Que les gens soient des fanatiques de baseball ou simplement des fans de Brad Pitt, ils ont très probablement vu le film Moneyball : L’art de gagner. Il est basé sur l’histoire vraie de Billy Beane, l’ancien directeur général des A’s d’Oakland de la Ligue majeure de baseball (MLB). M. Beane a changé à jamais le recrutement sportif grâce à son utilisation des statistiques pour repérer les talents, sélectionner les joueurs et mettre en place une équipe gagnante.

Le concept consistant à considérer les athlètes au-delà de leurs capacités physiques est essentiel pour les organisations sportives, car la force d’un groupe dépend des personnes qui le composent et de la manière dont elles travaillent ensemble. Cette perspective a donné naissance à une nouvelle forme de développement de l’équipe. Au lieu des statistiques, le développement se concentre sur les caractéristiques d’un athlète pour construire une équipe gagnante.

Ce billet de blogue aidera les entraîneurs à identifier, sélectionner et intégrer des athlètes aux compétences et caractéristiques complémentaires qui améliorent la dynamique d’équipe.

Étape 1 : Identifier le capital humain pertinent

Certaines équipes ne peuvent pas être performantes parce qu’elles n’ont tout simplement pas les qualités et les caractéristiques requises pour réussir, également connues sous le nom de capital humain. Nous décrivons le capital humain comme les connaissances, les compétences et les aptitudes d’un athlète. Celles-ci peuvent être divisées en compétences spécifiques à la tâche, telles que la forme physique et la créativité, et en compétences interpersonnelles, telles que les aptitudes à la conversation, l’intelligence émotionnelle et le caractère.

En mesurant l’efficacité du repêchage dans la Ligue nationale de football (NFL), les chercheurs ont constaté que les initiés de l’organisation (p. ex. les entraîneurs et les entraîneurs-chefs) étaient plus précis dans la prédiction de la réussite éventuelle des athlètes que les personnes externes telles que les responsables du repêchage. Contrairement à ces personnes, les intervenants internes mettaient davantage l’accent sur l’information contextuelle telle que l’éthique de travail et le comportement de citoyenneté organisationnelle, démontrant ainsi leur volonté de sélectionner les bonnes personnes pour leur organisation (Whiting et Maynes, 2016).

L’entraîneur-chef Gregg Popovich des Spurs de San Antonio, une équipe de l’Association nationale de basketball (NBA), recherche plus que des compétences. Il a déclaré qu’il recherchait délibérément le caractère et le sens de l’humour, des caractéristiques qui l’ont amené à recruter Tim Duncan, sans doute l’un des meilleurs attaquants de puissance de tous les temps (Jon Finkel, 2015). Identifier les qualités et les caractéristiques qui conviennent le mieux à une équipe est essentiel à la réussite du groupe.

Étape 2 : Sélectionner les bonnes personnes (pour votre organisation)

Les chercheurs dans le domaine du sport soulignent l’importance de sélectionner des personnes qui s’alignent sur la vision et la culture d’une équipe. Une étude de cas a porté sur le climat de motivation des All Blacks, l’équipe nationale masculine de rugby de Nouvelle-Zélande, dans son thème « De meilleures personnes font de meilleurs All Blacks ». L’ancien entraîneur-chef de cette équipe, Graham Henry, estimait que la sélection des joueurs en fonction de leur comportement (ainsi que de leurs aptitudes au rugby) permettait d’identifier des joueurs intelligents qui prenaient de bonnes décisions sur le terrain (Hodge et coll., 2014). Plusieurs entraîneurs de basketball d’élite tels que Mike Krzyzewski (champion olympique, NCAA) et John Wooden (NCAA) ont mis l’accent sur un meilleur développement des personnes comme un aspect central de leur philosophie d’entraînement.

Cette tactique permet également d’éliminer les joueurs toxiques qui ne contribueront pas à la réussite de l’équipe, voire qui peuvent même la compromettre. Les praticiens de la psychologie du sport ont déjà noté que le comportement égoïste, le mauvais langage corporel et le mauvais comportement parental sont des attributs indésirables des joueurs. Ces attributs peuvent être destructeurs pour la performance et la dynamique d’équipe (Guenter et coll., 2019).

La question de savoir comment identifier le caractère est un domaine en développement dans le sport et nécessite des mesures quantitatives supplémentaires. Pour l’instant, les entraîneurs ne devraient pas se contenter de choisir les meilleurs athlètes. Ils devraient plutôt trouver des moyens qui les aideront à choisir les athlètes qui manifestent des comportements conformes aux normes souhaitées pour leur équipe, comme l’éthique du travail et les comportements prosociaux.

Étape 3 : Intégrer les coéquipiers

Après avoir identifié le type d’athlète souhaité et les stratégies pour le choisir, il est impératif d’intégrer et de socialiser l’athlète dans l’équipe. Le concept de socialisation est défini comme le processus par lequel les personnes s’adaptent aux exigences et aux responsabilités d’un nouveau groupe (Bauer et coll., 2007).

