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Rugby players huddling on sports field

Points saillants

  • Les entraîneurs de haute performance et les gestionnaires sont les principaux responsables de la transition vers un sport plus sécuritaire.
  • Dans notre recherche, les entraîneurs et les gestionnaires ont identifié six défis au changement de culture dans le sport de haut niveau :
    • Le sport est intrinsèquement dangereux
    • Un environnement sportif turbulent et instable
    • Un manque d’alignement dans le système
    • Différentes interprétations du sport sécuritaire
    • Hésitation générale et évitement
    • Les contraintes en matière de ressources financières et humaines
  • Nous présentons des stratégies pour relever ces défis et évoluer vers des cultures sportives plus sécuritaires pour tous les participants au sport.

Les appels au changement de culture dans les sports au Canada sont persistants et plus forts que jamais. Dans le cadre de notre programme de recherche systématique, nous avons écouté et partagé les points de vue des athlètes de haut niveau sur ce qui semble être des comportements et des pratiques dangereux acceptés (ou du moins, tolérés) dans le sport. La tolérance des comportements et pratiques dangereux reflète une attitude de « voici comment on fait les choses ici » qui fait obstacle au changement de culture (MacIntosh & Doherty, 2005). Pour faire progresser la culture sportive, il faut continuer à s’appuyer sur une compréhension factuelle du changement nécessaire.

La culture peut être modifiée au fil du temps, en recentrant et en enracinant des comportements et des pratiques nouveaux et différents, ainsi que les valeurs sous-jacentes plus positives qu’ils représentent (Alvesson & Sveningsson, 2016). Dans un récent blogue du SIRC, Jennifer Walinga a décrit certains mécanismes de changement culturel : « Pour changer la culture, il faut d’abord la vérifier en épluchant les couches de valeurs et de croyances afin d’exposer, puis de remettre en question et de changer certaines des hypothèses qui régissent le sport. » Cet audit doit prendre en compte le point de vue des entraîneurs et des gestionnaires de haut niveau, étant donné qu’elles et ils participent directement à la création et au renforcement de la culture du sport de haut niveau et, en fin de compte, à l’évolution de cette culture vers un sport plus sécuritaire.

Dans cet article, nous partageons les résultats de notre récente recherche qui se concentre sur les voix des entraîneurs et des gestionnaires concernant les aspects sécuritaires et non sécuritaires de la culture du sport de haut niveau au Canada. Tout d’abord, nous décrivons les défis que les entraîneurs et les gestionnaires du sport de haut niveau considèrent comme obstacle au changement de culture dans le sport. Ensuite, nous présentons des stratégies fondées sur des données probantes pour relever ces défis. S’appuyant sur nos recherches qui examinent les perspectives des athlètes de haut niveau sur les environnements sportifs sécuritaires et dangereux, ces résultats enrichissent notre compréhension de la culture du sport de haut niveau et de la sécurité des athlètes.

Notre étude : Le point de vue des entraîneurs et des gestionnaires

Coaching, rugby or happy man writing with a strategy, planning or training progress with a game formation.Les entraîneurs et les gestionnaires sont les principaux responsables de l’évolution vers un sport plus sécuritaire. Ils sont chargés de gérer et d’administrer un environnement sportif sécuritaire en élaborant, en mettant en œuvre et en renforçant les politiques et les pratiques comportementales au sein de leur organisation et de leur équipe. Les athlètes de haut niveau ont attiré l’attention sur le rôle essentiel de ces leaders pour garantir un espace sportif positif.

En tant que gardiens de la culture du sport de haut niveau, et donc du changement de culture, ces leaders ont une expérience et une vision directes des défis associés aux appels à une nouvelle orientation. Pour tirer parti de leurs expériences et de leurs points de vue, nous avons interrogé 27 entraîneurs et gestionnaires (appelés collectivement « leaders sportifs » dans le présent article) de 23 organismes de sport de haut niveau, principalement des organismes nationaux de sport (ONS). Nous les avons interrogés sur leur perception des pratiques sportives sécuritaires et dangereuses, sur ce qui peut être fait pour passer à une culture sportive plus sécuritaire et sur les défis que cela représente.

