’alignement dans le système

officials sitting around a table conversingUn système sportif désarticulé a été identifié comme un autre obstacle à la mise en place d’une culture sportive plus sécuritaire. Les leaders ont décrit un décalage entre les organismes de sport aux niveaux communautaire, provincial et territorial, et national. Ce décalage peut être accentué par les efforts déployés en faveur du sport sécuritaire. Par exemple, dans certains sports, les athlètes de l’équipe nationale s’entraînent indépendamment avec des clubs locaux et se réunissent pour des camps d’entraînement ou des compétitions de l’équipe nationale un nombre limité de fois par an. Si le personnel de l’équipe nationale peut contrôler la sécurité de l’environnement et le respect des politiques de sécurité sportive lors des événements d’équipe, il n’a que peu de contrôle sur l’environnement d’entraînement quotidien dans le club de chaque athlète. Comme l’a décrit un leader :

« Nous avons un système très décentralisé. Nous ne nous réunissons que quelques fois par an… la plupart du temps, nous ne sommes pas centralisés. Ainsi, [les athlètes] s’entraînent tous dans leur propre club. Il m’est donc très difficile de dire que j’ai mis en place toutes mes politiques et tous les éléments nécessaires. Mais est-ce qu’elles ont un impact réel ? »

Un autre leader confirme : « Nous n’avons pas forcément les moyens de savoir [ce qui se passe au niveau des clubs]. »

Dans le même ordre d’idées, les leaders ont décrit le défi que représente le fait de naviguer entre les différents systèmes et exigences en matière de sécurité sportive d’une juridiction à l’autre au sein d’un même sport. « Techniquement, seuls les athlètes de notre ligue nationale et de notre équipe nationale… relèvent de notre juridiction. Mais… si quelque chose se produit au niveau local ou provincial, cela se répercute sur notre organisation », a expliqué un leader. « Nous nous efforçons d’harmoniser nos politiques et de mettre à disposition des modèles afin que nos organisations provinciales puissent adopter les mêmes politiques que nous, mais nous n’avons pas vraiment les moyens de les rendre obligatoires. C’est donc encore facultatif. »

Il est reconnu que pour que les politiques soient efficaces, il faut comprendre où et comment elles s’appliquent, et qui est responsable de gérer quelles pratiques. Pour les leaders du sport de haut niveau, naviguer les frontières juridictionnelles au sein du sport est une montagne à gravir.

Les leaders reconnaissent qu’il n’y a pas de solution miracle, mais si un langage et des règles communs ne sont pas mis en place et renforcés de manière cohérente au sein d’un sport, dans tous les contextes, le progrès demeure au point mort. Comme l’a dit l’un des leaders :

« C’est entre les avocats. Et le problème, c’est que les personnes avec lesquelles nous traitons au niveau des ONS ne sont pas des juristes. Elles essaient de trouver une solution unique pour toutes les facettes de notre sport. Mais le problème de notre sport, c’est qu’il y a des clubs, des universités, des écoles secondaires, et que chacun d’entre eux a des règles et des obligations différentes. »

Les problèmes liés à l’alignement des systèmes compliquent les efforts en faveur d’un sport sécuritaire et laissent les gestionnaires perplexes quant aux prochaines étapes.

4e défi : Différentes interprétations du sport sécuritaire

Selon les leaders que nous avons interrogés, l’un des plus grands défis à relever pour instaurer une culture du sport sécuritaire est la manière dont les différentes parties prenantes interprètent ce qui est considéré comme un langage, un comportement et des pratiques acceptables et inacceptables dans le sport de haut niveau. Comme l’a déclaré un leader : « La question est complexe, car il s’agit de savoir quelle est la définition de la maltraitance ou de l’abus dans le sport. Il y a différentes interprétations de ce que cela signifie. » Par exemple, un leader a décrit comment les entraîneurs qui viennent d’autres pays pour travailler dans des programmes canadiens de haut niveau peuvent avoir des points de vue différents sur ce qui est considéré comme acceptable ou non.

Les leaders ont également décrit la tâche qui leur incombe de faire la distinction entre les interprétations du sport sécuritaire et des mauvais traitements. Pour reprendre les mots d’un leader : « Il s’agit de trouver ce qui est vraiment de la maltraitance et ce qui est perçu comme de la maltraitance, mais qui n’en est pas vraiment. » Dans l’ensemble, les leaders ont souligné leur difficulté à définir une compréhension commune de concepts complexes liés à la sécurité dans le sport et à la maltraitance. Par conséquent, les leaders ont dit ne pas savoir comment aller de l’avant avec les mesures de sécurité dans le sport, comme le signalement et la sanction.

5e défi : Hésitation générale et évitement

Les leaders sportifs avec lesquels nous nous sommes entretenus ont tous reconnu la nécessité d’évoluer vers une culture sportive plus sécuritaire, tout en admettant que le sport hésite généralement à assumer la responsabilité des actions nécessaires au changement. Ils ont également décrit comment cette hésitation fait obstacle à la réalisation du changement : « L’organisation, l’équipe ou le groupe doit sentir qu’il y a un besoin de changement, n’est-ce pas ? On ne peut pas imposer un changement à quelqu’un qui s’est enfermé dans ses habitudes. »

Selon les leaders, les personnes qui résistent au changement estiment souvent que le sport sécuritaire n’est pas leur problème. « Il y a toute cette idée de “ce n’est pas mon problème !” », a expliqué un leader. Dans le même ordre d’idées, les dirigeants ont décrit comment les personnes qui résistent au changement rationalisent leurs décisions par des déclarations telles que « Je ne veux pas avoir à m’occuper de cela. Je veux juste faire ce que j’ai à faire. Laissez-moi tranquille » et « Vous allez trop loin ».

En lien avec l’environnement turbulent et instable décrit dans le deuxième défi, une autre raison pour laquelle certaines personnes travaillant dans le sport peuvent hésiter à agir est le risque perçu de réactions négatives. Comme l’a déclaré un leader :

« Je veux créer un environnement sportif sécuritaire pour les entraîneurs, les athlètes et le personnel. Mais… comment puis-je le faire sans être blâmé pour certaines choses que je ne peux pas contrôler ? Pour nous, il s’agit donc d’essayer de minimiser les réactions négatives tout en promouvant un environnement sportif sécuritaire. »

6e défi : Contraintes liées aux capacités financières et humaines

Enfin, les leaders ont souligné que les capacités financières et humaines limitaient leur capacité à développer et à mettre en œuvre des pratiques éducatives, politiques et communicatives liées à la sécurité dans le sport. Un leader a résumé l’enjeu en disant qu’il s’agissait d’une question de survie de l’organisation :

« Je n’étais pas le seul employé, mais nous étions assez petits. Nous nous concentrions sur notre survie et sur le maintien de l’organisation. Et nous ne pouvions tout simplement pas faire tout ce que je savais qu’il fallait probablement faire ».

Les leaders ont également mis l’accent sur le rôle du personnel et de la direction dans le respect des exigences en matière de sécurité dans le sport et dans la priorité accordée à la sécurité dans le sport. Selon l’un d’entre eux :

« Si nous disons vraiment, vous savez, que la chose la plus importante est que les gens soient en sécurité, alors la personne la plus importante dans l’organisation [devrait être] responsable de la sécurité et cela [devrait être] son travail principal. En réalité, il y a très peu d’organisations dans lesquelles c’est le cas. »

Un autre leader a parlé du défi que représente la conformité pour les organisations qui dépendent fortement des bénévoles pour la mise en œuvre de leurs programmes :

« Essayer de faire en sorte que les bénévoles suivent une partie de la formation et de la sensibilisation, c’est comme s’arracher les dents. Il sera donc extrêmement difficile pour les bénévoles d’amener d’autres bénévoles à se conformer à ces règles. »

D’autres se sont concentrés sur les défis financiers. Par exemple, un leader a exprimé le besoin d’aligner le financement sur la façon dont le sport sécuritaire est censé être priorisé dans le paysage plus large du système sportif :

« Je pense qu’il faut vraiment se rendre à l’évidence et voir à quel point c’est important, sinon un sport échouera ou ce sera un processus fragmentaire, à moins qu’il y ait plus de financement sur la table et que cela ne réduise pas d’autres financements. »

Stratégies pour relever les défis d’un sport plus sécuritaire

Pour continuer à faire tourner les roues du changement de culture, le secteur du sport devrait prendre des mesures que les entraîneurs et les gestionnaires de haut niveau ont identifié comme étant les principaux défis à relever dans ce processus. Nous partageons ici quelques stratégies visant à huiler les rouages pour que le système sportif canadien progresse vers la réalisation d’une culture plus sécuritaire :

Il est important d’être conscient des défis liés à l’instauration de cultures sportives plus sécuritaires identifiés par les leaders du sport de haut niveau dans notre étude et de les relever de manière stratégique. En même temps, nous devons être ouverts à d’autres défis au fur et à mesure qu’elles se présentent. Il s’agit là d’un élément important du changement de culture dans le sport de haut niveau, au même titre que la discussion et l’implication accrues des points de vue des principales parties prenantes pour façonner à la fois les politiques et le changement de comportement. Il est essentiel d’avoir une vision commune de ce à quoi le sport peut et doit ressembler au Canada est une grande priorité pour réaliser ce changement, ce qui souligne la nécessité pour les entraîneurs et les gestionnaires, les gardiens de la culture, de travailler ensemble dans cette quête louable.

Faits saillants : 

Introduction

Bien souvent, les personnes qui pratiquent un sport connaissent quelqu’un qui a subi une commotion cérébrale. Les commotions cérébrales sont des lésions cérébrales qui surviennent à la suite d’un choc direct ou indirect à la tête. Les commotions cérébrales entraînent de nombreux symptômes différents signalés par l’athlète ou la personne blessée et par d’autres personnes observant les signes (Davis et al., 2023a).1 Si l’on soupçonne la présence d’une commotion cérébrale, l’athlète, la participante ou le participant blessé doit être retiré du jeu ou du sport et être suivi par un professionnel de la santé (Patricios et al., 2023a).2 Heureusement, la plupart des individus se rétablissent dans les quatre premières semaines suivant une commotion cérébrale, bien que jusqu’à 20 à 30 % des jeunes et des adultes puissent présenter des symptômes qui durent plus longtemps (Schneider et al., 2021 ; Zemek et al., 2016).3 4

Entre-temps, la recherche sur les commotions cérébrales continue d’évoluer rapidement. Depuis 2001, de nouvelles déclarations internationales sur les commotions cérébrales sont publiées tous les quatre ans. Publiée en 2017, la déclaration de consensus de Berlin résume les données disponibles au moment de la 5e conférence internationale sur les commotions cérébrales dans le sport et formule des recommandations pour la prise en charge des commotions cérébrales (Aubry et al., 2002 ; McCrory et al., 2005, 2009, 2013, 2017).5-9 Ces recommandations ont été conçues pour être adaptées aux différents environnements sportifs dans le monde entier.

Le Canada a adopté une approche harmonisée de la gestion des commotions cérébrales liées au sport en 2017. À l’époque, le Premier ministre Trudeau a demandé à deux ministres fédéraux (ministre des Sports et des Personnes handicapées et ministre de la Santé) de travailler ensemble pour déployer « une stratégie pancanadienne sur les commotions cérébrales. » Il leur a également demandé de sensibiliser conjointement les parents, tutrices et tuteurs, les entraîneurs, les participantes et participants aux sports et les athlètes au traitement des commotions cérébrales.

Parachute, organisme caritatif national de prévention des blessures au Canada, a dirigé l’élaboration et la publication en ligne des Lignes directrices canadiennes sur les commotions cérébrales dans le sport, une première au Canada. Le Comité consultatif d’experts sur les commotions cérébrales de Parachute a contribué à l’élaboration de ces lignes directrices, grâce au financement de l’Agence de santé publique du Canada et au soutien de Sport Canada. Avec les membres de son comité consultatif, Parachute a également travaillé avec des organisations sportives nationales pour développer des protocoles, des processus et des ressources sur les commotions cérébrales spécifiques au sport (pour les écoles, les organisations sportives et les professionnels de la santé), y compris des stratégies de retour au sport spécifiques au sport. Plus récemment, en se basant sur les obstacles à la mise en œuvre identifiés, Parachute et une équipe de chercheurs du Sport Injury Prevention Research Centre [Centre de recherche sur la prévention des blessures sportives] ont créé une boîte à outils pour faciliter l’utilisation des protocoles et aider les organisations sportives à appliquer les Lignes directrices canadiennes sur les commotions cérébrales dans le sport à leur contexte sportif (Schneider et al., 2020).10

Mises à jour des recommandations internationales 

La déclaration de consensus international d’Amsterdam sur les commotions cérébrales dans le sport a été publiée en juin 2023 dans le British Journal of Sports Medicine (Patricios et al., 2023a).2 Cette déclaration résume les résultats de la 6e conférence internationale sur les commotions cérébrales dans le sport et évalue les données de la recherche jusqu’à la date de la rencontre (Schneider et al., 2022).11 La pandémie de COVID-19 a retardé la conférence de deux ans, de sorte que six ans se sont écoulés entre la 5e et la 6e conférence internationale de consensus et les déclarations qui en ont découlé.

