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Les expériences positives, telles que l’appartenance et la maîtrise du sport et de l’exercice, ont un impact plus important sur le bien-être des adultes souffrant d’un handicap physique que le temps qu’ils consacrent au sport. Cette étude souligne l’importance de créer des environnements inclusifs et engageants et de prendre en compte les facteurs sociaux et environnementaux pour améliorer le bien-être global de cette population

Les femmes sont souvent sous-représentées dans les rôles de direction dans le sport. Il est donc nécessaire de renforcer les capacités organisationnelles des dirigeantes. Les chercheurs suggèrent que les meilleures pratiques pour les organisations comprennent la création d’activités familiales qui encouragent les femmes à s’impliquer davantage dans l’organisation et le partenariat avec des organisations externes pour attirer de nouvelles femmes et de nouvelles filles.

Afin de mieux comprendre l’appartenance au sport chez les personnes ayant un handicap intellectuel, l’équipe Sport et appartenance a rencontré vingt athlètes des Jeux olympiques spéciaux et a identifié trois thèmes abordés par les athlètes : (1) le soutien des alliés, (2) l’appartenance à l’équipe et (3) la possibilité de découvrir et de développer des intérêts.

Les sports organisés peuvent être un moyen puissant de favoriser les sentiments d’appartenance des populations marginalisées, telles que les personnes souffrant de déficiences intellectuelles.

Saviez-vous que les encouragements aux coureurs ne se limitent pas à des mots ? Les recherches révèlent que les coureurs apprécient le soutien pédagogique et motivationnel, mais que son efficacité dépend de facteurs tels que l’état de santé du coureur et la précision des informations sur le parcours. Si le soutien est généralement encourageant, il peut aussi créer de la pression. Les experts suggèrent d’utiliser l’approche IMPACT” (Instructional, Motivational, Personalized, Authentic, Confidence-building, and Tailored), et d’ajouter de l’authenticité, de l’empathie et des nuances sans jugement pour rendre l’encouragement encore plus efficace.

En termes simples, la cohésion de groupe est “la colle qui aide les coéquipiers à rester ensemble”. La cohésion est importante non seulement pour les sports de groupe, mais aussi pour les sports individuels. Pour aider les équipes à devenir plus soudées, les entraîneurs, les psychologues du sport et les athlètes peuvent utiliser des activités de renforcement de l’esprit d’équipe. Ces activités peuvent inclure des jeux avec les coéquipiers, de problèmes que l’équipe doit résoudre ensemble ou des activités qui impliquent le partage de sentiments ou d’idées avec les coéquipiers.

Championnats de natation U SPORTS 2020 au Saanich Commonwealth Place, Victoria, BC, février 2020 (Photo : U SPORTS)

Si l’on considère les 50 dernières années de sport féminin au Canada, il est étonnant de constater à quel point nous avons progressé pour assurer l’équité, la stabilité et les possibilités dans le sport. Ce n’est pas nécessairement le cas dans tous les aspects du sport, mais certainement dans beaucoup d’entre eux. 

Par exemple, il y a 50 ans, le soccer féminin était quasiment inexistant au Canada, même si l’on pouvait observer des signes d’un intérêt croissant chez les enfants et les jeunes (Hall, 2004). Des équipes de filles ont commencé à se former à la fin des années 1960, ce qui a eu pour effet immédiat d’attirer les mères qui ont par la suite développé un intérêt pour le jeu en devenant responsables d’équipes et gestionnaires de ligues. Tout au long des années 1970 et 1980, les occasions pour les filles de jouer au soccer ont continué à proliférer au Canada. 

À l’été 2023, le Canada a participé pour la huitième fois à la Coupe du monde féminine de la FIFA. Cette participation fait suite à la médaille d’or remportée par l’équipe nationale féminine canadienne aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. En 2022, Canada Soccer a indiqué que sur 575 768 jeunes joueurs dans le pays, 38 % étaient des femmes. De nos jours, le soccer demeure le sport qui connaît la plus forte croissance chez les jeunes Canadiens (Canada Soccer, 2022).  

La croissance phénoménale du soccer féminin au Canada n’est qu’un exemple de l’évolution significative du sport féminin au cours des cinq dernières décennies. 

Il n’est pas possible de couvrir tous les aspects du sport féminin entre 1973 et 2023 dans ce court article. J’ai plutôt choisi d’examiner des thèmes qui sont importants et qui requièrent encore notre attention et notre diligence, à savoir le féminisme, le leadership, le sport professionnel et, enfin, le sport sécuritaire et inclusif. D’autres auraient pu choisir des sujets différents. 

Le féminisme et les femmes dans le sport 

Quel a été le rôle du féminisme, défini au sens large comme la croyance en la pleine égalité sociale, économique et politique des femmes, à stimuler le changement dans le sport féminin canadien au cours des 50 dernières années ? Bien que le féminisme de la deuxième vague soit apparu au Canada dans les années 1960, il n’a pas eu d’impact significatif sur le sport avant les années 1970, lorsqu’il est devenu évident que si les femmes n’agissaient pas, elles seraient régulièrement mises à l’écart.  

Membres fondateurs de l’Association canadienne pour l’avancement des femmes et du sport (ACAFS), 1981 (Photo : ACAFS, aujourd’hui appelée Association canadienne Femmes et Sport)

De plus, d’un point de vue féministe, le monde du sport était souvent considéré comme masculin, compétitif et non essentiel à l’effort général d’amélioration du statut des femmes au Canada. La situation a changé en 1981 avec la création de l’Association canadienne pour l’avancement des femmes et du sport (ACAFS), qui offre un espace féministe et sécuritaire pour aborder des sujets controversés et difficiles, comme l’homophobie dans le sport féminin. L’établissement du programme du gouvernement fédéral pour les femmes dans le domaine de la condition physique et du sport amateur a également joué un rôle important. Pour en savoir plus à ce propos, voir Demers, Greaves, Kirby, & Lay, 2014. 

Plus de 50 ans après l’entrée du féminisme de la deuxième vague dans la conscience canadienne, il y a lieu de se poser la question suivante : le féminisme est-il encore un facteur déterminant pour faire évoluer le système sportif ? 

L’ACAFS, par exemple, a changé de nom en 2020 pour devenir Femmes et Sport au Canada, et utilise le plus souvent l’expression “égalité des sexes” dans sa politique et son matériel promotionnel. Au cours des dernières années, plusieurs études parlementaires et gouvernementales ont été réalisées et ont donné lieu à des rapports concernant les femmes et les filles canadiennes dans le sport. Il s’agit notamment du rapport du gouvernement du Canada intitulé Mobilisation active : Politique concernant le sport pour les femmes et les filles (2009) et le rapport sur les femmes et les filles dans le sport du Comité permanent du patrimoine canadien (2017). 

Le rapport le plus complet, publié en 2018, est le résultat du Groupe de travail du Comité fédéral-provincial/territorial du sport (CFPTS) sur les femmes et les filles dans le sport. Il présente une série de résultats et de mesures de responsabilisation qui, si elles sont respectées, devraient aboutir à ce que “toutes les femmes et les filles sont représentées, reconnues et servies de façon égale et équitable dans tous les aspects du sport canadien” (Groupe de travail du CFPTS sur les femmes et les filles dans le sport, 2018, p. 14). 

Ces études et rapports fournissent une multitude d’informations utiles, notamment sur la manière de faire évoluer le sport pour les filles et les femmes. Cependant, il n’est pas évident de savoir qui s’assure que les recommandations sont suivies et appliquées. 

Les femmes dans le leadership sportif

Au-delà de la participation, les femmes ont progressé en matière de leadership au sein du secteur sportif canadien. L’impact des dirigeantes a joué un rôle essentiel dans la promotion de l’égalité des sexes dans la gouvernance du sport. 

Depuis 1961, le Canada a connu 34 ministres fédéraux responsables du sport et de l’activité physique, dont 10 femmes, et la moitié d’entre elles ont été nommées au cours des 16 dernières années. 

