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Le 17 octobre 2018, l’événement Relative Age Effects: An International Conference a eu lieu à l’Université York, où d’éminents chercheurs internationaux se sont réunis pour discuter des répercussions des dates de naissance des athlètes sur le sport, la santé et l’éducation. Cet article retrace l’histoire du phénomène connu sous le nom d’« effet de l’âge relatif » ainsi que son incidence sur le sport, l’éducation et la santé.

Si vous laissez entendre que la date de naissance des gens a une incidence importante sur leur vie, vous pourriez recevoir des regards sceptiques. Les gens pourraient en fait croire que vous parlez du domaine infâme de l’astrologie. Cependant, l’une des clés du succès n’est pas l’alignement des corps célestes, mais plutôt les effets résultant de la date de naissance d’une personne par rapport à une date limite prédéfinie. Dans les contextes du sport et de l’éducation, les personnes sont souvent placées dans des groupes d’âge afin d’assurer l’équité et l’égalité des groupes. Malheureusement, ce processus peut entraîner par inadvertance des effets de l’âge relatif (EAR), qui comprennent des avantages et des désavantages attribuables au fait d’être relativement plus jeune ou plus âgé dans une cohorte d’âge donnée (Barnsley et coll., 1985).

Supposons qu’Amelia et Tasha sont en compétition l’une contre l’autre pour la dernière place dans une équipe de hockey sur glace élite (c.-à-d. une équipe qui voyage). Amelia est née en janvier 2008 et Tasha en décembre 2008. Les deux athlètes sont des joueuses de hockey talentueuses, mais comme Amelia a 11 mois de plus que Tasha (ce qui représente plus de 10 % d’expérience de vie supplémentaire) et qu’elle a eu plus de temps pour se développer sur les plans cognitif et physique, ses entraîneurs la considèrent comme la joueuse supérieure et la choisissent dans l’équipe. Par conséquent, Amelia obtient plus de temps de pratique, un meilleur encadrement et l’occasion de perfectionner ses compétences en participant à des compétitions contre de meilleures équipes. À l’inverse, Tasha doit se résigner à jouer dans la ligue maison locale. Puisqu’il s’agissait de la troisième saison consécutive au cours de laquelle elle était la dernière joueuse à être exclue de l’équipe élite, elle envisage maintenant d’abandonner complètement le hockey. Bien que la date de naissance d’une personne puisse sembler être une variable démographique triviale, l’exemple ci-dessus démontre que les conséquences peuvent être très sérieuses.

Contexte de l’EAR

L’intérêt pour l’EAR a commencé au début des années 1980, lorsque Roger et Paula Barnsley ont assisté à une partie de hockey sur glace des Broncos de Lethbridge (anciennement de la Western Hockey League). Alors qu’elle examinait la formation des joueurs, Paula a remarqué que la majorité des athlètes étaient nés en janvier, février et mars, ce qui correspond aux premiers mois de l’année de sélection selon la date limite du 1er janvier de Hockey Canada. Intrigué par ce que Paula avait observé, Roger est rentré chez lui après le match et a commencé à examiner les dates de naissance des joueurs de hockey professionnel et a noté la même tendance concernant les dates de naissance, qu’ils ont plus tard identifiée comme l’EAR (Barnsley et coll., 1985). Trente ans plus tard, l’EAR a suscité beaucoup d’attention dans la presse populaire, ayant fait l’objet de livres à succès comme Outliers: The Story of Success de Gladwell (2008) et SuperFreakonomics de Levitt et Dubner (2009), de revue de sports comme Sports Illustrated (Levy, 2011) et The Hockey News (Shuker, 2018), ainsi que d’émissions de télévision comme 60 Minutes (CBS Interactive, 2012). Depuis la découverte initiale des Barnsley, les chercheurs ont examiné l’EAR sous divers angles, dont le sport, l’éducation, la santé et le bien-être.

