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Le Canada est très fier de célébrer les différences. Au cours des dernières années, les organismes nationaux de sport (ONS) ont aussi fait place à la diversité en accueillant des athlètes handicapés par l’entremise d’une politique d’intégration qui vise à assurer l’égalité sur le terrain de jeu et à favoriser la réussite pour grimper sur le podium. Bien que cette approche progressive ait pour but de simplifier la mise en œuvre des sports et la prestation de services techniques pour les athlètes handicapés de haute performance, l’inconvénient est qu’un nombre réduit d’athlètes handicapés peut s’intégrer au système sportif et y rester.

Historiquement, les handicaps étaient perçus comme un phénomène médical lié à une maladie ou à une blessure (Hahn, 1985). Les sports pour les personnes ayant un handicap se sont alors développés grâce à la médecine de réhabilitation qui était administrée par des organisations traitant des maladies ou des handicaps ou par des groupes de sport pour personnes handicapées, comme l’Association canadienne des sports en fauteuil roulant ou l’Association canadienne des sports pour aveugles. On encourageait les participants à essayer les sports dans des environnements non menaçants, souvent avec des pairs ayant les mêmes handicaps (Legg, 2011, p. 6). Bien qu’un bon nombre de participants se soient sentis habilités en tant qu’athlètes, ils n’ont pas réussi à devenir des sportifs de haute performance par manque de soutien d’un entraîneur élite.

Au fil du temps, on a compris que les handicaps constituaient non seulement un défi pour la santé, mais représentaient une interaction entre le corps d’une personne et la société. Il est devenu évident qu’on pouvait assurer une meilleure équité si on éliminait les obstacles environnementaux et sociaux (Organisation mondiale de la santé, en ligne). Au début des années 1990, les sports pour personnes handicapées ont adopté un modèle fondé sur l’idée que n’importe qui peut participer à un sport général (Legg, 2011, p. 16). Sport Canada et d’autres organismes internationaux ont commencé à financer des ONS pour mettre en œuvre des programmes pour athlètes handicapés. Dès le début des années 2000, le changement a été fait au Canada, et seuls les sports qui ne sont pas pratiqués par les athlètes valides, comme le goalball (qui comprend des athlètes aveugles), sont administrés par des organisations de sport pour personnes handicapées (Legg, 2011, p. 16).

Les athlètes élites d’aujourd’hui ayant un handicap ont un soutien et des opportunités sans précédent. La culture sportive canadienne a évolué au point que ces athlètes :

  • bénéficient d’un entraînement de haut niveau tout en travaillant avec des athlètes valides;
  • tirent profit d’une science de pointe qui optimise la performance;
  • obtiennent des incitatifs, comme du financement de Sport Canada, des commanditaires et une reconnaissance médiatique;
  • livrent des performances nettement supérieures aux athlètes handicapés de l’époque.

Paradoxalement, le Canada tire de l’arrière par rapport aux autres nations paralympiques qui aspirent voir leurs athlètes sur le podium. Aux Jeux d’été d’Athènes de 2004, le Canada a terminé au troisième rang du classement avec 72 médailles. L’écart était beaucoup plus prononcé lors des Jeux de Londres de 2012, où le Canada a terminé 20e avec seulement 31 médailles. Néanmoins, le Canada s’est amélioré dans les sports d’hiver, dans le cadre d’épreuves où il affronte un nombre réduit de pays, principalement des nations nordiques. Un fait intéressant à noter est que les athlètes de pays comme le Brésil et la Chine ont connu un essor et ont redéfini le portrait paralympique au cours des dernières années.

Notre système sportif a mis l’accent sur ses joueurs de premier plan vieillissants, sans toutefois mobiliser adéquatement une prochaine génération d’athlètes qui sera en mesure de les remplacer. Au lieu de mettre en œuvre des programmes qui sont offerts par des groupes de sport pour personnes handicapées aux futurs athlètes, le Comité paralympique canadien et les ONS ont essayé de combler les lacunes en fournissant de l’information et en organisant des événements d’identification des talents. La plupart du temps, les participants n’ont pas poursuivi leurs efforts dans un programme compétitif. En effet, c’est beaucoup plus intimidant pour un athlète d’athlétisme en fauteuil roulant d’approcher un club pour athlètes valides que de se joindre à un groupe de sport pour personnes handicapées.

