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Des interventions telles que la numérotation des chemises en fonction de l’âge et les ajustements correctifs qui tiennent compte de l’anniversaire dans les épreuves chronométrées comme le sprint peuvent être efficaces pour atténuer les effets de l’âge relatif (EAR). Apprenez-en davantage sur les recherches actuelles et les nouvelles tendances sur l’EAR dans le SIRCuit.

L’effet de l’âge relatif profite aux personnes relativement plus âgées d’un groupe d’âge tout en désavantageant les plus jeunes. Cette inégalité liée à l’âge peut avoir des répercussions importantes sur le sport et la performance scolaire, ainsi que sur la santé et le bien-être à long terme. Pour en savoir plus, consultez le SIRCuit.

Le 17 octobre 2018, l’événement Relative Age Effects: An International Conference a eu lieu à l’Université York, où d’éminents chercheurs internationaux se sont réunis pour discuter des répercussions des dates de naissance des athlètes sur le sport, la santé et l’éducation. Cet article retrace l’histoire du phénomène connu sous le nom d’« effet de l’âge relatif » ainsi que son incidence sur le sport, l’éducation et la santé.

Si vous laissez entendre que la date de naissance des gens a une incidence importante sur leur vie, vous pourriez recevoir des regards sceptiques. Les gens pourraient en fait croire que vous parlez du domaine infâme de l’astrologie. Cependant, l’une des clés du succès n’est pas l’alignement des corps célestes, mais plutôt les effets résultant de la date de naissance d’une personne par rapport à une date limite prédéfinie. Dans les contextes du sport et de l’éducation, les personnes sont souvent placées dans des groupes d’âge afin d’assurer l’équité et l’égalité des groupes. Malheureusement, ce processus peut entraîner par inadvertance des effets de l’âge relatif (EAR), qui comprennent des avantages et des désavantages attribuables au fait d’être relativement plus jeune ou plus âgé dans une cohorte d’âge donnée (Barnsley et coll., 1985).

Supposons qu’Amelia et Tasha sont en compétition l’une contre l’autre pour la dernière place dans une équipe de hockey sur glace élite (c.-à-d. une équipe qui voyage). Amelia est née en janvier 2008 et Tasha en décembre 2008. Les deux athlètes sont des joueuses de hockey talentueuses, mais comme Amelia a 11 mois de plus que Tasha (ce qui représente plus de 10 % d’expérience de vie supplémentaire) et qu’elle a eu plus de temps pour se développer sur les plans cognitif et physique, ses entraîneurs la considèrent comme la joueuse supérieure et la choisissent dans l’équipe. Par conséquent, Amelia obtient plus de temps de pratique, un meilleur encadrement et l’occasion de perfectionner ses compétences en participant à des compétitions contre de meilleures équipes. À l’inverse, Tasha doit se résigner à jouer dans la ligue maison locale. Puisqu’il s’agissait de la troisième saison consécutive au cours de laquelle elle était la dernière joueuse à être exclue de l’équipe élite, elle envisage maintenant d’abandonner complètement le hockey. Bien que la date de naissance d’une personne puisse sembler être une variable démographique triviale, l’exemple ci-dessus démontre que les conséquences peuvent être très sérieuses.

Contexte de l’EAR

L’intérêt pour l’EAR a commencé au début des années 1980, lorsque Roger et Paula Barnsley ont assisté à une partie de hockey sur glace des Broncos de Lethbridge (anciennement de la Western Hockey League). Alors qu’elle examinait la formation des joueurs, Paula a remarqué que la majorité des athlètes étaient nés en janvier, février et mars, ce qui correspond aux premiers mois de l’année de sélection selon la date limite du 1er janvier de Hockey Canada. Intrigué par ce que Paula avait observé, Roger est rentré chez lui après le match et a commencé à examiner les dates de naissance des joueurs de hockey professionnel et a noté la même tendance concernant les dates de naissance, qu’ils ont plus tard identifiée comme l’EAR (Barnsley et coll., 1985). Trente ans plus tard, l’EAR a suscité beaucoup d’attention dans la presse populaire, ayant fait l’objet de livres à succès comme Outliers: The Story of Success de Gladwell (2008) et SuperFreakonomics de Levitt et Dubner (2009), de revue de sports comme Sports Illustrated (Levy, 2011) et The Hockey News (Shuker, 2018), ainsi que d’émissions de télévision comme 60 Minutes (CBS Interactive, 2012). Depuis la découverte initiale des Barnsley, les chercheurs ont examiné l’EAR sous divers angles, dont le sport, l’éducation, la santé et le bien-être.

Afin de mieux comprendre ces inégalités d’âge dans le sport et résoudre les problèmes connexes, d’éminents chercheurs spécialisés en EAR se sont réunis le 17 octobre 2018 sur le campus de l’Université York à Toronto (Ontario) pour discuter des répercussions de l’EAR sur le sport, l’éducation, la santé et le mieux-être. Plus précisément, l’événement Relative Age Effects: An International Conference a réuni des chercheurs renommés du monde entier pour discuter de l’EAR sous différents angles dans l’espoir de trouver des solutions pour minimiser le biais de l’âge attribuable à l’utilisation de dates limites annuelles. Pour en savoir plus sur chaque session de la conférence, consultez le billet de blogue Sport pour la vie de Paul Jurbala.

L’EAR dans le sport

La conférence a débuté par une allocution des Barnsley et de leur collègue Gus Thompson qui présentait leurs résultats préliminaires dans le contexte du hockey sur glace canadien. Leurs études ont permis à de nombreux chercheurs de se pencher sur le phénomène de l’EAR dans divers sports (p. ex. soccer, baseball) et à différents niveaux de compétition. La méta-analyse de Cobley et ses collègues (2009a) a montré que le sport, en particulier les sports culturellement pertinents comme le soccer en Europe et le hockey sur glace au Canada, est une cible de l’EAR et que les effets les plus importants se produisent aux niveaux de compétition national et régional et particulièrement chez les adolescents (de 15 à 18 ans). Bien que les dates limites entraînent les différences d’âge relatives, Hancock et ses collègues (2013) expliquent que les facteurs sociaux comme les entraîneurs, les parents et les joueurs peuvent perpétuer les EAR. Pour les athlètes comme Amelia qui sont relativement plus âgées et plus grandes que les autres de leur cohorte d’âge, les entraîneurs peuvent avoir des attentes plus élevées et fournir un entraînement et un soutien supplémentaires, ce qui les amène finalement à avoir un avantage accru au fil du temps.

Dans certains cas, les athlètes relativement plus jeunes qui réussissent malgré tout dans des systèmes sportifs biaisés peuvent devenir des athlètes d’élite. Ce concept est connu sous le nom de l’« hypothèse de l’athlète sous-évalué » (Fumarco et coll., 2017). Cependant, pour la plupart des athlètes relativement plus jeunes comme Tasha, les conséquences de l’EAR peuvent être graves et entraîner souvent des expériences sportives négatives, ce qui peut amener ces athlètes à abandonner complètement le sport (Lemez et coll. 2013). Malgré les conséquences troublantes pour ceux et celles qui sont dans le domaine du sport, on peut voir le côté positif du fait que les jeunes ont au moins l’occasion de faire d’autres activités pendant leur temps discrétionnaire. Malheureusement, dans d’autres contextes de développement, comme l’éducation, les jeunes n’ont pas cette option.

