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Des athlètes comme Christine Sinclair, Sydney Crosby ou Willie O’Ree ont des compétences exceptionnelles; mais ce qui les distingue en tant que leaders, c’est leur comportement. Une excellente éthique du travail, le souci de ses coéquipiers, la responsabilité, l’action qui renforce les normes positives de l’équipe – tous des exemples de comportements qui aident les athlètes à devenir des leaders au sein d’une équipe.

Les recherches démontrent que les athlètes qui mettent en pratique les stratégies d’autocompassion lors de se remettre d’une blessure ont tendance à être mentalement plus solides, ont la perception de disposer de davantage de ressources d’adaptation, et sont moins susceptibles d’être critiques d’eux-mêmes. Effectivement, l’autocompassion pourrait favoriser chez les athlètes blessés une version plus saine de la résistance psychologique, caractérisée par une acceptation de la blessure et la prise de décisions plus sages, à l’opposé d’une résistance psychologique moins bénéfique, donnant lieu à de mauvaises décisions de poursuivre malgré la douleur.

Si vous vous êtes jamais impliqué au sport de compétition en tant qu’entraîneur ou administrateur, il est fort probable que vous avez vu des athlètes subir des revers émotionnellement éprouvants, que ce soit un échec majeur sur le plan de la prestation (par exemple, décevoir les attentes durant une compétition majeure), ou des évaluations négatives ou commentaires cinglants (par exemple, de la part des spectateurs, des coéquipiers, des adversaires, des parents, et/ou de soi-même – nous sommes souvent nos plus sévères critiques). Certains athlètes ont une aptitude à transformer ces sortes d’écueils en tremplins pour propulser le perfectionnement. Pour d’autres, qui manquent de ressources d’adaptation, ces mêmes expériences peuvent avoir une incidence négative sur le bien-être de l’athlète, voire le détourner du sport de façon temporaire ou permanente. Heureusement, la notion de l’autocompassion gagne du terrain en tant que ressource personnelle sur laquelle les athlètes peuvent s’appuyer afin de surmonter d’une manière saine et positive les revers se rapportant au sport (par exemple, Mosewich et al., 2011; Reis et al., 2015; Wilson et al., 2019).

Qu’est-ce que l’autocompassion?

L’autocompassion requiert une prise de conscience de la souffrance personnelle et une volonté de s’aider soi-même à traverser une expérience émotionnellement éprouvante. Selon la Dre Kristin Neff (2003), l’autocompassion comporte trois composantes :

  1. La bonté envers soi-même – se traiter avec bonté et compréhension à la suite d’un échec ou une expérience difficile;
  2. L’humanité commune – être conscient du fait que nous vivons tous et toutes l’expérience humaine, et que tout le monde affronte des difficultés; et
  3. La pleine conscience – concentrer l’attention sur le moment présent et adopter une perspective plus objective et rationnelle sur les situations négatives, plutôt que de devenir trop subjectif ou, en revanche, refuser de reconnaître l’enjeu.

À la différence de l’estime de soi, qui exige au préalable une autoévaluation positive par rapport aux autres personnes afin d’être bien dans sa peau, l’autocompassion se base sur une acceptation de ses propres défauts et défaillances. Ce faisant, comme l’indique Neff, l’autocompassion met en valeur une attitude de soutien envers soi-même et une perspective plus positive dans la vie. En particulier, l’autocompassion se relie au bien-être global et à une réduction des émotions négatives telles que la honte, et le phénomène a été observé à travers une variété de segments démographiques (par exemple, étudiants d’université, adultes plus âgés; Allen, Goldwasser, & Leary, 2012; Johnson & O’Brien, 2013; Leary et al., 2007). Il existe un nombre croissant de preuves qui en soulignent les avantages dans le contexte spécifique des athlètes.

Le rôle de l’autocompassion dans le sport

Au cours de la dernière décennie, les études portant sur l’autocompassion dans le sport se sont penchées notamment sur son rôle en tant qu’outil pour aider les athlètes à se remettre sur les rails aux suites d’un écueil ou lors d’une situation émotionnellement éprouvante. Spécialement dans les contextes où les réseaux d’appui se font rares ou inexistants pour les athlètes, l’autocompassion pourrait être particulièrement utile pour aider les athlètes à se remettre d’une variété de revers, d’une manière adaptive et salutaire. Dans le cadre du présent article, nous allons nous concentrer sur les liens entre l’autocompassion et deux types de revers qui ont une pertinence particulière pour les praticiens travaillant avec les athlètes : (a) les blessures et (b) les jugements durs et les échecs sur le plan des performances dans le sport.

Blessures

Therapist Applying Kinesiology Tape On Athlete's Knee

Une blessure est un revers majeur auquel font face presque tous les athlètes à un moment ou un autre dans leur carrière. Parfois, les blessures sont relativement mineures, et l’horaire des entraînements, des séances de mise en forme, et des compétitions peut se poursuivre plus ou moins inchangé. Mais il y a aussi des blessures plus graves qui obligent les athlètes de s’absenter du sport pour une période de temps considérable. Dans un tel cas, lorsque l’athlète reprendra ses activités au terme de la période de réadaptation, il y a la possibilité que l’athlète ait de la difficulté à retrouver sa forme précédente, voire que ce niveau de performance soit désormais inatteignable. D’autres fois encore, les blessures mettent effectivement fin à la carrière sportive de l’athlète, et les retombées émotionnelles et mentales peuvent évidemment être énormes. Tout cela pour dire qu’une blessure peut constituer un revers très difficile à supporter pour un athlète.