J’ai eu le plaisir de coprésider le comité scientifique et d’être la première co-auteure de la 6e déclaration de consensus qui en a résulté. Dans ce processus, nous avons engagé 114 coauteurs dans le monde entier et examiné 78 018 citations (Schneider et al., 2023a).12 Cet énorme travail d’équipe a abouti à la déclaration de consensus d’Amsterdam (Patricios., 2023a).2 Nous avons reçu des contributions étonnantes de la part de chercheurs et de cliniciens qui collaborent avec de nombreux sports différents et dans de nombreux pays à travers le monde. Après quatre années de préparation, une conférence ouverte de deux jours réunissant plus de 600 participants s’est tenue à Amsterdam en octobre 2022 (Schneider et al., 2023a).12 Une conférence ouverte d’une journée a été organisée à Amsterdam en octobre 2022 (Schneider et al., 2023a).12 Après la conférence, le quatrième jour, un groupe d’experts s’est rencontré pour élaborer de nouveaux « outils » relatifs aux commotions cérébrales, notamment : un outil d’identification des commotions cérébrales mis à jour, un outil d’évaluation des commotions cérébrales dans le sport et un nouvel outil nommé le SCOAT (Sport Concussion Office Assessment Tool) (Davis et al., 2023b, 2023c ; Echemendia et al., 2023a, 2023b ; Patricios et al., 2023b).13-17

La déclaration de consensus qui en résulte résume les principales conclusions des 10 sujets examinés et d’autres domaines pertinents pour la gestion des commotions cérébrales à partir des dernières preuves disponibles.1,12 18-27 Dans notre éditorial « Appel à l’action pour les cliniciens ! », nous invitons toutes les parties prenantes dans le domaine des commotions cérébrales à adapter les recommandations pour les appliquer à leur contexte particulier (Schneider & Patricios, 2023).28 Et ce faisant, nous encourageons les parties prenantes à optimiser les soins aux participantes, aux participants et aux athlètes risquant de subir une commotion cérébrale, et à améliorer la détection et la gestion des commotions cérébrales dans le sport.

Cet article résume la dernière déclaration de consensus international sur les commotions cérébrales dans le sport2 qui comprend des recommandations sur la façon de prévenir, de détecter et de gérer les commotions cérébrales dans le sport (Patricios et al., 2023a). Dans cet article, nous partageons des principes clés et des liens vers des ressources pour vous aider, vous et votre équipe, à adopter les recommandations les plus récentes pour gérer les participantes, les participants et les athlètes, les individus qui ont subi une commotion cérébrale ou ceux qui sont à risque d’en subir.

Quelles sont les nouveautés de la déclaration de consensus d’Amsterdam ?

Outre la mise en évidence dans cet article de certains des nouveaux résultats pertinents pour les différentes parties prenantes du sport, la déclaration de consensus elle-même contient encore plus de détails. D’autres résultats de la déclaration figurent dans deux numéros du British Journal of Sport Medicine de juin 2023 : volume 57, numéro 11 et volume 57, numéro 12.

Le premier R est la Réduction, car la prévention est essentielle pour réduire le nombre de commotions cérébrales dans le sport. En fin de compte, si nous pouvons prévenir les commotions cérébrales avant qu’elles ne se produisent, le sport sera plus sécuritaire pour les participantes, les participants et les athlètes, et les commotions cérébrales constitueront un fardeau moins lourd pour la santé publique. S’inspirant de la revue systématique sur la prévention (Eliason et al., 2023)24, les stratégies recommandées pour réduire ou prévenir les commotions cérébrales comprennent (Patricios et al., 2023a) 2 :

Si l’on soupçonne une commotion cérébrale, il est important de Reconnaître et de Retirer l’individu de la situation « à risque » et de s’assurer qu’il bénéficie d’un suivi approprié auprès d’un professionnel de la santé. Le Concussion Recognition Tool 6 (CRT6, 2023)29 est un outil destiné à être utilisé par tous les partenaires impliqués dans le sport, y compris les parents ou tuteurs, les entraîneurs, les joueurs, les arbitres et les gestionnaires. Le CRT6 les aide à reconnaître une éventuelle commotion cérébrale. Si vous pensez à la plupart des événements sportifs, en particulier dans le sport communautaire et le sport jeunesse, il n’y a généralement pas de professionnel de la santé sur place (Echemendia et al., 2023a).15 Par conséquent, le CRT6 comprend un processus par étapes incluant les signes d’urgence (c’est-à-dire quand appeler une ambulance), les indices visibles de commotion cérébrale, les symptômes de commotion cérébrale et les questions relatives à la prise de conscience de la participante, du participant ou de l’athlète de sa situation. Si l’on soupçonne une commotion cérébrale, la joueuse ou le joueur doit être évacué et faire l’objet d’une évaluation médicale. Le CRT6 peut être utilisé par toute personne travaillant dans le domaine du sport, en particulier dans les sports de contact et de collision.

Le SCAT6 est un outil qui comprend plusieurs tests différents. Il est destiné à être utilisé par les professionnels de la santé pour Reconnaître une commotion cérébrale dans le cadre de leur évaluation clinique sur la ligne de touche et dans les trois premiers jours suivant la commotion cérébrale (SCAT6, 2023 ; SCAT6 pour enfants, 2023).30 31 Le SCAT6 est une évolution du SCAT5 précédent. Pour Réévaluer les participants, les athlètes et les patients souffrant d’une commotion cérébrale en cabinet, il existe le Sport Concussion Office Assessment Tool, appelé le SCOAT6 (SCOAT6, 2023 ; Child SCOAT6, 2023).32 33 Le SCOAT6 est un outil nouvellement développé qui combine des tests précédemment établis qui évaluent différents domaines de fonction pouvant être affectés par une commotion cérébrale (par exemple, l’équilibre, le mouvement des yeux, la coordination, la fonction du cou, la réflexion en mouvement,…). Le SCOAT6 est destiné à fournir une série de tests que les professionnels de la santé peuvent utiliser en cabinet entre le 3e et 30e jour et au-delà. Les versions pour enfants des outils pour adultes sont destinées aux professionnels de la santé qui les utilisent avec des enfants âgés de 8 à 12 ans (Child SCAT6, 2023 ; Child SCOAT6, 2023).

Les recherches récentes ont démontré que le retour à l’exercice tôt dans le traitement de la commotion cérébrale a un effet positif sur la récupération (Leddy et al., 2023).25 La déclaration de consensus d’Amsterdam recommande un Repos relatif pendant les 24 à 48 premières heures suivant la blessure seulement, y compris un temps d’écran limité. La reprise d’une activité physique légère tolérée (comme la marche) dans les 48 premières heures est recommandée s’il n’y a pas de risque de blessure. Il a été démontré que l’exercice aérobique dans les 2 à 10 jours suivant une commotion cérébrale liée au sport favorise la récupération et prévient la persistance des symptômes. Il est donc recommandé d’augmenter progressivement l’intensité de l’exercice, en fonction des niveaux de tolérance des symptômes, tant qu’il n’y a pas de risque d’impact à la tête, de collision ou de chute. Une légère aggravation des symptômes (jusqu’à 2 points sur une échelle de 10 points) avec l’exercice est acceptable tant que les symptômes s’améliorent dans l’heure qui suit (Patricios et al., 2023a).2

Les personnes de tous âges (c’est-à-dire les enfants, les adolescents et les adultes) qui présentent des symptômes continus (persistants) pendant plus de 4 semaines devraient être Référées (aiguillées) pour une évaluation plus approfondie par des cliniciens spécialisés dans les commotions cérébrales (Patricios et al., 2023a ; Yeates et al., 2023).2 27 La Rééducation cervicovestibulaire (c’est-à-dire un traitement individualisé du cou et de l’équilibre) est recommandée pour les personnes souffrant de vertiges, de douleurs cervicales ou de maux de tête liés à leur commotion, si l’un de ces symptômes dure plus de 10 jours (Patricios et al., 2023a ; Schneider et al., 2023b).2 22 Cette rééducation doit être effectuée en association avec des exercices aérobiques. Le diagnostic des commotions cérébrales et l’évaluation de la Récupération sont individualisés et continuent d’être basés sur les évaluations des professionnels de la santé. Bien que de nombreuses formes de technologie (par exemple, les scanneurs cérébraux, les tests sanguins et salivaires) soient prometteuses du point de vue de la recherche, ces technologies ne sont pas encore prêtes pour la gestion courante des commotions cérébrales (Patricios et al., 2023a ; Tabor et al., 2023).2 23

La déclaration de consensus a également publié de nouvelles évolutions des stratégies de Retour à l’apprentissage et de Retour au sport. Les principaux changements apportés à la stratégie de retour au sport sont les concepts des trois premières étapes de la stratégie en tant que phase de « traitement » de la commotion cérébrale. Au cours de ces trois premières étapes, une légère aggravation des symptômes (1 à 2 points sur une échelle de 0 à 10) pendant et après des activités qui ne présentent aucun risque de contact, de collision ou d’impact à la tête est autorisée à condition qu’elle disparaisse dans l’heure qui suit. Une fois que les symptômes liés à la commotion cérébrale et les résultats cliniques au repos et à l’effort physique ont disparu et que le médecin a donné son accord, la participante, le participant ou l’athlète peut passer aux trois dernières étapes de la stratégie de retour au sport (Patricios et al., 2023a).2

La question du Réexamen des effets résiduels potentiels des commotions cérébrales est complexe et très importante. L’examen systématique des effets potentiels à long terme a révélé que ni les athlètes amateurs ni les athlètes professionnels pratiquant des sports de collision ne semblent présenter un risque accru de problèmes de santé mentale ou de suicide. Les athlètes amateurs ne présentent pas un risque plus élevé de troubles neurologiques par rapport à la population générale. Cependant, une incidence légèrement plus élevée de certaines maladies neurologiques a été décrite dans des groupes de joueurs professionnels de football américain et de soccer professionnel. Le sujet de l’encéphalopathie traumatique chronique est également abordé (Iverson et al., 2023).19

Un défi dans la recherche actuelle est que de nombreux facteurs qui sont connus pour affecter la santé du cerveau à long terme n’ont souvent pas été évalués, comme la santé cardiaque, le tabagisme, l’hypertension, la génétique et d’autres facteurs (Iverson et al., 2023).19 Cette déclaration propose qu’un processus de collaboration impliquant des individus avec de nombreux types d’expertise pour mieux comprendre les effets potentiels à long terme de la commotion cérébrale, ainsi qu’un groupe de travail pour se concentrer sur l’élaboration de recommandations pour la recherche future dans ce domaine, sont nécessaires (Patricios et al., 2023a).2 Compte tenu de la complexité de ce domaine, il est hors de la portée de cet article d’entrer dans les détails. Cependant, vous pouvez consulter la déclaration de consensus, la revue systématique et un balado des auteurs de cette revue.

Une nouvelle section a été ajoutée à ce consensus : l’examen des facteurs à prendre en compte pour déterminer le moment du Retrait. Il est reconnu que les décisions relatives au retrait sont complexes et qu’elles doivent tenir compte de multiples facteurs. Un processus de prise de décision partagée incluant une équipe de cliniciens multidisciplinaires devrait être engagé tout en prenant en compte les facteurs liés aux préférences de l’athlète, aux preuves scientifiques, au sport, à la blessure, à l’aptitude à reprendre le sport, à la tolérance au risque et aux facteurs socioculturels. En raison des effets positifs de l’exercice sur la santé, il est également important de considérer les sports à moindre risque comme des moyens de maintenir un mode de vie actif (Makdissi et al., 2023 ; Patricios et al., 2023a).2 20

Nous soulignons également la nécessité de Raffiner les recommandations pour certaines populations (Patricios et al., 2023a).2 Par exemple, il y a peu de documentation disponible pour les athlètes para. Un effort continu est également en cours pour adapter nos outils récemment publiés pour les athlètes para avec différents handicaps. Les recommandations pour les populations spécifiques à l’âge ont été raffinées. Compte tenu des considérations relatives au développement des enfants âgés de 8 à 12 ans, des outils spécifiques aux enfants (c’est-à-dire le SCAT6 pour enfants et le SCOAT6 pour enfants) ont été créés. Il est également important de se rappeler que pour les enfants et les adolescents, le retour à l’école demeure une priorité et devrait être au centre des préoccupations des enfants et des adolescents athlètes ou sportifs. Les stratégies de retour à l’apprentissage et de retour au sport peuvent être mises en œuvre simultanément.

Les considérations éthiques liées aux commotions cérébrales ont également fait l’objet d’une attention particulière dans cette déclaration de consensus (Patricios et al., 2023a ; Schneider et al., 2023a).2 12 Ces considérations portaient sur les conflits d’intérêts potentiels, la transparence, l’inclusion des voix des parties prenantes et les principes d’équité, de diversité et d’inclusion, qui ont également été soulignés dans le processus de consensus et dans la déclaration. Lors de la conférence d’Amsterdam, nous avons voté sur les priorités de la recherche future. Et pour nous aider à aller de l’avant, nous avons souligné dans notre document méthodologique les principaux défis dans la littérature de recherche.

Quelles mesures pouvons-nous prendre dans notre sport ?

