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Pour les hommes et les garçons, s’intéresser au sport évoque généralement des images de compétition passionnée et de lutte pour la victoire. Cette conception de l’attention laisse peu de place aux soins personnels, à la santé et à la sécurité, ainsi qu’à la vulnérabilité émoionnelle – des sujets qui comportent de nombreux risques pour les garçons et les hommes dans une culture sportive d’hypermasculinité. 

L’Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey a récemment publié son programme First Line pour soutenir la santé mentale des joueurs. Ce programme indique que le hockey masculin reconnaît enfin le fait, connu depuis longtemps, qu’un joueur de hockey aux prises avec des problèmes de santé mentale le fait en silence. 

L’entraîneur en chef des Flames, Ryan Huska, a récemment déclaré au Calgary Herald que parler ouvertement de la santé mentale était « devenu la norme, que les gens n’avaient plus peur d’en parler ». Corey Hirsch, gardien de but à la retraite, a récemment déclaré à CBC News que « le jeu en lui-même n’était pas le problème, mais la stigmatisation liée à la nécessité d’être un dur à cuire ». 

De même, lors d’une récente entrevue sur le balado Diary of a CEO, Thierry Henry, légende du soccer français et d’Arsenal, a parlé de la dépression dont il a souffert tout au long de sa carrière : 

« Je suis un être humain. J’ai des sentiments. Tout au long de ma carrière et depuis ma naissance, j’ai dû être en dépression. Le savais-je? Non. Est-ce que j’ai fait quelque chose pour y remédier? Manifestement non, mais je me suis adapté. »

Thierry Henry parle de son expérience de la santé mentale en tant qu’athlète de haut niveau dans le podcast “Diary of a CEO”.

Nous assistons donc à une évolution tardive vers la normalisation des hommes et des athlètes masculins qui cherchent de l’aide et parlent progressivement de manière plus ouverte et plus vulnérable de la santé mentale. 

Une culture du silence 

La culture de la masculinité dans le sport masculin pose de graves problèmes : les hommes et les garçons doivent s’adapter au lieu de chercher de l’aide et résister au lieu de prendre du recul. Cette culture du silence et de l’intimidation fait que les hommes et les garçons hésitent à s’exprimer et à parler de sécurité et d’agressions sexuelles. Elle a créé un environnement dans lequel les hommes et les garçons se sentent obligés de garder le silence sur leur propre santé mentale. 

Dans le même balado, M. Henry a déclaré : 

« On vous dit depuis que vous êtes jeune, que ce soit à la maison ou au travail, “Ne soyez pas ce gars, ne montrez pas que vous êtes vulnérable”. S’ils pleurent, qu’est-ce que les gens vont penser? » 

Il s’agit d’une culture à laquelle les organisations sportives se heurtent lorsqu’elles mettent en œuvre des initiatives telles que le programme de First Line. 

Nous devons redéfinir ce que signifie se soucier du sport masculin. Des progrès ont été réalisés. En plus du programme First Line de la NHLPA, Hockey Canada a organisé en septembre 2023 le sommet Au-delà des bandes. Il s’agissait d’une tentative d’aborder la « masculinité toxique » tout en s’efforçant de la comprendre. 

Sur cette affiche accrochée à l’Anneau olympique de l’Université de Calgary, Hockey Canada n’utilise pas les termes « agression sexuelle » et « homophobie ». (Michael Kehler) 

Une affiche sur laquelle est écrit « Ceci n’a pas sa place » avec les mots suivants barrés : racisme, discrimination, maltraitance sexuelle, harcèlement sexuel, violence psychologique, violence physique, violence verbale, comportement indésirable. 

Puis, en octobre 2023, Hockey Canada a publié une politique concernant les vestiaires visant à « améliorer l’inclusion et la sécurité » et à « minimiser les cas de mauvais traitements, d’intimidation et de harcèlement ». 

Bien que ce soit un signe de progrès, il subsiste une certaine réticence à nommer des problèmes tels que les agressions sexuelles et l’homophobie lorsqu’ils se produisent. 

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale 2023, le club de soccer Norwich City a lancé une campagne, #youarenotalone, nous incitant tous à prendre des nouvelles de ceux qui nous entourent. 

