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Dans le domaine du sport, certains athlètes sont actuellement moins performants que d’autres, mais finissent par exceller plus tard dans leur vie, tandis que d’autres, qui sont actuellement performants, finissent par l’être moins par la suite. En d’autres termes, les performances actuelles ne sont pas nécessairement un bon indicateur du potentiel sportif.  

C’est donc un défi majeur pour les recruteurs, qui sont chargés de repérer les jeunes talents et de prédire qui réussira à des niveaux de compétition plus élevés, d’identifier et de prédire les succès futurs en se basant uniquement sur les performances actuelles.  De nombreux athlètes performants n’ont pas été reconnus très tôt, mais ont fini par exceller et dépasser les attentes, ce qui fait d’eux des « dormants » dans la terminologie sportive. Bien que ce type de talent méconnu ait attiré l’attention des médias et de certains travaux théoriques, peu de recherches scientifiques ont été menées sur les « dormants ». 

Les acteurs et les paramètres  

Notre étude a porté sur 95 joueurs de hockey sur glace junior élite âgés de 15 ou 16 ans. Ils ont tous joué dans l’un des trois plus hauts niveaux possibles pour leur âge au Canada et étaient tous éligibles pour le repêchage annuel 2019 d’une ligue junior majeure au Canada. Parmi ce groupe, 70 joueurs ont été repêchés après le deuxième tour (37e ou plus tard). Trois ans plus tard, les recruteurs professionnels ont identifié 15 de ces joueurs comme des « dormants ».  Des tests ont été effectués sur les caractéristiques personnelles des joueurs, leur capacité à gérer leur apprentissage et leurs compétences spécifiques au hockey, telles que l’anticipation, la prise de décision et les mouvements oculaires lors du visionnage de séquences vidéo. Cette étude a été réalisée avec les Remparts de Québec. 

Aperçu des athlètes dormants  

Cette étude est la première à se concentrer sur les athlètes dormants, montrant qu’il est possible de les identifier en examinant l’autorégulation et les compétences perceptivo-cognitives. Comprendre les athlètes dormants peut aider les équipes à trouver des joueurs de valeur que les recruteurs risquent de négliger. Nous avons constaté que les athlètes dormants avaient de meilleures capacités de planification et des mouvements oculaires différents lorsqu’ils regardaient des vidéos. Ces caractéristiques nous ont permis d’identifier avec précision les joueurs dormants parmi ceux sélectionnés tardivement. 

Ces résultats donnent un aperçu de ces athlètes dormants très recherchés qui sont souvent ignorés par les recruteurs, mais qui défient les probabilités et apportent de la valeur aux équipes capables de les identifier. Nous avons émis l’hypothèse que les athlètes dormants auraient de meilleures capacités de réflexion, une meilleure prise de décision et des comportements de regard distincts lorsqu’ils regardent des clips vidéo, ce qui a été partiellement confirmé.  

Les résultats montrent qu’une combinaison de ces caractéristiques psychologiques a permis d’identifier avec succès les joueurs en sommeil parmi ceux qui ont été recrutés tardivement. Une combinaison de capacités de planification et de mouvements oculaires a permis d’identifier correctement 12 des 15 athlètes dormants, alors que seulement 8 des 55 autres joueurs recrutés tardivement ont été identifiés comme des dormants. Une analyse ultérieure a révélé que presque tous les joueurs dormants (14 sur 15) appartenaient à une sous-population de joueurs ayant des capacités d’autorégulation plus élevées. Ces résultats vont dans le sens d’autres études qui ont mis en évidence des différences dans les capacités d’autorégulation et les aptitudes perceptivo-cognitives entre des groupes d’athlètes. Cela suggère que les profils psychologiques des athlètes, même lorsqu’ils sont mesurés en 45 minutes, peuvent être un indicateur prometteur du potentiel lors de l’identification des futurs talents. 