Les défis liés à l’adoption d’une culture sportive plus sécuritaire

Les entraîneurs et les gestionnaires que nous avons interrogés nous ont fait part de ce qu’ils considèrent comme des comportements et des pratiques dangereux dans le milieu du sport de haut niveau, notamment :

  • Une focalisation sur les résultats qui donne la priorité aux « médailles à tout prix » et une hiérarchie de financement qui en découle.
  • Un système centré sur l’entraîneur qui permet d’abuser des déséquilibres de pouvoir et tolère la domination.
  • Un environnement hostile, basé sur la peur, pour toutes les parties prenantes du sport de haut niveau.
  • L’ambiguïté et l’incertitude concernant ce qui demeure un processus de signalement faible pour les athlètes, les entraîneurs et les gestionnaires qui subissent de mauvais traitements.

Ils ont également indiqué que, selon eux, un sport sécuritaire se caractérise par les éléments suivants :

  • Une communication ouverte
  • Une représentation diversifiée
  • Un soutien auxiliaire pour les athlètes
  • L’officialisation des politiques et des stipulations en matière de sport sécuritaire
  • Des processus d’enquête par des tiers
  • L’engagement des parties prenantes dans la sensibilisation et la formation obligatoires et volontaires en matière de sport sécuritaire.

Nous présentons nos conclusions comme un processus de passage d’un sport dangereux à un sport plus sécuritaire (voir figure 1), en mettant l’accent sur les défis perçus de ce changement. Les leaders sportifs que nous avons interrogés ont mis en évidence plusieurs défis à relever pour passer à un environnement sportif plus sécuritaire, défini comme un environnement qui est inclusif, solidaire, confiant et qui permet à toutes les parties prenantes de connaitre des performances optimales. Nous partageons ces résultats ici, avec des citations à l’appui.

Figure 1. Les défis posés par le passage d’aspects dangereux à des aspects sécuritaires dans le sport de haut niveau.

1er défi : Le sport est intrinsèquement risqué et dangereux

Les entraîneurs et les gestionnaires ont souligné la difficulté d’établir un environnement totalement sécuritaire, malgré tous les efforts déployés, car le sport lui-même est intrinsèquement dangereux. Par exemple, un leader sportif a décrit la nécessité de se concentrer sur le fait de rendre le sport « plus sécuritaire » plutôt que « sans danger » tout en se conformant aux politiques et aux exigences en matière de sécurité dans le sport : « Mais même une fois que nous avons réglé tout cela, cela ne veut pas dire que la sécurité est possible. Vous savez, il y a un risque inhérent dans le sport et dans la vie, donc il s’agit vraiment d’une question d’être plus sécuritaire. »

Les leaders sportifs ont souligné l’importance de reconnaître que le sport comporte des éléments intrinsèquement dangereux dans le cadre de la compétition et de l’entraînement. Le passage à un contexte de sport plus sécuritaire nécessite une réflexion sur ce que le risque inhérent à l’activité physique de compétition signifie pour la sécurité des athlètes. Il y a sans aucun doute des zones d’ombre dans lesquelles il faut naviguer. Par exemple, pour préparer les athlètes à des situations risquées en compétition, les entraîneurs peuvent avoir besoin de simuler des situations risquées pendant l’entraînement (de la manière la plus sécuritaire possible) afin que les athlètes puissent apprendre à gérer une telle situation tout en atténuant le risque. C’est souvent le cas des sports de combat, comme le décrit ce leader sportif :

« Les entraîneurs sont dans le coin et lancent des ordres parce qu’ils voient ce qui va se passer, car ils ont de l’expérience… Ainsi, pour préparer les athlètes à la compétition, au niveau auquel ils participent, il faut simuler exactement le même environnement que celui qui va se produire… Ainsi, si vous dites : “S’il vous plaît, arrêtez de faire ceci parce que je pense que ce n’est pas bon pour vous”, vous pouvez aussi dire : “Hé, faites-le maintenant. Et faites-le très vite !” ».