La bonne nouvelle est qu’il existe de plus en plus de preuves soulignant que l’autocompassion peut aider les athlètes à mieux gérer les émotions négatives découlant d’une blessure. En réduisant l’anxiété et l’inquiétude de l’athlète et en atténuant les stratégies d’adaptation axées sur le refus d’accepter le problème (en ce cas-ci, la blessure), l’autocompassion peut habiliter les athlètes à opter pour des moyens plus sains et plus proactifs de progresser dans leur réadaptation (par exemple, stratégies d’adaptation et d’acceptation), et contrer notamment la propension à devenir obsédé par la blessure (Huysmans & Clement, 2017). L’autocompassion peut même réduire la susceptibilité aux blessures, ceci en atténuant l’activation physiologique des athlètes face aux différents stress, et en renforçant leur capacité à prendre conscience des indices pertinents lorsqu’ils sont sur le terrain, la piste, ou la glace (Huysmans & Clement, 2017).

Si les bienfaits de l’autocompassion dans le contexte d’une blessure ne sont pas encore entièrement connus, cette stratégie semble tout de même fournir aux athlètes un moyen d’atténuer certaines des émotions négatives qui découlent typiquement d’une blessure encourue dans le sport (par exemple, la honte, l’humiliation), et en conséquence les athlètes seraient plus déterminés à surmonter une blessure et à persévérer au travers l’adversité en lien avec cette blessure (Wilson et al., 2019). À ce titre, les recherches dans nos laboratoires à l’Université de Saskatchewan, chapeautées par Karissa Johnson dans le cadre de sa thèse de cycle supérieur, montrent que les athlètes faisant preuve d’autocompassion lors de se remettre d’une blessure ont tendance à être mentalement plus solides, ont la perception de disposer de davantage de ressources d’adaptation, et sont moins susceptibles d’être critiques d’eux-mêmes. Point important : les recherches de Karissa indiquent que l’autocompassion pourrait activer chez les athlètes blessés une version plus saine de la résistance psychologique, caractérisée par une acceptation de la blessure et la prise de décisions plus sages, à l’opposé d’une résistance psychologique moins bénéfique, donnant lieu à de mauvaises décisions de poursuivre en dépit de la douleur.

Évaluations négatives et échecs en matière des performances

emale athlete preparing for a workout in a gym locker roomIl serait assez rare de travailler avec un athlète qui n’ait jamais commis une erreur, qui n’ait jamais éprouvé un sentiment d’échec, souvent à un moment critique d’une compétition. Tout comme les blessures, les erreurs et les échecs font partie intégrale du sport, et similairement aux blessures, les répercussions peuvent être émotionnellement éprouvantes pour les athlètes. Qu’il s’agisse de se blâmer pour une défaite aux suites d’un lancer franc raté dans une partie de basketball au secondaire, ou d’un tir de réparation raté dans le cadre de la Coupe du monde de soccer, les athlètes sont souvent soumis au jugement assez dur – d’autrui comme d’eux-mêmes. Parfois ce sont les coéquipiers, les adversaires, les entraîneurs, et les parents qui sont responsables de ces rétroactions négatives, voire dévastatrices, à l’égard des athlètes. D’autres fois, ce sont les athlètes eux-mêmes les critiques les plus sévères, en assumant toute la responsabilité de l’incident. Le plus souvent, les évaluations négatives proviennent de sources multiples.

Quels que soient la/les source(s) de jugements négatifs,  le niveau de compétition, ou l’ampleur de l’erreur ou l’échec, les athlètes sont très sensibles à la douleur morale occasionnée par les jugements durs de leur prestation dans le sport (Mosewich et al., 2011). Les études ont montré que les athlètes éprouvent une variété d’émotions mésadaptées (par exemple, la honte, la gêne, l’humiliation) et des pensées parallèles (par exemple, « Je suis nul(le) ») lorsqu’ils font des erreurs ou subissent un échec (Reis et al., 2015), incluant l’autocritique et l’autopunition (Ceccarelli et al., 2019). Plus généralement, les performances inférieures aux attentes dans le sport peuvent donner lieu à des effets négatifs sur la santé mentale, porter atteinte à l’image de soi-même, et causer des troubles émotionnels (Ceccarelli et al., 2019; Mosewich, Crocker, & Kowalski, 2014).

Pareillement aux effets positifs notés dans le contexte des athlètes qui se remettent d’une blessure, l’autocompassion semble être un outil efficace pour les athlètes éprouvant des troubles émotionnels aux suites d’un échec ou d’un jugement négatif. Du fait d’habiliter les athlètes à être moins sévères envers eux-mêmes, et de mettre en perspective les échecs ou les erreurs dans le sport, l’autocompassion favorise des stratégies d’adaptation positives et une réaction au stress plus salutaire, autant sur le plan psychologique (par exemple, en considérant les défaillances actuelles comme surmontables et solubles) que sur le plan physiologique (par exemple, une réaction au stress appropriée en termes de la fréquence cardiaque) (Ceccarelli et al., 2019). Autrement dit, l’autocompassion aide les athlètes à surmonter les expériences difficiles dans le sport, telles que les blessures et les échecs sur le plan de la performance (et les jugements négatifs conséquents), d’une façon qui n’amène pas l’athlète à se préoccuper excessivement de l’écueil, favorisant une reprise plus rapide et une expérience sportive globalement plus positive.