Les travaux de recherche sur les commotions cérébrales continuent d’évoluer rapidement. Il en va de même pour les recommandations relatives à la prévention, à la détection et à la gestion des commotions cérébrales. Un processus continu de mise à jour des processus harmonisés relatifs aux commotions cérébrales au Canada est également en cours. Restez à l’écoute pour de futures mises à jour d’ici la fin de l’année 2023. D’ici là, voici des liens vers des messages clés sur les mesures à prendre et les ressources publiées récemment, dont beaucoup ont été décrites dans cet article.

De plus, les ressources canadiennes suivantes ont fait partie de la stratégie nationale d’harmonisation et sont actuellement mises à jour :

Ressources liées à la santé : 

Le SIRC consacre également une section de son site Web aux ressources canadiennes sur les commotions cérébrales dans le sport. Cette page comprend :

Chaque consensus est le fruit d’un effort concerté entre différents sports et d’une participation mondiale de la part de chercheuses et chercheurs, de cliniciennes et cliniciens, d’autrices et auteurs et de membres de comités. Les déclarations de consensus international qui en résultent nous permettent d’utiliser les données scientifiques les plus récentes pour continuer à faire évoluer nos protocoles et processus respectifs en matière de commotions cérébrales liées au sport, par exemple en appliquant les 12 R. En fin de compte, l’évolution des protocoles et des processus nous permet d’optimiser les soins prodigués à tous les sportifs et athlètes ayant subi une commotion cérébrale et de réduire le risque de commotion cérébrale pour les autres.

Faits saillants

Chaque jour, les athlètes sont confrontés à de petites décisions qui peuvent avoir une incidence sur leurs performances, leur récupération et leur santé. Souvent, ces décisions concernent des choses qui peuvent sembler relativement insignifiantes pour le commun des mortels, et peuvent être aussi simples que les aliments à consommer ou les activités à éviter ou à pratiquer. En ce qui concerne la consommation de cannabis, les choses ne sont pas différentes.

En octobre 2018, la consommation de cannabis à des fins récréatives est devenue légale dans tout le Canada pour les personnes âgées de 19 ans et plus. Les données recueillies au cours des années qui ont suivi la légalisation de l’usage récréatif du cannabis suggèrent qu’un quart de tous les adultes canadiens, et près de la moitié de tous les Canadiens âgés de 20 à 24 ans, ont consommé du cannabis au cours de l’année écoulée (Gouvernement du Canada, 2021). Il est clair que la consommation de cannabis au Canada est très répandue dans la population générale. Mais qu’est-ce que les athlètes devraient prendre en compte lorsqu’il s’agit de consommer ou d’éviter le cannabis?

Dans ce billet de blogue, je présenterai un examen fondé sur la recherche de l’état actuel de la consommation de cannabis en relation avec le sport au Canada et je fournirai des conseils sur la façon dont les organismes de sport devraient aborder le sujet du cannabis avec les athlètes.

Contextualiser le cannabis

Pour commencer, il est important de comprendre ce qu’est le cannabis. Le terme « cannabis » désigne un groupe d’espèces végétales contenant des molécules uniques appelées « phytocannabinoïdes » ou, plus généralement, « cannabinoïdes ». Il existe des centaines de molécules cannabinoïdes différentes, mais les deux que la plupart des gens connaissent sont le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC est le principal cannabinoïde responsable des effets psychologiques du cannabis recherchés par de nombreux consommateurs. En d’autres termes, le THC est responsable de l’effet de « gelé » que de nombreuses personnes associent à la consommation de cannabis. Le CBD, quant à lui, n’est généralement pas considéré comme provoquant des effets psychologiques, car il interagit avec les récepteurs chimiques des tissus de l’organisme d’une manière différente de celle du THC (Ahston, 2001). Bien que de nombreuses personnes aient tendance à se concentrer sur la manière dont chacun de ces cannabinoïdes affecte notre cerveau, il est important de comprendre que les deux peuvent avoir des effets sur d’autres tissus de notre corps. C’est l’une des raisons pour lesquelles les athlètes doivent faire preuve de prudence dans leur consommation de cannabis.

Au Canada, tout adulte de plus de 19 ans peut légalement consommer du cannabis contenant du THC ou du CBD à des fins récréatives, mais la situation est plus compliquée pour les athlètes. Tout d’abord, de nombreuses organisations sportives et organismes de réglementation considèrent les cannabinoïdes comme des substances interdites sous une forme ou une autre. Par exemple, l’Agence mondiale antidopage (AMA) interdit l’utilisation de cannabinoïdes pendant les phases de compétition de la saison (le CBD est notamment exempté) (Agence mondiale antidopage, 2022). Ceci est également pertinent pour les athlètes canadiens participant aux compétitions U-SPORTS, car ces règlements sont également appliqués par U-SPORTS et le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (Centre canadien pour l’éthique dans le sport, n.d.). Deuxièmement, le cannabis étant illégal depuis longtemps, il est difficile de mener des recherches sur l’innocuité de sa consommation dans la population générale (Haney, 2020), et encore moins auprès des athlètes (Burr et coll, 2021). Il est donc extrêmement important que les athlètes comprennent qu’il existe très peu de recherches sur les nombreuses applications du cannabis dans le sport. Pour certains athlètes, chacun de ces faits peut suffire à les dissuader de consommer du cannabis, mais les recherches suggèrent que de nombreux athlètes continuent de consommer du cannabis à des fins récréatives (National Collegiate Athletic Association, 2018; Peretti-Watel et coll, 2003), voire pour améliorer leurs performances (Lorente et coll, 2005).

Examiner les raisons pour lesquelles les sportifs consomment du cannabis

Comme beaucoup d’autres personnes, les athlètes déclarent consommer du cannabis pour des raisons totalement étrangères au sport, y compris à des fins récréatives. En 2018, une étude menée par la NCAA auprès de ses propres athlètes étudiants a révélé que 25 % d’entre eux consommaient du cannabis à des fins récréatives (National Collegiate Athletic Association, 2018). À l’appui de cette étude, une revue systématique de la littérature évaluée par les pairs a mis en évidence une prévalence similaire de la consommation de cannabis au cours de la vie et de l’année écoulée dans les populations sportives de pays autres que les États-Unis (Docter et coll, 2020).

Au Canada, la pratique de l’usage récréatif du cannabis est parfaitement légale, à condition que l’athlète soit âgé de 19 ans ou plus, et que la nature de l’usage n’aille pas à l’encontre des politiques d’utilisation des substances des organismes sportifs qui réglementent leur sport respectif. Néanmoins, la consommation de cannabis à des fins récréatives, même en dehors de la phase de compétition d’une saison, peut toujours présenter des risques importants pour les athlètes. De nombreux cannabinoïdes peuvent être détectés dans des échantillons biologiques jusqu’à plusieurs jours après le moment de la consommation et bien après que les effets se soient dissipés (Huestis et coll, 1995). Il est donc tout à fait possible que la consommation de cannabis en dehors d’une compétition, mais à proximité de celle-ci, déclenche une infraction. Afin d’éviter ce genre de situation, l’AMA teste de nombreux cannabinoïdes en tant que « substances de référence », ce qui signifie qu’un certain niveau de cannabinoïdes doit être présent dans un échantillon, ce qui la rend un peu plus indulgente qu’une politique de type « tolérance zéro ». Cependant, malgré l’utilisation de seuils, les violations antidopage liées au cannabis ne sont pas rares dans l’athlétisme canadien (Centre canadien pour l’éthique dans le sport, n.d.).

En dehors de l’usage récréatif, il existe de plus en plus de preuves que certains athlètes consomment du cannabis dans le but d’améliorer leurs performances. Une enquête menée auprès de coureurs d’ultra-marathon a montré que les cannabinoïdes sont l’une des substances d’amélioration des performances les plus utilisées dans ce sport (Campian et coll, 2018). L’idée dominante pour expliquer comment le cannabis peut améliorer la performance dans ce sport est que certains des effets rapportés du THC, tels que la réduction de l’anxiété, des nausées et de la douleur, peuvent permettre aux athlètes d’atténuer l’anxiété, la douleur ou l’effort liés à l’exercice et, par la suite, de mieux performer.

À ce jour, il existe très peu de recherches sur la consommation de cannabis avant l’exercice. Les premières études ont montré que les patients souffrant de maladies cardiovasculaires atteignaient l’épuisement plus rapidement au cours d’un test d’exercice après avoir consommé du cannabis (Aronow et Cassidy, 1974, 1975). La première étude portant sur des participants en bonne santé a montré qu’à une fréquence cardiaque donnée, les participants n’étaient pas en mesure de travailler aussi dur après avoir consommé du cannabis (Steadward et Singh, 1975). Sur la base de cette constatation, les auteurs ont conclu que les performances maximales à l’exercice seraient réduites. Une étude ultérieure publiée sur le sujet et portant sur l’exercice maximal après consommation de cannabis a montré que les participants étaient incapables de s’exercer aussi longtemps au cours d’un test d’exercice de difficulté croissante, fournissant des preuves directes que le cannabis avait effectivement un effet négatif sur l’exercice maximal chez les personnes en bonne santé (Renaud et Cormier, 1986).

Bien que ces études fournissent des preuves que le cannabis contenant du THC réduit les performances à l’effort, il convient de faire quelques mises en garde. La principale mise en garde concernant toutes ces études est qu’aucune d’entre elles n’a utilisé de tests d’exercice imitant les compétitions sportives réelles, ni ne correspond aux exigences des sports dans lesquels les athlètes déclarent le plus souvent utiliser le cannabis pour améliorer leurs performances athlétiques. Ainsi, pour comprendre pleinement l’effet du cannabis sur les performances, les études devraient viser à utiliser des tests d’exercice plus pertinents, en particulier ceux qui imitent les exigences des sports pour lesquels les athlètes déclarent consommer du cannabis.

En outre, le cannabis récréatif disponible pour les athlètes sur le marché de consommation actuel est très différent du cannabis disponible à l’époque de ces premières études. Aujourd’hui, les consommateurs de cannabis ont beaucoup plus d’options quant à la manière dont ils consomment le cannabis. Bien que de nombreuses personnes pensent que le cannabis se fume ou s’inhale, les consommateurs d’aujourd’hui peuvent également manger ou boire des produits à base de cannabis. Récemment, une étude menée à l’université d’État du Colorado a examiné les effets des produits comestibles à base de cannabis sur de nombreux tests de performance cycliste. Leurs résultats diffèrent des études menées il y a 40-50 ans, montrant que le cannabis n’avait aucun effet sur les performances dans les tests utilisés (Ewell et coll, 2022), ni sur la façon dont le système cardiovasculaire réagissait à l’exercice. Bien que toutes ces études fournissent des informations précieuses sur l’effet du cannabis sur les performances, il convient de reconnaître que de nombreuses questions restent sans réponse. Par exemple, la méthode d’inhalation a-t-elle une importance? Que se passe-t-il si le cannabis est consommé plus loin du début de l’exercice? Et si nous modifions la composition en cannabinoïdes du cannabis?

Chacune de ces questions souligne le fait qu’à l’heure actuelle, il y a beaucoup plus de choses inconnues que de choses connues sur l’effet du cannabis sur les performances. S’il existe des preuves que le cannabis a un effet négatif ou n’a pas d’effet sur les performances, il n’existe aucune preuve empirique suggérant qu’il a des effets bénéfiques. En outre, très peu de recherches ont systématiquement évalué si la consommation de cannabis avant l’exercice menace la sécurité de l’athlète ou introduit un risque supplémentaire pour la santé. Ce seul fait devrait être une raison suffisante pour que les athlètes évitent de consommer du cannabis avant l’exercice. Compte tenu de ces éléments et du fait que la consommation de cannabis est interdite en compétition dans de nombreux sports, les athlètes devraient éviter de consommer du cannabis en même temps que l’exercice. Même si le cannabis pouvait apporter des bénéfices qui l’emportent sur les risques, il y a très peu de preuves existantes qui suggèrent que le cannabis utilisé en conjonction avec l’exercice physique devrait apporter un quelconque bénéfice. Les athlètes, les entraîneurs et les organismes sportifs devraient rester attentifs aux nouvelles recherches dans ce domaine qui, espérons-le, verront le jour dans les années à venir et nous permettront d’approfondir nos connaissances sur l’impact de la consommation de cannabis sur les performances.

Ce que dit la recherche sur le CBD et l’exercice

Si l’utilisation du cannabis entier dans le sport est relativement courante, beaucoup savent que l’utilisation du CBD dans le sport est encore plus populaire. En fait, il est sans doute encore plus important de faire des choix éclairés concernant le CBD, étant donné que le CBD n’est pas une substance interdite par l’AMA et, par conséquent, par de nombreux organismes sportifs. Le CBD est devenu un supplément de plus en plus populaire pour la récupération et la performance en raison d’une série d’allégations comprenant l’anti-inflammation, les propriétés antioxydantes, la promotion du sommeil et le soulagement de la douleur (Gamelin et coll, 2020; Rojas-Valverde, 2021). L’idée dominante est que nombre de ces effets seraient bénéfiques pour la récupération après un exercice intense ou des activités physiquement exigeantes pour les tissus de notre corps.