2e défi : Environnement sportif turbulent et instable

Les leaders sportifs ont décrit la difficulté d’évoluer vers une culture du sport plus sécuritaire lorsque l’environnement actuel continue d’être si turbulent et instable, un lieu où les individus ont peur d’agir. « Je pense que si nous trouvions un moyen pour que les gens n’agissent pas dans cet espace de peur et dans cet espace très menacé, alors nous mettrions en œuvre des pratiques sportives sécuritaires qui ne seraient pas simplement un spectacle », a déclaré l’un des leaders que nous avons interrogés. « J’ai l’impression qu’à l’heure actuelle, beaucoup de gens se sentent incroyablement menacés dans leur rôle et ont incroyablement peur de commettre une erreur, et sont donc très prudents quant à la manière dont ils s’engagent réellement dans le sport sécuritaire », a ajouté le leader.

Les leaders ont également parlé de leur sentiment d’être laissés pour compte dans l’instabilité des appels au changement et des efforts de réforme, et de leur difficulté à faire le tri dans le nouveau dialogue et les nouvelles informations. Ils ont dit se sentir réactifs et sans protection, plutôt que soutenus, lorsqu’ils essaient de faire ce qu’il faut. Selon un leader :

« Je pense qu’à l’heure actuelle, tout le monde se trouve dans cette zone de réaction. [Et à cause de cela] vous devez compter sur votre association pour vous soutenir si vous faites ce qu’il faut, et je pense que bien souvent, les associations ne le font pas. Elles ne soutiennent pas vraiment le processus, vous savez. »

De toute évidence, les organismes de sport au Canada sont confrontés à de nouvelles informations, à de nouvelles allégations de mauvais traitements et à des lignes directrices mises à jour qui peuvent les laisser perplexes quant à ce qu’ils doivent faire et à la façon de le faire.

3e défi : Manque d’alignement dans le système

officials sitting around a table conversingUn système sportif désarticulé a été identifié comme un autre obstacle à la mise en place d’une culture sportive plus sécuritaire. Les leaders ont décrit un décalage entre les organismes de sport aux niveaux communautaire, provincial et territorial, et national. Ce décalage peut être accentué par les efforts déployés en faveur du sport sécuritaire. Par exemple, dans certains sports, les athlètes de l’équipe nationale s’entraînent indépendamment avec des clubs locaux et se réunissent pour des camps d’entraînement ou des compétitions de l’équipe nationale un nombre limité de fois par an. Si le personnel de l’équipe nationale peut contrôler la sécurité de l’environnement et le respect des politiques de sécurité sportive lors des événements d’équipe, il n’a que peu de contrôle sur l’environnement d’entraînement quotidien dans le club de chaque athlète. Comme l’a décrit un leader :

« Nous avons un système très décentralisé. Nous ne nous réunissons que quelques fois par an… la plupart du temps, nous ne sommes pas centralisés. Ainsi, [les athlètes] s’entraînent tous dans leur propre club. Il m’est donc très difficile de dire que j’ai mis en place toutes mes politiques et tous les éléments nécessaires. Mais est-ce qu’elles ont un impact réel ? »

Un autre leader confirme : « Nous n’avons pas forcément les moyens de savoir [ce qui se passe au niveau des clubs]. »

Dans le même ordre d’idées, les leaders ont décrit le défi que représente le fait de naviguer entre les différents systèmes et exigences en matière de sécurité sportive d’une juridiction à l’autre au sein d’un même sport. « Techniquement, seuls les athlètes de notre ligue nationale et de notre équipe nationale… relèvent de notre juridiction. Mais… si quelque chose se produit au niveau local ou provincial, cela se répercute sur notre organisation », a expliqué un leader. « Nous nous efforçons d’harmoniser nos politiques et de mettre à disposition des modèles afin que nos organisations provinciales puissent adopter les mêmes politiques que nous, mais nous n’avons pas vraiment les moyens de les rendre obligatoires. C’est donc encore facultatif. »

Il est reconnu que pour que les politiques soient efficaces, il faut comprendre où et comment elles s’appliquent, et qui est responsable de gérer quelles pratiques. Pour les leaders du sport de haut niveau, naviguer les frontières juridictionnelles au sein du sport est une montagne à gravir.