Stratégies en vue de renforcer l’autocompassion

L’intervention est une des principales approches pour renforcer l’autocompassion chez les athlètes. Par exemple, la Dre Amber Mosewich et ses collègues ont mis sur pied un programme d’une semaine d’intervention d’autocompassion dans le sport qui a réussi à renforcer les niveaux d’autocompassion chez des femmes athlètes très critiques d’elles-mêmes, tout en réduisant les tendances à la rumination et l’autocritique (Mosewich et al., 2013). L’intervention consistait en une séance de formation en personne et un exercice de rédaction basé sur l’autocompassion, suivis par une série de modules d’écriture en ligne, toujours au sujet de l’autocompassion, que les athlètes ont complétés au cours de la semaine. Le volet de formation initial a fait un tour d’horizon de l’autocompassion et a fait la synthèse des recherches à ce sujet (par exemple, l’autocompassion ne soutient pas la complaisance ni la passivité : c’est plutôt un exercice adaptif, et une stratégie saine pour surmonter les défis). Au terme de la formation de 10 minutes, les athlètes ont été appelées à réfléchir à une expérience négative qu’elles avaient encourue personnellement dans le sport durant les 10 jours précédents. Elles ont été invitées à faire le bilan de l’expérience et consigner des démarches qu’elles auraient pu prendre en réaction audit scénario, en se basant sur les trois composantes essentielles de l’autocompassion (c’est-à-dire, la bonté envers soi-même, l’humanité commune, la pleine conscience). Cet exercice d’écriture a donné aux athlètes la possibilité de s’exercer à la mise en pratique de l’autocompassion avant de procéder à l’étape du cours qui se faisait indépendamment, à savoir les cinq modules d’écriture en ligne. Deux de ces exercices invitaient les participantes à réagir à leur expérience négative dans le sport en : (a) écrivant un paragraphe « qui fait preuve de compréhension, de bonté, et d’un souci envers vous-même… tout comme vous le feriez si vous parliez avec une bonne amie aux prises avec la même situation » (exercice de mise en application de la notion de la bonté envers soi-même) et (b) en dressant une liste des  «moyens par lesquels d’autres personnes traversent des expériences similaires, » (exercice de mise en application de la notion de l’humanité commune).

close up of woman writing her journalDans une étude appliquée, Rodriguez et Ebbeck (2015) ont mis en œuvre des stratégies d’autocompassion avec des femmes gymnastes et leurs entraîneurs. Dans une série de réunions hebdomadaires ou bihebdomadaires avec les gymnastes, entraîneurs, et un conseiller externe en psychologie sportive, les  gymnastes ont participé à des activités visant à renforcer l’autocompassion. Par exemple, les gymnastes ont été encouragées à écrire leurs réflexions sur un scénario selon lequel une coéquipière avait une opinion très négative d’elle-même, à tel point qu’elle avait des difficultés lors des entraînements et des compétitions. Les gymnastes ont également incorporé des pauses d’autocompassion dans leurs routines d’entraînement : elles étaient amenées à imaginer un scénario stressant dans la gymnastique et à formuler leurs propres indices d’autocompassion basés sur les notions de la bonté envers soi-même, l’humanité commune, et la pleine conscience. Cet exercice visait à renforcer leur capacité d’adaptation et en même temps les outiller pour gérer de manière plus saine les situations futures. Un aspect particulièrement unique de cette étude a été l’exercice selon lequel les gymnastes choisissaient des billes de couleurs différentes pour tenir le compte des moments où elles ont pratiqué un discours intérieur positif ou ont fait des affirmations positives à leur propre égard, versus les moments où elles ont noté un dialogue intérieur négatif ou des instances d’autocritique. Les gymnastes ont également été encouragées à envisager l’autocompassion comme une approche de prévention de la « souffrance », cette dernière étant liée à d’autres résultats indésirables ou défavorables (par exemple, la perte de forme en saison morte pourrait être évitée du fait de « maintenir une routine de conditionnement de saison morte et maintenir de bonnes habitudes alimentaires »). Pour contrer la perception que l’autocompassion est un exercice inutile de « se dorloter » – préoccupation que nous aborderons en plus de détail dans la prochaine section – on a posé des questions aux gymnastes spécifiquement en vue de donner une perspective équilibrée à l’emploi et à la valeur de l’autocompassion (par exemple, « Est-ce que vous vous priveriez d’eau tout au long d’une séance d’entraînement de 4 heures, tout simplement en vue d’être dure envers vous-même? »).

Obstacles à l’autocompassion et solutions éventuelles

En dépit du potentiel prometteur de l’autocompassion en tant que ressource pour aider les athlètes à surmonter les écueils et les expériences émotionnellement éprouvantes dans le sport, il existe des défis en ce qui concerne la mise en pratique généralisée. L’un des principaux enjeux est la perception chez certains athlètes que l’autocompassion est en soi un obstacle à la réalisation d’un statut d’élite (Sutherland et al., 2014). Spécifiquement, certaines femmes athlètes ont indiqué qu’elles pensaient qu’il était en fait nécessaire d’être critiques envers elles-mêmes et notamment de leurs échecs et leurs performances inférieures aux attentes, ceci en vue d’en tirer des leçons et devenir meilleures comme athlètes. Bref, l’autocompassion, de ce point de vue, signifiait un état d’esprit qui les encouragerait à se tirer d’affaire trop facilement. Pareillement, dans une étude récente menée par notre équipe de chercheurs auprès des hommes athlètes, certains participants ont avoué qu’à entendre le terme « l’autocompassion », le mot qui venait immédiatement à l’esprit était « faible » – un obstacle en soi à l’autocompassion – et que ce l’autocompassion les encouragerait à être trop indulgents à leur propre égard. En plus, ils ont remarqué que le fait de regarder leurs échecs et leurs mauvaises prestations dans une optique sévère et critique envers eux-mêmes faisait partie intégrale du processus qui donnerait lieu à une progression positive dans les performances. Bien que de telles notions soient en grande partie infondées – en fait, les études ont souligné les effets positifs de l’autocompassion sur l’épanouissement dans le sport (Ferguson et al., 2014) tout en dissipant les mythes d’auto-indulgence et de défaut de motivation (Gilbert et al., 2011) – elles constituent tout de même un défi réel à la promotion et l’adoption de l’autocompassion chez les athlètes. Les chercheurs se demandent si l’utilisation d’un vocabulaire alternatif pour exprimer « l’autocompassion » serait une approche valable pour écarter cette connotation de « faiblesse » que certaines personnes s’obstinent à rattacher à ce terme. Par exemple, Neff et Germer (2018) ont proposé le concept du « yin » et du « yang » de l’autocompassion, reconnaissant les aspects traditionnellement féminins ou « yin » de l’autocompassion et en y associant les notions de « réconfortant », « apaisant » et « validation » ; et les aspects traditionnellement masculins ou « yang » du concept, rattachés aux termes tels que « protéger », « habiliter » et «motivation ».