L’EAR dans l’éducation 

Supposons que deux garçons, Noah et Kayden, se rendent à l’école pour leur premier jour de première année. Noah et Kayden sont nés respectivement en janvier et décembre 2012. Cette différence d’âge en première année peut faire en sorte que Kayden obtienne de moins bonnes notes, qu’il fréquente moins l’école (Cobley et coll., 2009b) et qu’il soit moins susceptible de poursuivre ou de terminer ses études postsecondaires (Dhuey et coll., 2017). L’effet de cet écart d’âge sur la santé et le bien-être de Kayden est peut-être encore plus déconcertant. Les recherches ont démontré que les élèves relativement plus jeunes présentaient des niveaux plus faibles d’estime de soi (Thompson et coll., 2004), étaient plus souvent mal diagnostiqués avec le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (Elder, 2010), avaient des taux plus élevés de suicide (Thompson et coll., 1999) et des taux plus élevés d’incarcération pour crimes mineurs (Dhuey et coll., 2017). Empruntant des idées à la littérature en éducation, les chercheurs dans le domaine du sport commencent à examiner les conséquences de l’âge relatif sur les résultats psychosociaux des athlètes, y compris le leadership (Chittle et coll., 2017a), le développement positif des jeunes (Chittle et coll., 2017b) et les atouts du développement (Smith et Weir, 2018). Il reste encore beaucoup à apprendre.

Solutions proposées au l’EAR

Bien qu’un certain nombre de solutions aient été proposées pour réduire au minimum l’EAR (p. ex. la rotation des dates limites, l’éducation des intervenants et le « bio-banding »), bon nombre de ces solutions n’ont pas réussi à obtenir un vaste appui des décideurs ou des praticiens en raison de leur complexité logistique. Les recherches ont démontré que le changement des dates limites (tel que prescrit pour diverses raisons par la U.S. Soccer Federation et la Petite Ligue de baseball au cours des dernières années) ne fait que changer les personnes qui sont avantagées ou désavantagées dans une cohorte d’âge (Helsen et coll., 2000). De plus, nous savons qu’éduquer les praticiens sur l’ERA ou les dates de naissance des athlètes est insuffisant pour susciter un changement de comportement. Toutefois, des interventions comme la numérotation des chemises selon l’âge peuvent être efficaces pour réduire le biais de sélection des entraîneurs (Mann et coll., 2017). De même, les ajustements correctifs qui tiennent compte de la date de naissance d’une personne lors d’événements sportifs chronométrés (p. ex. sprint) sont très prometteurs pour atténuer l’ERA, tout en améliorant la participation sportive générale et la sélection et le développement des athlètes d’élite (Romann et Cobley, 2015).

Malgré toutes ces recherches, il reste encore du travail à faire pour améliorer la collaboration entre les chercheurs et les intervenants pertinents afin que les jeunes ne soient pas systématiquement avantagés ou désavantagés en raison de leur date de naissance. Cette conférence, généreusement financée par une subvention de raccordement du CRSH, a constitué un petit pas vers l’amorce de ce dialogue.

L’accent mis à court terme sur la victoire peut influer sur l’identification des talents et les pratiques de sélection des équipes, en plus de créer une culture protectionniste et isolationniste au sein du sport. Cependant, ces pratiques ne rendent pas service aux athlètes, car elles ne permettent pas d’évaluer le potentiel à long terme et restreignent les expériences multisports qui pourraient favoriser le développement. Pour en savoir plus sur les avantages et les inconvénients du dépistage et de la sélection précoces d’athlètes, consultez cet article du SIRCuit.

Malgré d’importantes préoccupations en matière d’éthique et de développement, le dépistage et la sélection précoces des athlètes constituent le modus operandi du sport de haute performance. La plupart des systèmes sportifs internationaux disposent de ressources limitées pour le développement des athlètes de haut niveau et, par conséquent, doivent faire des prédictions sur les athlètes qui ont le plus de chances de réussir dans le futur. La notion de talent joue également un rôle crucial dans la plupart des modèles de développement des athlètes, et malgré toutes les preuves solides en faveur ou contre le rôle de la génétique dans la prédiction de la performance à long terme, ce concept ne mène nulle part. Le but de cet article est de soulever certains enjeux liés au dépistage et à la sélection d’athlètes et de discuter de ce que cela signifie pour les entraîneurs et les administrateurs du sport.

0.1  La sélection précoce des athlètes suppose que le talent est une capacité fixe qui peut être identifiée tôt

Dans la plupart des sports, les décisions relatives à la sélection d’athlètes sont prises assez régulièrement tout au long du développement des athlètes (p. ex. les programmes de hockey sur glace choisissent des athlètes pour faire partie d’équipes de niveau représentatif et les équipes provinciales choisissent des athlètes juniors pour participer aux Jeux du Canada). Cependant, le sport de haute performance se concentre de plus en plus sur le dépistage d’athlètes à des stades de développement de plus en plus précoces. L’exemple le plus extrême dont nous ayons connaissance est probablement la signature d’un contrat « symbolique » de 10 ans avec un club de soccer professionnel néerlandais pour un bébé de 18 mois. Cette approche vise à fournir aux athlètes l’environnement de développement optimal pour connaître du succès dans le futur. Cependant, elle a aussi des conséquences considérables (p. ex. l’importance excessive accordée à la victoire au détriment du développement des habiletés motrices fondamentales; une plus grande probabilité d’épuisement professionnel et d’abandon du sport). De plus, la sélection d’athlètes au début de leur développement suppose que les facteurs associés au succès précoce (p. ex. des habiletés physiques supérieures) sont des indicateurs stables de ce à quoi ressemblera la performance dans l’avenir – une hypothèse qui n’est pas vraiment appuyée par des recherches (Baker et Wattie, 2018). Les capacités de performance clés, comme la capacité de lire les modèles de jeu (p. ex. soccer, football), d’anticiper les actions futures des adversaires (p. ex. tennis, squash) et de prendre de bonnes décisions sur les meilleures options dans des situations particulières (p. ex. sports décisionnels comme le volleyball et le baseball), ne se développent qu’après un temps considérable consacré à pratiquer ce sport. Par conséquent, il est actuellement impossible d’identifier ces capacités au début du développement puisqu’il n’y a pas de bons indicateurs à ce stade.