Les leaders reconnaissent qu’il n’y a pas de solution miracle, mais si un langage et des règles communs ne sont pas mis en place et renforcés de manière cohérente au sein d’un sport, dans tous les contextes, le progrès demeure au point mort. Comme l’a dit l’un des leaders :

« C’est entre les avocats. Et le problème, c’est que les personnes avec lesquelles nous traitons au niveau des ONS ne sont pas des juristes. Elles essaient de trouver une solution unique pour toutes les facettes de notre sport. Mais le problème de notre sport, c’est qu’il y a des clubs, des universités, des écoles secondaires, et que chacun d’entre eux a des règles et des obligations différentes. »

Les problèmes liés à l’alignement des systèmes compliquent les efforts en faveur d’un sport sécuritaire et laissent les gestionnaires perplexes quant aux prochaines étapes.

4e défi : Différentes interprétations du sport sécuritaire

Selon les leaders que nous avons interrogés, l’un des plus grands défis à relever pour instaurer une culture du sport sécuritaire est la manière dont les différentes parties prenantes interprètent ce qui est considéré comme un langage, un comportement et des pratiques acceptables et inacceptables dans le sport de haut niveau. Comme l’a déclaré un leader : « La question est complexe, car il s’agit de savoir quelle est la définition de la maltraitance ou de l’abus dans le sport. Il y a différentes interprétations de ce que cela signifie. » Par exemple, un leader a décrit comment les entraîneurs qui viennent d’autres pays pour travailler dans des programmes canadiens de haut niveau peuvent avoir des points de vue différents sur ce qui est considéré comme acceptable ou non.

Les leaders ont également décrit la tâche qui leur incombe de faire la distinction entre les interprétations du sport sécuritaire et des mauvais traitements. Pour reprendre les mots d’un leader : « Il s’agit de trouver ce qui est vraiment de la maltraitance et ce qui est perçu comme de la maltraitance, mais qui n’en est pas vraiment. » Dans l’ensemble, les leaders ont souligné leur difficulté à définir une compréhension commune de concepts complexes liés à la sécurité dans le sport et à la maltraitance. Par conséquent, les leaders ont dit ne pas savoir comment aller de l’avant avec les mesures de sécurité dans le sport, comme le signalement et la sanction.

5e défi : Hésitation générale et évitement

Les leaders sportifs avec lesquels nous nous sommes entretenus ont tous reconnu la nécessité d’évoluer vers une culture sportive plus sécuritaire, tout en admettant que le sport hésite généralement à assumer la responsabilité des actions nécessaires au changement. Ils ont également décrit comment cette hésitation fait obstacle à la réalisation du changement : « L’organisation, l’équipe ou le groupe doit sentir qu’il y a un besoin de changement, n’est-ce pas ? On ne peut pas imposer un changement à quelqu’un qui s’est enfermé dans ses habitudes. »

Selon les leaders, les personnes qui résistent au changement estiment souvent que le sport sécuritaire n’est pas leur problème. « Il y a toute cette idée de “ce n’est pas mon problème !” », a expliqué un leader. Dans le même ordre d’idées, les dirigeants ont décrit comment les personnes qui résistent au changement rationalisent leurs décisions par des déclarations telles que « Je ne veux pas avoir à m’occuper de cela. Je veux juste faire ce que j’ai à faire. Laissez-moi tranquille » et « Vous allez trop loin ».