Cette croyance persistante chez certains athlètes que l’autocompassion pourrait donner lieu à une révision à la baisse des ambitions et un rendement inférieur met en lumière un autre obstacle potentiel à une application plus répandue de l’autocompassion dans le monde sportif : une mauvaise interprétation de la notion même de l’autocompassion. Dans nos recherches avec les hommes athlètes, ceux-ci ont indiqué initialement que l’autocompassion apportait une connotation de tomber dans la complaisance. Par la suite, ils ont reconnu que leur manque de formation sur l’autocompassion avait été en grande partie responsable de cette perspective négative. Au terme d’une formation sur l’autocompassion, les participants ont expliqué que leur réticence initiale à l’égard de l’autocompassion reposait sur une idée fausse du concept. Ils ont souligné que l’éducation et la formation devraient être une étape incontournable lors de promouvoir l’autocompassion auprès des autres athlètes. Ils ont continué par dire qu’il faut non seulement sensibiliser les athlètes à la notion de l’autocompassion, mais également leur faire savoir que l’autocompassion est un outil pouvant les aider à surmonter les difficultés dans le sport, et les élever à un niveau de performance meilleur, en les équipant pour apprendre des erreurs et des échecs, plutôt que de se laisser préoccuper par ces expériences négatives.

Au-delà des perceptions négatives ou indifférentes de l’autocompassion entretenues par certains athlètes, qui se doivent potentiellement à une mauvaise compréhension du concept, il y a l’obstacle non négligeable de la COVID-19 qui présente son propre lot d’entraves freinant la croissance de l’autocompassion dans le monde sportif. Simplement dit, certaines stratégies de sensibilisation et de formation précédemment déployées dans un contexte en personne, et les activités visant à renforcer les capacités d’autocompassion chez les athlètes, comme par exemple les séances d’initiation au concept (par exemple, Mosewich et al., 2013) et les exercices de groupe (par exemple, Rodriguez & Ebbeck, 2015), sont plus difficiles à réaliser sous les restrictions en lien avec la COVID-19. Ainsi, dans le contexte sportif actuel, les ressources, ateliers, cours et interventions d’autocompassion se poursuivent uniquement en ligne. Heureusement, étant donné les importantes améliorations apportées à la technologie au cours des années récentes, l’élaboration et la prestation des formations et des interventions en ligne portant sur l’autocompassion sont devenues non seulement faisables, mais potentiellement aussi efficaces que les interventions en personne. À titre d’exemple, le volet de formation de l’intervention développée par Mosewich et al. (2013) pourrait fort probablement être intégré de manière transparente avec les exercices d’écriture qui se déroulaient en ligne déjà. En plus, les activités de groupe, incluant les réunions entre entraîneurs, athlètes, conseillers en performance mentale, et psychologues du sport, peuvent se faire par moyen de visioconférence. Les exercices et méditations en ligne développés par Nef (www. self-compassion.org) sont accessibles à toute personne qui visite son site web, ce qui facilite le travail pour les entraîneurs et les administrateurs de sport cherchant à aiguiller leurs athlètes vers l’autocompassion.

Le rôle du genre dans l’autocompassion et le sport

Athlete sitting on gym bench suffering mentallyLa grande majorité des recherches jusqu’à date se rapportant à l’autocompassion et les athlètes se sont penchées sur les femmes athlètes. En revanche, dans nos recherches récentes les hommes athlètes prennent une place plus large, et les résultats suggèrent que les niveaux d’autocompassion se relient à l’image de la masculinité que se font les athlètes individuels (Reis et al., 2019). Spécifiquement, les hommes athlètes qui s’identifient avec une image plus traditionnelle de la masculinité (à savoir, une identification avec les normes masculines dites traditionnelles comme l’agressivité, la violence, et l’autonomie; Parent & Moradi, 2009) manifestent des niveaux d’autocompassion plus bas par rapport aux hommes athlètes qui adoptent une version de la masculinité plus contemporaine, empreinte d’acceptation (à savoir, une masculinité inclusive selon laquelle toutes les représentations de la masculinité sont considérées comme également valides; Anderson, 2005).

Tout en reconnaissant que les femmes athlètes font face à leur propre lot de défis dans le sport (par exemple, le paradoxe qui existe entre les attentes de la société en ce qui concerne l’aspect physique, et les attentes en ce qui concerne la performance), les hommes athlètes n’en sont pas épargnés (à savoir : l’émasculation sous forme d’une subordination et/ou une marginalisation si l’athlète ne réalise pas les attentes en matière de la performance dans le sport, comme par exemple les déficits de vitesse ou de force physique; Anderson & McGuire, 2010). Ces considérations sont importantes dans le contexte de l’autocompassion dans le sport pour les raisons suivantes : (a) il est difficile de savoir si l’autocompassion peut aider les hommes athlètes à gérer et à s’adapter à leurs propres expériences difficiles dans le sport, et (b) certains hommes athlètes seraient réticents à accepter/adopter/pratiquer les techniques d’autocompassion, à cause de la perception que cela pourrait porter atteinte à leur masculinité.  

Dans nos recherches auprès des hommes athlètes, ceux-ci ont indiqué que la masculinité a été en fait la cause fondamentale d’une large partie des expériences émotionnellement éprouvantes qu’ils avaient subies dans le sport. Par exemple, ils ont fait référence aux attentes et aux pressions de la société et de l’exigence de faire toujours une prestation du plus haut niveau, et de continuer à jouer quand ils étaient blessés, et même les entraîneurs qui crient « endurcis-toi » depuis la ligne de touche. Point intéressant : certains hommes ont expliqué que le refus de se plier à de telles pressions fondées sur la masculinité et potentiellement dangereuses était en soi une qualité masculine, et qu’en ce sens, l’autocompassion était une qualité masculine puisque la décision de prendre soin de soi-même devient alors une manifestation de la force mentale. Même si cette perspective est encourageante en ce qui concerne la mise en œuvre et la pratique de l’autocompassion parmi les hommes athlètes, il serait présomptueux de suggérer que tous les hommes athlètes ou même la majorité de ceux-ci partagent ce point de vue. En revanche, nous avons des raisons d’espérer que les générations présentes et futures d’hommes athlètes affluent vers une définition de la masculinité qui semble plus inclusive, et qui cadre mieux avec le concept de l’autocompassion.

