Introduction et contexte  

Les principales causes de décès évitables dans le monde (maladies chroniques) sont généralement dues à un manque d’activité physique régulière, ce qui peut entraîner des problèmes de santé et des problèmes financiers importants pour les individus et les communautés. De nombreuses municipalités s’efforcent de créer et de maintenir des environnements sains pour tous, ce qui nécessite une collaboration et une coordination avec diverses organisations.   

Le projet de recherche doctorale « Bougez-vous ? » vise à mieux comprendre comment les infrastructures publiques de loisirs et de sports sont planifiées, conçues et gérées dans la province de Québec. Un accent particulier est mis sur les accords de coordination entre la Ville de Montréal et sept organisations en vue d’explorer les moyens d’inspirer les gestionnaires du sport, les organisations publiques et les autorités municipales à encourager l’activité physique.   

Méthodes 

Cette recherche porte sur sept partenariats interorganisationnels entre la Ville de Montréal, ses quartiers et une instance civile, communautaire ou scolaire concernant la gestion et l’utilisation des infrastructures de loisirs et de sport. Treize entretiens avec les gestionnaires responsables de chaque entente de partenariat (de la Ville de Montréal et des partenaires) ont été réalisés, suivis d’une analyse de contenu afin d’identifier les facteurs influençant le succès et les limites du partenariat.   

Les résultats permettent d’identifier les multiples facteurs déterminant le succès de la gestion et de l’utilisation des partenariats étudiés, ainsi que les limites observées et d’autres éléments à considérer.   

Facteurs déterminants  

• La complémentarité des orientations des partenaires (en matière de service public et d’usagers)  
• La pertinence et le respect des missions, des besoins et des publics des deux partenaires (résultat de l’ouverture, de la compréhension mutuelle, de la vision partagée, de l’approche collaborative)  

• La volonté de travailler avec la communauté locale pour répondre aux besoins  
• L’engagement des acteurs et leur vision du partenariat, du service qu’ils offrent et de leur objectif principal  
• La qualité de la relation et son application (entre acteurs et entre organisations) basée sur la confiance, le respect, la réciprocité, la recherche de solutions gagnant-gagnant, la proximité, la fréquence des communications  
• L’accord (détaillé, simple, clair et défini dans le temps : 3 à 5 ans)  
• Les ajustements informels (indispensables au fonctionnement) 

Les facteurs limitants  

• Le manque de contrôle sur les terrains de sport et les bâtiments  
• Le manque de disponibilité des terrains de sport et les conflits d’horaires, en particulier aux heures populaires  
• Les ajustements concernant le nettoyage, l’entretien, les pannes et les rénovations  
• L’administration publique qui implique des exigences élevées, un traitement lent, la multiplication des accords.  
• La coordination entre les organismes municipaux et scolaires (par exemple, les missions, les publics, les espaces partagés)  
• L’entente (uniformisation maladroite, perte de sens et d’efficacité)  

Les facteurs complémentaires   

• Le contexte d’établissement ou de renouvellement de l’entente (déterminant)  
• La demande des groupes, des citoyens et de la communauté (déterminant)  
• La nature de l’entente (discutable : du partenariat au « mandat de partenariat » ou contrat)  
• Le discours sur les environnements sains (intégré)  

• La volonté de s’aligner sur les orientations municipales (affirmée)  
• La responsabilité sociale des organisations (affirmée)  

Ces résultats apportent des pistes de réflexion et d’action intéressantes aux chercheurs qui étudient les partenariats entre les organisations, et aux praticiens qui développent des partenariats entre les organisations. En tenant compte des facteurs précédents, les gestionnaires du sport peuvent maximiser la façon dont ils établissent leur partenariat avec d’autres organisations. Ainsi, ils peuvent intégrer les principes qui mènent à une application gagnante du partenariat et surtout à la promotion de la santé par l’activité physique. Par conséquent, la planification et la gestion des infrastructures publiques de loisirs et de sport peuvent être plus efficaces et mener à la création de communautés actives et saines qui offrent un accès à l’activité physique pour tous, indépendamment des conditions économiques, physiques, sociales et culturelles.  

Points forts et limites  

Les points forts de cette recherche sont les suivants :  

• La multiplicité et la variété des partenariats étudiés  
• La possibilité d’accéder à la documentation interne et aux gestionnaires de plusieurs organisations  
• L’analyse croisée des documents et des discours des gestionnaires  
• L’approche exploratoire, interdisciplinaire et qualitative qui a permis une meilleure compréhension  

Les limites de cette recherche sont les suivantes :  

• Les données ont été recueillies pendant la période de la Covid-19 et peuvent avoir été perturbées en raison des effets sur le partenariat entre certaines organisations.  
• Le champ, limité aux organisations montréalaises  
• Le type de partenariat, entre une administration municipale et des organisations civiles, communautaires ou scolaires  
• L’échantillon qui ne comprend qu’un gestionnaire de chaque organisation et le fait qu’un intervieweur a refusé de participer (en raison de sa charge de travail) et qu’un autre n’avait que quelques mois d’expérience avec l’entente au moment de l’entretien 
• Seul le secteur administratif a été interrogé  

Conclusions et prochaines étapes  

L’amélioration de la santé par la promotion de l’activité physique nécessite l’engagement des parties intéressées pour aider les Canadiennes et Canadiens à être plus actifs physiquement. Les partenariats axés sur la construction et l’utilisation d’installations sportives jouent un rôle crucial, allant au-delà des documents officiels, pour se concentrer sur les relations et la coordination entre les organisations et leurs gestionnaires humains. Cette approche holistique est essentielle au succès à long terme de la promotion de la santé par l’activité physique.   

Remerciements: Ce blogue s’appuie sur des recherches soutenues par le Conseil de recherches en sciences humaines et Sport Canada dans le cadre de l’Initiative de recherche sur la participation au sport.

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A propos de(s) l'auteur(s)

Benjamin Branget est doctorant interdisciplinaire en aménagement à l’Université de Montréal. Sa thèse porte sur l’aménagement du territoire et la gestion des équipements sportifs et de loisirs ainsi que sur la promotion de la santé par l’activité physique. Parallèlement, il enseigne comme chargé de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières (département d’études en loisir, culture et tourisme), offre régulièrement des formations et des conférences et accompagne les municipalités canadiennes et les organismes de loisir et de sport dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs politiques locales. 

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