En lien avec l’environnement turbulent et instable décrit dans le deuxième défi, une autre raison pour laquelle certaines personnes travaillant dans le sport peuvent hésiter à agir est le risque perçu de réactions négatives. Comme l’a déclaré un leader :

« Je veux créer un environnement sportif sécuritaire pour les entraîneurs, les athlètes et le personnel. Mais… comment puis-je le faire sans être blâmé pour certaines choses que je ne peux pas contrôler ? Pour nous, il s’agit donc d’essayer de minimiser les réactions négatives tout en promouvant un environnement sportif sécuritaire. »

6e défi : Contraintes liées aux capacités financières et humaines

Enfin, les leaders ont souligné que les capacités financières et humaines limitaient leur capacité à développer et à mettre en œuvre des pratiques éducatives, politiques et communicatives liées à la sécurité dans le sport. Un leader a résumé l’enjeu en disant qu’il s’agissait d’une question de survie de l’organisation :

« Je n’étais pas le seul employé, mais nous étions assez petits. Nous nous concentrions sur notre survie et sur le maintien de l’organisation. Et nous ne pouvions tout simplement pas faire tout ce que je savais qu’il fallait probablement faire ».

Les leaders ont également mis l’accent sur le rôle du personnel et de la direction dans le respect des exigences en matière de sécurité dans le sport et dans la priorité accordée à la sécurité dans le sport. Selon l’un d’entre eux :

« Si nous disons vraiment, vous savez, que la chose la plus importante est que les gens soient en sécurité, alors la personne la plus importante dans l’organisation [devrait être] responsable de la sécurité et cela [devrait être] son travail principal. En réalité, il y a très peu d’organisations dans lesquelles c’est le cas. »

Un autre leader a parlé du défi que représente la conformité pour les organisations qui dépendent fortement des bénévoles pour la mise en œuvre de leurs programmes :

« Essayer de faire en sorte que les bénévoles suivent une partie de la formation et de la sensibilisation, c’est comme s’arracher les dents. Il sera donc extrêmement difficile pour les bénévoles d’amener d’autres bénévoles à se conformer à ces règles. »

D’autres se sont concentrés sur les défis financiers. Par exemple, un leader a exprimé le besoin d’aligner le financement sur la façon dont le sport sécuritaire est censé être priorisé dans le paysage plus large du système sportif :

« Je pense qu’il faut vraiment se rendre à l’évidence et voir à quel point c’est important, sinon un sport échouera ou ce sera un processus fragmentaire, à moins qu’il y ait plus de financement sur la table et que cela ne réduise pas d’autres financements. »

Stratégies pour relever les défis d’un sport plus sécuritaire

Pour continuer à faire tourner les roues du changement de culture, le secteur du sport devrait prendre des mesures que les entraîneurs et les gestionnaires de haut niveau ont identifié comme étant les principaux défis à relever dans ce processus. Nous partageons ici quelques stratégies visant à huiler les rouages pour que le système sportif canadien progresse vers la réalisation d’une culture plus sécuritaire :

  • Réfléchir au risque inhérent à l’activité physique de compétition et à ce que cela signifie pour la sécurité des athlètes (pas seulement le risque physique de l’entraînement et du mouvement de haut niveau, mais aussi le contexte des mauvais traitements). Adopter une détermination centrée sur les athlètes de ce qu’est un risque acceptable, qui tienne également compte de leurs perceptions des mauvais traitements. La stratégie pour un sport sécuritaire de Le sport c’est pour la vie résume bien ce sentiment : « [le sport sécuritaire] ne vise pas seulement à assurer la sécurité physique des participants, mais aussi et peut-être plus important encore, à veiller à ce qu’ils se sentent en sécurité. » (p.2) S’attaquer à l’énigme du risque inhérent au sport peut également contribuer à apaiser les turbulences et l’instabilité actuelles du mouvement pour la sécurité dans le sport.
  • Clarifier et communiquer efficacement les responsabilités juridictionnelles en matière de lutte contre les mauvais traitements dans le sport. En même temps, s’attaquer aux différences entre les juridictions et rechercher un meilleur alignement, y compris un langage, des approches et des pratiques communs, dans le cadre d’une fondation efficace pour un sport plus sécuritaire au sein des sports et dans l’ensemble du système sportif. Le Bureau du Commissaire à l’intégrité du sport (BCIS) du Canada peut jouer un rôle clé en relevant les défis liés à l’alignement du système sportif, aux différences entre les juridictions et à l’adoption d’un langage commun.
  • Reconnaître, sans nécessairement les accepter, les différentes interprétations des comportements et pratiques « sécuritaires » ou « dangereux » dans le sport. Il s’agit peut-être de l’un des défis les plus délicats à relever. La sensibilisation doit reconnaître la réalité des différentes interprétations et aider les entraîneurs et les gestionnaires à désapprendre les idées préconçues sur les comportements acceptables (Cegarra-Navarro & Wensley, 2019) et à réapprendre les significations centrées sur l’athlète de ce qu’est la « sécurité » dans leur sport. Le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS) fournit des principes communs et des définitions normalisées, et peut être utilisé comme ressource pour gérer les différentes interprétations du sport sécuritaire.
  • Reconnaître et traiter l’hésitation générale (ou l’évitement) d’un changement vers un sport plus sécuritaire. L’hésitation décrite par les leaders sportifs dans notre étude semble résulter d’une peur générale de l’inconnu ou de faire quelque chose de mal. Des campagnes de sensibilisation supplémentaires sont manifestement nécessaires. Le recours aux autres stratégies décrites dans cette section peut également aider à surmonter les difficultés liées à l’hésitation ou à la peur du changement.
  • Renforcer stratégiquement les ressources humaines et financières nécessaires au changement de culture (1) en déterminant les besoins et les lacunes en matière de capacités, (2) en identifiant d’autres moyens de répondre aux besoins identifiés (tels que pourvoir un nouveau poste, le transfert de fonds ou la création d’une communauté de pratique) et (3) en évaluant l’état de préparation de l’organisation à l’initiative (telle que la volonté de s’engager dans l’initiative, l’alignement sur les processus existants ou la capacité de soutien existante).