Les dernières statistiques sur le leadership dans les organismes de sport financés par le gouvernement fédéral au Canada sont encourageantes. Un aperçu des organismes nationaux de sport (ONS), des organismes de services multisports (OSM) et des instituts canadiens du sport (ICS), soit 90 organismes au total, a montré que les femmes représentaient 41 % des membres des conseils d’administration, 38 % siègent en tant que présidente d’un conseil d’administration et 47 % occupent un poste de PDG. Les OSM comptent le plus haut pourcentage de présidentes-directrices générales (62 %) alors que les ICS comptent le plus bas pourcentage (29 %) (Femmes et sport au Canada, 2022).  

Des statistiques similaires datant du début des années 1980 montraient que les femmes représentaient environ un tiers du secteur sportif bénévole et seulement 26 % du secteur professionnel (direction générale, direction technique, coordination de programmes et entrainement au niveau national). Il y avait plus de femmes impliquées dans les OSM au niveau professionnel (47 %), mais elles ne représentaient que 18 % du secteur bénévole (Hall & Richardson, 1982, p. 63). Par conséquent, au cours des 40 dernières années, des progrès considérables ont été réalisés, mais il reste encore du chemin à parcourir pour parvenir à l’équité entre les sexes. 

Deux femmes participant à un combat de lutte (Photo : U SPORTS)

En ce qui concerne les femmes entraîneurs, en particulier au niveau national, la situation n’est pas aussi prometteuse. Par exemple, sur les 131 entraîneurs canadiens présents aux Jeux olympiques d’été de 2020 à Tokyo, environ 18 % étaient des femmes, ce qui représente une baisse par rapport aux 20 % des Jeux olympiques d’été de Rio quatre ans plus tôt. Par ailleurs, 47 % des entraîneures paralympiques à Tokyo étaient des femmes. Il y a quarante ans, 60 % des femmes jouant dans une équipe universitaire canadienne étaient entraînées par un homme (Hall & Richardson, 1982, p. 62). Aujourd’hui encore, la plupart des entraîneurs universitaires sont des hommes, à l’exception des entraîneurs adjoints dans les équipes sportives féminines, des postes occupés majoritairement par des femmes (Finn, 2022). 

D’autres interventions sont nécessaires, comme l’Alberta Women in Sport Leadership Impact Program [Programme d’impact sur le leadership des femmes dans le sport en Alberta], en créant des possibilités équitables d’entraînement et de leadership (Culver, Kraft, Din et Cayer, 2019). Alors que les femmes continuent d’apporter des contributions exceptionnelles au secteur du sport au Canada, elles demeurent largement sous-représentées dans le domaine de l’entraînement. Toutefois, certains organismes comme l’Association canadienne des entraîneurs (ACE) s’efforcent d’aider un plus grand nombre de femmes à œuvrer dans ce domaine à tous les niveaux du sport par l’entremise de programmes de mentorat. 

Le sport professionnel féminin 

Il y a 50 ans, pour les femmes, les possibilités de décrocher un emploi rémunéré permanent et de faire carrière dans le sport étaient quasiment inexistantes. Le golf, le tennis et le patinage artistique étaient au mieux saisonniers, tandis que des sports comme le marathon, le roller derby et la course automobile offraient des possibilités limitées et semi-professionnelles. De plus, il y avait peu de possibilités pour les athlètes féminines de gagner de l’argent par le biais de parrainage et d’entreprises commerciales. En 1998, une étude parlementaire sur le sport au Canada, qui comportait une section importante sur le sport professionnel, ne mentionnait pas les femmes (Chambre des communes, 1998). En d’autres termes, le sport professionnel féminin était considéré comme sans importance.  

Bien qu’il ne soit toujours pas possible aujourd’hui pour la plupart des athlètes professionnelles canadiennes, à l’exception du tennis, du golf et peut-être du patinage artistique, de gagner leur vie exclusivement grâce à leur sport, des signes encourageants indiquent que cette situation va changer. En particulier dans les sports d’équipe comme le hockey sur glace et le soccer. 

Même si une étude récente soutient que le marché actuel du sport professionnel féminin au Canada est limité par le manque d’accès à des propriétés sportives professionnelles durables comme les ligues, les associations ou les équipes, cette situation change lentement (Femmes et sport au Canada, 2023). Par exemple, une nouvelle ligue professionnelle nord-américaine de hockey sur glace devrait voir le jour en janvier 2024, et l’on espère qu’une ligue professionnelle canadienne de soccer féminin verra le jour d’ici 2025. Canadian Tire a également annoncé une nouvelle initiative de plusieurs millions de dollars en faveur du sport féminin, réservant un minimum de 50 % de son budget de parrainage au sport féminin d’ici à 2026.  

Des événements plus médiatisés mettant en vedette des athlètes féminines professionnelles ont également contribué à l’essor du sport féminin. Par exemple, le 23 mai 2023, les équipes Chicago Sky et Minnesota Lynx de la Women’s National Basketball Association (WNBA) ont disputé le tout premier match d’exhibition de la WNBA au Canada, au Scotiabank Arena de Toronto. Ce match a fait salle comble et a suscité des discussions enthousiastes sur l’expansion de la WNBA à Toronto. 

Une semaine auparavant, également à Toronto, le sommet espnW, organisé par Canadian Tire, a rassemblé des “leaders de l’industrie, des influenceurs et des perturbateurs” du monde entier pour une session immersive d’une journée visant à repousser les limites, à susciter l’action et à provoquer le changement. Cette journée, à laquelle ont participé presque exclusivement des femmes, a été l’occasion d’une discussion et d’une réflexion intéressantes sur les progrès et les possibilités pour les femmes dans le sport, le leadership et les affaires (espnW Summit Canada, 2023). L’accent a également été mis sur le potentiel du sport d’équipe professionnel féminin au Canada. 

Bien que ces investissements soient encourageants et nécessaires, la couverture médiatique sous ses diverses formes est également essentielle au développement et à la croissance continus du sport professionnel féminin au Canada. Bien que la situation se soit améliorée au cours des 50 dernières années grâce au hockey et au soccer féminins, il existe toujours un déséquilibre important entre la couverture médiatique des sports masculins et celle des sports féminins. 

Un sport sécuritaire et inclusif 

Au début des années 1980, l’attitude à l’égard des abus sexuels dans les institutions sociales canadiennes est passée du silence à l’examen minutieux, à la réconciliation et à la punition, ce qui a encouragé les chercheurs à étudier le problème dans le sport et les journalistes à dresser le profil des cas et des incidents connus, en particulier dans le sport féminin (voir, par exemple, Kirby, Greaves et Hankivsky, 2000, et Robinson, 2002). 

Deux femmes en compétition de basket-ball en fauteuil roulant (Photo : Basket-ball en fauteuil roulant Canada)

En 1996, tous les ONS bénéficiant d’un financement fédéral étaient tenus d’élaborer une politique en matière de harcèlement, de traiter les plaintes et de présenter un rapport annuel à Sport Canada comme condition de leur financement. Cependant, 20 ans plus tard, il est apparu clairement que cette politique d’autocontrôle ne fonctionnait pas. En 2022, cette situation a suscité une nouvelle vague d’activisme de la part des athlètes qui a abouti à la création du Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport chargé d’administrer le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport. 

Seul le temps nous dira si ces nouveaux mécanismes sont suffisants pour mettre fin aux abus. Au fond, et comme l’a dit un chercheur : “Le mouvement pour un sport sans danger vise à optimiser l’expérience sportive pour tous — athlètes, entraîneurs, gestionnaires sportifs, officiels, personnel de soutien et autres personnes présentes dans l’environnement sportif (Kerr, 2021).

Non seulement le sport doit être sécuritaire, mais il doit aussi être inclusif.  

Selon les données du dernier recensement, plus de la moitié de la population canadienne (50,9 %) s’identifie en tant que femme. Un Canadien sur quatre s’identifie comme PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur) et 1,7 million d’entre eux s’identifient comme autochtones. De plus, selon les différentes sources de données, entre 3 % et 13 % des Canadiennes et Canadiens s’identifient comme LGBTABI (lesbienne, gai, bisexuel, transsexuel, allosexuel, bispirituel, intersexué).  