Bien que cette idée puisse sembler intuitive à première vue, il existe de nombreuses mises en garde concernant les recherches qui soutiennent l’utilisation du CBD par les athlètes, et la question de savoir si ces effets seraient bénéfiques pour les athlètes. Abordons tout d’abord l’allégation la plus importante concernant le CBD, à savoir que ses propriétés anti-inflammatoires sont bénéfiques pour la récupération. Une méthode courante pour tester la capacité d’un produit à favoriser la récupération dans un laboratoire de recherche consiste à vérifier dans quelle mesure les performances sportives peuvent être préservées par une intervention donnée, après un exercice exigeant qui entraîne un certain degré de lésions musculaires. En d’autres termes, les études demandent souvent aux participants d’effectuer un exercice, puis de mesurer soit les lésions tissulaires, soit les performances lors d’un exercice ultérieur avec et sans l’intervention (dans ce cas, le CBD).

À ce jour, trois études (Cochrane-Snyman et coll, 2021; Crossland et coll, 2022; Isenmann et coll, 2021) menées sur des participants humains ont examiné si le CBD était efficace pour atténuer les lésions musculaires et les baisses de performance associées à l’exercice de résistance. Ces études ont donné des résultats mitigés mais largement décevants. L’une de ces études a montré que le CBD peut réduire les marqueurs sanguins de l’inflammation et des dommages musculaires après un exercice dommageable, et que le CBD peut avoir permis aux participants de récupérer leur performance au squat 72 heures après l’exercice (Isenmann et coll, 2021). Cependant, les deux autres études examinant la manière dont le CBD pourrait affecter les dommages musculaires et la fatigue ont montré que le CBD ne différait pas du placebo, quelle que soit la mesure, liée à la performance ou à l’inflammation (Cochrane-Snyman et coll, 2021; Crossland et coll, 2022).

Par conséquent, ces études fournissent peu de preuves, voire aucune, suggérant que les effets anti-inflammatoires potentiels du CBD sont bénéfiques pour la récupération. Il est également important de noter que l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires après l’entraînement peut ne pas avoir les effets escomptés, car des études ont montré que l’inflammation peut être importante pour l’adaptation à l’entraînement, et ces types de produits peuvent atténuer cette réponse (Owens et coll, 2019). En ce qui concerne l’atténuation de la douleur après l’exercice, les recherches sont encore moins nombreuses. Bien qu’il n’existe pas d’études expérimentales en laboratoire évaluant si le CBD modifie la douleur associée à l’exercice, une enquête menée auprès d’athlètes de rugby a montré que même si 80 % des athlètes qui utilisaient du CBD le faisaient dans l’intention d’améliorer leur récupération ou d’atténuer la douleur, seuls 14% d’entre eux ont perçu un quelconque bénéfice (Kasper et coll, 2020).

Les recherches sur la capacité du CBD à améliorer le sommeil des athlètes sont tout aussi rares. La plupart des recherches effectuées à ce jour sur les effets du CBD sur le sommeil ont porté sur des populations cliniques plutôt que sur des athlètes, et une seule étude a rapporté que le CBD améliorait l’apparition et la qualité perçue du sommeil (Carlini et Cunha, 1981). Une autre étude menée sur des participants en bonne santé n’a montré aucun effet sur la qualité subjective du sommeil ou sur les mesures objectives de la qualité du sommeil après l’utilisation du CBD (Linares et coll, 2018).

Bien que le CBD ait été principalement étudié comme aide à la récupération pour les athlètes, il est également possible que certains de ses effets présumés liés à la douleur et à l’anxiété puissent créer une certaine utilité pour l’amélioration des performances. À ce jour, une seule étude a examiné les effets aigus du CBD sur la performance et la réponse du corps à l’exercice (Sahinovic et coll, 2022). Un groupe de recherche de l’Université de Sydney a demandé à des participants de courir à un rythme régulier et à des vitesses croissantes jusqu’à l’épuisement après avoir consommé du CBD par voie orale. Les résultats de cette étude ont montré que malgré de petites différences dans la quantité maximale d’oxygène consommée et les sensations de plaisir pendant l’exercice après la prise de CBD, le temps jusqu’à l’épuisement n’était pas affecté, ce qui suggère que le CBD n’altère guère les performances et n’a probablement que des effets mineurs sur les réponses physiologiques et psychologiques à l’exercice.

Lorsque l’on se penche sur la recherche, il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que de nombreuses allégations liées à l’utilisation du CBD n’ont pas été prouvées et qu’il reste encore beaucoup de travail à faire avant que les athlètes ne pensent que l’utilisation du CBD est sans équivoque une bonne idée. À l’heure actuelle, il existe peu de preuves suggérant que le CBD présente un quelconque avantage pour les athlètes, qu’il s’agisse de récupération ou de performance. Outre l’absence de bénéfices physiologiques, le CBD peut présenter ses propres risques en matière de lutte contre le dopage. Bien que le CBD ne soit généralement pas une substance interdite, les produits à base de CBD peuvent en fait contenir du THC, une substance interdite. De plus en plus de recherches ont montré que de nombreux produits à base de cannabis, y compris les produits à base de CBD, ne sont pas correctement étiquetés (Johnson et coll, 2022; Vandrey et coll, 2015). Une autre analyse de 23 produits à base de chanvre (une forme de cannabis à partir de laquelle de nombreux produits à base de CBD sont fabriqués) a montré que beaucoup d’entre eux contenaient un large éventail de cannabinoïdes, dont environ 30 % contenaient suffisamment de cannabinoïdes pour entraîner une violation des règles antidopage si les échantillons avaient été prélevés dans les 8 heures suivant la consommation (Mareck et coll, 2022).

Dernières réflexions

Pour les athlètes, les entraîneurs et les organismes sportifs, le paysage de l’approche de l’utilisation du cannabis dans le sport en 2023 reste incertain. Depuis la légalisation de l’usage récréatif au Canada, les athlètes du pays n’ont jamais eu autant accès à une gamme de produits commercialisés pour un large éventail d’allégations qui peuvent sembler attrayantes. Cela dit, il reste des lacunes importantes dans la recherche qui doivent être comblées avant que les produits à base de cannabis ou de dérivés cannabinoïdes puissent être recommandés en toute confiance à tout athlète cherchant à tirer profit de leur utilisation. Compte tenu des risques associés à la contamination des produits et des inconnues potentielles concernant la sécurité des produits, il y a peu de raisons de suggérer qu’à l’heure actuelle, les avantages éventuels de l’utilisation des cannabinoïdes dans le sport sont plus importants que les risques actuels.

Points saillants 

Sport de qualité. Sport fondé sur des valeurs. Sport sécuritaire. Développement positif des jeunes. Sport centré sur la personne. Sport centré sur l’athlète. Approches globales.  

Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux termes utilisés dans le secteur du sport pour parler des différentes façons d’aborder la prestation, les programmes et la culture du sport. Que vous soyez novice dans le domaine du sport ou un membre expérimenté du personnel, un participant ou même un parent sportif, il n’est pas rare d’entendre ces termes et de ressentir un sentiment de confusion. Que signifient-ils? Pourquoi sont-ils importants? Et surtout, comment les mettre en œuvre? 

Dans cet article, nous examinons trois approches de la prestation de programmes sportifs que les chercheurs et les praticiens du sport recommandent pour leur potentiel d’optimisation de l’expérience sportive : le sport de qualité, le sport fondé sur des valeurs et le sport sécuritaire. Nous définissons ces approches, ce que les données probantes disent à leur sujet, et nous montrons en quoi elles sont similaires ou différentes les unes des autres. 

Sport de qualité  

Dans la littérature académique, une approche de qualité de la participation sportive signifie que les participants considèrent leurs expériences comme agréables et satisfaisantes en fonction de leurs propres préférences et valeurs (Evans et coll., 2018). Plus précisément, les chercheurs définissent la participation de qualité au sport comme une exposition répétée à des expériences, des programmes ou des environnements positifs qui favorisent le développement et la participation des athlètes à long terme (Côté et coll., 2014, Yohalem et Wilson-Ahlstrom, 2010). 

Des données probantes suggèrent que lorsque les besoins d’une personne sont satisfaits et que les participants aiment leurs expériences sportives, ils sont considérablement plus susceptibles de continuer à faire du sport (Caron et coll., 2019; Ryan et Deci, 2017). Avec une exposition répétée à des expériences positives, ils seront également plus susceptibles de récolter les bénéfices physiques, sociaux et mentaux de la pratique sportive (Caron et coll., 2019; Martin Ginis et coll., 2017). Cela signifie que la priorité accordée à la qualité de la programmation est importante pour une participation à long terme et un développement sain.  

Il est important de reconnaître que les organismes appliquent ces définitions à leur manière ou utilisent un langage légèrement différent pour exprimer leurs objectifs spécifiques en matière de sport de qualité. Par exemple, Sport pour le vie utilise le terme « sport de qualité » et fait la promotion du cadre du développement à long terme (DLT) dans le sport et l’activité physique comme guide pour réaliser des expériences positives dans le sport et l’activité physique pour les personnes tout au long de leur vie. Selon Sport pour la vie, le sport de qualité est approprié au développement, sécuritaire et inclusif, et bien géré. En d’autres termes, le sport de qualité consiste en de bons programmes, dirigés par de bonnes personnes, dans de bons endroits.  

D’autre part, le projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap (PCPSPH) encourage la participation de qualité au sport et à l’activité physique pour les personnes en situation de handicap. Selon le PCPSPH, la qualité de la participation est atteinte lorsque les athlètes ayant un handicap considèrent que leur participation au sport est satisfaisante et agréable, et qu’ils obtiennent des résultats qu’ils jugent importants. Pour parvenir à une participation de qualité, les participants doivent être exposés de manière répétée et durable à des expériences de qualité au fil du temps. Six éléments contribuent à une expérience de qualité (Martin Ginis et coll., 2017) :  

Pour soutenir ces éléments, des conditions appropriées dans les environnements physique (par exemple, des installations accessibles, l’accès à l’équipement), social (par exemple, la connaissance de l’entraîneur ou de l’instructeur, les amitiés, le soutien familial) et du programme (par exemple, la taille du programme, le soutien financier) doivent être en place (Evans et coll., 2018). Bien que le cadre du PCPSPH ait été élaboré pour les personnes en situation de handicap, il peut être appliqué aux participants au sport dans tous les contextes. 

Le schéma directeur du PCPSPH pour assurer une participation de qualité au sport et à l’activité physique.

 

Une variété d’outils et de ressources pratiques ont été créés pour guider les organisations sportives et les responsables de programmes dans la promotion de programmes sportifs de qualité. Par exemple, Sport pour la vie a créé une liste de contrôle du sport de qualité et un guide du sport de qualité pour les communautés et les clubs. Par ailleurs, le PCPSPH a créé le Plan d’action pour une participation de qualité dans le sport, un outil destiné à aider les responsables de programmes sportifs à favoriser des expériences de qualité pour les enfants, les jeunes et les adultes en situation de handicap, ce qui mène à une participation de qualité au fil du temps. Le plan d’action a également été adapté aux enfants et aux jeunes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre autistique. En fin de compte, pour créer des expériences sportives de qualité, il faut comprendre les besoins uniques de vos programmes et de vos athlètes afin d’identifier les valeurs et les composantes du programme sur lesquelles vous devriez vous concentrer et établir des priorités. 

Sport fondé sur des valeurs  

L’objectif de la prestation d’un sport fondé sur des valeurs est de créer un environnement qui encourage des valeurs comme (mais pas exclusivement) le bon caractère, le savoir-faire physique, la communauté et l’appartenance. Un autre objectif du sport fondé sur des valeurs est de créer de bons citoyens et des personnes équilibrées grâce au sport. Cependant, cette approche de la prestation du sport est plus explicite dans son utilisation des valeurs et de la morale pour atteindre son objectif, comparativement aux autres approches décrites dans cet article.  

L’adoption et la promotion des valeurs dans le sport canadien ont été préconisées par des communautés et des organismes comme Collaborative Community Coaching (C3)™, le Sport Law & Strategy Group, le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES) et Sport pur. 

Il convient de souligner que le CCES est un organisme national indépendant sans but lucratif qui s’engage à améliorer le sport. Pour ce faire, le CCES travaille en collaboration avec des partenaires afin d’assurer un système sportif fondé sur des valeurs, de protéger l’intégrité du sport contre les forces négatives du dopage et d’autres menaces contraires à l’éthique, et de défendre un sport juste, sécuritaire et ouvert à tous. Sport pur est une initiative du CCES conçue pour donner aux personnes, aux collectivités et aux organismes les moyens de tirer parti des avantages du sport sain à partir d’une plateforme de valeurs et de principes communs. En tant que chef de file du réseau sportif fondé sur des valeurs, le CCES croit que la mobilisation des principes de Sport pur, sur le terrain de jeu et à l’extérieur, contribuera à un changement positif dans la culture sportive canadienne.  

