L’assouplissement des restrictions découlant de la pandémie de la COVID-19 sur le sport et l’activité physique offre une occasion unique de changer radicalement la façon dont nous engageons les jeunes dans le sport et l’activité physique. Avant la pandémie, la participation sportive était entachée de taux d’abandon élevés chez les filles et les jeunes femmes, les jeunes issus de foyers à faible revenu et les adolescents en général.
Des rapports récents suggèrent que ce problème de décrochage persiste et pourrait être aggravé par la pandémie. Le rapport Alerte COVID de Femmes et sport au Canada suggère que près d’une fille et d’une jeune femme sur quatre ne prévoit pas de reprendre le sport. Par ailleurs, le rapport de recherche Changer le jeu de la MLSE Foundation a révélé qu’un tiers des filles étaient moins intéressées par le sport en 2021 qu’avant la pandémie.
Que pouvons-nous faire pour changer cette tendance et garder les jeunes engagés à long terme? Cette question appelle une solution en plusieurs parties. L’une de ces parties consiste à aborder la question de l’engagement à long terme en mettant davantage l’accent sur les opportunités qui développent intentionnellement le savoir-faire physique.
Le savoir-faire physique est « la confiance, la compétence, la connaissance et la motivation nécessaires pour valoriser et assumer la responsabilité d’un engagement dans une activité physique pour la vie ». Le savoir-faire physique ne bénéficie pas de la même reconnaissance collective que la lecture, les finances ou la culture numérique. Pourtant, elle mérite son heure de gloire.
Au MLSE LaunchPad et à l’École nationale de ballet du Canada (ENBC), le savoir-faire physique est une composante essentielle des programmes pour les personnes de tous âges, dès l’âge de 6 ans et jusqu’à l’âge adulte. Récemment, nous avons discuté avec le personnel de MLSE LaunchPad et de l’ENBC de l’importance du savior-faire physique et des raisons pour lesquelles elle devrait occuper une place plus importante dans la façon dont nous retournons au sport. Chaque intervenant a apporté un point de vue unique à la conversation, de la recherche à l’entraînement en passant par le mouvement en dehors des cadres sportifs traditionnels. Les contributeurs sont les suivants:
- Kwame Otchere (KO), responsable du programme sportif, MLSE LaunchPad
- Jackie Robinson (JR), coordinatrice, Recherche et évaluation, MLSE LaunchPad
- Marika Warner (MW), directrice, Recherche et évaluation, MLSE Foundation et MLSE LaunchPad
- Ashleigh Powell (AP), Faculté artistique et chef des programmes de danse communautaire, ENBC
Ce résumé est adapté d’une discussion plus large. Pour découvrir tout ce qui a été partagé lors de cette discussion, consultez le balado The Power of Physical Literacy.
Il peut être difficile de transposer la définition du savoir-faire physique donnée dans les manuels scolaires dans un contexte réel. Que signifie le savoir-faire physique de votre point de vue?
JR : Le savoir-faire physique signifie que vous avez cette motivation et cette confiance dans le mouvement. Vous voulez bouger et vous avez la capacité physique de le faire.
KO : Le savoir-faire physique est la base sur laquelle nous nous appuyons pour faire du sport. Au MLSE LaunchPad, nous développons les aptitudes fondamentales au mouvement (comme le saut à cloche-pied, le sautillement et le saut) en nous amusant, et celles-ci deviennent les éléments de base de toute activité physique que vous pourriez vouloir pratiquer plus tard dans la vie.
AP : Le savoir-faire physique concerne notre cheminement vers le fait de faire de l’activité physique à différents âges et à différents stades, avec différents types de capacités, et le fait que nous avons tous le droit d’apprendre par le mouvement et dans le mouvement. C’est l’agence que notre corps possède. C’est la façon dont nous apprenons. C’est souvent la façon dont nous communiquons.
Pourquoi le savoir-faire physique est-il important?