La population canadienne d’aujourd’hui, comparée à celle d’il y a 50 ans, comprend des individus plus diversifiés avec des identités intersectionnelles. En réalité, les personnes à faible revenu et racialisées, les minorités ethniques et religieuses, les nouveaux arrivants, les minorités sexuelles et les jeunes en situation de handicap sont ceux qui s’impliquent le moins dans le sport ou qui y prennent le moins de plaisir. Cela est particulièrement vrai pour les adolescentes (Pegoraro & Moore, 2022 ; Hagger & Giles, 2022). La diversité, l’équité et l’inclusion dans le sport canadien signifient que tous les individus doivent être traités avec dignité et respect, et que chacun a un accès égal aux possibilités et aux ressources. 

Conclusion  

D’ici 2035, le gouvernement du Canada s’est engagé à réaliser l’égalité des sexes dans le sport canadien à tous les niveaux. À mon avis, il est peu probable que cela se produise sans un effort de collaboration entre les gouvernements et les organisations qui se consacrent à l’amélioration du sport féminin. Par exemple, l’Association Canadienne Femmes et Sport s’associe à des organismes sportifs, à des gouvernements et à des dirigeants pour améliorer le sport grâce à l’égalité des sexes. Sa vision est de créer un système Canadien de sport et d’activité physique équitable et inclusif qui donne du pouvoir aux filles et aux femmes – en tant que participantes actives et dirigeantes – dans et par le sport. Il reste à voir si, dans un peu plus d’une décennie, l’égalité des sexes aura été atteinte dans le sport Canadien.

Compétition de poussée à la perche pour les ‘filles’ lors des compétitions des Jeux des Dénés, Jeux d’hiver de l’Arctique 2010, Grande Prairie Alberta, mars 2010 (Photo : Michael Heine)

Imaginez à quoi ressemblerait le sport au Canada si les peuples autochtones et leurs cultures n’avaient pas été colonisés. Imaginez comment les Canadiennes et Canadiens pourraient comprendre leur identité et leur relation avec les autres si les sports et les jeux autochtones faisaient partie de leur vie quotidienne. Imaginez les valeurs et les croyances que les sports et les jeux autochtones pourraient enseigner aux Canadiennes et Canadiens d’aujourd’hui. Malheureusement, ces questions qui inversent l’histoire sont hypothétiques, car le colonialisme, et le peuplement colonialiste qui a suivi, ont causé de graves dommages aux cultures autochtones.

Korpreno Tom ou Sealing Tom utilisant un harpon (Photo : Benjamin W. Leeson)

Les 19ème et 20ème siècles ont été extrêmement difficiles pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada. Pendant cette période, ils ont dû faire la difficile transition entre leur mode de vie ancré dans la terre vers la vie dans des réserves et des établissements qui manquaient de ressources. Ils ont dû lutter contre la maladie et la famine. Nombre d’entre eux ont vu leurs enfants être envoyés au loin dans des pensionnats, où ils recevaient une éducation médiocre. Ou encore, dans le cadre du Sixties Scoop, leurs enfants ont été arrachés à leur foyer et placés dans des familles blanches pour ne plus jamais être revus. Presque tous les autochtones ont dû faire face à la perte de leur langue, de leur culture et de leur identité, en plus de la pauvreté et d’une mauvaise santé mentale et physique, ce qui a donné lieu à un phénomène appelé “le traumatisme intergénérationnel” (également appelé traumatisme transgénérationnel ou traumatisme historique), que les peuples autochtones tentent encore de surmonter.

L’État a utilisé les sports eurocanadiens à la fois pour accélérer le processus d’assimilation des autochtones et pour le mener à bien. Les dirigeants du gouvernement et de l’Église, ainsi que les réformateurs blancs de la classe moyenne qui ont mené le développement du système sportif naissant du Canada, étaient largement convaincus que leur version du sport contribuerait à civiliser les masses et à produire une population laborieuse et patriotique. Ils pensaient que leurs sports étaient particulièrement efficaces pour socialiser les peuples autochtones dans la culture canadienne, car, dans leur imagination raciste, les peuples autochtones étaient biologiquement et ‘naturellement’ de bons athlètes qui accepteraient volontiers les nouvelles formes de sport et, ce faisant, abandonneraient volontiers leurs traditions, comme si les pratiques physiques des autochtones étaient des passe-temps et non le tissu conjonctif profond qui soutenait leurs modes de vie et leurs liens avec la terre. Le gouvernement a même officialisé ce dogme lorsqu’en 1884, il a promulgué la loi Potlatch en vertu de l’article 141 de la loi sur les Indiens, une loi fédérale qui régit (encore) toutes les questions relatives au statut des Indiens, aux bandes et aux réserves au Canada.

Le potlatch, un festin où l’on offre des cadeaux et qui était traditionnellement utilisé pour marquer diverses étapes et occasions importantes dans les tribus et les coutumes de la côte ouest, ainsi que pour célébrer la vie, a d’abord été interdit ; il constituait un élément essentiel des cultures autochtones de la côte ouest. D’autres pratiques cérémonielles, comme les danses du soleil qui étaient au cœur des cultures autochtones des prairies, ont rapidement été ajoutées à la liste. Pour combler le vide, le gouvernement a encouragé les peuples autochtones à pratiquer des sports eurocanadiens. C’est alors qu’apparaissent les “Journées sportives indiennes” dans les réserves ; elles sont généralement organisées en même temps que les fêtes nationales et les célébrations du jour du traité, afin de renforcer le lien entre sport et patriotisme. En d’autres termes, d’un point de vue étatiste, faire participer les peuples autochtones aux sports eurocanadiens était important pour la répression et le remplacement culturels.

Exercices en plein air à l’école indienne de Mission sous la direction des instructeurs provinciaux de loisirs, déc. 1945 (Photo : Jack Long)

Les peuples autochtones ont pratiqué le sport et nombre d’entre eux, en particulier les garçons et les hommes (qui ont eu plus d’occasions de jouer et de participer à des compétitions), ont réussi en dépit des obstacles difficiles à surmonter. La longue liste de noms qui composent les prix Tom Longboat, créés en 1951, est un rappel évident de leur présence constante et de leurs réalisations dans le sport canadien. En même temps, l’histoire des Prix Tom Longboat montre à quel point les choses ont changé pour les peuples autochtones dans le sport. Le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire du ministère des Affaires indiennes, a créé les prix pour stimuler l’assimilation en récompensant les athlètes qui excellaient dans les sports eurocanadiens. Mais au début des années 1970, alors que les peuples autochtones commençaient à exercer plus largement leur autodétermination, ils ont voulu contrôler davantage les prix afin de promouvoir leurs propres messages sur l’intégration.

La lettre de mise en candidature de Doug Skead de la nation Wauzhushk Onigum (anciennement Rat Portage Band, près de Kenora, en Ontario), qui allait être nommé lauréat du Prix national 1971, en est un bon exemple. Son auteur, Peter Kelly, écrivant au nom du Grand Council Treaty No 3, l’organisation politique représentant les intérêts du Traité 3 dans le nord-ouest de l’Ontario et l’est du Manitoba, décrit Skead comme un modèle pour son peuple, non pas parce qu’il s’était acculturé comme l’espérait l’État, mais parce qu’il représentait “l’Indien qui restera toujours invaincu”, utilisant ainsi une référence sportive commune pour faire une déclaration forte sur ce que “invaincu” signifiait pour eux. Kelly a expliqué que Skead avait traversé “l’époque démoralisante des pensionnats, la dure vie de trappeur, de guide et de coupeur de bois, et les expériences destructrices de l’alcool, pour devenir le directeur de la société de sa bande et le capitaine de l’équipe de hockey qu’il avait cofondée 20 ans plus tôt.” Lorsqu’un journaliste lui a demandé quel conseil il donnerait aux jeunes, Skead, âgé de 41 ans, a répondu “s’accrocher à leur culture et parler leur langue maternelle” (cité dans Forsyth, 2020).