Les 7 principes du sport pur

Les approches fondées sur les valeurs fonctionnent sur la conviction que le sport présente de nombreux avantages physiques, sociaux et mentaux, mais que ces avantages ne sont pas garantis par la simple pratique du sport (Bean et coll., 2018). Le rapport Sport pur 2022, demandé par le CCES, recommande que pour que le sport soit un « sport sain », les valeurs et les principes doivent être mis en action (par exemple, intégrés dans les politiques, les pratiques et les programmes) et fonctionner ensemble à tout moment. S’appuyant sur des recherches récentes, le rapport mentionne que lorsque cela se produit, les participants et les communautés en bénéficient.  

Bien qu’elles soient préconisées et mises en œuvre dans les organisations depuis de nombreuses années, les approches fondées sur les valeurs n’ont pas encore été étudiées en profondeur dans la littérature universitaire. Néanmoins, l’objectif reste similaire à celui des approches précédentes, à savoir répondre aux besoins humains et de développement fondamentaux des participants. 

Bien que les chercheurs cherchent encore à savoir si l’enseignement explicite des valeurs est nécessaire pour que les participants les acquièrent (par opposition à leur obtention organique par le « bon sport »), la morale et les principes promus par le sport fondé sur les valeurs sont universellement positifs (Bean et coll., 2018).  

La principale caractéristique des approches des programmes sportifs fondés sur les valeurs est qu’elles sont intentionnelles et claires avec les valeurs et l’objectif des activités auxquelles les participants prennent part. Selon Jones et McLenaghen, un bon point de départ pour une organisation ou un club qui cherche à adopter cette approche est de développer un « accord fondé sur les valeurs ». En d’autres termes, il s’agit de se mettre d’accord sur les valeurs et les principes de votre organisation et de les promouvoir dans l’ensemble de vos programmes. Une partie du programme d’éducation basée sur les valeurs du CCES comprend également un accord basé sur les valeurs comme étape essentielle pour guider et clarifier l’objectif de votre communauté pour les athlètes, les entraîneurs et les dirigeants, et pour atteindre l’objectif de favoriser les valeurs à travers vos programmes.  

Le CCES fournit des suggestions supplémentaires pour ceux qui veulent faire une différence positive dans leur sport et leur communauté :  

Sport sécuritaire  

Le mouvement pour un sport sécuritaire vise à optimiser l’expérience sportive de tous les acteurs du sport, y compris, mais sans s’y limiter, les administrateurs, les officiels et le personnel de soutien. Pour optimiser l’expérience, les parties prenantes devraient avoir l’espoir raisonnable que l’environnement sportif sera non seulement exempt de toute forme de maltraitance (par exemple, abus, négligence, intimidation, harcèlement et discrimination), mais qu’il sera aussi : 

Le sport sécuritaire va au-delà de la prévention des dommages physiques, psychologiques et sociaux pour inclure la promotion des droits des participants (Gurgis et Kerr, 2021). Selon Gretchen Kerr, experte universitaire et leader du mouvement pour un sport sécuritaire, ce dernier n’a pas l’intention d’abandonner complètement les résultats sportifs, mais met plutôt l’accent sur des méthodes saines, sécuritaires et inclusives pour obtenir des résultats de performance.   

Alors que les témoignages de discrimination, de harcèlement, d’abus et d’autres formes de maltraitance dans le sport continuent de faire surface, la littérature consacrée au sport sécuritaire et à la protection dans le sport s’est considérablement développée. En particulier, des études récentes ont démontré comment des environnements sportifs non sécuritaires et la maltraitance contribuent aux problèmes de santé mentale des participants et à leur retrait du sport (Battaglia et coll., 2022).  

Par exemple, dans un article récent du SIRCuit, une équipe de chercheurs (Eric MacIntosh, Alison Doherty et Shannon Kerr) a décrit les résultats d’une étude examinant les perceptions des athlètes sur les environnements sécuritaires et non sécuritaires dans le sport de haut niveau. Les chercheurs ont identifié le comportement des entraîneurs et des coéquipiers (comme l’agression, l’exclusion et le dépassement des limites), ainsi que le manque de ressources et l’inattention du système sportif (c’est-à-dire le manque de responsabilité, d’attention et/ou d’action) comme les principaux facteurs contribuant à des environnements sportifs dangereux. En revanche, les athlètes ont déclaré qu’ils se sentaient plus en sécurité lorsqu’ils avaient un entraîneur bien informé, que les intérêts des athlètes étaient prioritaires, que les règlements étaient respectés, qu’ils avaient accès à un soutien auxiliaire (comme la physiothérapie et le conseil) et qu’il existait un sentiment de communauté entre les athlètes et les entraîneurs.  

Selon les experts, l’adoption d’un cadre fondé sur des valeurs où l’inclusion, la sécurité, l’équité et l’accessibilité sont encouragées parallèlement à des stratégies visant à prévenir les dommages et les abus semble essentielle pour optimiser les expériences des participants au sport (Gurgis, 2021). En gardant à l’esprit la sécurité du sport, Donnelly et Kerr (2018) recommandent aux organisations sportives de s’engager dans les stratégies suivantes : 

Le Code de conduite universel pour prévenir et traiter la maltraitance dans le sport (CCUMS), élaboré par une collaboration d’organismes nationaux de sport et de chercheurs canadiens en 2019, a fait l’objet d’une récente mise à jour et constitue également un outil essentiel pour les communautés et les organismes lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des pratiques sportives sécuritaires. La dernière version comprend des stratégies de prévention pour tous les niveaux des organismes de sport canadiens et des lignes directrices sur la façon d’aborder la maltraitance si elle se produit.  

Les violations du CCUMS font l’objet d’une enquête et sont sanctionnées par le Bureau du commissaire à l’intégrité du sport (BCIS). Ce denier est le pivot central du programme « Pour un sport sans violence », le système indépendant canadien de prévention et de traitement de la maltraitance dans le sport. Le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC) a lancé le programme « Pour un sport sans violence » en 2022 après une recherche approfondie et une consultation nationale auprès de plus de 75 organismes différents. Le gouvernement du Canada a choisi le CRDSC pour élaborer et mettre en œuvre ce nouveau mécanisme de sport sécuritaire au niveau national en 2021.  

Le programme « Pour un sport sans violence » donne accès à un large éventail de ressources, toutes disponibles en anglais et en français, notamment : 

Vous pouvez visiter le site Web du SIRC sur le sport sécuritaire pour obtenir plus de ressources sur le sport sécuritaire, y compris des documents de politique et des recherches pertinentes. Pour l’éducation et la formation en matière de sport sécuritaire, l’Association canadienne des entraîneurs offre une formation sur le sport sécuritaire, un module de formation en ligne gratuit. Le Groupe Respect offre également une formation sur le respect dans le sport destinée aux entraîneurs et aux responsables de programmes, ainsi qu’aux parents.  

Conclusion 

Il existe plusieurs approches fondées sur des données probantes que les chercheurs et les organismes de sport encouragent et auxquelles vous pouvez adhérer pour promouvoir des expériences positives et combattre les cultures néfastes dans le sport et la société. Le sport de qualité, le sport fondé sur des valeurs et le sport sécuritaire sont trois approches communes promues par les chercheurs et les praticiens du sport pour optimiser les expériences et les résultats des participants au sport. Bien qu’elles aient leurs différences, chacune de ces approches reconnaît le sport comme un contexte permettant aux communautés et aux participants d’en tirer de précieux avantages. Ces approches promeuvent des morales et des principes qui visent à satisfaire les besoins humains fondamentaux tels que l’appartenance, la sécurité et la confiance, ce qui favorise un développement sain et le bien-être général de tous les participants au sport. En fin de compte, l’objectif de chaque approche est d’encourager les expériences sportives positives qui contribuent à l’épanouissement des personnes et des collectivités. 

Faits saillants:

« Je ne suis pas un entraîneur de sport. Je suis un entraîneur de la vie. » Dane Baugh, coordonnateur de programmes sportifs, MLSE LaunchPad

Tous les sports peuvent-ils être considérés comme des opportunités de sport au service du développement? 

Le sport au service du développement (SSD) est l’utilisation intentionnelle du sport et de l’activité physique pour bâtir des communautés saines et aider les gens à atteindre leur plein potentiel, souvent par l’intégration du sport avec des approches de développement positif pour améliorer l’efficacité globale. Dans le contexte de la jeunesse de base, le SSD consiste autant à fournir un environnement de soutien où les jeunes peuvent se développer en tant que personnes, qu’un lieu d’entraînement et de compétition.

Le rapport d’évaluation de la Politique canadienne du sport (PCS) de 2012 a montré que si les initiatives en faveur des jeunes étaient le type d’initiative de SSD le plus courant, elles étaient le plus souvent appliquées dans des environnements sportifs à l’échelle communautaire et non dans l’athlétisme de haut niveau. En d’autres termes, alors que les approches de développement positif des jeunes sont plus courantes dans les contextes traditionnels de loisirs, de jeu et d’essai d’un sport, les dirigeants et les athlètes de sport de compétition n’ont généralement pas été exposés à un entraînement qui cible et atteint des résultats de développement positif fondés sur les aptitudes à la vie quotidienne.

Alors que le Canada se dirige vers le renouvellement et l’adoption d’une nouvelle politique pour guider les dix prochaines années, on s’attend à une intégration plus poussée. L’analyse de l’environnement du renouvellement de la PCS en 2021, par exemple, fait état de recommandations pour un sport plus équitable et plus inclusif dans son ensemble, qui réunit différentes approches et différents acteurs. Le Rapport sur ce que nous avons entendu de 2023, qui servira de base au renouvellement de la PCS, a montré que les Canadiens croient que le système sportif a la possibilité de promouvoir des valeurs et des résultats positifs au-delà du sport, notamment à la maison, à l’école et dans la communauté. Les deux tiers des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage national ont indiqué que les approches de développement durable du sport devraient être intégrées dans d’autres contextes de participation sportive dans la nouvelle politique, plutôt que d’être considérées comme un contexte de participation distinct.

Cet article s’appuie sur les récentes conclusions du rapport Change the Culture, Change the Game (Changer la culture, changer le jeu) de la Maple Leaf Sports & Entertainment Foundation. Il prolonge les recommandations pratiques et les approches exprimées par plus de 8 200 jeunes et parents de l’Ontario, à l’intention des organismes sportifs et des administrations qui cherchent à promouvoir une culture plus positive pour les jeunes dans le sport. Nous plaidons pour que tous les environnements sportifs intègrent une approche de SSD et proposons des exemples pour commencer.

Perspectives sur la confiance, l’inclusion et la culture sportive des jeunes

Le projet de recherche Change the Game de la Fondation MLSE, mis en œuvre en collaboration avec le Dr Simon Darnell, directeur du Centre d’études de la politique du sport de l’Université de Toronto, a interrogé les jeunes et les parents sur la façon dont les questions d’accès au sport, d’obstacles, d’équité et de culture se posent pour eux.

Du point de vue des jeunes, les indicateurs de confiance et d’inclusion restent préoccupants. Dans un échantillon de recherche représentatif de la diversité sur le plan de l’âge, du genre, de la race, de la géographie, de la capacité et du revenu familial, 82 % des répondants ont déclaré n’avoir personne à qui parler de leurs expériences en matière de racisme ou de discrimination dans le sport. Cette proportion augmente chez les femmes et les filles latino-américaines (89 %), les jeunes du Nord de l’Ontario (91 %) et les jeunes ayant une déficience visible (94 %). Bien que les incidents de racisme et de discrimination dans le sport demeurent disproportionnés chez les jeunes Noirs, les jeunes Autochtones, les femmes, les filles et les jeunes en situation de handicap, le manque de confiance perçu entre les coéquipiers, les entraîneurs et les fournisseurs de services sportifs brosse un portrait peu reluisant d’un environnement sportif qui n’est pas un espace authentiquement sécuritaire pour les personnes qu’il est censé servir. 

D’un point de vue qualitatif, les jeunes et les parents ont raconté des histoires et des détails sur la façon dont se perpétue une culture du silence autour des questions de sécurité et de qualité dans les environnements sportifs. Les jeunes qui ont été directement victimes d’un événement indésirable déclarent qu’ils ne se sentent pas à l’aise pour soulever ou signaler le problème parce qu’ils n’ont pas confiance dans le fait que leurs coéquipiers, leurs entraîneurs ou l’organisation les soutiendront. En outre, les jeunes et les parents qui étaient au courant d’un incident grave ayant affecté quelqu’un d’autre ont exprimé leur anxiété quant à l’opportunité de s’exprimer ou de s’engager sur la question par crainte de perdre leur place ou celle de leur enfant dans l’équipe.

Au milieu du discours généralisé sur le sport sans risque et de plusieurs cas récents et très médiatisés de cultures toxiques dans le hockey, le basketball, la gymnastique, le soccer et dans l’ensemble du paysage sportif, il est important de se demander à quoi ressemble le changement du point de vue des jeunes, et comment y parvenir. Si des cultures plus inclusives et positives, des relations de confiance et des environnements physiquement et psychologiquement sûrs pour les jeunes athlètes sont les éléments constitutifs de l’avenir que nous voulons construire, quelle est la prochaine étape?

Pour commencer, écoutons ce qu’ils ont à dire.