Lors de l’examen des mesures de socialisation utilisées pour intégrer les nouveaux membres dans les équipes canadiennes de U Sports, les entraîneurs et les athlètes ont exprimé l’importance d’une approche institutionnalisée. Cette approche comprend l’harmonisation des attentes en matière de rôles entre l’entraîneur et l’athlète, l’équilibre entre le besoin de conformité et d’individualité des nouveaux arrivants, le partage d’expériences, l’offre de possibilités d’apprentissage formel et la participation des vétérans au processus (Benson et coll., 2016). L’intégration de ces aspects a entraîné une augmentation de l’auto-efficacité, de l’adéquation perçue, de la satisfaction au travail et des intentions de rester, ainsi qu’une diminution de l’ambiguïté des rôles, autant d’aspects essentiels à la réussite d’une équipe.

Recommandations pour les entraîneurs

Il existe plusieurs façons pour les entraîneurs d’identifier, de sélectionner et d’intégrer des membres dans une équipe. Voici quelques exemples pour vous aider.

Étape 1 : Identifier le capital humain pertinent

• Demandez aux athlètes d’amener leurs parents ou tuteurs aux réunions et aux camps de sélection. Observez la façon dont ils communiquent et interagissent avec leurs proches, car cela pourrait refléter la façon dont ils se comporteront avec leurs coéquipiers.
• Ne vous contentez pas des attributs physiques et mettez davantage l’accent sur les compétences et les comportements des athlètes, tels que le fait de ramasser des choses, d’aider ses coéquipiers ou d’arriver à l’heure.

Étape 2 : Sélectionner les bonnes personnes

• Demandez aux athlètes de remplir un profil AthleteDISC. Il révèle de l’information importante sur le comportement d’un athlète, comme la mise en évidence de ses forces personnelles et la formulation de recommandations pour aborder les possibilités de développement. Cela peut vous aider à voir s’ils sont adaptés à votre programme.

Étape 3 : Intégrer les coéquipiers

• Concentrez-vous sur l’intégration d’une approche institutionnalisée en :
  • établissant et maintenant des attentes claires en matière de rôles pour les nouveaux membres de l’équipe et les joueurs qui reviennent;
  • proposant fréquemment des activités de groupe et des interactions avec les pairs afin de donner aux athlètes de nombreuses occasions de nouer des liens sociaux avec d’autres personnes (p. ex., une soirée jeux de société);
  • établissant les attentes dès le début afin de minimiser la confusion et les mauvaises interprétations des politiques et des règles liées à l’équipe;
  • s’appuyant sur les anciens pour aider les nouveaux joueurs à intégrer les nouvelles connaissances et à combler les lacunes éventuelles;
  • trouvant un équilibre entre le besoin de conformité et d’individualité des nouveaux joueurs.

Et alors?

Comme on le voit dans le film Moneyball: L’art de gagner, le sport va bien au-delà des règles du jeu. En tant qu’entraîneur, votre rôle est de construire une équipe performante, et pas seulement une équipe d’athlètes talentueux. En identifiant, en sélectionnant et en intégrant les bonnes personnes dans votre équipe, vous pourriez également transformer une organisation en difficulté en une équipe de calibre championnat.

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A propos de(s) l'auteur(s)

Michelle Istead est une étudiante de 5^e année en kinésiologie à l’Université Queen’s. Elle est membre de l’équipe féminine de basketball de Queen’s. Elle est aussi membre de l’équipe féminine de basketball de Queen’s et assistante en physiothérapie à Health in Focus Sports Injury and Rehab, à Kingston, en Ontario. Mme Istead aspire à travailler en ergothérapie pédiatrique pour aider les enfants et les jeunes à maximiser leur indépendance.

Luc Martin, Ph.D., est professeur agrégé à l’École de kinésiologie et d’études sur la santé de l’Université Queen’s. Ses recherches portent sur le développement positif des jeunes et la dynamique d’équipe dans le sport. Ses recherches portent sur le développement positif des jeunes et la dynamique d’équipe dans le sport. La co-auteure Michelle Istead a rédigé ce billet de blogue dans le cadre du cours « KNPE 363 Team Dynamics » de M. Martin.

Références

Benson, A. J., Evans, M. B. et Eys, M. A. (2016). Organizational socialization in team sport environments. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 26(4), 463 à 473. https://doi.org/10.1111/sms.12460

Bauer, T., Bodner, T., Erdogan, B., Truxillo, D. et Tucker, J. (2007). Newcomer Adjustment during Organizational Socialization: A Meta-Analytic Review of Antecedents, Outcomes, and Methods. The Journal of Applied Psychology, 92, 707 à 721. https://doi.org/10.1037/0021-9010.92.3.707

Finkel, J. (2015). Forces of Character: A conversation with Gregg Popovich. HoopsHype. https://hoopshype.com/2015/10/13/forces-of-character-a-conversation-with-gregg-popovich/

Guenter, R. W., Dunn, J. G. H. et Holt, N. L. (2019). Talent Identification in Youth Ice Hockey: Exploring “Intangible” Player Characteristics. The Sport Psychologist, 33(4), 323 à 333. https://doi.org/10.1123/tsp.2018-0155

Hodge, K., Henry, G. et Smith, W. (2014). A Case Study of Excellence in Elite Sport: Motivational Climate in a World Champion Team. The Sport Psychologist, 28(1), 60 à 74. https://doi.org/10.1123/tsp.2013-0037

Whiting, S. W. et Maynes, T. D. (2016). Selecting team players: Considering the impact of contextual performance and workplace deviance on selection decisions in the National Football League. Journal of Applied Psychology, 101(4), 484 à 497. https://doi.org/10.1037/apl0000067

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