Résumé du projet
OBJECTIFS
L’identité à une minorité sexuelle (lesbiennes, gais, bisexuels, transsexuels – LGBT) est largement stigmatisée, et cette stigmatisation a été associée à des problèmes de santé mentale et physique préjudiciables. Les membres des minorités sexuelles ont souvent tendance à cacher leur orientation sexuelle dans le but de se protéger et d’éviter d’être rejetés, mais ce repli sur soi entraîne son lot d’anxiété en raison de la crainte que ce secret soit dévoilé et des préoccupations inhérentes au fait de vouloir cacher sa véritable identité.
Le fait d’échanger avec des personnes qui cachent le même secret que soi améliore le bienêtre psychologique et crée un sentiment d’appartenance au groupe stigmatisé, ce qui facilite l’acceptation de son identité sexuelle et incite à l’exposer au grand jour.
Pour les membres des minorités sexuelles, les groupes de sports organisés pour les LGBT créent un environnement social permettant de profiter de bon nombre de ces avantages. Toutefois, peu de travaux de recherches ont été réalisés pour mesurer les conséquences de la participation à un groupe de sport destiné aux LGBT sur l’amélioration de l’identité individuelle et collective, et sur la divulgation de l’identité sexuelle chez les adultes appartenant à une minorité sexuelle. Dans le cadre de cette étude, nous avons examiné le lien entre la participation à un groupe de sport organisé pour les LGBT et divers avantages au niveau social et en rapport avec le sport et l’identité parmi les adultes membres d’une minorité sexuelle.
CONCLUSIONS
En s’appuyant sur les analyses effectuées dans le cadre de conférences, de projets de mémoires ou de thèses et de projets de manuscrits, nous sommes arrivés aux conclusions suivantes :
- Les analyses intersectorielles montrent que la participation à un groupe de sport organisé pour les LGBT augmente les chances de divulgation de l’identité en intensifiant le sentiment d’appartenance à la communauté LGBT et en réduisant les perceptions négatives de soi en lien avec l’orientation sexuelle (c’est-à-dire l’homophobie intériorisée).
- Les analyses longitudinales montrent que le fait de satisfaire aux besoins sociaux et aux besoins identitaires par la participation à un groupe de sport augmente l’engagement des participants dans le sport.
- Les analyses longitudinales montrent que le fait de satisfaire aux besoins identitaires par la participation à un groupe de sport augmente les chances que les personnes « sortent du placard » dans la vie de tous les jours.
Méthodes de recherche
Les participants ont été recrutés au sein de groupes de sport organisés pour une minorité sexuelle dans une grande ville canadienne. Divers sports individuels et sports d’équipe étaient ainsi représentés (balle molle/baseball; curling; soccer; volleyball; quilles; water-polo; basket-ball; hockey sur glace; rugby; tennis; course à pied). Après avoir donné leur adresse courriel, les participants ont reçu un lien personnalisé vers un sondage en ligne. Au total, 320 participants ont répondu au premier sondage, et 224 ont répondu au sondage de suivi.
En gros, les deux sondages ont permis de recenser les caractéristiques démographiques, le degré d’engagement dans le groupe sportif, l’affiliation au groupe et à la communauté LGBT au sens large, la gestion de l’identité sexuelle minoritaire dans la vie de tous les jours ainsi que la mesure du bien-être.
Caractéristiques de l’échantillon : Âge moyen : 37 (écart-type = 9,91, min = 20, max = 68); Sexe : 60 % d’hommes, 37 % de femmes, 0,6 % de transsexuels, 1,6 % de réponses diverses (p. ex. personne intergenre, non définie); Identité de l’orientation sexuelle : quel que soit le sexe, 62 % de gais, 27 % de lesbiennes, 2 % de bisexuels, le reste non identifié, autres. Temps moyen dans les groupes des sports les plus mentionnés : 7 ans, écart-type = 5,67, min = 1, max = 26; Fréquence de participation : Présence aux pratiques : une fois par semaine ou plus (plus de 60 %); Présence aux activités sociales du groupe de sport : une fois par mois ou plus (plus de 60 %); Bénévolat pour le groupe de sport : à tous les niveaux (24 %).
Résultats de recherche
Se fondant sur les diverses formes de renseignements obtenus des données du sondage intersectoriel et des analyses longitudinales, nous avons tiré les conclusions suivantes :
- Selon les données de référence de l’analyse préliminaire, la participation à un groupe organisé pour les LGBT, en particulier, le fait que le groupe de sport soit aussi un lieu d’amitiés et de soutien social était étroitement lié à une tendance à dévoiler son identité sexuelle. Les analyses de médiation ont permis de constater que cela s’expliquait par un plus fort sentiment d’appartenance à la communauté LGBT et à une baisse de l’homophobie intériorisée.
- Selon les analyses des données longitudinales, plus le groupe de sport contribuait à l’établissement de liens sociaux et à l’affirmation de l’identité, et plus les participants s’impliquaient au sein du groupe (p. ex. résultats supérieurs en termes de valeur, de plaisir et d’investissement à l’égard du groupe de sport).
- Selon d’autres analyses longitudinales, une meilleure affirmation de soi au sein du groupe de sport entraînait un plus fort taux de dévoilement de l’identité sexuelle dans la vie de tous les jours (« sortie du placard »).
- Cette recherche présentait des forces certaines, notamment la nature longitudinale des données, qui a permis d’établir un critère de causalité. En termes de limites, mentionnons une possible partialité dans la sélection et le fait qu’il est impossible d’affirmer que les participants représentent l’ensemble des minorités sexuelles au Canada (p. ex. on ne sait pas si la participation à un groupe de sport peut être bénéfique à toutes les minorités sexuelles).
Répercussions sur les politiques
Les résultats de la recherche montrent que la participation à un groupe de sport organisé pour les LGBT constitue une ressource importante pour aider à surmonter les conséquences négatives de la stigmatisation. Par conséquent, les politiques qui appuient le sport destiné aux LGBT ou qui contribuent à son développement seraient des plus pertinentes (p. ex. en ce qui concerne l’accès à des installations municipales ou communautaires pour les groupes de sport organisés pour les LGBT, et la promotion du développement de tels groupes au niveau local et régional).
Prochaines étapes
La recherche a laissé plusieurs questions sans réponses ou en a soulevé de nouvelles, dont :
- Les personnes autrement stigmatisées bénéficieraient-elles elles aussi de groupes de sport fondés sur l’identité?
- En quoi cette recherche ouvre-t-elle la porte à une discussion plus vaste sur l’intégration dans le sport? (P. ex. l’intégration/inclusion serait-elle bénéfique? Si oui, pour qui?)
- Cette recherche a été réalisée dans une grande ville où la communauté LGBT est bien établie. Qu’en est-il des personnes qui participent à un groupe de sport organisé pour les LGBT dans les petites villes où la communauté LGBT est moins en vue?
Principaux intervenants et avantages
- Organismes locaux et régionaux de sport organisé pour les LGBT
- Autres organismes de sport municipaux et régionaux