De telles initiatives témoignent d’une forme de masculinité bienveillante qui est vitale pour que le sport masculin soit l’espace de soutien et de santé mentale qu’il peut être. 

Une relation complexe 

Parfois, les idées nouvelles naissent en temps de crise; ce n’est que maintenant que nous commençons à comprendre les effets socioculturels de la pandémie de la COVID-19. La relation complexe entre le sport et la santé mentale des garçons est devenue évidente lorsque les installations sportives ont été fermées pour des raisons de distanciation sociale, ce qui a eu un effet négatif sur leur santé sociale, mentale et émotionnelle. 

Un garçon de notre étude a décrit ses difficultés pendant la pandémie : « Je me sentais triste… de ne pas pouvoir faire de l’escalade ». Dans le même ordre d’idées, l’entraîneur de Juventus, Massimiliano Allegri, a déclaré en octobre 2023 que nombre de ses joueurs, y compris des jeunes de l’académie, souffraient de dépression à la suite de la pandémie de la COVID-19. 

L’entraîneur de la Juventus, Massimiliano Allegri, donne des instructions à ses joueurs lors d’un match de football de Serie A entre la Juventus et Lecce, au stade Allianz de Turin, en Italie, le 3 mai 2023. (Tano Pecoraro/LaPresse via AP)

Mais cette perturbation a également obligé les garçons à faire face à leurs émotions. L’un d’entre eux nous a confié : « Je suis devenu beaucoup plus à l’écoute de moi-même et de mes émotions ». Le même sentiment est partagé par M. Henry, qui a déclaré à propos de la pandémie : 

« Il fallait que quelque chose comme ça arrive pour que je comprenne la vulnérabilité, l’empathie et les pleurs. Comprendre que la colère et la jalousie sont normales… Je pleurais tous les jours sans raison… C’était bizarre, mais dans le bon sens du terme. » 

Qu’est-ce que cela nous apprend sur le sport et la santé mentale? Tout d’abord, le sport dans sa forme traditionnelle n’offre pas d’espace pour la vulnérabilité et la santé mentale des hommes et des garçons. 

Cultiver l’attention dans le sport masculin 

Nous pouvons repenser le sport pour qu’il soit inclusif, diversifié et sûr, afin d’exploiter le potentiel positif du sport. Mais il faut pour cela redéfinir ce que signifie « s’occuper de quelqu’un ». Il ne s’agit pas d’écarter l’importance de la compétition sportive, mais plutôt de reconnaître et de développer le potentiel d’autosoin et de soutien mutuel dans le sport masculin. 

Dans le cadre de nos recherches avec des athlètes masculins, nous avons constaté que la création d’espaces sportifs diversifiés facilitait les conversations ouvertes et vulnérables, et favorisait une culture de soins et de soutien qui était importante pour ces athlètes. 

Ces tentatives d’inclusion et de diversité n’ont pas été sans heurts. La culture traditionnelle des sports masculins a parfois refait surface, donnant à certains hommes – en particulier les hommes homosexuels – un sentiment d’exclusion, de marginalisation et d’insécurité. Mais la création d’espaces de vulnérabilité émotionnelle et de soutien a néanmoins montré ce qu’il est possible de faire lorsque le pouvoir du sport est exploité et réimaginé de manière novatrice. 

Cet article a été initialement publié le 31 janvier 2024 dans The Conversation.


A propos de(s) l'auteur(s)

Michael Kehler est professeur de recherche à Werklund en études sur les masculinités à l’Université de Calgary. En tant que spécialiste des masculinités dans l’éducation, ses recherches se sont principalement concentrées sur l’intersection entre les garçons adolescents, les hommes et les pratiques contre-hétéronormatives dans les expériences quotidiennes à l’intérieur et à l’extérieur de l’école.  

Gabriel Knott-Fayle est chercheur postdoctoral en études des masculinités dans l’éducation à l’Université de Calgary, à la Werklund School of Education de l’Université de Calgary. Il a obtenu son doctorat en communication et médias et a effectué des recherches dans les domaines du genre, du sport, des médias, du cisgenrisme, des masculinités et du discours. 

The Conversation


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