Le sport autochtone s’est considérablement développé depuis les années 1970. Il y a aujourd’hui plus d’événements réservés aux autochtones et plus de reconnaissance et de soutien pour le sport autochtone et la participation autochtone au sport que jamais auparavant. Les Jeux autochtones d’Amérique du Nord (JAAN) témoignent de cette croissance. Organisés pour la première fois en 1990 à Edmonton (Alberta), les JAAN ont opéré pendant de nombreuses années avec un budget serré et des difficultés administratives. S’ils ont survécu à ces premières années, c’est surtout grâce aux dirigeants autochtones qui voulaient donner à leurs jeunes l’occasion de faire l’expérience de la compétition dans un environnement respectueux de leur culture. Plus de 30 ans plus tard, les JAAN sont devenus le plus grand rassemblement multisports pour la jeunesse autochtone sur le continent, ainsi qu’un élément institutionnalisé du système sportif canadien, soutenu par les trois niveaux de gouvernement et les grandes entreprises. Comme pour tout système, il reste d’importants défis à relever, ce qui signifie que les dirigeants sportifs et gouvernementaux doivent rester attentifs aux facteurs plus larges qui façonnent le sport autochtone au Canada.

Voici deux avancées majeures, ainsi que les défis qu’elles continuent de poser, qui se sont produites au cours des 50 dernières années :

1) Renforcer le système sportif autochtone

Au Canada, il existe un système sportif autochtone qui est distinct du système sportif dominant, mais qui y est lié. Le terme “conventionnel” fait référence au système sportif traditionnel eurocanadien ou dominant au Canada, composé d’organismes sportifs nationaux, provinciaux et territoriaux et communautaires. La relation entre les deux peut être visualisée comme une ‘double hélice’. Tout comme la structure physique de l’ADN est composée de deux brins indépendants qui sont soutenus par des liens transversaux formant une forme d’échelle, le sport canadien est composé d’un système sportif autochtone et d’un système sportif dominant qui se connectent à des points pertinents, créant des possibilités pour chaque système de bénéficier l’un de l’autre et résultant en une échelle plus solide. Même si le système sportif autochtone est en place depuis plus d’un demi-siècle, il reste généralement mal connu, ce qui rend plus difficile pour les dirigeants sportifs autochtones d’obtenir les ressources dont ils ont besoin pour servir leurs peuples et leurs communautés, ainsi que de soutenir les partenaires du système sportif général dans leurs efforts pour mieux répondre aux besoins et aux intérêts des Autochtones.

Le système sportif autochtone, en tant que système distinct doté de corps administratifs, de règles et de manifestations, est apparu au début des années 1970, lorsque Condition physique et sport amateur, le précurseur de Sport Canada, cherchait à accroître le taux de participation des Canadiennes et Canadiens ‘défavorisés’ aux sports organisés et a identifié les autochtones comme un groupe nécessitant une attention particulière. C’est ainsi qu’est né le Programme d’activités sportives et récréatives pour les Autochtones, créé pour accroître les possibilités de sport et de loisirs pour les Autochtones dans les réserves et en dehors de celles-ci. De 1972 à 1981, le programme a prospéré grâce aux organisateurs autochtones qui, dans tout le pays, ont coordonné des activités locales, régionales et nationales dans le cadre d’un large éventail de manifestations visant à résoudre des problèmes communautaires urgents découlant du colonialisme, telles que les taux alarmants de suicide, la toxicomanie, les taux élevés d’abandon scolaire et la violence au sein des familles. Bien que le programme ait prospéré, il a été interrompu en mars 1981 lorsque le gouvernement fédéral a modifié ses priorités, passant de la participation de masse au développement du sport d’élite.

L’accent étant désormais mis sur les résultats compétitifs, les examinateurs du Programme de sport et de loisirs autochtones ont conclu que la gamme d’activités encouragées par les organisateurs autochtones comme les activités ‘culturelles’ par opposition aux sports organisés, dépassait la portée des initiatives que le financement était censé soutenir et que les programmes élaborés par les organisateurs autochtones ne produiraient pas les résultats de haute performance souhaités par le gouvernement fédéral. Cependant, à cette époque, des organisations sportives autochtones ont été créées dans chaque province et territoire, avec pour mandat de développer des activités dans leur région. Ces organismes sont les précurseurs des organismes provinciaux et territoriaux de sport autochtone (OPSA) qui constituent aujourd’hui les membres du Cercle sportif autochtone (CSA), la voix nationale du sport autochtone au Canada.

Aujourd’hui, le déséquilibre des pouvoirs et l’accès inégal aux ressources, aux connaissances et aux capacités entre le système sportif autochtone et le système sportif conventionnel ont été partiellement corrigés en ce sens que les OPSA et le CSA bénéficient d’un soutien plus cohérent qu’auparavant. Pour renforcer le système sportif autochtone, les gouvernements et les autres bailleurs de fonds devront adapter la façon dont ils soutiennent le sport autochtone en proposant des accords pluriannuels afin de mettre fin au cycle annuel d’incertitude, et favoriser la collaboration entre les administrations publiques, comme le sport, l’éducation et la santé, pour qu’un plus grand nombre de peuples autochtones puissent utiliser le sport pour s’attaquer aux enjeux critiques auxquels ils sont confrontés.

2) Revitaliser les sports traditionnels autochtones

Tom Longboat (1887-1949), coureur canadien, à côté de trophées, le 22 avril 1907. Longboat était l’un des meilleurs marathoniens du monde pendant la décennie qui a précédé la Première Guerre mondiale (Photo : Charles A. Aylett, Bibliothèque et Archives Canada, C-014090.)

Avant l’arrivée des Européens, les peuples autochtones avaient leurs propres sports et jeux. Leurs activités, enracinées dans leur mode de vie, leur spiritualité et leur vision de l’univers, étaient parfaitement adaptées à la vie sur la terre. Il est difficile de dire combien de sports et de jeux autochtones existaient avant l’arrivée des Européens. Chaque nation, communauté et famille autochtone devait avoir ses propres pratiques, dont certaines étaient partagées entre les groupes et les régions, alors qu’ils voyageaient d’un endroit à l’autre, rencontrant, saluant, négociant et s’engageant dans des compétitions et des cérémonies avec d’autres peuples autochtones.

Les statistiques linguistiques actuelles donnent une indication de la diversité des pratiques culturelles physiques autochtones. Sur la base des données de l’enquête de 2021, Statistique Canada a indiqué que plus de 70 langues autochtones sont encore parlées au Canada, bien que ce nombre diminue à un rythme inquiétant, avec 4,5 % de moins de personnes autochtones déclarant pouvoir tenir une conversation dans une langue autochtone et 7,1 % de moins de personnes autochtones déclarant qu’une langue autochtone est la première langue qu’elles ont apprise à la maison (en baisse par rapport aux données de 2016). Ces statistiques sont d’autant plus inquiétantes que l’UNESCO a estimé en 2010 que toutes les langues autochtones du Canada étaient en danger, ce qui a incité le gouvernement fédéral à créer la Loi sur les langues autochtones en 2019 pour les préserver, les promouvoir et les revitaliser. Le nombre de langues encore utilisées aujourd’hui est important, car il indique le nombre de nations autochtones différentes encore présentes et leur détermination à maintenir leur langue en vie. Chaque nation aurait également pratiqué sa propre collection de sports et de jeux, ce qui signifie que la culture physique autochtone avant la colonisation, tout comme les langues autochtones, aurait été extrêmement riche et variée.

Bien que le colonialisme ait fait disparaître une grande partie de la culture physique autochtone, certains éléments de cette culture sont encore visibles aujourd’hui. Le jeu de crosse des Haudenosaunee (Mohawk) en est un exemple. Si la plupart des non Haudenosaunee connaissent la version compétitive, le jeu dont le Montréalais William George Beers s’est approprié dans la seconde moitié des années 1800 (et qu’il a ensuite interdit aux ligues), peu de gens savent que les formes traditionnelles de crosse sont encore pratiquées pour des raisons cérémonielles au niveau de la communauté. Pour les Haudenosaunee, la crosse n’a jamais été un simple sport.

Les jeux des Inuits et des Dénés du Grand Nord en sont un autre exemple. Ils s’inquiétaient de voir leurs jeunes perdre leur sens de l’identité, qui était enraciné dans la terre. Comme ils ne dépendaient plus de la terre pour assurer leur subsistance, ils ont transformé leurs sports et leurs jeux en compétitions modernes pour rappeler à leurs jeunes qui ils sont et leur inculquer la fierté de leur culture. Les Jeux inuits et dénés, qui font désormais partie des Jeux d’hiver de l’Arctique, sont un élément institutionnalisé du système sportif canadien.