Synthèse

Les recherches sur l’autocompassion dans le sport se sont multipliées au cours de la dernière décennie. De plus en plus d’athlètes se prévalent des techniques d’autocompassion, particulièrement comme moyen de gérer et surmonter les revers subis dans le sport. La plus grande partie des recherches jusqu’à date sur l’autocompassion dans le sport se penchent sur les femmes athlètes ou une combinaison de femmes athlètes et d’hommes athlètes, mais les recherches sur l’autocompassion portant spécifiquement sur les hommes athlètes commencent à voir le jour, et les résultats s’annoncent encourageants. Le plein potentiel de l’autocompassion reste largement inexploité, étant donné que le concept est relativement nouveau dans les recherches axées sur le sport; mais à force d’éduquer les intervenants et d’offrir des occasions de formation sur le concept pour les athlètes, les entraîneurs, et les administrateurs de sport (ateliers, cours, séminaires, et interventions), il y a beaucoup à gagner pour les athlètes et le personnel de soutien qui travaille avec eux. En plus, étant donné les restrictions en place à cause de la COVID-19 qui limitent les interactions en personne, il serait utile pour les praticiens d’autocompassion de se concentrer sur l’élaboration et la prestation d’activités en ligne visant à développer l’autocompassion chez les athlètes.

5 stratégies pour promouvoir l’autocompassion auprès des athlètes

  1. Expliquez aux athlètes que des liens ont été établis entre l’autocompassion et une reprise plus rapide à la suite d’une situation difficile dans le sport, et que cela peut favoriser une performance meilleure.
  2. Lorsqu’un(e) athlète éprouve une difficulté ou un échec, encouragez-le/-la à réfléchir à ce qu’il/elle dirait à un(e) ami(e) aux prises avec une situation similaire.
  3. Invitez les athlètes à vous parler d’autres athlètes qui auraient pu subir des expériences similaires.
  4. Sur une période de 10 jours, demandez aux athlètes de tenir le compte des « billes » électroniques. À chaque fois où l’athlète tient un discours intérieur positif ou fait une affirmation positive à son propre égard, il/elle ajoute une bille verte. Et à chaque instance de dialogue intérieur négatif ou autocritique, il/elle ajoute une bille rouge.
  5. Invitez les athlètes à participer à une séance de méditation dirigée portant spécifiquement sur l’autocompassion, comme par exemple Compassionate Body Scan, disponible à titre gratuit au site web de Kristin Neff (www.self-compassion.org).

La perception de l’effort, qui représente l’intensité subjective d’effort, d’inconfort et de pénibilité d’une tâche physique, est le déterminant ultime de la performance en endurance. La fixation d’objectifs, la motivation et le discours interne sont des habiletés mentales accessibles que les athlètes peuvent utiliser pour mobiliser leur esprit de façon optimale dans le but de soutenir leur performance avant et pendant des tâches exténuantes.

Ce billet est le dernier d’une série en collaboration avec l’Université Queen’s. Dans le cadre d’une mission visant à renforcer les compétences en matière de diffusion des connaissances, le Dr Luc Martin, professeur agrégé à l’école de kinésiologie et d’études sur la santé, a mis au défi les étudiants de son cours de troisième année sur la dynamique d’équipe de rédiger un billet de blogue pour le SIRC. Les cinq meilleurs ont été soumis au SIRC et publiés par celui-ci.


Il est 7 h 30; je suis fatigué mais satisfait de l’entraînement que je viens de faire. Alors que je me dirige vers les vestiaires, je remarque qu’un groupe de joueurs reste derrière pour faire du travail supplémentaire. Je suis immédiatement inspiré. Ce groupe a favorisé une expérience d’équipe positive parce que les jeunes joueurs, comme moi, les admirent et sont motivés à travailler aussi fort qu’eux, ce qui contribue au succès de l’équipe au final. Leur influence à elle seule est une raison de croire que les sous-groupes devraient exister dans une atmosphère d’équipe, et qu’il est inutile d’essayer de les démanteler sans raison.

Les trois certitudes de la vie : la mort, les impôts et les sous-groupes

Female coach and youth basketball team

Les sous-groupes sont un groupe d’individus étroitement liés entre eux qui entretiennent des relations réciproques qui se forment au sein d’un groupe plus large, comme une équipe sportive (Henrich et coll., 2000). Dans la littérature universitaire, la formation de sous-groupes dans le sport a souvent été considérée comme intrinsèquement problématique pour le fonctionnement de l’équipe (Martin et coll., 2020). Cependant, des développements récents révèlent que les sous-groupes peuvent apporter des avantages positifs dans une atmosphère d’équipe, tels qu’un meilleur soutien, un sentiment d’identité et des normes de productivité (Wagstaff et coll., 2017). En outre, les chercheurs mentionnent que leur présence est inévitable, ce qui fait des interventions visant à les éradiquer un gaspillage de temps et de ressources (Martin et coll., 2015). Les humains ont un désir d’appartenance inné tout en faisant l’expérience de l’individualité; il est difficile de satisfaire ces deux critères dans un grand groupe. Ainsi, les sous-groupes nous procurent des sentiments d’acceptation et des relations de qualité, mais en nombre relativement restreint pour permettre la différenciation et l’autonomie (Brewer, 2011).

Ouvrir la voie aux sous-groupes

Les chercheurs en sport ont identifié trois facteurs précurseurs du développement de sous-groupes (Martin et coll., 2015, 2016) :

Ces facteurs influencent les comportements de regroupement des athlètes. Lorsque les sous-groupes commencent à se former, les coéquipiers peuvent voir se développer des lignes de séparation hypothétiques (appelées lignes de faille) qui sont présentes dans tous les groupes (Lau et Murnighan, 1998).