0.2  L’identification des talents ne se fait pas sur un pied d’égalité

La réalité est que le dépistage et le développement d’athlètes n’est pas une méritocratie. Un certain nombre de contraintes influent sur le choix des personnes qualifiées de « talentueuses » et sur la question de savoir si les athlètes ont ou non la possibilité de progresser dans un parcours de développement de haute performance. Dans certains cas, les politiques peuvent influencer la sélection. L’effet de l’âge relatif fait en sorte que les jeunes plus âgés de leur groupe d’âge sont plus susceptibles d’être sélectionnés pour faire partie d’équipes compétitives parce qu’ils sont simplement plus grands physiquement, plus matures psychologiquement et à un stade de développement avancé (Wattie, Schorer et Baker, 2015). Certains aspects de l’environnement de développement immédiat des jeunes influencent également leur expérience sportive. Par exemple, certaines recherches mentionnent que des facteurs évidents comme les ressources socioéconomiques et des facteurs moins évidents comme les variables géographiques générales (p. ex. la population) limitent les possibilités de développement des athlètes (Woolcock et Burke, 2013). Ces facteurs, et d’autres, peuvent compromettre l’exactitude des décisions de sélection et influer sur la taille du bassin de talents à partir duquel les athlètes seront sélectionnés et formés.

0.3  Les approches multivariées de sélection des talents peuvent être problématiques

Un progrès important en science du sport a été l’utilisation accrue des mégadonnées par les entraîneurs et les administrateurs de haute performance pour comprendre les complexités du jeu aux plus hauts niveaux de compétition. D’une part, les retombées de ces stratégies de mégadonnées sur l’identification des talents et la sélection des athlètes semblent raisonnables. Si les mégadonnées peuvent améliorer notre compréhension au niveau de l’élite, elles peuvent certainement avoir une utilité aux niveaux inférieurs pour identifier les athlètes ayant le plus grand potentiel. Cependant, ces approches ont tendance à être multivariées (c.-à-d. qu’elles tiennent compte des relations entre une combinaison de compétences et de résultats différents), ce qui peut ne pas être approprié pour cibler les besoins spécifiques d’un entraîneur ou d’une équipe (p. ex. une équipe a-t-elle besoin du joueur le plus équilibré ou d’un joueur ayant des forces dans un domaine clé?). Dans de nombreux sports, l’athlète qui a le meilleur potentiel de réussite n’est pas celui qui possède la plus grande combinaison d’habiletés générales. De plus, comme les approches multivariées nécessitent des ensembles de données plus importants que la normale, elles doivent généralement s’appuyer sur des données provenant de joueurs qui n’ont peut-être pas joué au cours des dernières années. Ceci est problématique parce qu’on suppose que les variables qui prédisent la sélection des joueurs ne changent pas avec le temps (voir le point 4 ci-dessous pour en savoir plus à ce sujet). Toutefois, dans de nombreux sports, en particulier les sports d’équipe, la sélection des athlètes est fondée sur la composition de l’équipe à ce moment précis, l’évolution des besoins de l’équipe dans l’avenir et les joueurs disponibles pour maintenir ou élargir le répertoire de capacités de l’équipe.

0.4  La sélection d’athlètes exige de prédire l’avenir du sport

Un point connexe à celui qui précède concerne la nécessité pour les entraîneurs de haute performance de prédire comment leur sport changera au fil du temps. Essentiellement, lorsque les entraîneurs prennent des décisions concernant la sélection d’athlètes, ils devraient faire des prédictions sur ce à quoi ressemblera la performance dans leur sport dans le nombre d’années qui restent entre l’âge actuel d’un athlète et l’âge où il atteindra sa performance maximale, et si l’athlète possède les habiletés et les capacités nécessaires pour atteindre ce niveau de performance. Prédire les facteurs gagnants d’aujourd’hui chez un athlète en développement ne tient pas compte du fait que son sport évoluera au cours de sa période de développement (p. ex. en raison de changements de règles, de progrès sur le plan de l’équipement et de la technologie). Plus la période de développement est longue, plus le potentiel de changement est grand. Un exemple frappant est celui d’Usain Bolt, qui, plus jeune, était considéré comme trop grand pour être un sprinteur de classe mondiale de 100 m parce que les entraîneurs croyaient que seuls les petits sprinteurs pouvaient atteindre la fréquence de pas nécessaire pour être assez rapide.

0.5  Les priorités à court terme nuisent à la sélection et au développement des talents

L’un des défis du développement des athlètes d’élite est le conflit qui existe entre les objectifs à court et à long terme. L’identification du talent commence dès le jeune âge dans bon nombre de systèmes sportifs, et le processus de développement du talent en expertise (c.-à-d. la performance aux plus hauts niveaux d’un sport) s’étend habituellement sur de nombreuses années dans différents milieux d’entraînement. Au cours de ce processus, les entraîneurs et les dépisteurs donnent souvent la priorité aux objectifs à court terme : gagner les matchs, les tournois et les championnats de cette année. Ceci peut se traduire par une « identification de la performance », c.-à-d. une sélection d’athlètes qui répondent aux objectifs de performance immédiats plutôt que des athlètes qui ont du talent et un énorme potentiel à long terme. De plus, lorsque les priorités à court terme dominent (p. ex. lorsqu’elles sont liées à des incitatifs financiers), le risque que les pratiques d’entraînement et de récupération ne soient pas bénéfiques aux intérêts à long terme des athlètes individuels augmente. Nous pouvons le constater dans les ligues de jeunes où les équipes sont composées d’un grand nombre de joueurs de haut niveau au lieu de les répartir dans l’ensemble de la ligue. Cela fait en sorte que l’équipe a de grandes chances de réussir cette année-là, mais l’environnement sera sous-optimal pour le développement puisque le défi risque d’être faible. Cela compromet également les possibilités d’apprentissage pour les athlètes des autres équipes. Lorsque les priorités à court terme nuisent à la sélection des talents, les organisations peuvent devoir imposer un changement de culture et la mise en place de mesures incitatives qui s’alignent sur les priorités de développement à long terme des athlètes.

0.6  La compétition accrue pour le talent entre les sports nuit au développement de l’athlète

La plupart des modèles de développement des athlètes préconisent une base large et diversifiée d’expériences de mouvement au cours des premières phases du développement (voir https://jouerplusdesports.activeforlife.com/) alors que, paradoxalement, les premières expériences des athlètes de haut niveau sont de plus en plus spécialisées. L’un des facteurs à l’origine de cet effet est lié aux approches protectionnistes et isolationnistes de nombreux sports en matière d’identification et de développement des talents. Dans de nombreux systèmes de haute performance, les sports permettent d’identifier les jeunes les plus talentueux afin de les développer comme athlètes. Par exemple, nous avons entendu parler de plusieurs exemples d’entraîneurs d’élite qui ne veulent pas que leurs athlètes participent à d’autres sports pendant la saison morte parce qu’ils craignent de les voir se faire une blessure qui pourrait nuire à leur performance dans leur sport principal. Par conséquent, ils conçoivent un programme d’entraînement de 12 mois pour garder leur athlète concentré dans un seul sport. Cette compétition inter et intra-organisationnelle limite les possibilités de développement des athlètes dans l’ensemble du système. Les approches isolationnistes mettent l’accent sur ce qui est le mieux pour un sport (p. ex. entraînement de 12 mois) plutôt que sur ce qui pourrait être le mieux pour l’athlète (p. ex. une participation diversifiée où l’athlète joue à différents sports pendant la saison morte). Bien que cela se produise souvent dans des sports comme le hockey sur glace, cela peut être particulièrement pertinent dans les sports moins populaires qui ont besoin de maintenir un nombre minimum de joueurs pour permettre aux systèmes de fonctionner efficacement.