J’ai vécu ce processus d’intégration en tant qu’athlète national de longue date en athlétisme handisport. Pour moi, la clé pour rester impliqué dans la course compétitive en tant que jeune était l’environnement de soutien qu’ont créé les enseignants de mon école secondaire dans le milieu des années 1990, de même que les autres élèves aveugles. Sans l’entraînement et le soutien subséquents que j’ai reçus dans l’ensemble du système, je n’aurais probablement pas participé à des épreuves internationales. Inversement, il est probable que je n’aie pas eu la piqûre de la course sans un environnement « sécuritaire » dans lequel j’ai pu avoir une idée de la vie d’un athlète, et ce, en la compagnie d’autres personnes comme moi. Par ailleurs, une recherche effectuée en 2013 par une équipe d’enquêteurs dirigée par Kathleen Martin Ginis de l’Université McMaster souligne le rôle qu’ont les initiatives éducatives et le contact personnel, de même que les discussions de groupe et le counseling, pour influencer les changements de comportements de manière à ce que les personnes handicapées soient plus actives physiquement.

Le Canada a répondu aux perceptions changeantes envers les handicaps en faisant un pas bien intentionné vers l’intégration d’athlètes handicapés. Même si des changements considérables à la structure du système sportif ont été faits pour améliorer l’harmonisation de celui-ci au cours des dernières années, une réelle intégration doit aussi tenir compte de l’aspect social et émotionnel. Les athlètes handicapés ont des besoins, des forces, des motivations et des vulnérabilités uniques, qui sont parfois oubliés au sein du système de sport global. De plus, de nombreux entraîneurs et administrateurs sportifs peuvent douter du rôle qu’ils doivent jouer pour appuyer les athlètes handicapés avec qui ils travaillent. Cependant, notre nouvelle ministre des Sports et des Personnes handicapées, Carla Qualtrough, est une athlète paralympique de l’époque du commencement des sports pour personnes handicapées, et elle est bien placée pour diriger les efforts du gouvernement afin de rehausser la participation et le parcours de haute performance d’athlètes valides et handicapés.

Alors que le processus d’intégration est toujours en cours et que j’anticipe la fin de ma propre carrière compétitive, j’ai bon espoir que nous verrons de plus en plus d’espaces au sein desquels d’aspirants athlètes handicapés pourront émerger dans les années à venir. Une collaboration accrue entre les organismes de sport pour athlètes valides et handicapés est certainement un grand pas vers une meilleure harmonisation des sports (Harmonisation et intégration du système, en ligne). Ainsi, on peut espérer de tirer des leçons de notre riche passé afin de renforcer la participation continue et la haute performance des athlètes de la prochaine génération.

Références:

Hahn, Harlan. “Towards a Politics of Disability: Definitions, Disciplines and Policies”. Independent Living Institute. Accessed online, January 11, 2016. www.independentliving.org/docs4/hahn2.html#definition

Legg, David. “Special Report: CS4L for Athletes with a Disability”. Prepared for Canadian Sport for Life, 2011. Accessed online, January 8, 2016. http://canadiansportforlife.ca/resources/special-report-cs4l-athletes-disability

“System Alignment and Integration”. Canadian Sport for Life. Accessed online, January 11, 2016. http://canadiansportforlife.ca/athletes-disabilities/system-alignment-and-integration.

World Health Organization. “Disabilities”. Accessed online, January 12, 2016. www.who.int/topics/disabilities/en/

 

A propos de l’auteur

Jason Dunkerley a représenté fièrement le Canada lors de quatre Jeux paralympiques au cours desquels il a remporté cinq médailles en athlétisme distance moyenne contre d’autres coureurs aveugles. Il est membre de l’équipe paralympique nationale depuis 1998. Lorsqu’il n’est pas en train de courir sur la piste, Jason fait la promotion de l’activité physique inclusive, afin que plus de personnes handicapées aient le goût de s’investir dans l’activité physique. Avec son coureur guide Josh Karanja, Jason espère représenter le Canada aux Jeux paralympiques de Rio de Janeiro en 2016.



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