Les jeunes et les parents demandent que le sport au service du développement fasse partie de la solution

Les résultats du projet de recherche Change the Game 2022 nous ont laissé un plan d’action fondé sur des données probantes pour aller de l’avant avec les changements nécessaires pour soutenir l’accès, l’engagement et l’équité en matière de sport pour les jeunes. L’intégration d’aspects de SDD dans les espaces sportifs pour les jeunes est essentielle. À la Fondation MLSE, nous voyons une formidable opportunité d’utiliser le sport pour répondre à la crise croissante de la santé mentale des jeunes après la pandémie, et une demande pour des programmes sportifs qui développent des compétences de vie autant que des compétences sportives.

Parmi les quelque 8200 jeunes Ontariens dont les voix sont représentées dans ce riche ensemble de données, près de 60 % ont exprimé leur soutien aux programmes de sport utilisés pour enseigner et développer les aptitudes sociales, émotionnelles et développementales chez les jeunes. Ces thèmes étaient particulièrement répandus chez les jeunes en situation de handicap, les jeunes noirs, autochtones, sud-asiatiques et métis, et les jeunes de l’Est de l’Ontario et de la région du Grand Toronto.

Les jeunes et les parents ont clairement indiqué que les obstacles liés à l’accessibilité financière, les préoccupations constantes en matière de santé et de sécurité et les facteurs sociaux laissent trop d’entre eux sur la touche. Les principaux facteurs sociaux sont en grande partie liés à la réalité post-pandémie de la diminution des liens sociaux soulignée dans d’autres recherches, notamment dans le rapport 2022 sur le capital social de la Toronto Foundation. Les Canadiens, y compris les jeunes, ont des contacts moins fréquents chaque semaine avec des personnes extérieures à leur foyer et interagissent en personne avec des cercles de famille et d’amis plus restreints qu’avant la pandémie. Ces changements ont une incidence sur la capacité à pratiquer des sports d’équipe et sur la probabilité de s’inscrire avec un ami – un facteur connu pour faciliter la participation, en particulier chez les filles. Les obstacles socio-environnementaux comprennent également le manque d’accès aux installations locales et l’absence de moyens de transport pour se rendre aux programmes sportifs, ce qui affecte particulièrement les jeunes des communautés nordiques, rurales et éloignées dans le cadre du projet de recherche Change the Game. Les jeunes se sont également exprimés clairement sur ce qui constitue un environnement sûr et inclusif. Les jeunes veulent un système axé sur des opportunités saines et prosociales, fournies par des organisations où la culture est physiquement et psychologiquement sûre. Les approches fondées sur les forces, qui mettent l’accent sur l’autodétermination et les forces des jeunes et les considèrent comme des personnes pleines de ressources et résilientes, sont à la base des offres de SDD et rappellent aux dirigeants sportifs et aux jeunes que nous servons de se voir sur le plan des atouts et du potentiel, et non des risques et des défauts.

Les jeunes et les parents qui s’inscrivent pour jouer recherchent un endroit sûr pour nouer ou développer des amitiés et des relations saines. Outre l’accessibilité financière, le manque d’amis ou de pairs avec qui jouer et le fait de ne pas se sentir bienvenu ou inclus dans une équipe sont les plus grands obstacles à l’engagement dans le sport qui ressortent de la pandémie de la COVID-19. Le fait de ne pas avoir de camarades de jeu était particulièrement préoccupant pour les filles. La recherche a également révélé une corrélation extrêmement forte entre la participation au sport et le sentiment d’appartenance, soulignant le potentiel des opportunités sportives en tant que catalyseurs puissants pour construire une communauté parmi les jeunes, même dans le contexte d’une déconnexion sociale post-pandémie. Ces résultats soulignent que les approches de développement durable constituent un investissement vital dans les communautés où le lien social et le capital ont été gravement compromis, y compris les communautés sportives.

Mesures pratiques pour promouvoir une culture positive pour les jeunes dans le sport

Cultures fondées sur la force. Des espaces sûrs pour nouer des relations saines. Des environnements positifs pour apprendre et se développer. Les changements culturels de cette nature sont souvent cités comme des priorités pour résoudre les problèmes de toxicité dans le paysage sportif, sans que l’on définisse ce à quoi cela pourrait ressembler en termes pratiques. Voici cinq domaines d’action initiaux que les organisations sportives et les administrateurs peuvent prendre en considération lorsqu’ils réfléchissent à la manière de commencer.

  1. Promouvoir un environnement accueillant : « Miser sur le plaisir et les réalisations »

La mise en place d’environnements accueillants et sûrs pour les athlètes, les participants, le personnel et les bénévoles commence au niveau de l’organisation par la promotion de cultures inclusives. La culture est un terme souvent utilisé dans le sport, mais il devient de plus en plus important lorsque l’on met le mot au pluriel et que l’on considère intentionnellement les expériences vécues uniques et diverses que les personnes apportent à chaque organisation.

En adoptant une approche plus globale, les organisations peuvent développer et vivre des valeurs fondamentales qui imprègnent leur travail et guident la planification, les actions et les décisions de manière à ce que chacun se sente le bienvenu. Des principes tels que la confiance et le respect, par exemple, restent essentiels pour créer des environnements positifs, mais nous encourageons les organisations sportives à développer des valeurs fondamentales qui sont significatives et uniques pour elles et pour l’incidence et les résultats qu’elles s’efforcent d’atteindre.

L’une des valeurs fondamentales de MLSE LaunchPad, par exemple, est « Nos différences font la différence », qui inclut les principes de confiance et de respect, mais aussi la conviction que la force de MLSE LaunchPad est enracinée dans la diversité des voix, des idées et des expériences vécues. Un autre exemple est « Nous sommes une famille », qui comprend l’attention inconditionnelle et la responsabilité. Collectivement, l’effort des dirigeants, des accompagnateurs, du personnel et des bénévoles qui travaillent ensemble sur des plans d’action sur la façon de vivre et de mettre en œuvre les valeurs peut conduire à des opérations et à une programmation culturellement pertinentes, à des pratiques d’embauche inclusives et à la formation du personnel. Tous ces éléments garantissent que les personnes se sentent toujours physiquement, psychologiquement et socialement en sécurité et soutenues lorsqu’elles s’engagent avec une organisation et son personnel, ses programmes, ses clubs ou ses ligues.

  1. Réflexion commune : « Trouvez vos angles morts »

Créez systématiquement un espace pour comprendre quels sont les problèmes actuels d’accès, d’équité et d’engagement au sein des membres et de la communauté de votre organisation, afin d’accroître la prise de conscience des angles morts de l’organisation et d’éclairer l’établissement des priorités et des solutions. Il est essentiel d’impliquer les parties prenantes de la communauté pour obtenir des commentaires et des perspectives, en plus des dirigeants et du personnel, avant de prendre des décisions ou de procéder à des ajustements.

Recueillir des réflexions sur des affirmations telles que « Le sport devrait m’aider à me sentir mieux » et sur les soutiens nécessaires pour que cela soit vrai peut aider les organisations à hiérarchiser les ressources. Par exemple, l’accès aux opportunités sportives et le soutien à un accès plus facile aux services de santé mentale ont été identifiés comme une priorité par une grande proportion de jeunes dans l’étude Change the Game. Toutefois, pour comprendre à quoi cela pourrait ressembler dans un espace, un club ou une équipe spécifique, il faut approfondir la réflexion et le dialogue avec les bénéficiaires visés.

La mise en œuvre pratique de la collecte d’information peut prendre la forme de sondages auprès des parents et des tuteurs, de groupes de discussion, de conversations individuelles, de l’engagement d’une organisation communautaire experte dans le domaine, de la création d’un conseil consultatif des jeunes ou d’autres moyens créatifs de faciliter la communication entre le personnel et les jeunes. Cette pratique de communication permanente dans les deux sens permet de s’assurer que les organisations prennent les décisions qui conviennent le mieux à leurs membres.

  1. Des politiques et des processus qui favorisent la transparence, le développement et la confiance : « Dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit 

La mise en place d’un processus de révision active des politiques internes peut promouvoir la transparence, le respect des autres et la responsabilité permanente d’évaluer les processus qui animent une organisation. Les politiques et les processus doivent évoluer au même rythme que les besoins et les intérêts des membres, afin de garantir que les priorités et les incitations de l’organisation sont alignées sur celles des communautés qu’elle sert. Idéalement, un cycle continu de réflexion partagée conduira à un cycle continu de révision organisationnelle. Cela contribuera à créer une boucle de rétroaction indiquant aux membres et aux principales parties prenantes que leur avis est apprécié et pris en compte dans la mesure du possible, et augmentant la probabilité d’instaurer une confiance mutuelle grâce à la transparence du processus de collaboration.

Les processus d’examen devraient être des activités formelles et planifiées et s’appuyer sur les commentaires des principales parties prenantes pour compléter d’autres données telles que les responsabilités en matière de sport, les résultats de la recherche et de l’évaluation et les principaux résultats sportifs et non sportifs (par exemple, l’engagement des jeunes ou de la communauté, le bien-être mental ou le sentiment d’appartenance) que l’organisme s’efforce d’atteindre.

  1. Normes et développement de l’entraînement : « Les jeunes d’abord, toujours »

Avec près de 60 % des jeunes qui réclament un sport et des programmes sportifs qui leur enseignent et les aident à apprendre et à développer des compétences sociales, émotionnelles et développementales, il est important de considérer et d’utiliser le sport comme un vecteur d’apprentissage et de développement. Les normes et le développement de l’entraînement doivent donc refléter ce sentiment et intégrer des stratégies de SDD, y compris le transfert explicite des aptitudes à la vie quotidienne, qui visent à favoriser le développement positif des jeunes.

Tout comme les exercices de basketball peuvent enseigner les techniques de drible et les exercices de hockey les techniques de maniement du bâton, ils peuvent aussi enseigner intentionnellement les compétences de la vie courante telles que le leadership, la pensée critique, les compétences sociales ou la résilience. Le sport peut et doit contribuer au développement holistique des jeunes qui ont partagé l’opinion selon laquelle « je suis plus qu’un athlète ». L’adoption d’un modèle de formation des formateurs, par exemple, peut encourager les organisations à revoir leurs programmes de formation des entraîneurs afin d’évaluer si ces normes sont prises en compte et si les entraîneurs sont formés pour encadrer la personne dans sa globalité. Veiller à ce que le personnel ait des possibilités de mentorat formel et informel offrira d’importantes possibilités de développement professionnel qui conduiront à un apprentissage continu et profiteront à l’ensemble de la communauté. En fin de compte, la direction d’un organisme devrait donner le ton dans l’ensemble de l’organisme et tenir compte de cet appel à donner la priorité au bien-être des jeunes dans la façon dont elle examine, met à jour et met en œuvre les modèles de formation pour un paysage sportif de la jeunesse dont l’avenir est enraciné dans un état d’esprit de SDD. 

En plus du « quoi » que les entraîneurs enseigneront et développeront, Change the Game met les organisations au défi de se concentrer sur le « qui ». Les jeunes réclament des « entraîneurs qui me ressemblent » et les organisations ont la responsabilité de s’assurer qu’elles mettent en œuvre des pratiques de recrutement et d’embauche inclusives. Si 82 % des jeunes déclarent n’avoir personne à qui parler de leurs expériences de racisme ou de discrimination dans le sport, la valeur de l’expérience vécue doit être ajoutée à la liste de l’expérience professionnelle, de l’éducation et des qualifications qui deviennent souvent les principaux facteurs d’embauche. Bien que cela puisse être légèrement différent en fonction de chaque membre de la communauté, l’intentionnalité derrière ces actions reste cohérente et soutient le rôle vital de l’entraîneur dans la facilitation d’un environnement accueillant, inclusif et sûr qui est nécessaire pour que les jeunes reconnaissent et atteignent leur plein potentiel. Ces considérations peuvent continuer à alimenter la formation de la prochaine génération de leaders dans les pratiques de SDD et contribuer véritablement à changer la donne.

  1. Des approches basées sur les données : « On ne peut pas gérer ce que l’on ne mesure pas »

Adopter une approche fondée sur des données pour contrôler la qualité de la culture interne. L’application d’une optique d’équité des données pour collecter, anonymiser et utiliser les données démographiques, y compris la race, le genre, les capacités et le revenu du ménage, aidera votre organisation à mieux comprendre l’évolution des besoins et des expériences des athlètes, des entraîneurs et du personnel.

En bref : recueillez des renseignements et, surtout, utilisez-les. Cela permettra d’approfondir la compréhension, d’identifier les zones nébuleuses, d’orienter la prise de décisions et de suivre les progrès au fil du temps. S’inspirer de la recherche externe pour piloter des expériences de courte durée dans les approches de développement durable – le Journal of Sport for Development et sportanddev.org sont d’excellents points de départ pour commencer à examiner des approches pratiques et fondées sur des preuves pour développer les compétences de la vie courante et d’autres résultats positifs du développement des jeunes par le sport.

Il n’y a pas de mal à commencer petit, tant que vous commencez quelque part. Si vous êtes un organisme de sport qui offre des opportunités aux jeunes et que vous souhaitez obtenir un avis ou des ressources sur ce que pourrait être une approche équitable de la collecte de données démographiques dans votre environnement, n’hésitez pas à contacter un membre de l’équipe de recherche et d’évaluation de la Fondation MLSE et de LaunchPad à n’importe quel moment.

