
Sommaire du projet
Le projet a fait appel à un partenariat entre l’Université d’Ottawa et trois organismes communautaires : le Centre de santé communautaire du sud-est d’Ottawa (CSCSEO), Culture Shock Canada et le centre communautaire Heron Road. Avant qu’un nouveau programme d’activité physique soit mis en place dans le sud-est d’Ottawa et en vue de conceptualiser la nouvelle intervention, une première étude a cherché à mieux comprendre les besoins en matière d’activité physique chez les jeunes, les obstacles qui se présentent à cet égard ainsi que les éléments qui favoriseraient la participation des jeunes. L’étude a conclu que les jeunes et les parents étaient conscients des bienfaits de la pratique de l’activité physique chez les jeunes, mais qu’il fallait se pencher sur les contraintes liées au contexte. La deuxième étude menée dans le cadre du projet a consisté à mettre en œuvre une nouvelle intervention hebdomadaire axée sur la danse hip-hop et à en évaluer les résultats. Les constatations en ce qui concerne la mise en œuvre de l’intervention nous ont appris que le public cible a été rejoint et nous ont fourni une précieuse rétroaction sur les forces et les faiblesses du nouveau programme. Les constatations liées aux résultats étaient toutefois partagées. Dans l’ensemble, les résultats quantitatifs n’appuyaient pas les objectifs du programme. Par contre, sur le plan qualitatif, les constatations étaient plus encourageantes et laissaient à penser que l’intervention axée sur la danse hip-hop est un programme prometteur relativement à la promotion du bien-être des jeunes.
Méthodes de recherche
L’étude de conceptualisation de l’intervention a consisté en une analyse documentaire et en 3 groupes de discussion formés de 7 garçons et de 10 filles âgés de 11 à 14 ans ainsi que de 13 parents ou tuteurs. En tout, 91 jeunes âgés de 11 à 16 ans ont participé à l’évaluation de l’étude de la nouvelle intervention. Le groupe était diversifié sur le plan social et ethnoculturel et majoritairement composé de filles (82,4 %). L’évaluation a reposé sur un modèle non expérimental prétest-postest du point de vue des jeunes participants, des parents/tuteurs et du personnel du programme. Diverses méthodes ont été utilisées, dont une analyse documentaire, de l’observation, des entrevues, des groupes de discussion et un questionnaire.
L’intervention faisant l’objet de l’étude était un nouveau programme communautaire gratuit axé sur la danse hip-hop qui a été mis sur pied dans le sud-est d’Ottawa à l’intention des jeunes âgés de 11 à 16 ans. Le programme visait à éliminer certains obstacles freinant la participation des jeunes en offrant une activité gratuite, pertinente et supervisée, dans un lieu accessible. On offrait également de l’aide au chapitre du transport et des incitatifs de participation. Le programme a été offert en deux volets – un pour les filles et un mixte – en deux sessions : hiver (13 semaines) et printemps (12 semaines). Différents jeunes ont participé à chaque session. Une semaine après le dernier cours de chaque session, un spectacle dans lequel les participants ont dansé pour leurs familles, leurs amis et d’autres membres de la communauté été présenté. Les jeunes ont également participé à des séances d’évaluation avant et après le programme.
Le programme a été exécuté conformément à un manuel d’intervention structurée. Les classes ont été données dans un centre communautaire local par deux instructeurs de danse de Culture Shock Canada. On a cherché à trouver un équilibre entre l’enseignement de nouvelles habiletés liées à la danse hip-hop et l’encouragement de bonnes relations entre les pairs et le personnel afin de maximiser la participation des jeunes et les résultats positifs. On a également fait appel à un coordonnateur pour les jeunes et à un promoteur de la santé pour les jeunes pour aider les jeunes avec le transport et les superviser durant les cours, de même que pour contribuer à la coordination et au rayonnement du programme.
Résultats de recherche
La première étude a permis de constater que les jeunes et les parents étaient conscients des bienfaits liés à la participation des jeunes à des programmes d’activité physique. La danse hip-hop a été signalée comme une possibilité de programme attrayante. Le petit échantillon et l’utilisation d’une seule méthode constituent les contraintes de l’étude. Néanmoins, l’étude de conceptualisation de l’intervention a permis d’éclairer l’élaboration et la mise en œuvre du programme, y compris la prise de décisions liées à l’offre d’un volet pour les filles et d’un volet mixte ainsi que celles relatives au choix du moment pour offrir le programme, aux incitatifs de participation et à l’aide pour le transport. Les constatations ont aussi démontré l’importance de faire participer la communauté à l’élaboration et à la mise en œuvre de nouveaux programmes.