Les jeux et sports traditionnels autochtones constituent toujours un élément essentiel de la transmission de la culture autochtone, bien qu’ils soient eux aussi en voie de disparition, peut-être même plus que les langues autochtones. Mais contrairement aux langues autochtones, il n’existe pas de statistiques permettant de savoir combien d’Autochtones pratiquent leurs sports et leurs jeux aujourd’hui, où ils ont appris à les pratiquer (à la maison, à l’école ou lors d’un rassemblement communautaire), à quelle fréquence ils jouent ou participent à des compétitions, ou pourquoi ils le font. Le manque d’informations favorise le peuplement colonialiste, qui consiste à expulser les peuples autochtones de leurs terres en effaçant leurs cultures et leurs identités. Bien que les peuples autochtones du Canada travaillent dur pour maintenir leur culture en vie, il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne leurs jeux et sports traditionnels.

Le Canada est depuis longtemps un chef de file dans le domaine du sport et des loisirs pour les personnes handicapées, et il est stupéfiant de constater les contributions apportées au cours du siècle dernier. Ces contributions se retrouvent dans tous les aspects du sport pour les personnes handicapées, y compris pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, un handicap moteur ou une surdité. Mais pour les besoins de cet article, l’accent sera mis sur les premiers programmes axés sur les handicaps moteurs et principalement sur les personnes souffrant de lésions de la moelle épinière (LME).

L’histoire de l’activité physique adaptée au Canada remonte à 1918, lorsque Tait McKenzie et James Naismith ont publié “Reclaiming the Maimed” (Legg, 2000). Des années plus tard, et parallèlement à de nombreux pays, le sport pour les personnes atteintes d’une LME a commencé sérieusement après la Seconde Guerre mondiale. Cela était dû à un afflux important de personnes souffrant de LME à la suite de la guerre, et à des changements dans la pratique médicale qui ont permis aux personnes vivant avec des LME d’avoir une espérance de vie beaucoup plus longue.

À peu près à la même époque, la reconnaissance croissante de l’importance du sport et des loisirs pour une meilleure qualité de vie et sa capacité à agir comme catalyseur pour d’autres objectifs sociaux ont contribué au développement de nouveaux programmes offerts dans les hôpitaux de réadaptation et à la création de clubs de sport en fauteuil roulant.

Le premier exemple de programme de sport de réadaptation au Canada a été enregistré à la fin des années 1940 à l’hôpital de réadaptation Deer Lodge à Winnipeg. On y pratiquait le tir à l’arc, le lancer de bouteilles de lait, le basket-ball, le lancer d’anneaux, le croquet et le golf (Steadward, communication personnelle). D’autres clubs se sont ensuite lentement développés à travers le pays, principalement axés sur le basket-ball en fauteuil roulant. Au Royaume-Uni, à l’hôpital Stoke Mandeville, le Dr Ludwig Guttmann, physiatre et directeur d’un centre de réadaptation pour les vétérans souffrant de lésions de la moelle épinière, a organisé une manifestation sportive en fauteuil roulant le jour même des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques de 1948 à Londres. Le journal local a noté qu’il espérait qu’un jour ces Jeux pourraient évoluer vers quelque chose de parallèle aux Jeux olympiques.

Le début des jeux internationaux

Les premiers jeux internationaux de sport en fauteuil roulant ont eu lieu à l’hôpital Stoke Mandeville en 1952 avec une équipe des Pays-Bas. Ces jeux évolueront vers ce que l’on appellera les Jeux paralympiques. Les premiers ont eu lieu en 1960 à Rome et les seconds en 1964 à Tokyo (Legg & Steadward, 2011 ; Darcy & Legg, 2016).

Le Canada n’a participé à aucun de ces Jeux, mais c’est à Tokyo que le chirurgien orthopédiste canadien Robert Jackson a eu l’occasion de rencontrer Guttmann. Jackson a fait part à Guttmann de son inquiétude quant au fait que le Canada s’était trop concentré sur la réadaptation professionnelle, tout en ignorant les avantages d’autres modalités telles que le sport et les loisirs. Jackson promet à Gutmann d’amener une équipe canadienne aux Jeux paralympiques de 1968.

Mais cela a failli ne pas se produire. Jackson a oublié sa promesse jusqu’en 1967 lorsque, dans le cadre d’un projet personnel visant à commémorer le centenaire du Canada, lui et sa femme Marilyn ont invité quelques patients d’un hôpital local à participer à une course au Varsity Stadium de l’Université de Toronto. Au bout de quelques mois, un club officiel a été créé sous le nom de “Coasters Athletic Club” et Jackson a ensuite emmené l’équipe aux Jeux paralympiques de 1968 (Legg, 2000).

Au cours de cette période, d’autres manifestations internationales de sport en fauteuil roulant ont vu le jour.

Le saviez-vous ? C’est en partie le succès de Reimer qui a motivé Allan Simpson, atteint de poliomyélite depuis l’âge de 14 ans, à faire un peu plus. Simpson, qui vivait à Winnipeg et dirigeait un “Club du lundi soir” non officiel, a demandé au comité organisateur des Jeux panaméricains de Winnipeg de 1967 d’inclure une section de Jeux panaméricains en fauteuil roulant. Sa demande ayant été rejetée, il a décidé d’organiser une épreuve distincte pour les fauteuils roulants, ce qui a donné lieu aux premiers Jeux panaméricains en fauteuil roulant en 1967. Simpson a également créé les associations manitobaine et canadienne de sport en fauteuil roulant, a passé 30 ans à travailler au nom des Canadiennes et Canadiens handicapés et a été l’un des lobbyistes les plus efficaces du Canada. Ces jeux ont évolué pour devenir les Jeux parapanaméricains, dont la première édition s’est tenue à Mexico en 1999 (Legg, 2000).

Premiers Jeux panaméricains en fauteuil roulant (1967)

En essayant d’organiser les premiers jeux en fauteuil roulant en 1967, Simpson a communiqué avec ses homologues des États-Unis, de la Jamaïque et de Trinité-et-Tobago, notant que “l’objectif de ce rassemblement n’était pas nécessairement l’amour du sport, mais plutôt l’acceptation sociale et la destruction du mythe selon lequel les personnes handicapées étaient un fardeau pour la société” (Legg, 2000).

Le gouvernement canadien a accepté de contribuer au financement des Jeux, mais il a exigé qu’une organisation nationale gère les fonds. L’Association canadienne des sports en fauteuil roulant (ACSFR) n’existant pas officiellement à ce moment-là, le conseil d’administration de l’Association canadienne des paraplégiques et d’autres ont accepté d’agir en tant qu’association nationale temporaire.

Championnats nationaux féminins de la LBAC avec l’Ontario qui affrontera la Colombie-Britannique en 2021. (Photo: Basket-ball en fauteuil roulant Canada)

Un mois plus tard, en septembre 1967, une réunion a été organisée avec les dirigeants des sports en fauteuil roulant de tout le Canada et une motion a été présentée “pour qu’une association nationale des sports en fauteuil roulant au Canada soit officiellement établie” (Legg, 2000). C’est à cette occasion que l’ACSFR a été officiellement fondée. Jackson, le chirurgien orthopédique qui avait promis d’amener une équipe canadienne aux Jeux paralympiques de 1968, fut le premier président élu de l’ACSFR.

À l’époque, Jackson avait déclaré :  “… nous devrions noter avec une certaine fierté que, bien que le sport en fauteuil roulant ait peut-être commencé plus tôt en Angleterre et aux États-Unis, l’organisation canadienne a été créée par des paraplégiques eux-mêmes, pleinement conscients des nombreux avantages qu’ils en tireraient” (Legg, 2000). Dix des 14 membres du conseil d’administration étaient des personnes en fauteuil roulant.