Approches des entraîneurs pour gérer les sous-groupes

Les sous-groupes se forment dans les sports d’équipe et dans l’ensemble du spectre des âges (Eys et coll., 2019). En raison de cette inévitabilité, les recherches montrent que les entraîneurs investissent parfois beaucoup de temps dans la mise en œuvre de stratégies pour les gérer (Martin et coll., 2016). Toutefois, avant d’intervenir, les entraîneurs doivent évaluer si les sous-groupes aident ou entravent la dynamique du groupe et peuvent recourir à l’évitement proactif, à l’identification des sous-groupes et à la gestion de ceux-ci si nécessaire.

Évitement proactif

Identification

Gestion

Un sous-groupe qui est facilitateur peut être utilisé comme exemple pour créer des habitudes d’entraînement positives. Le fait de placer les nouveaux athlètes dans un groupe qui fait preuve d’une grande éthique de travail augmente la probabilité que l’athlète suivant fasse de même.

Dans le cas où un sous-groupe présente des comportements débilitants (c’est-à-dire s’il s’agit d’une clique), les entraîneurs devraient organiser des réunions entre athlètes et entraîneurs, organiser des activités d’équipe ciblées ou, en dernier recours, retirer les athlètes problématiques.

Que signifie tout cela pour vous?

Il est important de comprendre que chaque atmosphère d’équipe est différente et qu’il n’y a pas de méthode universelle pour gérer les sous-groupes. Cependant, les entraîneurs doivent comprendre que la formation de sous-groupes est inévitable et que l’effet sur leur équipe sera moins sur leur présence ou leur absence que sur les comportements qu’ils adoptent. Pour comprendre comment ils vont influencer une équipe, il faut disposer de canaux de communication clairs et les athlètes doivent décrivent leur désir de participer au processus de gestion, plutôt que d’avoir le sentiment d’être contrôlés (Martin et coll., 2016; Wagstaff et coll., 2017).

Dans toutes les facettes de la vie, les gens seront exposés à des groupes et travailleront au sein de ceux-ci. Qu’il s’agisse d’une équipe sportive, d’une salle de classe ou d’un lieu de travail, il y aura des personnes avec lesquelles vous vous identifierez et d’autres avec lesquelles vous ne le ferez pas. Quoi qu’il en soit, nombre de ces situations vous obligeront à travailler en groupe pour atteindre un objectif commun. Dans la plupart des cas, il est conseillé aux entraîneurs de se concentrer sur les questions liées aux tâches à accomplir plutôt que de se préoccuper outre mesure de la dynamique des sous-groupes. Pour les athlètes, après votre séance d’entraînement de 7 h 30, prenez un groupe de personnes partageant les mêmes idées pour faire des répétitions supplémentaires et inspirer les coéquipiers que vous ne savez pas qu’ils regardent. Votre équipe en tirera profit à long terme.

Lors des épidémies, le nombre de personnes dont la santé mentale est affectée tend à être plus important que le nombre de personnes touchées par l’infection. Les tragédies passées ont montré que les conséquences sur la santé mentale peuvent durer plus longtemps et avoir une prévalence plus importante que l’épidémie elle-même et que les impacts psychosociaux et économiques peuvent être incalculables si l’on considère leur effet dans différents contextes. (Ornell, Schuch, Sordi, & Kessler, 2020)

De nouvelles études mettent en évidence l’impact très réel sur la santé mentale que des facteurs de stress prolongés comme la COVID-19 peuvent avoir sur la population générale (Ornell et al., 2020). Avec l’évolution des restrictions de santé publique en vigueur dans tout le pays, beaucoup ont réalisé que notre retour à l’entraînement, au travail et à l’école n’est pas un retour à la normale, mais une expérience sociale entièrement nouvelle. Cette nouvelle réalité nous oblige à naviguer dans de nouveaux processus à travers de nombreux environnements, et exigera que nous affrontions des malaises psychologiques, des inquiétudes ou des craintes dans des lieux et des espaces qui ressemblaient autrefois à nos résidences secondaires.

Que pouvons-nous donc faire de manière proactive pour soutenir notre santé mentale et nos performances mentales optimales alors que nous nous adaptons à la vie sociale dans les incertitudes de la pandémie ? Voici quelques conseils pratiques à prendre en compte lors de la reprise du travail, des études et de l’entraînement.

Contact visuel et langage corporel positif

La distanciation physique n’est pas synonyme de distanciation émotionnelle. Nous nous sommes tous améliorés pour optimiser nos outils numériques afin de nous connecter à distance. Alors que nous nous réintégrons dans la vie réelle avec des masques et une distanciation physique, faites très attention à votre communication, surtout celle qui est non verbale. Le contact visuel et le sourire « avec nos yeux » font toute la différence pour se sentir connecté aux autres et faire en sorte que les autres se sentent vraiment vus. Un langage corporel positif favorise des espaces psychologiquement sûrs et des interactions sociales positives, même lorsqu’il existe des barrières sociales visibles (masques, espaces) et invisibles (menace de la COVID-19). Veillez à entretenir des relations interpersonnelles dans votre vie, à l’école, au travail, dans votre environnement sportif et dans votre vie sociale et familiale. Développez des liens de manière intentionnelle avec les autres, y compris vos étudiants-athlètes ou vos coéquipiers, vos entraîneurs et vos collègues. La communication est importante aujourd’hui, peut-être plus que jamais.