En raison des ressources limitées disponibles dans la plupart des systèmes de haute performance dans le monde, le dépistage et la sélection d’athlètes continueront de faire partie de leurs parcours, de leurs débuts jusqu’au podium. Cela dit, il est essentiel de ternir des discussions franches et honnêtes avec les intervenants au sujet des réalités des systèmes de haute performance. Bien que les chercheurs puissent se disputer philosophiquement sur l’existence des talents, ceux et celles qui travaillent au sein du système de développement des athlètes comprennent très bien la raison d’être de la sélection. Pour eux, cela reflète une décision quant à l’utilisation la plus efficace des ressources disponibles (et souvent très limitées). Une meilleure harmonisation entre les sports permettrait aux athlètes d’avoir plus d’occasions de connaître du succès grâce à des pratiques telles que le transfert de talents entre les sports, et permettrait potentiellement aux sports de maximiser le bassin d’athlètes talentueux et l’utilisation de ressources limitées.

En résumé, plusieurs enjeux compromettent l’identification et le développement efficaces des talents dans le sport. De plus, ces enjeux ne s’excluent pas toujours mutuellement, ce qui complique encore davantage la pratique déjà difficile du développement des athlètes de haut niveau. Le défi pour les chercheurs et les praticiens est de tester et de mettre en œuvre des stratégies créatives pour atténuer les facteurs qui ont un effet négatif sur l’efficacité des initiatives de développement des athlètes.

Vous êtes-vous déjà demandé à quel point un écart d’une journée peut avoir une incidence? Par exemple, la différence entre être né le 31 décembre ou le 1er janvier. Ce petit écart de 24 heures pourrait faire la différence entre la compétition dans le sport d’élite et le sport récréatif, ou le fait d’être identifié comme étant doué ou de recevoir un (mauvais) diagnostic de trouble d’apprentissage à l’école. De nombreux systèmes de développement des jeunes (p. ex. le sport et l’éducation) s’appuient sur des dates limites arbitraires pour regrouper les personnes en cohortes, ce qui entraîne des différences d’âge entre les enfants d’un même groupe. Gardez en tête qu’une différence d’âge de 11 mois chez les enfants de 10 ans représente 10 % de leur expérience de vie totale. Bien que cette différence puisse sembler insignifiante, elle peut mener à un phénomène connu sous le nom d’effet de l’âge relatif (EAR). L’EAR tend à avantager les personnes les plus âgées d’un groupe et à désavantager leurs pairs relativement plus jeunes. Les effets de l’EAR sont vastes et touchent le sport, l’éducation, la santé et le bien-être. Par exemple, on a constaté que les élèves relativement plus jeunes d’un groupe ont des notes plus faibles et des taux de fréquentation scolaire plus bas que les autres élèves (Cobley et coll., 2009a); ils sont aussi moins susceptibles de fréquenter ou de terminer leurs études post-secondaires (Bedard et Dhuey, 2006; Dhuey et coll., 2017), ils démontrent une estime de soi inférieure (Thompson et coll., 2004) et ont des taux de suicide (Thompson et coll., 1999) et d’incarcération pour les crimes mineurs (Dhuey et coll., 2017) plus élevés.

Pourquoi ce phénomène se produit-il? Il s’avère que la réponse est assez simple. Les effets de l’âge relatif ont tendance à se produire lorsque des personnes sont sélectionnées en fonction de leur capacité perçue et placées dans des équipes différentes (p. ex. programmes de personnes douées, sports de compétition) qui offrent des possibilités et des ressources variées. Le problème est que les entraîneurs, les enseignants et les parents confondent souvent « talent » et « âge ». Bien qu’ils croient sélectionner les enfants les plus talentueux pour des positions d’élite, il s’agit souvent des enfants les plus âgés de la cohorte.

Au sein du sport, nous avons tendance à voir l’EAR le plus souvent dans des activités culturellement valorisées comme le hockey au Canada ou le soccer en Angleterre. Malheureusement, l’EAR peut amener les jeunes athlètes à abandonner leurs études (Lemez et coll., 2014), ce qui les prive des nombreux résultats positifs associés à la participation sportive.

Le hockey sur glace a été l’un des sports les plus fréquemment étudiés. L’ERA se produt dès l’âge de sept ans (Hancock et coll., 2013), culmine au niveau élite junior (≈ 16 à 21 ans), puis se stabilise légèrement dans la LNH (Cobley et coll., 2009b). Cependant, certaines données suggèrent que les jeunes athlètes qui « survivent » à ce processus pourraient finalement s’améliorer (Gibbs et coll., 2011).

Au sein du sport, l’EAR est un sujet populaire chez les universitaires et les décideurs ayant fait l’objet de discussions lors de conférences antérieures dans le cadre de l’Initiative de recherche de Sport Canada et présentées dans le SIRCuit. L’EAR a également attiré l’attention de la presse populaire, ayant fait l’objet d’un profil dans des livres à succès tels que Outliers: The Story of Success de Gladwell (2008) et SuperFreakonomics de Levitt et Dubner (2009), des magazines sportifs comme Sports Illustrated (Levy, 2011) et des émissions de télévision comme 60 Minutes (CBS Interactive, 2012).

Le problème lié à l’EAR qui touche l’éducation et le sport peut mener à des expériences et des opportunités inéquitables. Les chercheurs doivent travailler en collaboration avec les intervenants du sport et de l’éducation pour développer des solutions réalisables et attrayantes pour pallier l’EAR afin que toutes les personnes, quelle que soit leur date de naissance, aient des chances égales de réussir dans leurs études et le sport.

Les compétitions internationales que les partisans regardent à la télévision ou sur leur ordinateur ne révèlent pas toujours l’énormité de ce qui se passe dans les coulisses. Bien des gens changeraient leur perspective du travail que font les équipes en vue des compétitions de hockey s’ils voyaient tout ce qui se passe à partir du moment où le patineur sort de la patinoire du Centre de hockey de Gangneung – l’aréna du tournoi de hockey masculin des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang de 2018 – et descend le tunnel dans les profondeurs de l’aréna qui mène au vestiaire.

La préparation sur place et le soutien connexe nécessaire sont énormes. Cependant, une quantité considérable de temps et d’efforts est également investie pour former la meilleure équipe possible. Le présent article donne un survol de l’année précédant les Jeux olympiques d’hiver de 2018 et de la période durant les Jeux selon la perspective du personnel de soutien.

Bâtir l’équipe

Les Jeux olympiques d’hiver de 2018 ont présenté certains défis pour évaluer les joueurs et former l’équipe. En effet, les Jeux de 2018 étaient les premiers depuis 1994 qui ne comptait pas de joueurs de la LNH, et il n’existe pas d’équipe nationale masculine à temps plein comme autrefois. En prévision de l’annonce des joueurs sélectionnés dans l’équipe olympique prévue pour janvier 2018, le personnel a mené des évaluations approfondies avec diligence, ce qui a rassemblé des candidats potentiels du monde entier pour être évalués lors de quatre tournois tenus entre août et le Nouvel An. C’était aussi une merveilleuse occasion d’évaluer les adversaires potentiels. Si l’on inclut le tournoi olympique, cela fait cinq tournois dans six pays en sept mois! Lorsque l’on tient compte des divers facteurs qui appuient une équipe de hockey nationale ou olympique, ce projet d’évaluation nécessite un soutien sérieux.