Un an plus tard, en 1968, Maury Van Vliet, doyen de la faculté d’éducation physique et de loisirs de l’Université de l’Alberta, et Robert Steadward, un étudiant de premier cycle de l’Université de l’Alberta (qui fondera plus tard un centre de recherche et d’entraînement pour les athlètes handicapés à l’Université de l’Alberta, aujourd’hui appelé Le Centre Steadward, et présidera le Comité paralympique canadien) aident à organiser les premiers Jeux nationaux en fauteuil roulant, où des athlètes seront sélectionnés pour faire partie de l’équipe paralympique de 1968, dirigée par Jackson.

Les années 1970

Après la première participation du Canada aux Jeux paralympiques de 1968 (ainsi qu’aux Jeux parapanaméricains de 1969 en Argentine et aux Jeux du Commonwealth de 1971 en Jamaïque), l’équipe canadienne s’est rendue à Heidelberg, en Allemagne, en 1972 pour participer à ses deuxièmes Jeux paralympiques (alors appelés 21e Jeux internationaux de Stoke Mandeville).

En 1976, le Canada a accueilli les Jeux d’été à Toronto, appelés “Olympiade des handicapés physiques (Toronto).” Il s’agissait de la première Olympiade où les athlètes amputés et malvoyants participaient pleinement aux compétitions.

L’ajout de différents handicaps a encouragé les organisateurs à changer le nom de l’événement, qui est passé de “Paralympiques” à “TORONTOlympiades pour les personnes avec un handicap physique” (Legg, 2000). Le terme “paralympique” n’a pas été utilisé parce qu’on pensait qu’il signifiait des Jeux pour les personnes atteintes de paraplégie (un type de lésion médullaire qui affecte la moitié inférieure du corps). Toutefois, le terme “Paralympiques” a finalement été choisi comme nom officiel, “Para” signifiant “en parallèle” avec les Jeux olympiques.

1976 : Le Canada participe à ses premiers Jeux paralympiques d’hiver (Örnsköldsvik, Suède)

La participation du Canada aux Jeux paralympiques d’hiver remonte à 1961, lorsque Jerry Johnston a commencé à enseigner le ski adapté au Sunshine Village de Banff. Il a contribué à la création de l’Association albertaine de ski pour handicapés en 1971, puis de l’association nationale en 1976. Le financement de la création de l’association provient de fonds réservés par le gouvernement fédéral pour les jeux d’été de Toronto, mais qui n’ont pas été utilisés en raison de problèmes géopolitiques concernant l’Afrique du Sud. Ce financement a également permis de créer le groupe de coordination appelé à l’origine Comité de coordination des sports pour handicapés physiques (CC-SHD). En 1980, il a été rebaptisé Fédération canadienne des organismes de sport pour handicapés (FCOSH), puis en 1989, il est devenu le Comité paralympique canadien (CPC).

Les années 1980

Le sport et les loisirs pour les personnes handicapées ont continué à évoluer au début des années 1980. Par exemple, les icônes Terry Fox et Rick Hansen ont démontré que les personnes handicapées pouvaient atteindre l’excellence grâce à l’activité physique. L’évolution du système sportif s’est également poursuivie. En 1986, Robert Steadward, professeur à l’université de l’Alberta, organise les Jasper Talks, un symposium national sur l’activité physique et le handicap. Cet événement a conduit à la création de l’Alliance de vie active pour les Canadiennes/Canadiens ayant un handicap et à la conférence VISTA du Comité international paralympique. Les dirigeants de l’Alliance ont ensuite publié le Plan d’action pour aider les services municipaux de parcs et de loisirs à devenir plus inclusifs.

Un autre moment important des années 1980 a été la rédaction par les dirigeants de l’Alliance de la série Moving to Inclusion, qui a aidé les professeurs d’éducation physique à rendre les programmes plus inclusifs pour les enfants handicapés. M. Steadward est ensuite devenu le président fondateur du Comité international paralympique en 1989, poste qu’il a occupé pendant trois mandats jusqu’en 2001. À ce titre, il est à l’origine de la signature de l’accord avec le Comité international olympique en vertu duquel toute ville candidate à l’organisation des Jeux olympiques doit également accepter d’accueillir les Jeux paralympiques.

Les années 1990

Dans les années 1990, le Canada est redevenu un leader mondial en encourageant les organisations sportives à devenir plus inclusives dans leurs programmes en offrant des privilèges, des possibilités et des responsabilités identiques ou similaires à tous les athlètes nationaux, qu’ils soient handicapés ou non. Parmi les premiers exemples, citons Swim Canada Natation et Archery Canada Tir à l’arc.

Plus récemment, le Canada a accueilli ses premiers Jeux paralympiques d’hiver à Vancouver en 2010, les Jeux parapanaméricains en 2015 à Toronto et les Jeux Invictus en 2017 pour les vétérans de guerre handicapés. Ces Jeux se tiendront à Vancouver et à Whistler en 2025.

Les Jeux du Canada, quant à eux, restent les seuls grands Jeux au monde à inclure des épreuves pour les athlètes non handicapés, les athlètes ayant un handicap physique et les athlètes ayant un handicap intellectuel, une pratique qui a débuté dans les années 1990.

L’inclusion dans les Jeux du Commonwealth a également ses racines au Canada, Rick Hansen ayant pris l’initiative d’ajouter des athlètes handicapés aux Jeux de 1994 qui se sont déroulés à Victoria, après que des épreuves d’exhibition aient eu lieu aux Jeux de 1990 à Auckland, en Nouvelle-Zélande. En 2002, lors des Jeux de Manchester, la politique a été ratifiée et, depuis, tous les Jeux du Commonwealth ont inclus des épreuves pour les athlètes handicapés.

Aujourd’hui

Aujourd’hui, le Canada continue d’être représenté et dirigé par des icônes exceptionnelles et extraordinaires du sport adapté. Il s’agit notamment de la ministre du Sport et de l’Activité physique, Carla Qualtrough ; de la sénatrice et membre du Temple de la renommée du sport du Canada 2010, Chantal Petitclerc ; de Michelle Stillwell, ancienne députée de la Colombie-Britannique et ministre du Développement social et de l’Innovation sociale ; Josh Dueck, premier vice-président du Conseil des athlètes du CIP ; Patrick Jarvis, ancien membre du conseil d’administration du CIP ; Todd Nicolson, ancien président d’À nous le podium ; et Danielle Peers, ancienne joueuse de basket-ball en fauteuil roulant d’Équipe Canada, titulaire d’une chaire de recherche du Canada de niveau 2 et intronisée au Temple de la renommée du sport du Canada en 2023.

Grâce à la créativité, à la ténacité et à la vision de plusieurs dirigeants exceptionnels, le Canada a été un moteur du sport paralympique et du sport adapté, et nous espérons continuer à aller de l’avant avec le même engagement et la même intégrité en faveur de l’inclusion et de l’accessibilité dans le sport.

Introduction 

Le Sport pour le Développement et la Paix (SDP) désigne l’organisation et la mobilisation du sport pour atteindre les objectifs non sportifs du développement international, tels que la promotion de la santé, l’autonomisation des femmes, l’éducation, la consolidation de la paix et la résolution des conflits. Le domaine ou secteur du développement durable a connu une croissance importante au cours des 50 dernières années, notamment grâce à l’investissement et à l’implication d’acteurs mondiaux tels que les Nations unies, le Comité international olympique et divers gouvernements nationaux. L’implication du Canada dans le domaine du SDP au cours des 50 dernières années a évolué de manière similaire, bien qu’à travers différentes itérations en fonction de l’époque et du contexte.   

Origines et contexte — années 80 et 90 

Bien que les 50 dernières années soient marquantes, l’histoire de SDP remonte à bien avant la fin du XXe siècle. Comme le souligne Bruce Kidd, ancien athlète olympique, chercheur et auteur, “SDP est une expression renouvelée de l’ambition du “sport pour le bien” qui remonte au 19e siècle” et diffère du développement sportif traditionnel en positionnant le sport au service du bien social plutôt que d’augmenter la participation ou de produire des champions (Kidd, 2013, p.72).  