La deuxième étude a permis de constater que la mise en œuvre du programme a été jugée modérément satisfaisante. Les forces du programme comprenaient notamment : l’accessibilité, la pertinence et le défi d’apprendre quelque chose de nouveau. De plus, les participants ont fait état d’un environnement généralement positif et non compétitif, ainsi que de bonnes relations avec leurs pairs et le personnel. Comme dans le cas d’autres programmes communautaires pour les jeunes et les populations défavorisées, près de 50 % des jeunes ont cessé de participer au programme. Les autres principaux points faibles comprenaient des incohérences relativement au calendrier du programme, la façon dont les adultes ont géré le comportement des jeunes et le transport, de même que la courte durée du programme et le fait que le programme n’a pas atteint ses objectifs en matière de rayonnement. L’amélioration du programme favoriserait vraisemblablement le maintien de la participation des jeunes et les répercussions connexes. Il importe de noter toutefois que les jeunes participants au programme représentaient le public cible et se sont dits en général satisfaits de l’expérience. Les participants, les parents et le personnel estimaient que le programme devrait continuer, avec des modifications, ce qui exigerait probablement de nouvelles ressources. Une des forces de cette étude était l’utilisation de multiples méthodes, par contre, les faibles taux de participation posaient problème.
Le programme avait pour objectif de favoriser le développement positif et le bien-être chez les jeunes vivant dans un milieu urbain multiculturel défavorisé. En général, les résultats quantitatifs n’appuyaient pas ces objectifs, exception faite de l’amélioration statistiquement marquante de la perception des habiletés liées à la danse hip-hop. Ceci est probablement attribuable au petit échantillon, au taux élevé d’abandon, à la faible dose d’intervention et aux problèmes de mise en œuvre. Cependant, les constatations qualitatives donnent à penser que l’intervention constitue un programme prometteur pour la promotion du bien-être des jeunes. Plus particulièrement, presque tous les jeunes, les membres du personnel et les parents ont signalé une amélioration en ce qui concerne les habiletés liées à la danse hip-hop, d’autres habiletés connexes et l’estime de soi. De plus, de nombreux participants ont signalé qu’ils s’étaient améliorés au chapitre des comportements, faisaient davantage d’activité physique, essayaient de nouvelles activités et avaient utilisé les habiletés acquises dans d’autres activités; ils étaient aussi en meilleure santé physique, éprouvaient moins de gêne, étaient de meilleure humeur et avaient de meilleures relations; certains ont ajouté qu’ils respectaient maintenant plus les autres et la diversité. Moins fréquemment, les jeunes et les parents ont affirmé que la santé ou le niveau d’attention en général s’étaient améliorés; quelques personnes ont en outre avoué mieux performer à l’école. Ces constatations sont conformes à d’autres études sur les bienfaits de la participation à l’activité physique et à des programmes axés sur le développement positif des jeunes. Même si elles laissaient supposer que le programme est prometteur, elles doivent être interprétées à la lumière de certaines contraintes, comme le petit échantillon et le modèle non expérimental de la recherche; ainsi, nous ne pouvons pas attribuer précisément les changements survenus chez les participants à leur participation à cette intervention.
Répercussions sur les politiques
L’étude appuie la nécessité de tenir compte des facteurs d’ordre tant environnemental qu’individuel dans la promotion de l’activité physique. À l’heure actuelle, on insiste trop sur les facteurs d’ordre individuel. De plus, d’autres ressources pourraient être nécessaires pour répondre adéquatement aux besoins des jeunes à faible revenu et issus de groupes diversifiés sur le plan culturel.
L’étude donnait à penser qu’il serait bénéfique d’offrir un programme d’activité physique hebdomadaire pour les jeunes vivant dans un milieu défavorisé. Deux facteurs liés au programme particulièrement importants étaient la pertinence (la danse hip-hop a été signalée comme une façon absolument appropriée d’intervenir auprès des jeunes) et l’accessibilité (c.-à-d. le coût du programme, le lieu et le transport). Les promoteurs de l’activité physique devraient tenir compte de ces deux facteurs cruciaux dans l’élaboration et la mise en œuvre d’interventions.
Les données probantes attestent la valeur des interventions concertées qui se déroulent dans de nombreux lieux. Il faudrait tenter de combiner les interventions communautaires avec celles qui ciblent d’autres lieux (p. ex. l’école, la maison), puisque la question de la sédentarité, de la santé et des problèmes sociaux est complexe. La présente recherche a aussi révélé l’importance d’engager les membres de la communauté dans l’élaboration et la mise en œuvre de nouvelles interventions.
Prochaines étapes
Il faut mener une étude plus rigoureuse afin de confirmer les avantages de ce programme ainsi que d’autres programmes communautaires d’activité physique. La future recherche interventionnelle doit inclure davantage de jeunes de milieux diversifiés et à faible revenu pour que les constatations puissent être généralisables, et doit explorer un plus large éventail de résultats au-delà de la santé physique. Les études sur la mise en œuvre et les autres dimensions des interventions sont également cruciales pour l’étude et la diffusion efficaces de nouveaux programmes.
Principaux intervenants et avantages
- Agence de la santé publique du Canada, Direction générale de la promotion de la santé
- Ontario Physical and Health Education Association
- Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario
- Jeunes en forme Canada
- Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique (ACAFS)