Réflexions finales

Tous les sports sont des opportunités de SDD en ce sens que des bénéfices sociaux et économiques positifs peuvent et doivent être attendus des initiatives sportives à tous les niveaux. Dans l’ère post-pandémie et à l’heure des bilans pour le secteur du sport pour la jeunesse, les approches empruntées à l’espace de SDD offrent de riches perspectives sur la manière d’engager les jeunes de manière positive à tous les niveaux du système sportif. Les jeunes ont clairement fait savoir qu’il n’y a plus de place pour les programmes et les systèmes sportifs qui se concentrent exclusivement sur le développement physique au détriment des considérations sociales, émotionnelles et cognitives.

Faits saillants 

La plupart d’entre nous se sont déjà trouvés dans une situation où, en arrivant à un événement sportif en plein air, ils ont appris que le match avait été annulé ou reporté en raison de la foudre. Mais avez-vous déjà vécu la même chose à cause de la pollution de l’air? Si l’on sait généralement comment protéger les participants à un événement sportif contre des phénomènes environnementaux tels que la foudre, peu de gens savent ce qu’il faut faire lorsque la qualité de l’air est médiocre. 

Pour combler cette lacune, le Centre de documentation sur le sport (SIRC) et Santé Canada se sont associés pour créer et partager des ressources sur la qualité de l’air, y compris un module d’apprentissage en ligne, des infographies et un guide de politique, à l’intention des parties prenantes des sports de plein air. Dans cet article du SIRCuit, nous décrivons le partenariat entre le SIRC et Santé Canada, soulignons les renseignements clés sur la pollution de l’air et la sécurité de la pratique des sports de plein air, et décrivons les stratégies que les acteurs du sport peuvent mettre en œuvre pour aider à protéger les participants aux sports des effets nocifs de la pollution de l’air.

Tout au long de l’article, nous avons établi des liens vers des ressources qui vous aideront à sensibiliser les gens et à prendre des mesures dans votre sport. Ensemble, nous pouvons améliorer la qualité de l’air et la sécurité de la pratique des sports de plein air!

Le partenariat 

En 2022, Santé Canada a demandé au SIRC de soutenir ses initiatives axées sur la qualité de l’air et la sécurité des sports de plein air. Santé Canada a fourni au SIRC un soutien financier et scientifique pour la création de ressources et d’outils éducatifs destinés aux organismes de sport, notamment:

Santé Canada et le SIRC ont lancé le module d’apprentissage en ligne et les ressources connexes lors du Sommet du soccer de l’Ontario qui s’est tenu à Ottawa, en Ontario, le 25 février 2023. Nous continuerons à partager les ressources développées dans le cadre de ce partenariat dans le cadre d’une campagne d’éducation et de sensibilisation ciblant les organisations à tous les niveaux du sport au Canada.

Les bases de la pollution de l’air

La pollution atmosphérique est un mélange d’agents chimiques, physiques et biologiques qui contaminent les environnements intérieurs et extérieurs (OMS, 2022). Il existe de nombreux types de polluants atmosphériques. Parmi les polluants atmosphériques les plus nocifs pour la santé humaine, on peut citer :

Les polluants atmosphériques peuvent provenir de nombreuses sources. Au Canada, les émissions les plus importantes de polluants atmosphériques sont liées à la production d’électricité, à la construction, aux industries pétrolières et gazières, aux incendies de forêt, aux transports, à l’agriculture et à la combustion du bois (GC, 2022a). Les événements environnementaux peuvent également contribuer à une mauvaise qualité de l’air. Voici quelques exemples d’événements environnementaux qui peuvent contribuer à la pollution de l’air :

Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé humaine

L’exposition à la pollution atmosphérique peut entraîner une série d’effets sur la santé à court et à long terme. Alors que l’exposition à court terme aux polluants atmosphériques a été associée à des symptômes tels que des vertiges et des maux de tête, l’exposition à long terme a été associée à un risque accru de maladies telles que le cancer du poumon et l’asthme (SC, 2021). En fait, au Canada, on estime que la pollution atmosphérique contribue à 2,7 millions de jours de symptômes d’asthme et à 15 300 décès prématurés chaque année (SC, 2021). 

Il est important de noter que si les effets à long terme de la pollution de l’air sur la santé peuvent prendre des années à se développer, les effets à court terme sur la santé peuvent survenir quelques minutes après avoir fait de l’exercice dans un environnement où la qualité de l’air est très mauvaise. Cela souligne l’importance de surveiller la qualité de l’air lors de la planification ou de la pratique d’une activité physique. 

Vous vous demandez peut-être : qui risque de subir les effets néfastes de la pollution atmosphérique? La réponse est que tout le monde est à risque. Toutefois, certains groupes, notamment les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies préexistantes, courent un risque accru. Même si vous ne le soupçonnez pas, les personnes qui font du sport et de l’exercice courent également un risque accru. 

Les effets de la pollution atmosphérique sur les sportifs de plein air

Pourquoi les athlètes courent-ils un risque accru? Lorsqu’une personne pratique une activité physique en plein air, elle a besoin de plus d’oxygène (Carlisle et Sharp, 2001; Giles et Koehle, 2014). Plus l’exercice est intense, plus le corps a besoin d’oxygène. Pour répondre à ce besoin accru, une personne doit respirer plus profondément et plus fréquemment (Carlisle et Sharp, 2001; Giles et Koehle, 2014; EPA, 2011). Si la qualité de l’air est médiocre, cette augmentation de la consommation d’air pendant l’exercice signifie qu’une personne respirera également plus de polluants atmosphériques. 

Une autre raison pour laquelle les participants aux sports de plein air courent un risque accru est que lorsqu’une personne fait beaucoup d’exercice, elle respire davantage par la bouche que par le nez (Carlisle et Sharp, 2001; Giles et Koehle, 2014). Cela signifie que moins d’air est filtré par le système de filtration naturel du corps dans le nez, ce qui signifie que plus de polluants atmosphériques ont le potentiel de pénétrer dans le corps (Bateson et Schwartz, 2007). 

En résumé, les athlètes modifient leur mode et leur style de respiration pendant l’exercice afin d’inhaler de plus grandes quantités d’air. S’ils se trouvent dans une zone où les niveaux de pollution atmosphérique sont élevés, par exemple à proximité d’une route très fréquentée, ils inhalent davantage de polluants atmosphériques, ce qui les expose à un risque accru de complications sanitaires.

Une mauvaise qualité de l’air peut également affecter les performances sportives. Lorsque les athlètes font de l’exercice dans des zones où les niveaux de pollution atmosphérique sont élevés, ils ont tendance à percevoir un effort plus important (Sandford et coll., 2020). Plus simplement, faire de l’exercice lorsque la qualité de l’air est mauvaise peut donner aux participants à des sports de plein air l’impression qu’ils travaillent plus dur pour accomplir la même tâche. Cela peut signifier que les athlètes ne peuvent pas être aussi performants que lorsque la qualité de l’air est bonne. Comme vous pouvez l’imaginer, cela peut avoir des conséquences considérables pour les événements sportifs de plein air nécessitant de l’endurance, comme le soccer, ou les épreuves chronométrées, comme celles de l’athlétisme.

La cote air santé 

À ce stade, vous vous demandez peut-être ce que vous pouvez faire pour protéger les sportifs de la pollution atmosphérique. La réponse est que vous pouvez surveiller la qualité de l’air au niveau local et prendre des décisions éclairées sur la sécurité de la pratique des sports de plein air. Pour ce faire, vous pouvez utiliser la CAS. 

La CAS a été créée pour aider les personnes à comprendre et à prendre des décisions concernant la sécurité de l’air qui les entoure. La CAS présente le risque relatif pour la santé associé aux effets combinés des polluants atmosphériques, notamment le dioxyde d’azote, l’ozone troposphérique et les particules. La CAS est présentée sur une échelle de 1 à 10+, subdivisée en quatre catégories de risque sanitaire allant d’un risque faible (1 à 3) à un risque très élevé (10+).

La CAS indique les valeurs observées et prévues, ce qui vous permet de mesurer la qualité de l’air avant et pendant votre événement. Les valeurs de la CAS sont accompagnées de messages sanitaires. Ces messages peuvent être utilisés pour vous aider à prendre des décisions concernant la sécurité de la pratique des sports de plein air. En lisant les messages sanitaires, il est essentiel de se rappeler que les participants aux sports de plein air sont considérés comme une population à haut risque. Il convient donc d’adopter des approches plus prudentes pour garantir leur sécurité.

Vous trouverez ci-dessous quelques lignes directrices générales sur la manière dont la CAS peut être utilisée pour planifier une activité de plein air. En tant qu’entraîneur, responsable sportif ou dirigeant, il vous appartient d’évaluer les besoins de vos participants ainsi que les conditions environnementales afin de déterminer si la pratique d’un sport en plein air est sans danger.

Pour consulter la CAS, visitez le site AirHealth.ca ou téléchargez l’application WeatherCAN sur Google Play ou dans l’App Store. 

Stratégies visant à limiter l’exposition des sportifs à la pollution atmosphérique

Les organismes sportifs, les entraîneurs et les officiels sont responsables de la sécurité de leurs participants. Voici quelques conseils pour rester informé et limiter l’exposition des sportifs à la pollution de l’air :

Réflexions finales 

Nous espérons que cet article vous aidera à réfléchir à la qualité de l’air et à la sécurité de la pratique des sports de plein air. Nous vous encourageons à utiliser ces renseignements pour entamer des discussions au sein de votre organisation ou de vos équipes sur l’importance de prendre en compte la qualité de l’air lors de la planification et de la participation à des sports de plein air. N’oubliez pas que lorsque la qualité de l’air est mauvaise, il est essentiel de modifier les activités de plein air pour protéger la santé des participants aux sports de plein air et aux activités physiques, car la mauvaise qualité de l’air peut avoir des conséquences sur la santé.

La prochaine étape importante pour les organisations sportives consiste à élaborer des politiques de qualité de l’air qui favorisent la pratique des sports de plein air en toute sécurité. Ces politiques devraient fournir des conseils sur les mesures à prendre en cas de mauvaise qualité de l’air et définir des attentes en matière d’éducation et de formation sur la CAS pour les entraîneurs et les responsables sportifs. Si vous avez des questions ou si vous avez besoin d’aide pour entamer ce processus, n’hésitez pas à contacter l’équipe du SIRC à l’adresse info@sirc.ca. 

Ressources à consulter pour approfondir votre apprentissage 

Vous trouverez ci-dessous quelques ressources qui pourraient vous être utiles pour en savoir plus sur la pollution de l’air et sur ce que votre organisation peut faire pour assurer la sécurité de vos participants :

Faits saillants :  

Dorothy Paul possède plusieurs décennies d’expérience en tant qu’athlète, mentore et animatrice dans le domaine du sport au Canada. Mais le sport organisé n’a pas toujours fait partie de sa vie.  

« En grandissant, j’étais l’aînée d’une famille de sept enfants, alors je n’avais pas beaucoup d’argent pour faire du sport », dit-elle. Mme Paul jouait dehors avec ses frères et sœurs, grimpant aux arbres et faisant la course en sautant d’un arbre à l’autre.  

Les choses ont changé lorsque Mme Paul et ses frères et sœurs ont regardé les Jeux olympiques de Montréal en 1976. Les Jeux olympiques ont inspiré de nouvelles versions de leurs anciens jeux : « Nous avons créé une course d’obstacles autour de la maison en utilisant des chevaux de scie, en sautant par-dessus la fosse septique, etc. Et nous faisions la course pour voir qui était le plus rapide. Et je pense que cela m’a accidentellement bien formé pour le cross-country du collège. » raconte Mme Paul.  

Le cross-country au collège a conduit à l’athlétisme, au soccer, au hockey sur gazon et au rugby au secondaire, puis à une carrière de plus de 30 ans dans la Victoria Women’s Premier Soccer League. Aujourd’hui, Mme Paul est maître facilitatrice pour les modules d’entraînement autochtones du Cercle sportif autochtone et a servi de mentore pour le parcours de développement des participants autochtones à long terme par l’intermédiaire de Sport pour la vie. Elle a occupé plusieurs postes aux Jeux autochtones d’Amérique du Nord, dont celui de chef de mission en 2002.  

Après avoir pris sa retraite du soccer, elle a fondé une équipe féminine de crosse en boîte, les Wolves de Victoria, avec laquelle elle joue toujours. Mais lorsque le monde s’est arrêté en raison de la COVID-19 et que Mme Paul a eu un peu plus de temps pour réfléchir, elle a commencé à penser à la façon dont le système sportif devait changer et à chercher des modèles de ce à quoi cela pourrait ressembler.   

« Cela fait 30 ans que j’entends les gens dire : “Nous devons sortir de l’isolement, nous devons détruire les silos, alors qu’est-ce que nous ne faisons pas? Qu’est-ce qui nous empêche de défaire les silos?” Peut-être devrions-nous envisager différemment le changement de système et peut-être que cela suscitera des conversations avec les gens et qu’ils commenceront alors à faire les choses un peu différemment », explique Mme Paul.  