L’impulsion donnée au renouvellement du développement du sport au Canada au cours des 50 dernières années provient en partie des différentes crises auxquelles le sport canadien a été confronté, en particulier dans les années 1980. La première d’entre elles est le scandale du dopage qui a conduit à l’enquête Dubin. Il s’agissait d’une série d’audiences publiques télévisées à l’échelle nationale visant à examiner les circonstances ayant conduit à l’exclusion du sprinteur canadien Ben Johnson des Jeux olympiques de 1988 pour avoir été testé positif à l’utilisation de stéroïdes. Lorsqu’il a publié son rapport en 1990, le juge Dubin a appelé à un engagement renouvelé en faveur du sport au service de la culture canadienne et de la santé des Canadiennes et Canadiens, et a également appelé à revigorer les notions de sport pour le bien au Canada.  

Des pressions similaires en faveur du sport pour le développement ont émané de la campagne visant à isoler l’Afrique du Sud blanche dans le sport international, une campagne qui a connu du succès. Celle-ci visait à faire pression sur le gouvernement sud-africain répressif pour qu’il abolisse l’ensemble du système d’apartheid. En 1990, lors d’une importante conférence à Stockholm, Sam Ramsamy, un dirigeant sud-africain s’opposant à l’apartheid, a demandé aux pays industrialisés de contribuer au développement du sport dans l’Afrique du Sud post-apartheid en guise de ‘réparation’ pour les années d’investissement dans l’Afrique du Sud blanche. Le dirigeant olympique zimbabwéen Tomas Sithole a demandé le même soutien pour les États de ‘première ligne’, qui avaient également souffert de l’apartheid. L’année suivante, les premiers ministres du Commonwealth ont approuvé cet appel lors de leur réunion à Harare, dans ce qui est devenu la Déclaration de Harare. La délégation canadienne à Harare comprenait le ministre des Affaires étrangères (et ancien Premier ministre) Joe Clark, ainsi que la responsable des sports du ministère des Affaires étrangères, Anne Hillmer, et a vu la création du Comité du Commonwealth pour la coopération par le sport, présidé par l’homme politique et juriste canadien Roy McMurtry. 

À peu près à la même époque, les athlètes canadiens ont commencé à demander que le sport au service du développement soit mené par des athlètes dans le cadre d’un vaste programme de réformes. Lors des Jeux du Commonwealth de 1994 à Victoria, l’Association canadienne des athlètes (plus tard AthlètesCAN) a dévoilé la Déclaration de Victoria, appelant les chefs de gouvernement du Commonwealth à renforcer et à permettre la contribution des athlètes à “l’éducation, au développement social et à la compréhension interculturelle.” AthlètesCAN a également lancé un appel pour un ‘système centré sur l’athlète’, caractérisé par les droits des athlètes, une plus forte représentation des athlètes dans la gouvernance du sport et des politiques visant à prévenir les abus sexuels et autres formes d’abus dans le sport. 

Après avoir fait pression sur le Commonwealth pour qu’il promeuve le sport au service du bien social, le gouvernement canadien a commencé à explorer davantage la possibilité de financer des projets internationaux de SDP. La consultante Judy Kent a été chargée d’élaborer un cadre pour l’engagement du Canada en matière de SDP et son analyse du domaine international a servi de base aux premières politiques canadiennes à ce sujet. En 1992, McMurtry et Hillmer organisaient une réunion des dirigeants sportifs canadiens afin d’élaborer un modèle de politique. L’Agence canadienne de développement international (ACDI) apportait son soutien, mais n’avait pas d’expertise dans le domaine du sport, et Sport Canada avait du mal à obtenir des fonds pour des programmes ne relevant pas de son mandat en matière de développement du sport. 

Éventuellement, l’Association canadienne des Jeux du Commonwealth (à son tour Jeux du Commonwealth Canada ou JCC, et maintenant Commonwealth Sport Canada ou CSC) a accepté la tâche de mettre en œuvre une initiative appelée Programme de développement du sport du Commonwealth (PDSC), à la condition d’obtenir un financement fédéral. Les objectifs initiaux du PSDC étaient de soutenir les capacités sportives et les systèmes sportifs publics dans les pays et les communautés qui en étaient dépourvus, ainsi que d’améliorer la participation sportive des groupes marginalisés, en particulier les jeunes à risque, les filles et les jeunes femmes, ainsi que les personnes handicapées. Le PSDC initial disposait de bureaux régionaux à la Barbade, au Zimbabwe et au Sri Lanka et travaillait en réseau avec d’autres pays donateurs tels que la Norvège, le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni. Le PSDC a ouvert la voie à la création de Jeux du Commonwealth Canada — Développement international par le sport (JCC DIS). Il comprenait un programme de stages, le Groupe canadien de leadership dans le sport, et organisait la participation de diplômés en éducation physique d’universités canadiennes en tant que stagiaires bénévoles en Asie, en Afrique et dans les Caraïbes. En Afrique, l’accent a été mis sur la lutte contre les ravages du VIH et du sida. En partenariat avec des organisations africaines telles que Kicking AIDS Out et la Mathare Youth Sports Association (MYSA), le JCC-DIS a remodelé la prestation du sport et de l’activité physique afin de mener des activités d’éducation préventive et de lutte contre la stigmatisation. 

CSC a continué à mettre en œuvre des programmes internationaux, avec le soutien de l’ACDI et de Sport Canada, jusqu’au milieu des années 2000, et Sport Canada a consacré une unité entière au développement du sport et de l’activité physique à l’échelle internationale. Cette unité a finalement participé au groupe de travail international des Nations Unies sur le sport au service du développement et de la paix, un collectif de parties prenantes qui a fait progresser la politique et la défense du SDP au niveau international.  

Alors qu’une activité importante en matière de SDP se déroulait au Canada par le biais de l’implication du gouvernement et de la politique publique, d’importantes parties prenantes non gouvernementales émergeaient également. S’appuyant sur le travail de base et l’élan donné par l’Association canadienne des athlètes et la Déclaration de Victoria, Olympic Athletes Together Honorably (OATH) était un groupe d’athlètes olympiques appelant à une réforme en réponse au scandale de corruption des délégués du Comité international olympique (CIO) en 1998 par les organisateurs de la candidature olympique de Salt Lake City. OATH était dirigé par des athlètes canadiens, dont le nageur Mark Tewksbury, la rameuse Heather Clarke et la marcheuse de vitesse Ann Peel, cette dernière ayant joué un rôle déterminant dans l’organisation de la Déclaration de Victoria. OATH a été lancée officiellement à Lausanne, siège du CIO, et a cherché à obliger l’organisation à rendre des comptes sur le plan éthique. 

Johann Olav Koss, un champion norvégien de patinage de vitesse, a été l’un des principaux acteurs de l’OATH, qui l’a incité à transformer la voix des athlètes sur les questions sociales en actions pratiques sur le terrain. Koss s’était déjà engagé auprès d’organisations non gouvernementales (ONG) internationales telles que Save the Children. Il avait fait don de ses primes financières pour avoir remporté des médailles aux Jeux olympiques d’hiver de 1994 à Lillehammer aux efforts d’aide dans les régions déchirées par la guerre, en particulier à Sarajevo, siège des Jeux olympiques d’hiver de 1984, et en Afghanistan.  

fille tenant un ballon de basketLes efforts de Koss ont conduit à la création d’une nouvelle initiative humanitaire, Olympic Aid, soutenue par le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Lillehammer. Olympic Aid a d’abord soutenu la collecte de fonds pour la Croix-Rouge et d’autres efforts similaires, avant de se consacrer à la construction d’écoles et au soutien de programmes éducatifs dans le monde entier. De tels projets ont permis de réaffirmer le rôle du sport au service de l’intérêt social.  

À la fin des années 1990, M. Koss a transféré Olympic Aid au Canada et a engagé M. Peel comme premier directeur général de l’organisation en 2000. Sous la direction de Peel, Olympic Aid a poursuivi la vision de Koss par un élargissement de l’activité d’Olympic Aid au-delà de la collecte de fonds en l’orientant vers la programmation. Plus précisément, Olympic Aid a développé des interventions basées sur le sport visant à soutenir les jeunes vulnérables et mal desservis dans le monde entier. La première incursion de l’organisation dans le domaine de la programmation s’est faite par le biais d’un partenariat avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), mis en œuvre dans des pays tels que l’Angola et la Côte d’Ivoire. Cependant, au fur et à mesure que l’organisation se développait, l’insistance croissante du CIO à exercer un contrôle rigoureux a suscité des tensions. En 2000, d’un commun accord, l’organisation a quitté le CIO et changé de nom pour devenir Right to Play. Aujourd’hui, Right to Play a toujours son siège au Canada et continue d’organiser et de mettre en œuvre des programmes SDP dans le monde entier, ainsi qu’au Canada.    