Notre modèle prédictif a étonnamment bien réussi à identifier les joueurs dormants. De meilleures capacités de planification et des mouvements oculaires distincts (c’est-à-dire plus de zones d’intérêt fixées et moins de fixations) ont permis de prédire 40 % de la variance et de classer correctement près de 85 % des joueurs sélectionnés tardivement lorsque les athlètes dormants étaient identifiés par des recruteurs expérimentés. Ces résultats soutiennent l’idée que les caractéristiques psychologiques sont prometteuses pour l’identification des talents. Cela pourrait être encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’identifier des joueurs dormants, car les joueurs sélectionnés plus tard au repêchage sont souvent considérés comme étant physiquement et techniquement similaires, ce qui fait que les caractéristiques psychologiques sont l’un des rares moyens de différencier ces joueurs. 

Un résultat surprenant est que le mois de naissance n’affecte pas les joueurs dormants comme il le fait pour les autres joueurs. Cela suggère une surreprésentation des joueurs nés plus tard dans l’année de sélection dans le groupe des joueurs dormants. Habituellement, les entraîneurs privilégient les joueurs nés peu après la date limite, pensant qu’ils sont plus talentueux en raison de leur maturité physique. Mais parmi les athlètes dormants, le mois de naissance n’a pas beaucoup d’importance. Nous avons trouvé deux groupes parmi les joueurs sélectionnés tardivement, principalement en fonction de leurs capacités d’autorégulation. Cette approche s’est révélée étonnamment efficace pour identifier les joueurs dormants : le groupe ayant les meilleures capacités d’autorégulation comprenait une proportion beaucoup plus importante de joueurs dormants. 

Atouts et limites 

L’un des points forts de cette étude est l’utilisation d’une approche cognitive et quantitative pour évaluer le talent dans les sélections de hockey sur glace. Cependant, les résultats pourraient ne pas s’appliquer à d’autres contextes comme le hockey féminin ou les sélections pour la LNH à 18 ans. En outre, le développement des joueurs à 15 ans n’est pas achevé, de sorte que les caractéristiques de réussite peuvent évoluer au fil du temps. 

Conclusions 

Les principales conclusions de l’étude étaient que les caractéristiques psychologiques, en particulier le comportement du regard et les capacités d’autorégulation, permettaient de prédire une réussite élevée trois ans plus tard chez les joueurs de hockey sur glace recrutés tardivement. Cela suggère que les recruteurs pourraient utiliser des profils psychologiques pour faire de meilleures sélections, en particulier dans les derniers tours du repêchage. 

Les prochaines étapes seront les suivantes : 

  • l’établissement d’un lien entre les composantes psychologiques (données recueillies à un jeune âge) et les données des jeux plusieurs années plus tard (et éventuellement l’établissement d’un lien entre ces composantes et le succès à très long terme); 
  • un sondage sur la préférence latérale en hockey sur glace; 
  • une étude du développement de la latéralité en hockey sur glace; 
  • une étude sur l’expertise temporelle des joueurs de hockey sur glace. 

Remerciements pour le financement : Ce billet de blogue sappuie sur des recherches soutenues par le Conseil de recherches en sciences humaines et Sport Canada dans le cadre de lInitiative de recherche sur la participation sportive. 


A propos de(s) l'auteur(s)

Simon Grondin a commencé sa carrière à lUniversité Laurentienne, où il a travaillé pendant huit ans, avant de se joindre au corps professoral de lÉcole de psychologie de lUniversité Laval en 1996. Ses recherches portent sur le temps psychologique. Il a été rédacteur en chef de la Revue canadienne de psychologie expérimentale (2006 à 2009) et rédacteur en chef adjoint de Attention, Perception and Psychophysics (2006 à 2015) et de Canadian Psychology (2003 à 2006). En 2016, la Société québécoise pour la recherche en psychologie lui a décerné le prix Adrien-Pinard en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la recherche en psychologie. 


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