AP : En utilisant les compétences fondamentales en matière de mouvement pour étayer l’apprentissage des gens, nous leur donnons des succès tout au long du parcours afin qu’ils aient l’occasion de sentir qu’ils ont accompli quelque chose, qu’ils ont appris quelque chose. Et si vous allez d’accomplissement en accomplissement, vous pouvez renforcer cette capacité. Et je pense que cela est lié à l’image de soi, à l’idée que l’on se fait de soi, et à l’efficacité personnelle, parce que ces petites victoires en cours de route sont ce qui développe et entretient cette motivation. Nous pouvons offrir tellement de choses aux jeunes en leur donnant cette confiance très tôt.
KO : C’est ce que je constate en tant qu’entraîneur. Nous avons beaucoup de jeunes qui sont vraiment motivés pour développer leurs compétences, et nous voulons les aider à maintenir cette motivation. En leur apportant du plaisir à mesure qu’ils progressent, nous les incitons à revenir. Nous voulons que les jeunes aient la possibilité d’être actifs en dehors d’une structure établie.
JR : L’importance du savoir-faire physique se résume à l’engagement dans une activité physique. Les jeunes qui pratiquent un sport ont plus de chances d’obtenir un diplôme d’études secondaires et de trouver un emploi. Le savoir-faire physique, ce n’est pas seulement quand je joue au basketball, c’est la vie. Faites en sorte qu’il soit amusant de trouver ces choses, comme la marelle, ou quand vous étiez enfant et que vous ne vouliez pas marcher sur les fissures quand vous marchiez sur le trottoir. C’est un exemple de la façon dont vous pouvez incorporer ces mouvements fondamentaux de base qui se transforment en compétences plus importantes à l’avenir.
Comment le savoir-faire physique peut-il nous aider à comprendre pourquoi les jeunes jouent et pourquoi certains cessent de jouer?
AP : La mesure est importante. Nous pouvons tout le temps faire des suppositions sur les raisons pour lesquelles un enfant ne participe pas. Et quand nous creusons plus profondément, quand nous posons des questions difficiles, quand nous cherchons des preuves pour soutenir ce que nous faisons, nous devenons de meilleurs fournisseurs de ce genre d’opportunité d’être physique – qu’il s’agisse d’activité physique, de sport, de savoir-faire physique, de danse, etc. Tout cela doit être fait avec intégrité et intention. Je pense que le savoir-faire physique fournit un cadre pour cela.
KO : Même du côté des entraîneurs, je veux cette rétroaction. Si je ne fais pas du bon travail, qu’est-ce que je fais de mal et qui fait que cet enfant ne reviendra pas ou qu’il ne vivra pas une bonne expérience? Cela nous responsabilise tous et nous permet d’avancer.
JR : Je pense que le savoir-faire physique renvoie la responsabilité du décrochage des jeunes aux fournisseurs de programmes, aux organismes de sport, aux entraîneurs, à tous ceux qui sont impliqués dans le sport ou l’activité physique. On ne peut nier que les jeunes veulent faire du sport, mais il y a quelque chose dans le système qui ne répond pas à leurs besoins. Nous ne leur donnons pas les bonnes compétences pour qu’ils apprécient le mouvement à long terme et qu’ils aient envie de revenir.
Synthèse de la discussion
Vous pouvez aider les jeunes à se remettre des effets négatifs de la pandémie. Offrez aux jeunes des possibilités de sport et d’activité physique fondées sur des données probantes, en particulier celles qui favorisent intentionnellement le développement du savoir-faire physique. Privilégiez les activités qui sont amusantes, qui suscitent la créativité dans le mouvement et qui sont stimulantes mais réalisables. De telles activités permettent aux jeunes de revenir sur le terrain de jeu et promettent de les garder engagés à long terme.
Vous souhaitez en savoir plus sur la façon dont le savoir-faire physique favorise la poursuite de l’activité physique chez les jeunes? MLSE LaunchPad a publié les résultats de son étude longitudinale de deux ans, The Power of Physical Literacy. L’étude examine les relations importantes entre le savoir-faire physique et l’activité physique. MLSE LaunchPad a également publié un article détaillant une intervention réussie en matière de savoir-faire physique auprès de jeunes âgés de 6 à 10 ans. Pour accéder au rapport, à l’article et à la conversation complète (balado), veuillez consulter le site http://www.mlsefoundation.org/how-we-give/research.