Une équipe de gestion et d’entraîneurs était en place pour relever le défi de former une équipe de hockey olympique en l’espace d’un an. De longues journées et de longues heures ont été consacrées à voyager à travers le monde pour évaluer les talents du Canada dans diverses ligues internationales. Des examens vidéo réguliers, des réunions de groupe et des vidéoconférences étaient de mise afin de réduire les choix et constituer une équipe finale. Ce processus consistait à beaucoup plus que simplement prendre les meilleurs joueurs sur papier et les nommer dans l’équipe; la constitution de l’équipe était un processus complexe. Les compétences des joueurs de position – les joueurs offensifs et défensifs – les capacités spéciales de l’équipe, les habiletés, les comportements, les compétences en leadership et l’expérience des joueurs n’étaient que quelques-unes des considérations pour créer une équipe efficace et unie.

Tout le monde a mis la main à la pâte

Dans le vestiaire de l’équipe à chaque tournoi, on retrouvait deux chefs d’équipement de confiance et le chef de vestiaire, qui est aussi un excellent massothérapeute. Ces personnes ont été d’une valeur inestimable pour les joueurs et le personnel. En plus d’avoir un horaire chargé, ils ont dû relever des défis tels que des déplacements consécutifs dans le cadre d’un seul tournoi en août 2017 (de Sotchi à Saint-Pétersbourg, en Russie) et en novembre 2017 (de Bienne, en Suisse, à Helsinki, en Finlande). Toutefois, leur souci du détail pour l’aménagement des vestiaires ainsi que leur soin et leur attention aux besoins spécifiques des joueurs était sans relâche. Les joueurs et le personnel qui entraient dans le vestiaire de l’Équipe Canada ont immédiatement remarqué à quel point il était immaculé et bien organisé. L’organisation des casiers était soignée et uniforme, et l’aménagement des salles était bien pensé, qu’il s’agisse du vestiaire comme tel, de la salle médicale ou du bureau de l’entraîneur. Sur chaque site, le tapis de l’Équipe Canada était placé au centre du vestiaire, et de petites répliques ont même été installées devant le casier de chaque joueur comme signe de fierté nationale. Des plaques ont été collées sur le casier de chaque joueur pour indiquer le nom des anciens athlètes olympiques de l’Équipe Canada qui ont porté leur numéro, ce qui a établi un lien pertinent avec l’histoire de l’Équipe Canada. Par ailleurs, des affiches murales établissant la chronologie des équipes olympiques canadiennes précédentes et arborant les anciens chandails d’équipe ont établi un autre lien historique inspirant. Pour renforcer la fierté patriotique, une carte du Canada a été affichée sur laquelle il était indiqué la ville natale de chaque joueur, et de nombreux autres slogans de motivation et d’équipe ont soigneusement été placés dans toute la pièce.

L’équipe de soutien intégré

L’attention portée à la santé physique et mentale et à la performance des joueurs est plus que jamais à l’avant-plan du soutien aux athlètes. L’équipe de soutien intégré (ÉSI) était très importante étant donné la logistique liée au processus d’évaluation de l’équipe. Tous les joueurs étaient actifs dans les équipes de club. Ils sentaient la lourdeur des déplacements, des changements de fuseaux horaires et, sans aucun doute, de la pression de la compétition pour se tailler une place dans l’équipe de hockey olympique. Tout ceci faisait en sorte que la qualité de l’ÉSI était d’une importance critique. La gestion de la fatigue et la prévention et le traitement des blessures étaient des priorités absolues. Le groupe de personnes suivant a été constitué pour assurer des soins physiques et émotionnels complets :

Le médecin de l’équipe était très impliqué dans tous les aspects de l’ÉSI en assistant les autres, en donnant des conseils et en appliquant les soins nécessaires. Notre physiologiste de l’exercice a formé les joueurs et les entraîneurs sur les horaires, les effets du décalage horaire, les habitudes de sommeil, la fatigue et le bien-être. Des questionnaires quotidiens sur le mieux-être et le taux de perception de l’effort ont été utiles pour surveiller la charge de travail et le mieux-être des athlètes. Le recours à la luminothérapie combinée à un plan de décalage horaire développé par nos spécialistes du sommeil a permis aux joueurs de s’ajuster aux changements de fuseaux horaires et a été très important dans la préparation physique et mentale des joueurs. Notre entraîneur de force et de conditionnement a recueilli des renseignements précieux pendant la période précédant les matchs en utilisant le système de surveillance GPS Catapult pendant les séances d’entraînement et les matchs d’exhibition pour suivre la performance et la charge de travail des joueurs. Le système a fourni de nombreux paramètres pour chaque joueur, comme le volume de patinage, le degré d’intensité et la charge de travail globale, ce qui a donné des renseignements précieux au personnel d’entraîneurs pour planifier les entraînements, établir les objectifs et fixer les attentes. Nos thérapeutes du sport ont traité toutes les blessures préexistantes ou nouvelles et se sont concentrés sur le « traitement de la performance » pour les athlètes en les gardant en forme et prêts à performer. La récupération physique a été favorisée par des massages réguliers, des bouffées de chaleur et des étirements post-exercice, des bains froids, des bottes de récupération par compression et une récupération cyclique, comme le vélo, l’aviron ou les refroidissements elliptiques. Des salles de traitement complètes ont aussi été aménagées dans l’aréna et sur les sites d’hébergement, ce qui a permis à tous les joueurs de bénéficier d’options de traitement opportunes.

Soutenir la santé mentale des joueurs

Le stress et l’anxiété sont inévitables lorsque des athlètes se livrent la compétition pour  faire partie d’une équipe olympique. En plus de l’appui fourni par les membres de l’ÉSI, les athlètes ont eu la chance d’écouter un excellent conférencier motivateur qui a établi un lien entre ses propres réalisations dans le monde avec l’objectif que ces joueurs tentaient d’accomplir. Les réunions de groupe et les présentations du conférencier ont été pour le moins inspirantes, et il a également été très efficace pour établir des liens avec les joueurs individuellement. Ses messages sur le leadership, la persévérance et le sentiment d’appartenance et de solidarité ont été bien reçus par le groupe. Les athlètes étaient vraiment engagés dans le message du conférencier, et il les a certainement aidés à s’unir davantage.

L’union fait la force

Le regroupement des joueurs lors des entraînements réguliers et des compétitions a joué un rôle important dans la constitution de l’équipe, tout comme le fait de réunir tout le personnel pour les tournois et les évaluations. Apprendre les rôles et responsabilités de chacun et connaître les forces et les personnalités des uns et des autres était très important pour créer un environnement d’équipe solide. Depuis le début de ce processus, tout le monde était présent à chaque tournoi, chaque voyage et chaque session de renforcement d’équipe. Les comportements, les opinions et la cohésion d’équipe étaient aussi d’importants attributs pour les joueurs. Plus le personnel était uni et fonctionnel, mieux c’était pour les joueurs et, en fin de compte, pour toute l’équipe. La solidarité a été le fondement de la cohésion de l’équipe.

