Tous les athlètes, par loisir ou à des fins de compétition, se blessent dans leur activité sportive à un moment ou un autre. Plusieurs praticiens, du thérapeute sportif au médecin de famille, peuvent traiter les symptômes physiques ; toutefois, il n’y a pas que le volet physique de la blessure à traiter. On ne peut pas négliger de traiter l’esprit de l’athlète blessé. Quels sont les aspects à prendre en compte et comment pouvons-nous en tant qu’athlètes, coéquipiers, entraîneurs, parents ou amis, favoriser le processus de récupération?
Plusieurs facteurs conditionnent les sentiments des personnes blessées à l’égard de leur condition : la gravité de la blessure, les antécédents de blessure, le poste occupé au sein de l’équipe, la famille et les amis ainsi que le sport pratiqué. Les filles sont souvent plus anxieuses que les garçons à propos de leur blessure. Ainsi, l’athlète ne compose pas seulement avec sa blessure, mais avec toutes les craintes et incertitudes en découlant. Un joueur peut craindre d’être mis de côté lors des activités de groupe et de constater la progression des coéquipiers pendant son absence ; il peut dès lors se sentir seul ou avoir le sentiment d’être un « lâcheur ». D’autres peuvent craindre de perdre leur statut avec le prolongement de leur absence. Plusieurs craignent de ne pas retrouver leurs aptitudes d’avant la blessure ou de se blesser de nouveau. Certains athlètes composent mal avec leur propre estime et se questionnent sur leur valeur en se demandant quel est leur statut s’ils ne sont plus les athlètes qu’ils étaient.
Voici des facteurs psychologiques courants contribuant à la réticence des athlètes de revenir au jeu :
- Crainte d’une autre blessure ou d’aggraver la blessure actuelle
- Perte de confiance qui se répercute dans une baisse de performance
- Stress et anxiété au sujet de leur condition physique
- Sentiments d’abattement
Dès lors, que faire pour aider un athlète blessé en période de réadaptation? En tant que parents, entraîneurs, coéquipiers ou amis, on peut apporter de plusieurs façons un soutien à l’athlète blessé. Premièrement, il faut d’abord comprendre ce que l’athlète expérimente en l’invitant à parler de ses craintes. Il faut aussi évaluer le type et l’ampleur du soutien que désire l’athlète. On peut inviter l’athlète à se prendre en charge et lui procurer des moyens de contrôle au cours des phases de sa réadaptation pour une guérison complète et un retour à la pratique sportive. On peut favoriser le maintien de leur confiance en poursuivant l’entraînement des parties du corps encore aptes. On peut leur fixer des objectifs tangibles et progressifs à atteindre sur le chemin de la réadaptation. On peut aussi aménager des séances d’interaction signifiante avec les coéquipiers.
Conseils pour aider les athlètes à composer avec leur blessure :
- Demander aux athlètes blessés de parler de leurs craintes
- Gestion du stress : apprendre à composer avec le stress et l’anxiété est un aspect essentiel de l’entraînement physique, car l’athlète doit régulièrement affronter des situations stressantes. Les mécanismes d’affrontement de ces situations peuvent être intégrés par un athlète blessé. L’apprentissage de techniques de relaxation, globale et locale, de respiration profonde, d’autogestion peut contrer la crainte d’une nouvelle blessure. L’imagerie est aussi une autre voie à explorer, car elle engendre des images mentales et des scénarios propices à la relaxation de l’esprit
- Procurer aux athlètes des moyens d’interaction signifiante avec leur équipe (p. ex. au moyen de rencontres ou de séances d’entraînement à la force)
- Présenter aux athlètes des modèles qui ont réussi totalement leur réadaptation et ont repris la pratique sportive
- Fixation d’objectifs: l’athlète blessé doit viser des objectifs modifiés et accessibles sur une base journalière ou hebdomadaire. Les nouveaux objectifs doivent être associés à la performance et non pas au résultat ; ils doivent aussi être spécifiques, mesurables, réalistes et adaptés à l’athlète. En gardant le cap sur ces objectifs et sur les réalisations subséquentes, l’entraîneur sera en mesure de démontrer le progrès réalisé et d’aider l’athlète à surmonter le stress associé à sa condition physique actuelle en plus d’accroître la confiance en ses capacités
- Aider l’athlète à prendre le contrôle sur le moment du retour au jeu, en s’assurant que l’athlète revient pour le bon motif au moment déterminé, et ce, sans un sentiment de pression
- Aider à déterminer des attentes réalistes et à fixer des objectifs à court terme pour la réadaptation et le retour au jeu
À la suite de la blessure et de la récupération, l’objectif de la majorité des athlètes est de revenir sur le terrain le plus tôt possible ; toutefois, le retour à la pratique à la suite d’une blessure ne suit pas toujours un processus établi ; on doit tenir compte de plusieurs facteurs avant de prendre une décision. La combinaison des aspects physique et psychologique de la réadaptation permet de diminuer la durée de la récupération, de développer des stratégies d’adaptation et d’éliminer l’anxiété associée à une nouvelle blessure. Grâce à cette approche multifactorielle, l’athlète accroît la probabilité d’une transition rapide et harmonieuse depuis l’accident jusqu’au retour, par la réadaptation, sur le terrain et à la compétition. Si vous êtes un entraîneur ou un préparateur physique et que vous ne vous sentez pas outillé pour gérer les aspects psychologiques de la réadaptation, orientez votre athlète vers un professionnel qui saura faciliter son retour sur le terrain. En abordant les aspects psychologiques de la blessure et de la récupération, l’athlète est plus à même d’effectuer dans de bonnes conditions un retour au sport qu’il affectionne tant. Finalement, c’est ça la recette du succès!