Routines quotidiennes « avant » et « après »

Tout comme un athlète de haut niveau apprend à développer des routines optimales avant et après une compétition ou un match, réfléchissez à la manière d’optimiser vos routines quotidiennes. Comment pouvez-vous organiser votre routine de travail, d’école ou d’entraînement pour assurer des transitions saines vers et depuis la maison et favoriser votre bien-être physique et émotionnel ? Considérez le rôle et le moment de l’habillement, de la nutrition, de l’hydratation, du mouvement, de la musique, du monologue interne, de la détermination d’objectifs, de la visualisation et des pratiques quotidiennes de gratitude. Des routines saines qui vous aident à vous préparer mentalement pour la journée à venir ou à vous préparer mentalement à la fin de la journée peuvent contribuer à réduire l’impact du stress pandémique sur votre santé mentale et vous permettre de vous épanouir en ces temps d’incertitude.

Gestion de l’énergie et des soins personnels

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Si nos routines, nos régimes de mise en forme et nos habitudes quotidiennes étaient peut-être incohérents au début des directives sur le séjour à domicile, beaucoup d’entre nous ont depuis créé de nouvelles habitudes liées au bien-être. Il peut s’agir de faire de l’exercice à la maison, de marcher davantage ou de se déplacer à l’extérieur, de faire plus de repas à partir de rien, de dormir davantage et de renouer avec des passe-temps et des loisirs qui vous apportent de la joie tout au long de la semaine. Prenez le temps d’apprécier ce que vous avez appris sur le soutien de votre santé mentale et de vos performances mentales optimales à la maison, et réfléchissez à la manière dont ces nouvelles pratiques peuvent être maintenues ou adaptées pour continuer à éprouver de la joie.

S’enthousiasmer pour de nouvelles solutions

Il est indéniable que la COVID-19 est un problème réel auquel nous devons tous faire face, mais se concentrer sur ce problème pendant de longues périodes peut être à la fois stressant et décourageant. Adoptez plutôt un état d’esprit axé sur la solution. Wehr (2010) a constaté que, par rapport à une intervention axée sur le problème, les interventions axées sur la solution augmentent la confiance en soi et créent une atmosphère positive (comme cité dans Grant & Gerrard, 2019). Mettez-vous au défi, ainsi que ceux qui vous entourent, de trouver de nouvelles et meilleures façons de faire les choses afin d’améliorer nos expériences d’apprentissage, de travail et d’entraînement dans le processus. En nous concentrant sur les solutions, nous pouvons nous aider mutuellement à atteindre nos objectifs, à développer notre efficacité personnelle et à améliorer notre bien-être émotionnel dans notre quête de l’excellence.

La santé cognitive

Human head as a set of puzzles on the wooden background

Les périodes de stress psychologique prolongé à la suite d’un deuil, d’un traumatisme ou d’une pandémie peuvent avoir un impact sur nos performances mentales. Réfléchissez à la façon dont vous pouvez soutenir votre forme cognitive de manière amusante et créative chaque jour. Notre cerveau se nourrit de la variabilité. Des études suggèrent qu’une activité mentale proactive a des effets neuroprotecteurs et neuroplastiques bénéfiques tout au long du processus de vieillissement (Phillips, 2017). Engagez votre esprit de manières diverses et significatives par l’éducation continue, la lecture, les loisirs, l’artisanat, les jeux cérébraux en ligne (par exemple, Luminosity et Peak), et la gymnastique mentale hors ligne comme le sudoku, les mots croisés, les casse-têtes, les cartes, les jeux de société, etc. Donnez-vous la permission de vous amuser tout en entraînant sérieusement votre esprit et en optimisant votre forme cognitive.

L’intelligence émotionnelle

Enfin, et ce n’est pas le moins important, il faut pratiquer activement l’intelligence émotionnelle. Soyez à l’écoute tous les jours et demandez-vous comment vous vous sentez, ce dont vous avez le plus besoin et comment vous pouvez satisfaire vos besoins émotionnels. De même, soutenez vos collègues, vos entraîneurs et vos coéquipiers en vous mettant à leur écoute, en exprimant votre empathie et en validant leurs sentiments. Trop souvent, nous passons nos journées à réagir plutôt qu’à agir de façon intentionnelle. Prenez le temps d’améliorer votre conscience de soi et remarquez comment cela vous permet de réguler votre vie émotionnelle et de mieux vous entendre avec les autres. Vous pouvez le faire en tenant un journal (y compris par la pratique de la gratitude), en priant ou en vous engageant dans une pratique spirituelle qui vous soutient, en recherchant délibérément l’humour, et en vous engageant dans des pratiques comme la méditation. Il a été constaté que la méditation, par exemple, réduit les niveaux de cortisol après un stress et qu’elle est associée à des changements dans la structure, l’activation et l’activité neuronale de notre cerveau (Phillips, 2017). En d’autres termes, la santé émotionnelle et spirituelle est importante pour la santé du cerveau.

Le mot de la fin

En conclusion, je vous invite à mieux vous connaître tout au long de cette expérience inhabituelle qu’est la COVID-19, et à l’utiliser pour également développer et approfondir vos liens sociaux. Votre santé mentale et vos performances mentales optimales méritent toute votre attention.

En période de peur et d’incertitude, lorsque les menaces à sa propre survie et à celle des autres deviennent l’un des principaux enjeux de la vie quotidienne, beaucoup pensent que les soins de santé mentale peuvent attendre et que les efforts doivent se concentrer sur la préservation de la vie. Or, la santé mentale est précisément l’une des clés de la survie face à cette dernière pandémie et à tout ce qu’elle implique à court, moyen et long terme. (Da Silva, Miranda, Diaz, Teles, Malloy-Diniz, & Palha, 2020).

Ce billet est le troisième d’une série en collaboration avec l’Université Queen’s. Dans le cadre d’une mission visant à renforcer les compétences en matière de diffusion des connaissances, le Dr Luc Martin, professeur agrégé à l’école de kinésiologie et d’études sur la santé, a mis au défi les étudiants de son cours de troisième année sur la dynamique d’équipe de rédiger un billet de blogue pour le SIRC. Les cinq meilleurs articles ont été soumis au SIRC et seront publiés au cours des prochains mois. 