L’un des résultats importants de la participation du personnel à l’ensemble du processus a été d’établir des relations avec les joueurs et apprendre à les connaître. Cela nous a permis d’améliorer notre capacité à leur prodiguer des soins complets aux moments les plus importants. Le fait de connaître leurs problèmes antérieurs, ce qu’ils préfèrent concernant la thérapie manuelle ou les moyens de traitement, ou la fréquence et le moment des soins qu’ils préfèrent sont quelques exemples de la façon dont on a été à l’écoute des joueurs. Ces relations ont permis aux joueurs de se sentir à l’aise avec les membres du personnel et de savoir qu’ils étaient ouverts, accessibles et à l’écoute de leur santé physique et mentale.

Au fur et à mesure que chacun des tournois d’évaluation a eu lieu, l’attention et l’intensité du processus ont continué de s’intensifier. On peut en dire autant pour la performance des joueurs sur la glace que pour le personnel à l’extérieur de la patinoire. Notre confort grandissant et notre compréhension du travail en commun se sont améliorés à chaque réunion. Alors que nous arrivions aux tournois de décembre, les joueurs et le personnel ont atteint des sommets de performance. Tout le monde était de plus en plus enthousiaste à mesure que les Jeux de février approchaient.

Enfin sur la scène olympique

Avec l’équipe définitive en place, les joueurs se sont réunis à la fin janvier à Riga, en Lettonie, pendant dix jours pour le camp d’entraînement olympique et deux matchs d’exhibition. Partager l’enthousiasme avec les membres de l’équipe olympique était spécial. Certains de ces joueurs ont participé à plusieurs tournois d’évaluation et, comme nous l’avons mentionné, des relations se sont formées très tôt entre les joueurs et entre les joueurs et le personnel. L’enthousiasme a continué de s’intensifier pendant le camp d’entraînement et l’équipe s’est finalement rendue en Corée pour les Jeux olympiques.

Sites olympiques, village olympique, athlètes olympiques. Les joueurs et les membres du personnel ont vécu des émotions en montagnes russes depuis le processus de sélection jusqu’en Corée. La statue de l’orignal à l’extérieur du village olympique de l’Équipe Canada a clairement marqué notre domicile des semaines qui ont suivi. Les joueurs sont arrivés à leur appartement et y ont trouvé un cadre de leurs photos de hockey mineur et leur nom à leur porte. À l’intérieur des appartements, on trouvait des symboles du Canada partout : feuilles d’érable, papier peint ressemblant à une cabane en bois rond, enseigne de nom sur la porte de la chambre à coucher, oreillers d’accent du Canada, et même des rideaux de douche et des couvre-lits à carreaux. Après le long voyage de Riga à Gangneung, en Corée, les joueurs sont arrivés à leur chambre pour y trouver une photo de leur famille sur leur table de nuit. L’importance du pays, de la famille et de l’équipe était prédominante dans toutes les régions du Canada. Il était important de comprendre que cet événement était plus grand que n’importe quelle personne individuelle et même plus grand que n’importe quelle équipe. Cela nous permettait de garder en tête nos objectifs et notre mandat. Et tout aussi important : savoir qu’un soutien incroyable était toujours disponible au sein de l’équipe, mais aussi offert par la famille, les amis et les partisans.

Chaque petit détail compte. L’unité prime. Il n’y a pas de place pour l’individualité au sein d’une ÉSI. 

Vous avez probablement entendu parler de l’effet d’âge relatif, le concept qui fait référence au regroupement de jeunes athlètes en classes ou équipes formées selon leur âge chronologique : ceux qui sont nés tôt dans la cohorte peuvent avoir des avantages physiques ou intellectuels en comparaison avec ceux nés plus tard la même année, ce qui leur donne de meilleures opportunités de participation et qui tend à augmenter l’impact de cet avantage. Des recherches effectuées dans le milieu sportif démontrent que l’effet d’âge relatif peut être un avantage structurel pour ceux qui sont nés tôt dans une cohorte et un désavantage pour ceux qui sont nés plus tard, excluant ceux qui se développement tardivement et privant ainsi les programmes sportifs de talents et de potentiel.

Il existe une alternative à cette traditionnelle division par groupes d’âge : le bio-banding, un processus qui consiste à regrouper les athlètes en fonction de critères liés à la croissance et à la maturité plutôt qu’à l’âge chronologique (Cumming et. al, 2017, p.34). Le bio-banding (ou regroupement par âge biologique) a un impact positif puisqu’il permet de réduire le taux de blessure et qu’il accroît la capacité d’un individu à améliorer ses habiletés, autant techniques que tactiques, en s’ajustant en fonction de ses expériences de formation et de compétition. C’est l’une des approches qui proposent une formation et une compétition appropriées au développement et qui permettent ainsi d’éviter les pièges que le regroupement basé sur l’âge chronologique implique.

Qui a recours au bio-banding?

Au Royaume-Uni, le Dr Sean Cumming de l’Université de Bath collabore activement auprès de programmes académiques pour les jeunes de la Premier League anglaise (EPL) afin d’y intégrer la pratique du bio-banding. La Premier League possède un système élaboré de gestion qui recueille les données des joueurs de niveau académique à des fins d’analyse et permet ainsi un suivi précis de chaque joueur lors de sa progression; il ne se limite pas seulement à des aperçus instantanés de sa croissance physique ou de sa performance. En 2016, l’EPL a organisé le premier tournoi bio-banding pour jeunes. Les commentaires recueillis auprès de ces joueurs ont été très positifs. Le Dr Cummings a également travaillé avec d’autres sports comme le rugby (aussi en Nouvelle-Zélande), le tennis, la gymnastique et le ballet. Pour plus d’information, regardez ce lien Vimeo.

Comment ça fonctionne

Selon Cumming et al (2017), « La mesure précise de l’âge chronologique, de la taille et du poids des jeunes athlètes ainsi que la moyenne de la taille de leurs parents biologiques sont importantes lors du protocole d’évaluation de la taille prévue à l’âge adulte. Ainsi, les responsables de telles évaluations doivent idéalement être formés et qualifiés en conséquence » (page 36). Vous trouverez une introduction à l’évaluation de la croissance dans le document Le suivi de la croissance : un aspect du développement à long terme du participant/athlète de Le sport c’est pour la vie. Toutefois, pour comprendre de façon détaillée comment s’effectuent les mesures pour le bio-banding, veuillez consulter les articles Cumming et al. (2017) ou Khamis et Roche (1994) en référence à la fin de cet article.

En pratique, les organisations et entraîneurs qui ont recours au bio-banding devraient être prêts à faire le suivi régulier de la croissance et du développement des athlètes jusqu’à la fin de la poussée de croissance, et ajuster en conséquence la formation individuelle d’un athlète et sa participation aux compétitions. Cela signifie que la « transition » des athlètes vers un autre niveau de compétition serait définie par son rythme de développement, et non selon son année d’inscription ou sa date de naissance. Pour ce qui est de la formation, le bio-banding peut aussi être utilisé pour regrouper de jeunes athlètes dans différents cours d’éducation physique, et pour faire le suivi du progrès des habiletés techniques et physiques en se basant sur la catégorie de bio-banding.