C’est ainsi qu’elle est tombée sur la théorie du changement des deux boucles.  

Examen de la théorie du changement des deux boucles  

La théorie du changement des deux boucles a été élaborée par l’Institut Berkana (créé en 1992) et plus particulièrement par Margaret Wheatley et Deborah Frieze dans un article intitulé « Utiliser l’émergence pour mettre l’innovation sociale à l’échelle ». La théorie cherche à décrire et à modéliser les organisations comme des êtres vivants avec des cycles de vie, plutôt que comme des entités mécaniques immuables.   

Figure 1: Adapté de l’Institut Berkana

La théorie décrit les processus impliqués dans la transition d’un système (le système dominant) à un autre système (le système émergent). À l’intérieur de chaque système et entre les deux, les personnes assument une variété de rôles, notamment :  

Pionniers: Les personnes qui reconnaissent qu’un système doit changer et commencent à chercher des solutions de rechange, en formant éventuellement des réseaux qui mènent à un nouveau système émergent.  

Stabilisateurs: Les personnes qui reconnaissent le système émergent, mais comprennent que le changement prend du temps, et aideront à la transition.  

Résistants: Les personnes qui résistent au changement au sein du système dominant parce qu’il les sert et leur profite ou parce qu’ils pensent qu’ils n’ont pas de rôle à jouer dans le nouveau système.  

Développeurs de ponts: Les personnes qui aident les gens à passer du système dominant au système émergent.  

Aidants: Les personnes qui mettent fin au système dominant et redistribuent les ressources dans le système émergent.   

Cette théorie tient compte du fait que vous êtes à la fois une personne et un membre d’un système. Elle tient également compte du fait que le changement n’est pas linéaire, que les forces extérieures de la vie ont une incidence sur le fonctionnement d’un système, ce qui explique pourquoi un système ne peut jamais vraiment rester inchangé.  

C’est ce qui a attiré Mme Paul vers cette théorie et qui l’a amenée à réfléchir à la possibilité de l’utiliser comme modèle pour inspirer la réflexion et le changement au sein du secteur sportif canadien.  

« Le modèle des deux boucles est fluide, explique Mme Paul, il n’est pas concret. D’autres théories systémiques que j’ai vues l’abordaient d’un point de vue mécanique, du genre : “Oh, cette pièce ne fonctionne pas? Enlevons-la et remplaçons-la par quelque chose d’autre; oh, pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné?” Ces modèles ont oublié que toutes les pièces d’un système dépendent de toutes ces autres choses pour exister également. J’aime l’idée d’un changement de système d’un point de vue humain et du point de vue de la fluidité. »  

Dans leur article original, Wheatley et Frieze (2006) écrivent : « Malgré les publicités et les slogans actuels, le monde ne change pas une personne à la fois. Il change lorsque des réseaux de relations se forment entre des personnes qui découvrent qu’elles partagent une cause commune et une vision de ce qui est possible. C’est une bonne nouvelle pour ceux d’entre nous qui ont l’intention de changer le monde et de créer un avenir positif. Plutôt que de se préoccuper de la masse critique, notre travail consiste à favoriser les connexions critiques. »   

Presque tout le monde connaît l’idée de croissance au sein d’un système ou d’un secteur. Ce dont nous ne parlons pas souvent, c’est du déclin d’une organisation, d’un système ou d’un secteur. Le déclin n’est pas nécessairement synonyme d’échec, il peut simplement signifier que le contexte dans lequel le système existe a changé et qu’un autre système serait mieux adapté. 

Frieze prend l’exemple de l’industrie pétrolière. Nous connaissons tous probablement l’ascension du pétrole en tant que système dominant. Au fur et à mesure que les gens en apprenaient davantage sur la pollution, le changement climatique et les combustibles fossiles, les personnes ont commencé à remettre en question le système et à chercher des solutions de rechange. Dans la théorie des deux boucles, ces personnes sont appelées des pionniers. Ces pionniers gagnent véritablement en force lorsqu’ils commencent à se connecter les uns aux autres, à former des réseaux et à réfléchir à de nouveaux systèmes. Cela se produit au moment où ceux qui résistent à tout changement par rapport au système dominant disent des choses comme : « nous avons toujours fait comme ça » ou « nous sommes trop grands pour échouer ». 

Changer de système ne consiste pas à appuyer sur un interrupteur. Et les systèmes dominants ne sont pas mauvais en soi. Ils comportent souvent des éléments importants dont il faut s’inspirer ou dont il faut s’inspirer. C’est pourquoi les rôles des « stabilisateurs » et des « aidants » sont importants. Ce sont les personnes qui, au sein du système dominant, reconnaissent l’imminence du changement et s’efforcent d’aider l’ancien système à faire la transition vers le nouveau. Dans l’exemple de l’industrie pétrolière, il s’agit non seulement des personnes qui réfléchissent à la manière dont l’infrastructure peut passer du pétrole et du gaz aux énergies renouvelables, mais aussi de celles qui se penchent sur le sort des personnes actuellement employées par l’industrie pétrolière et qui aident à trouver des moyens de transférer leurs compétences dans d’autres secteurs.   

Ces rôles sont importants car il y a toujours un écart entre les systèmes dominants et émergents; c’est pourquoi dans le diagramme lui-même, les boucles ne se touchent pas. Le système émergent n’est pas prêt à prendre et à transporter immédiatement tous les membres du système dominant. L’ancien système a besoin d’être réduit en douceur et de manière respectueuse, ses ressources doivent être redistribuées et les leçons tirées de l’expérience doivent être mises à profit. Les développeurs de ponts sont les personnes qui aident tout le monde à passer du système dominant au système émergent. À ce moment-là, le cycle de vie du système recommence.  

Une conversation avec Dorothy Paul  

Dorothy Paul a fait des présentations à différents publics dans le secteur du sport canadien, utilisant la théorie des deux boucles pour proposer une voie de changement et susciter une réflexion chez les gens et les organisations. Le SIRC s’est entretenu avec Mme Paul pour approfondir certaines de ses réflexions sur l’évolution de l’environnement sportif.   

SIRC : Selon vous, quelles sont les questions les plus pressantes auxquelles le secteur du sport doit faire face en ce moment?  

DP : Notre système sportif actuel repose sur le bénévolat. Avec la COVID, le bénévolat a presque disparu. Donc, soit notre système va devoir s’adapter, soit nous allons devoir chercher des moyens de restructurer les choses, c’est-à-dire la façon dont nous faisons les choses à l’échelle communautaire, à l’échelle des organisations sportives provinciales et territoriales. Parce que nous aurons personne pour former les athlètes à progresser dans le système et nous ne pourrons pas miser sur nos entraîneurs et nos administrateurs du système de bénévoles comme nous l’avons fait jusqu’à présent. Je ne connais pas la réponse à cette question, mais je pense que nous devons nous demander comment d’autres pays ont effectué cette transition. Et qu’ont-ils fait pour gérer cette transition? Car je pense qu’au Canada, nous n’allons plus compter sur le bénévolat très longtemps.  

Même s’il s’agit d’une théorie du changement plus ancienne, je pense qu’elle a encore de la valeur parce qu’elle tient compte de toutes les influences extérieures. Ces derniers temps, toutes les choses qui se sont produites dans les médias, comme le sport sécuritaire, la diversité et l’équité, ont vraiment poussé le système actuel et ont été au premier plan au cours des 4 ou 5 dernières années. C’est pourquoi je pense que nous nous trouvons quelque part ici [montre le milieu des deux boucles où un système dominant passe par les aidants et se décompose, et un autre système émerge sur la voie des communautés de pratique].   

Par exemple, le système a créé des cours que les gens doivent suivre pour s’assurer qu’ils comprennent, en tant qu’accompagnateurs et travailleurs dans ce système, qu’ils sont formés à ces choses qui se présentent et qui poussent leur système dans une direction émergente. Mais pour les bénévoles qui arrivent, ils se disent : « Je veux juste être entraîneur, mais je dois maintenant participer à des ateliers sur la sécurité dans le sport et sur l’entraînement, et faire une vérification de mon casier judiciaire! Est-ce que je veux vraiment passer trois semaines à devenir entraîneur pour une saison de quatre mois? » Nous devons reconnaître que lorsque vous travaillez au niveau de la communauté, parfois les bénévoles ne veulent pas passer autant de temps, ils veulent juste aller entraîner. Ainsi, avec la règle de deux, le sport sécuritaire et tous les autres cours qui ont vu le jour au cours des cinq dernières années, les gens hésitent à participer au système sportif ou s’en détournent. J’observe également beaucoup de mouvements au sein des administrateurs sportifs, un fort taux de rotation dans les organisations. Ce qui me fait penser que nous pourrions encore être là [indique la partie gauche du modèle avec les pionniers qui quittent le système dominant].  

SIRC : Comment pouvons-nous utiliser le système des deux boucles pour réfléchir à ce problème?  

DP : Je pense que nous devons faire attention à la manière dont nous traitons les gens dans le système. Les personnes qui font partie de la résistance, ou des stabilisateurs, ou des aidants – cela prend beaucoup de temps et d’énergie. Nous devons faire preuve d’une grande compréhension : « Qu’est-ce que l’employé en face de moi apporte à la table et quels sont ses véritables points forts? Le poste dans lequel nous le plaçons est-il réellement adapté au fonctionnement de son cerveau? » Lorsque les gens occupent un poste qui leur convient parfaitement, ils accomplissent toutes sortes de tâches.    

Ce que j’ai vu dans le système actuel, c’est que si vous ne travaillez pas 100 heures par semaine, vous ne produisez pas, donc vous n’avez pas de valeur pour nous. Ce n’est pas viable. Je pense que la COVID a amené beaucoup de gens à se demander s’ils voulaient vraiment travailler 100 heures par semaine pour un système qui les considérait comme sacrifiables.  

Il s’agit donc de voir comment nous pouvons garder les bonnes personnes qui sont dans notre système et les soutenir pour qu’elles aient envie de rester plus longtemps. Je pense même qu’il est de plus en plus difficile d’être un employé à vie, ne serait-ce que dans le sport traditionnel [par opposition au sport autochtone]. Les gens arrivent, sont employés dans un domaine pendant 3 à 5 ans, puis passent à autre chose. Que devons-nous faire, en tant qu’employeurs, pour que nos employés se sentent soutenus et valorisés? 

Le système actuel donne l’impression d’être en sécurité, « c’est ce que nous connaissons, donc nous allons continuer à le faire ». Il s’agit maintenant de savoir comment partager les nouvelles informations de manière à ce que nous puissions les transposer sur notre lieu de travail, dans notre administration, dans notre organisation, comme c’est le cas avec tous les programmes de sport sécuritaire. C’est là que nous avons besoin de ces stabilisateurs, de ces développeurs de ponts et de ces aidants.  

SIRC : Quelle a été la réaction lorsque vous avez fait des présentations sur les deux boucles dans le secteur du sport? Est-ce qu’il y a un écho chez les gens?   

DP : Lors d’une de mes présentations, j’ai physiquement fait les boucles avec de la corde et j’ai demandé aux gens de se placer à l’endroit où ils pensaient avoir leur place dans le système. Personne n’a voulu se placer sur un système dominant en raison du type de conversation que nous avons eue à ce sujet. Mais il y a une raison pour laquelle nous avons besoin de ces personnes dominantes.   

J’aime les termes « dominant » et « émergent » plutôt que « nouveau » et « ancien » parce que « nouveau » implique que l’ancien est mauvais, mais ce n’est pas le cas. À mesure que le système évolue, nous devons déterminer quelles sont les parties du système dominant que nous allons conserver, parce que tout n’est pas terrible dans le système actuel, et qu’il y a beaucoup de bonnes choses. C’est de cela qu’il s’agit en matière d’aide et de décomposition.  

Plus de la moitié des participants sont allés vers le développement de ponts, ce qui en dit long sur la façon dont les gens absorbent le changement du système.  

SIRC : Quels sont les autres éléments qu’il est important de garder à l’esprit lorsque l’on utilise ce modèle pour réfléchir au changement dans le système sportif?  

Pour moi, ce qui revient sans cesse, c’est de réfléchir à la décomposition. Il y a beaucoup de bonnes choses dans le système actuel. Nous devons examiner attentivement ce qui doit réellement changer. Pour moi, c’est l’élément humain. C’est le point le plus important : comment traitons-nous les gens dans ce système? Et comment pouvons-nous les garder? J’ai été confronté à un nombre important de personnes qui ont tout simplement quitté le système pour aller voir ailleurs. Ces personnes possédaient d’énormes compétences et une longue expérience dans le secteur du sport. Comment se fait-il que nous n’ayons pas pu les garder? Comment se fait-il que nous n’ayons pas pu les affecter à un rôle différent?  

Ainsi, lorsque nous pensons au système dominant, nous ne pouvons pas nous contenter de considérer les personnes qui en font partie comme de la résistance. Nous devons trouver un moyen d’aborder cette résistance et de faire connaître l’évolution de ce nouveau système, ce en quoi il croit, et la manière dont il constitue une partie précieuse de ce système émergent; les gens ont un rôle à jouer.  

Questions à poser aux organisations sportives et aux personnes individuelles :