Nous sommes le 31 mai 2018 : les dernières secondes du premier match de la finale de la NBA entre les Warriors de Golden State et les Cavaliers de Cleveland s’envolent et JR Smith ne sait pas combien de temps il reste. Il dribble le ballon hors de la zone plutôt que de tenter un lancer pour gagner le match. Le manque de communication entre les coéquipiers a coûté le match aux Cavaliers et a entraîné des conflits au sein de l’équipe. La question demeure : pourquoi personne ne communiquait-il au moment le plus critique du match? Ce billet de blogue examine les concepts importants relatifs à la communication d’équipe et fournit des stratégies pratiques pour les entraîneurs et les athlètes qui souhaitent améliorer la façon dont leur équipe communique.

Les avantages de la communication

La communication est un processus essentiel pour tout groupe – sans elle, il n’y a pas de sentiment de collaboration ou de compréhension entre les membres. La communication est essentielle pour identifier et convenir des objectifs, évaluer et ajuster les performances, et permettre un fonctionnement efficace de l’équipe. En effet, la communication peut souvent faire la différence entre gagner et perdre. Par exemple, dans la division 1 du tennis féminin de la NCAA, les équipes gagnantes ont fait preuve de deux fois plus de communication que les équipes perdantes (Lausic et coll., 2009). Il est intéressant de noter qu’en dépit des innombrables études qui soulignent l’importance de la communication, il existe des ressources limitées qui sont consacrées à aider les entraîneurs et les athlètes à devenir de meilleurs communicateurs (Hanson, 2019).

Développer la communication au sein de l’équipe

Les équipes efficaces peuvent partager des renseignements de différentes manières, mais l’objectif final devrait être de créer un savoir partagé. Deux méthodes permettent d’y parvenir : la création de systèmes de mémoire transactive ou le renforcement de modèles mentaux partagés.

La mémoire transactive est un système de partage des connaissances qui se développe souvent dans des relations ou des groupes où les personnes assument la responsabilité de différents domaines de connaissance et dépendent les unes des autres pour l’information (Ren et Argote, 2011). Une série d’expériences a montré que les performances des équipes s’améliorent lorsque les membres divisent leurs tâches cognitives de manière plus efficace (Kameda et coll., 2015). La relation entre Michael Jordan et ses coéquipiers des Bulls de Chicago de 1995 à 1998 en est un bon exemple. La division des tâches et la compréhension claire des rôles entre Jordan, Dennis Rodman, Scottie Pippen et Steve Kerr ont donné naissance à l’équipe des Bulls la plus puissante à ce jour – la mémoire transactive s’est améliorée, tout comme les performances globales de l’équipe. En général, les changements dans la composition de l’équipe peuvent rendre difficile le maintien d’un niveau élevé de mémoire transactive. Il est donc important de rester aussi cohérent que possible pour faire évoluer l’équipe, ou de s’assurer que les nouveaux membres sont mis au courant aussi rapidement et efficacement que possible.

Les modèles mentaux partagés représentent les croyances communes sur les objectifs du groupe, la meilleure façon d’atteindre ces objectifs et ce que signifie être membre d’une équipe (Mathieu et coll., 2000). Les coéquipiers qui partagent des modèles mentaux peuvent être décrits comme étant sur la même longueur d’onde. Par exemple, Lebron James et Dwayne Wade ont été décrits comme démontrant de solides modèles mentaux partagés pendant leur temps de jeu ensemble au sein du Heat de Miami de 2010 à 2014 (Friel, 2017). Leur alchimie frappante provenait de leur capacité à anticiper les actions de l’autre. Les modèles mentaux partagés sont importants pour construire une équipe afin de communiquer efficacement et d’anticiper les comportements des coéquipiers.

Stratégies pour améliorer la communication au sein de l’équipe

Il existe plusieurs façons d’établir une mémoire transactive et des modèles mentaux partagés :

Retour sur 2018

Si les Cavaliers avaient eu de meilleures pratiques de communication grâce à la mémoire transactive ou à des modèles mentaux partagés, JR Smith aurait-il commis l’erreur qui a fait le tour du monde? Avec ces atouts, ses coéquipiers auraient pu se parler sur le terrain avant le coup de sifflet, s’assurant que tout le monde était sur la même longueur d’onde concernant le pointage et les objectifs pour la prochaine possession du ballon. JR Smith aurait pu mieux anticiper les actions de ses coéquipiers en tirant les leçons des tendances et de l’expertise de ceux-ci. Il est clair que de nombreuses équipes n’ont pas tout compris lorsqu’il s’agit d’optimiser les performances, ce qui, en partie, rend le sport passionnant à regarder. Tout ce que vous pouvez faire en tant qu’entraîneur ou athlète, c’est de mettre votre équipe dans la meilleure position possible pour réussir si l’occasion se présente. Une façon d’y parvenir est de mettre l’accent sur la communication.

De nouvelles recherches examinent comment la créativité peut influencer la prise de décision dans le sport. L’analyse des joueurs de football professionnels et semi-professionnels a révélé que les joueurs les plus créatifs prenaient des décisions tactiques plus rapides sur le terrain, et avaient une meilleure concentration qui leur permettait de ne pas manquer d’informations importantes pendant le match.

Une nouvelle recherche dirigée par David Hardisty, professeur à l’UBC, examine la science qui se cache derrière la procrastination et la façon dont l’anticipation peut être prise en compte dans la prise de décision. Pour briser le cycle de la procrastination, Hardisty recommande de changer le langage de la façon dont vous pensez aux tâches négatives. Au lieu de “devoir” aller courir, par exemple, rappelez-vous que vous “avez la chance” de le faire.

Des chercheurs de l’Université Western ont constaté que les marches rapides de 20 minutes seulement sont aussi efficaces que la caféine pour stimuler la mémoire de travail. La mémoire de travail est la capacité de conserver et de manipuler des informations sur le moment, comme par exemple ce souvenir des articles d’une liste de courses après être allé au magasin.