Afin de mieux comprendre ces inégalités d’âge dans le sport et résoudre les problèmes connexes, d’éminents chercheurs spécialisés en EAR se sont réunis le 17 octobre 2018 sur le campus de l’Université York à Toronto (Ontario) pour discuter des répercussions de l’EAR sur le sport, l’éducation, la santé et le mieux-être. Plus précisément, l’événement Relative Age Effects: An International Conference a réuni des chercheurs renommés du monde entier pour discuter de l’EAR sous différents angles dans l’espoir de trouver des solutions pour minimiser le biais de l’âge attribuable à l’utilisation de dates limites annuelles. Pour en savoir plus sur chaque session de la conférence, consultez le billet de blogue Sport pour la vie de Paul Jurbala.

L’EAR dans le sport

La conférence a débuté par une allocution des Barnsley et de leur collègue Gus Thompson qui présentait leurs résultats préliminaires dans le contexte du hockey sur glace canadien. Leurs études ont permis à de nombreux chercheurs de se pencher sur le phénomène de l’EAR dans divers sports (p. ex. soccer, baseball) et à différents niveaux de compétition. La méta-analyse de Cobley et ses collègues (2009a) a montré que le sport, en particulier les sports culturellement pertinents comme le soccer en Europe et le hockey sur glace au Canada, est une cible de l’EAR et que les effets les plus importants se produisent aux niveaux de compétition national et régional et particulièrement chez les adolescents (de 15 à 18 ans). Bien que les dates limites entraînent les différences d’âge relatives, Hancock et ses collègues (2013) expliquent que les facteurs sociaux comme les entraîneurs, les parents et les joueurs peuvent perpétuer les EAR. Pour les athlètes comme Amelia qui sont relativement plus âgées et plus grandes que les autres de leur cohorte d’âge, les entraîneurs peuvent avoir des attentes plus élevées et fournir un entraînement et un soutien supplémentaires, ce qui les amène finalement à avoir un avantage accru au fil du temps.

Dans certains cas, les athlètes relativement plus jeunes qui réussissent malgré tout dans des systèmes sportifs biaisés peuvent devenir des athlètes d’élite. Ce concept est connu sous le nom de l’« hypothèse de l’athlète sous-évalué » (Fumarco et coll., 2017). Cependant, pour la plupart des athlètes relativement plus jeunes comme Tasha, les conséquences de l’EAR peuvent être graves et entraîner souvent des expériences sportives négatives, ce qui peut amener ces athlètes à abandonner complètement le sport (Lemez et coll. 2013). Malgré les conséquences troublantes pour ceux et celles qui sont dans le domaine du sport, on peut voir le côté positif du fait que les jeunes ont au moins l’occasion de faire d’autres activités pendant leur temps discrétionnaire. Malheureusement, dans d’autres contextes de développement, comme l’éducation, les jeunes n’ont pas cette option.

L’EAR dans l’éducation 

Supposons que deux garçons, Noah et Kayden, se rendent à l’école pour leur premier jour de première année. Noah et Kayden sont nés respectivement en janvier et décembre 2012. Cette différence d’âge en première année peut faire en sorte que Kayden obtienne de moins bonnes notes, qu’il fréquente moins l’école (Cobley et coll., 2009b) et qu’il soit moins susceptible de poursuivre ou de terminer ses études postsecondaires (Dhuey et coll., 2017). L’effet de cet écart d’âge sur la santé et le bien-être de Kayden est peut-être encore plus déconcertant. Les recherches ont démontré que les élèves relativement plus jeunes présentaient des niveaux plus faibles d’estime de soi (Thompson et coll., 2004), étaient plus souvent mal diagnostiqués avec le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (Elder, 2010), avaient des taux plus élevés de suicide (Thompson et coll., 1999) et des taux plus élevés d’incarcération pour crimes mineurs (Dhuey et coll., 2017). Empruntant des idées à la littérature en éducation, les chercheurs dans le domaine du sport commencent à examiner les conséquences de l’âge relatif sur les résultats psychosociaux des athlètes, y compris le leadership (Chittle et coll., 2017a), le développement positif des jeunes (Chittle et coll., 2017b) et les atouts du développement (Smith et Weir, 2018). Il reste encore beaucoup à apprendre.