Le regroupement de jeunes athlètes grâce au bio-banding n’est pas une méthode infaillible qui garantit à coup sûr le développement approprié de l’athlète – c’est une stratégie que l’on doit prendre en considération en plus du regroupement habituel par âge chronologique. Quel que soit le pourcentage équivalent de la taille adulte (la mesure de référence du bio-banding), l’entraîneur (ou le personnel de soutien comme les psychologues sportifs) doit toujours évaluer la disposition technique/tactique et psychologique générale d’un jeune athlète à effectuer des tâches non chronologiques. Bien que le travail se soit principalement concentré du côté des garçons, nous suggérons que la conscience de cohésion sociale des filles devienne une autre considération importante pour que le bio-banding s’applique aux filles.

« Bien que le bio-banding regroupe les athlètes selon leurs caractéristiques physiques, il n’exclut pas la prise en considération d’habiletés psychologiques et/ou techniques. Par exemple, un garçon qui mature de façon précoce peut être découragé de s’entraîner ou de se mesurer à des jeunes plus âgés si ces derniers ne possèdent pas la compétence technique et/ou maturité psychologique qui garantissent une expérience sécuritaire et positive (50,51). De la même façon, il est peu probable qu’un garçon qui mature tardivement et qui s’épanouit déjà dans son groupe d’âge bénéficie de la compétition contre des camarades plus jeunes ayant le même niveau de maturité. Le bio-banding n’exclut pas la prise en considération du développement technique et psychologique. Il faut tenir compte de ces éléments lorsqu’on regroupe les athlètes selon leur taille et/ou maturité pour la formation et la compétition. » (Cumming et al., 2017, p. 35)

Comment aller de l’avant avec le recours au bio-banding?

Des changements comme le bio-banding sont plus susceptibles d’être apportés lorsque les entraîneurs désirent remédier à un problème ou trouver une solution à une situation qui perdure, que lorsque les chercheurs proposent des recommandations « de haut en bas ». Le Dr Cumming signale que les connaissances liées au dilemme de la maturité précoce et tardive de l’athlète sont disponibles depuis plusieurs années (voir le travail de Robert Malina depuis les années 1970). C’est seulement lorsque les académies de l’EPL perdaient des athlètes en raison de blessures ou d’absence d’amélioration qu’elles commençaient à remettre en question leurs méthodes de recrutement de jeunes joueurs (c.-à-d. talent identifié entre 8 et 10 ans), et qu’elles réalisaient qu’il fallait faire les choses autrement.

Cumming et le Dr Adam Baxter-Jones de l’Université de Saskatchewan insistent sur l’importance d’informer les parents à propos de l’objectif du bio-banding. Bien que la plupart des parents sont confortables lorsque leur enfant est invité à jouer à un niveau plus élevé, ils affichent souvent une attitude négative lorsque leur enfant est invité à jouer à un niveau plus bas. Les académies d’EPL ont abordé cette question en nommant les programmes de bio-banding en l’honneur d’athlètes qui ont connu du succès après avoir joué à un niveau plus bas. Un exemple est Harry Kane, des Hotspurs de Tottenham, une équipe anglaise de niveau international, qui a dit : « À cet âge, il est difficile de prévoir ce qu’un joueur deviendra. J’étais petit pour mon âge. Je me suis développé tardivement… à cet âge, c’est difficile de prédire qu’un joueur va performer. Avec le temps, j’ai continué à grandir, et j’ai finalement rattrapé les autres joueurs du même âge. Tout était maintenant possible. »

Nous devons aussi nous assurer que nos programmes de formation d’entraîneurs fournissent des informations précises sur la croissance et le développement des athlètes, la façon d’effectuer le suivi, et la gestion adéquate des athlètes à développement précoce, « normal » et tardif dans nos programmes.

Ressources

Podcasts sur le bio-banding comportant des discussions de Sean Cumming:

Pacey Performance (episode #147)

Athlete Development Show (episode #10)

Les effets relatifs de l’âge sont des avantages développementaux dont bénéficient les personnes nées au cours des premiers mois de l’année par rapport à un groupe d’âge né avant une date limite déterminée (Barnsley et coll., 1985). Dans les domaines du sport et de l’éducation, les effets relatifs de l’âge ont tendance à perdurer, et ces avantages cumulatifs peuvent avoir un effet sur le développement global de l’enfant (Murray, 2003). Ce projet de recherche portait sur les avantages cumulatifs que représentent les effets relatifs de l’âge chez les adolescentes canadiens de sexe masculin qui jouent au hockey sur glace à différents niveaux de compétition (c.-à-d. dans des ligues locales et dans des ligues qui compétitionnent sur la route) et visait à : a) évaluer les comportements de leadership et les autres aspects du développement (p. ex. aptitudes personnelles et sociales, fixation de buts) chez les joueurs de hockey canadiens dans le contexte es effets relatifs de l’âge; b) comparer les caractéristiques des joueurs de hockey plus jeunes et plus âgés.

Même s’il y avait beaucoup plus de joueurs compétitionnant sur la route qui étaient nés dans les premiers mois de l’année de référence plutôt que dans les derniers mois, aucune différence notable n’a été constatée dans les comportements de leadership ou les autres incidences sur le développement parmi les joueurs de ces deux types de ligues, quel que soit le quartile de naissance. De plus, il n’y avait aucun lien significatif entre le quartile de naissance et le niveau de compétition et ces incidences. Ces résultats devraient être une source de réconfort pour les administrateurs du sport, compte tenu surtout des rapports montrant de quelle façon les effets relatifs de l’âge se répercutent sur le développement des jeunes dans d’autres contextes, comme l’éducation (p. ex. Cobley et coll., 2009; Dhuey et Lipscomb, 2008). Dans la mesure où la pratique du hockey offre aux adolescents de sexe masculin des chances égales de développer des aptitudes qui sont appréciées en milieu de travail (Kuhn et Weinberger, 2005), cette constatation est réjouissante.

Méthodes de recherche

Des adolescents qui jouaient au hockey dans des ligues locales et des ligues compétitionnant sur la route ont été recrutés lors de tournois dans diverses régions de l’Ontario. Nous leur avons demandé de répondre à un sondage en ligne pour recueillir des données démographiques générales, entre autres la date de naissance, et de répondre aux questionnaires Leadership Scale for Sport (LSS; Chelladurai et Saleh, 1980) et Youth Experience Survey for Sport (YES-S; MacDonald et coll., 2012). Le LSS mesure cinq dimensions du leadership, tandis que le YES-S examine cinq dimensions du développement des jeunes : aptitudes personnelles et sociales, esprit d’initiative, fixation de buts, capacités cognitives et expériences négatives. Les deux échelles s’étaient avérées un modèle adéquat et fiable dans des recherches précédentes portant sur les athlètes adolescents.