Années 2000 et 2010 

Dans les années 2000, l’engagement du Canada et l’investissement public en matière de SDP ont changé. La réduction du financement de Sport Canada au cours des années 1990 a laissé peu de soutien pour les efforts de SPD dans les nouveaux pays. Et lorsque certains financements ont été rétablis après 2000, c’était principalement pour soutenir le sport national. La promesse et l’élan créés par le JCC-DIS se sont avérés difficiles à maintenir. Même les efforts de la ministre du Patrimoine canadien de l’époque, Sheila Copps, pour augmenter le nombre de stagiaires au sein du Groupe canadien de leadership dans le sport se sont heurtés à la résistance de Sport Canada. Une partie de cette résistance était fondée sur le scepticisme à l’égard du sport pour le bien social, particulièrement en raison de l’image élitiste attribuée à certains athlètes et de la critique des dépenses excessives pour les grandes manifestations sportives. Les efforts de JCC-DIS, d’AthlètesCAN et de Right to Play pour remettre en question ce discours n’ont pas été couronnés de succès. La lutte pour le SDP au Canada a été exacerbée par les réductions des dépenses d’aide publique au développement. Au cours de cette période, de nombreux pays donateurs du G7 ont réduit leur soutien en dessous de l’objectif internationalement reconnu de 0,7 % du PIB.    

Certains défenseurs canadiens du SDP ont réagi en se tournant à nouveau vers le Commonwealth, en particulier le Comité du Commonwealth, pour la coordination par le sport et son successeur, le Commonwealth Advisory Board on Sport (CABOS). En 2010, soutenu par les ministres du sport du Commonwealth, le Secrétariat du Commonwealth a préparé des documents politiques pour « intégrer » le SDP dans les efforts de développement et travailler avec les gouvernements membres pour soutenir le sport au service des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le programme de développement international de l’ONU, entre 2000 et 2015. 

Ces efforts, ainsi qu’un nombre important de rapports entre les agences, de défense des intérêts et de groupes de travail au sein du système des Nations Unies, ont abouti à un ensemble quelque peu hétérogène d’activités et de politiques de SDP au Canada à la fin de l’année 2010. Et dans les cas où le SDP est resté dans les politiques, il a souvent manqué de soutien pour assurer sa mise en œuvre, ce qui a eu pour effet de limiter les progrès globaux. D’une part, le sport pour le développement a été inclus comme l’un des cinq contextes de la Politique canadienne du sport de 2012. Et en 2015, lorsque les Nations unies ont publié les Objectifs de développement durable (ODD), le successeur des OMD et le cœur de son Programme de développement 2030, le sport y figurait plus que jamais. L’article 37 des ODD fait spécifiquement référence à la “contribution croissante du sport à la réalisation du développement et de la paix dans sa promotion de la tolérance et du respect et aux contributions qu’il apporte à l’autonomisation des femmes et des jeunes, des individus et des communautés, ainsi qu’aux objectifs de santé, d’éducation et d’inclusion sociale” (Nations unies, 2015).

Pourtant, il est permis de penser que l’élan donné au SDP au Canada à partir des années 1990 s’est aussi considérablement ralenti à la fin des années 2010. Le Groupe canadien de leadership dans le sport a été remplacé par le programme Sport Leaders Abroad, qui a mis sur le terrain des dirigeants expérimentés plutôt que de récents diplômés universitaires. La même année, la Direction de la politique et des programmes internationaux est passée de Patrimoine canadien à Sport Canada, même si le SDP international n’était pas une priorité de Sport Canada, et le sport pour le développement a été inclus comme l’un des cinq objectifs de la Politique canadienne du sport, avec un accent plus marqué sur les objectifs nationaux. Bien que le mandat et le financement de Sport Canada continuent de donner la priorité aux systèmes sportifs et au développement des athlètes, Sport Canada continue de soutenir des projets nationaux de sport pour le développement par le biais, par exemple, d’accords bilatéraux avec les provinces et les territoires.   

Aujourd’hui 

A Indigenous coach and her athlete talk during a competitionAu moment où nous écrivons ces lignes, le sport au service du développement se poursuit au Canada. Right to Play, par exemple, s’associe actuellement à plus de 70 communautés autochtones pour favoriser l’accès à des programmes de sport et de jeu qui sont « dirigés par la communauté, (et) culturellement pertinents » pour les Premières nations, les Inuits et les Métis, et qui sont conçus pour favoriser l’autonomisation et les aptitudes à la vie quotidienne (Right to Play, 2023). Ces efforts ont fait l’objet d’une attention considérable de la part des universitaires et des chercheurs, certains étant positifs, d’autres se demandant si ces programmes ne renforcent pas involontairement les structures du colonialisme de peuplement (Arellano et Downey, 2019). Certains ont également attiré l’attention critique sur la façon dont les sociétés d’extraction, opérant dans le Nord canadien, ont utilisé la notion de SDP pour justifier des politiques contraires à l’éthique et destructrices de l’environnement (Millington et al, 2019). 

Dans le même temps, le sport canadien est aujourd’hui à nouveau en quasi-crise, ébranlé par des allégations généralisées d’agressions sexuelles et d’autres formes de maltraitance, de gouvernance non responsable et de détournement de fonds publics, et exposés presque quotidiennement par des journalistes et des athlètes dans une longue liste de sports. De plus, la participation quotidienne a chuté ou, au mieux, stagné face à la réduction généralisée des occasions publiques, à l’aggravation des inégalités et au ‘paiement pour le jeu’ dans les programmes privés. Le déclin de la participation est d’autant plus préoccupant dans le monde post-COVID que la résilience offerte par une activité physique saine est vitale pour la santé de la communauté. Dans ce contexte, l’accent mis sur le podium et la recherche de médailles dans les compétitions internationales en tant qu’objectif primordial de la politique sportive canadienne, est un sujet de débat pour de nombreux membres de la communauté sportive canadienne ainsi que pour le grand public.  

LIRE LA SUITE : Adopter une approche axée sur la personne pour le sport de haut niveau au Canada 

Dans un article du SIRCuit de mars 2023, la directrice générale d’ANP, Anne Merklinger, a reconnu que “la perception est la réalité .” Mais Mme Merklinger a également déclaré que ce n’est pas correct et que c’est une idée “erronée” de penser que si une ou un athlète gagne une médaille, le sport reçoit un financement. Anne a expliqué qu’ANP fait des recommandations de financement non pas en fonction des résultats passés, mais plutôt en fonction de l’avenir, sur un horizon de huit ans, qui prend en considération de nombreux facteurs, et pas seulement la victoire. 

“En tant qu’organisation, je pense que nous devons faire un meilleur travail de sensibilisation et de compréhension de ce que nous faisons,” a-t-elle concédé. Selon Mme Merklinger, les événements survenus au cours de l’année écoulée ont incité tous les acteurs du système sportif à faire un examen de conscience pour voir comment les choses peuvent être améliorées. Depuis plus de trois ans, ANP s’efforce d’améliorer la culture du sport de haut niveau. M. Merklinger a déclaré que l’organisation avait fait de la “culture” un élément de son mandat afin d’aider les organismes nationaux de sport (ONS) à atteindre l’excellence grâce à un ensemble clair de valeurs, y compris la mise en place d’un environnement sécuritaire et inclusif dans le programme de haut niveau. 

Il reste à voir si cela deviendra un moment de réforme, semblable à la période Dubin au début des années 1990, lorsque l’accent mis sur le renouvellement des principes fondamentaux du sport a permis l’émergence d’une programmation innovante du sport pour le développement en tant que composante essentielle d’une approche inclusive fondée sur les valeurs. La question de savoir si, ou dans quelle mesure, la prochaine Politique canadienne du sport fera référence au SDP, au niveau national ou international, marquera un autre moment décisif pour le sport au service du développement et de la paix au Canada.