Solutions proposées au l’EAR

Bien qu’un certain nombre de solutions aient été proposées pour réduire au minimum l’EAR (p. ex. la rotation des dates limites, l’éducation des intervenants et le « bio-banding »), bon nombre de ces solutions n’ont pas réussi à obtenir un vaste appui des décideurs ou des praticiens en raison de leur complexité logistique. Les recherches ont démontré que le changement des dates limites (tel que prescrit pour diverses raisons par la U.S. Soccer Federation et la Petite Ligue de baseball au cours des dernières années) ne fait que changer les personnes qui sont avantagées ou désavantagées dans une cohorte d’âge (Helsen et coll., 2000). De plus, nous savons qu’éduquer les praticiens sur l’ERA ou les dates de naissance des athlètes est insuffisant pour susciter un changement de comportement. Toutefois, des interventions comme la numérotation des chemises selon l’âge peuvent être efficaces pour réduire le biais de sélection des entraîneurs (Mann et coll., 2017). De même, les ajustements correctifs qui tiennent compte de la date de naissance d’une personne lors d’événements sportifs chronométrés (p. ex. sprint) sont très prometteurs pour atténuer l’ERA, tout en améliorant la participation sportive générale et la sélection et le développement des athlètes d’élite (Romann et Cobley, 2015).

Malgré toutes ces recherches, il reste encore du travail à faire pour améliorer la collaboration entre les chercheurs et les intervenants pertinents afin que les jeunes ne soient pas systématiquement avantagés ou désavantagés en raison de leur date de naissance. Cette conférence, généreusement financée par une subvention de raccordement du CRSH, a constitué un petit pas vers l’amorce de ce dialogue.


A propos de(s) l'auteur(s)

Laura Chittle est candidate au doctorat au département de kinésiologie de l’Université de Windsor. Elle est actuellement financée par une bourse de doctorat du Programme de bourses d’études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier et par une subvention de recherche de Sport Canada. Ses travaux antérieurs portaient sur l’effet modérateur du chronométrage scolaire sur les tendances de l’effet de l’âge relatif dans le sport intercollégial, tandis que ses travaux de thèse en cours évaluent le rôle de l’âge relatif dans le développement du leadership des athlètes et les expériences positives des jeunes dans le sport.

Jess C. Dixon est professeur agrégé de gestion du sport et coordonnateur du programme d’études supérieures au département de kinésiologie de l’Université de Windsor. Ses intérêts de recherche et d’érudition portent sur la gestion stratégique dans le sport, le leadership exécutif, la gestion des ressources humaines dans le sport, l’effet de l’âge relatif dans le sport, les finances et l’économie dans le sport et la pédagogie de la gestion du sport. Ses recherches ont été financées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et l’Initiative de recherche de Sport Canada.

Sean Horton est professeur de développement de la durée de vie au département de kinésiologie de l’Université de Windsor. Ses intérêts de recherche se situent principalement dans le domaine de l’acquisition de compétences et de la performance experte, tant chez les jeunes que chez les personnes âgées. Ses recherches sont financées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et la Fondation Trillium de l’Ontario.

Joe Baker (@bakerjyorku) est professeur de sciences du sport à l’Université York. Depuis plus de deux décennies, il examine les facteurs qui influent sur le développement et la performance à long terme des athlètes de haut niveau. Il travaille actuellement avec plusieurs organismes de sport nationaux et provinciaux au Canada (p. ex. Basketball en fauteuil roulant Canada, Golf Canada, le Comité paralympique canadien, l’Institut canadien du sport Ontario) pour améliorer les modèles de développement des athlètes et la prestation d’approches fondées sur des données probantes en matière d’acquisition des habiletés.


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