Pour déterminer si les effets relatifs de l’âge se faisaient sentir parmi les échantillons de joueurs, nous avons groupé les athlètes selon le quartile de naissance en utilisant la date limite du 31 décembre (préconisée par Hockey Canada). Les athlètes nés en janvier, février et mars faisaient partie du premier quartile (Q1), tandis que le deuxième quartile (Q2) comprenait les athlètes nés en avril, mai et juin, et ainsi de suite. Nous avons effectué un test de validité de l’ajustement par la méthode du chi carré pour déterminer si la répartition des dates de naissance des athlètes masculins jouant au hockey dans des lignes locales ou des lignes compétitionnant sur la route différait sensiblement de ce à quoi nous nous serions attendus pour des joueurs de niveau midget (15 à 17 ans) de l’Ontario Hockey Federation (Hancock et coll., 2013) et la population générale canadienne. L’ampleur de l’effet a été calculée au moyen du coefficient Phi de Cramer et, lorsque c’était nécessaire, les valeurs résiduelles normalisées des valeurs de chi carré importantes ont été calculées post hoc pour déterminer quels quartiles différaient beaucoup de la répartition attendue des dates de naissance.

Enfin, nous avons effectué des analyses de la variance à plusieurs variables afin de déterminer si les résultats obtenus pour les sous-échelles du LSS et du YES-S différaient selon le quartile de naissance. Nous cherchions à comprendre comment l’âge relatif pouvait influer sur les comportements de leadership et le développement des adolescents de sexe masculin jouant au hockey. Lorsque c’était nécessaire, et pour rendre compte des corrélations entre les variables dépendantes du LSS et du YES-S, nous avons fait des analyses de l’importance relative pour établir où les différences notables se retrouvaient.

Résultats de la recherche

Comme ce fut le cas dans les recherches antérieures (p. ex., Hancock et coll., 2013; Montelpare et coll., 2000), nous n’avons trouvé aucune preuve démontrant l’effet relatif de l’âge parmi les adolescents qui jouaient au hockey dans une ligue locale que nous avons sondés (= 453). Même si les résultats de nos analyses de la variance à plusieurs variables ont révélé des différences multivariées importantes entre les quartiles de naissance en rapport avec les dimensions du LSS, les tests post hoc indiquaient que les poids relatifs n’étaient pas statistiquement significatifs. Pour chacune des dimensions du LSS, les quartiles de naissance n’étaient donc pas sensiblement différents. Nous n’avons pas trouvé non plus de différences multivariées importantes entre les quartiles de naissance pour les cinq dimensions du YES-S.

Par contre, nous avons observé une différence importante entre la répartition des naissances des athlètes jouant dans des ligues compétitionnant sur la route (= 259) et ce que nous nous serions attendus à trouver dans la population générale. En effet, un nombre beaucoup plus important de joueurs étaient nés pendant le Q1 et un nombre beaucoup moins important étaient nés pendant le Q4. Ces résultats concordent aussi avec ceux des recherches précédentes (p. ex., Barnsley et Thompson, 1988; Hancock et coll., 2013). Malgré les données démontrant un effet relatif de l’âge chez les athlètes jouant dans des ligues compétitionnant sur la route, aucune différence multivariée notable n’a été observée entre les quartiles de naissance pour les dimensions du LSS ou du YES-S. Enfin, il n’y avait pas de liens entre le quartile de naissance et le niveau de compétition pour les dimensions du LSS et du YES-S.

La prudence est de mise quant à la généralisation des résultats ou à l’absence de résultats. D’abord, la grande majorité des joueurs de notre échantillon sont nés et jouaient au hockey en Ontario, d’où la difficulté de généraliser nos résultats pour les appliquer à d’autres régions géographiques ou à d’autres sports. Ensuite, comme c’est le cas pour tous les sondages volontaires, il est difficile de s’assurer que les participants ont répondu aux questions sur leurs expériences sportives de façon réfléchie et honnête. Enfin, nos résultats risquent d’être quelque peu faussés parce que les athlètes qui ont vécu des expériences négatives pourraient avoir déjà abandonné le sport. Ce n’est pas impossible puisque d’autres chercheurs ont constaté que des athlètes relativement jeunes abandonnaient le sport en raison d’expériences négatives avant ou pendant l’adolescence (p. ex., Helsen et coll., 1998; Lemez et coll., 2014).

Répercussions sur les politiques

À notre connaissance, il s’agit de la première série d’études qui examinent les liens entre l’âge relatif et les comportements de leadership et d’autres incidences sur le développement dans le contexte sportif. Dhuey et Lipscomb (2008) avaient constaté que des élèves adolescents relativement jeunes acquéraient moins d’expériences de leadership avant d’obtenir leur diplôme, mais nos résultats démontrent que l’âge relatif et le niveau de compétition n’influent pas sur les comportements de leadership et d’autres aspects du développement chez les adolescents de sexe masculin qui jouent au hockey sur glace dans des lignes locales ou des ligues compétitionnant sur la route. Ces résultats opposés sont peut-être dus au fait que les entraîneurs et les autres administrateurs du sport développement ces qualités chez tous leurs athlètes, peu importe leur âge relatif. Savoir que les joueurs de ces deux types de ligues ne sont pas (dés)avantagés sur le plan des comportements de leadership ou d’autres aspects du développement en raison de leur âge relatif peut orienter les futures recherches et guider la pratique professionnelle. Dans la mesure où la pratique du hockey offre des chances égales de développer des compétences appréciées en milieu de travail (Kuhn et Weinberger, 2005), il y a lieu de se réjouir de nos résultats. Désormais, les parents, les enseignants et les autres intervenants concernés de l’Ontario devraient songer à encourager la pratique du hockey chez les enfants comme moyen de favoriser le développement positif des jeunes et les comportements de leadership, étant donné que l’âge relatif ne joue pas de rôle négatif dans l’atteinte de ces résultats.

Prochaines étapes

Même si cette étude en arrive à des conclusions qui ne sont ni positives ni négatives, nous croyons que l’âge relatif devrait être examiné dans d’autres études portant sur le développement positif des jeunes dans le contexte sportif pour avoir une analyse plus complète des autres facteurs pouvant influer sur les expériences sportives des jeunes. Nous recommandons notamment que la même étude soit reprise avec des échantillons de joueurs provenant d’autres sports, d’autres niveaux de compétition et des athlètes de sexe féminin, où les modalités de l’âge relatif sont plus équivoques (p. ex. Wattie et coll., 2007; Weir et coll., 2010).

Principaux intervenants et avantages

Une liste des organismes de sport, des administrations gouvernementales (unités, directions générales ou secteurs) et des groupes qui pourraient tirer profit des résultats et décrire ces avantages. Sport Canada diffusera le rapport aux principaux intervenants directement et mentionnera les chercheurs dans la communication.

La Conférence 2017 de l’Initiative de recherche de Sport Canada (Résumé du Transfert des connaissances)

Investigateurs : Jess C. Dixon, Université de Windsor; Sean M. Horton, Université de Windsor; Patricia L. Weir, Université de Windsor; Joe Baker, Université York; Stephen P. Cobley, Université de Sydney

Vidéo de la présentation de la conférence de l’IRSC. (Vidéo en anglais seulement)