Il est important d’être conscient des défis liés à l’instauration de cultures sportives plus sécuritaires identifiés par les leaders du sport de haut niveau dans notre étude et de les relever de manière stratégique. En même temps, nous devons être ouverts à d’autres défis au fur et à mesure qu’elles se présentent. Il s’agit là d’un élément important du changement de culture dans le sport de haut niveau, au même titre que la discussion et l’implication accrues des points de vue des principales parties prenantes pour façonner à la fois les politiques et le changement de comportement. Il est essentiel d’avoir une vision commune de ce à quoi le sport peut et doit ressembler au Canada est une grande priorité pour réaliser ce changement, ce qui souligne la nécessité pour les entraîneurs et les gestionnaires, les gardiens de la culture, de travailler ensemble dans cette quête louable.


A propos de(s) l'auteur(s)

Eric MacIntosh, Ph.D., est professeur de gestion du sport à l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa. Les recherches de Dr MacIntosh portent sur la culture organisationnelle, le leadership et le développement. Il s’intéresse particulièrement à la façon dont le leadership peut informer et façonner les valeurs essentielles à la compréhension de la culture organisationnelle et à la façon dont ces valeurs peuvent se transmettre positivement à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise sur le marché.

Alison Doherty, Ph.D., est professeure de gestion du sport à l’école de kinésiologie de l’université Western, où elle dirige également le groupe de recherche sur le sport et l’impact social (Sport and Social Impact Research Group – SSIRG). Les recherches de Dre Doherty portent sur la sécurité et l’intégration dans le sport et l’activité physique. Elle est membre du comité de recherche sur l’impact de Femmes et sport au Canada et entraîne l’équipe d’athlétisme de Western, les Mustangs, depuis plus de 30 ans.

Shannon Kerwin, Ph.D., enseigne et mène des recherches dans les domaines du comportement organisationnel et de la gestion des ressources humaines (GRH) au sein du département de gestion du sport de l’université Brock. Les recherches de Dre Kerwin portent sur la manière dont les valeurs personnelles et organisationnelles s’alignent pour améliorer les résultats organisationnels importants dans le sport et l’influence des pratiques de GRH sur les résultats équitables au sein des conseils sportifs.

Références

Alvesson, M., & Sveningsson, S. (2016). Changing Organizational Culture: Cultural Change Work in Progress (2nd ed.). Routledge.

Cegarra-Navarro, J. G., & Wensley, A. (2019). Promoting intentional unlearning through an unlearning cycle. Journal of Organizational Change Management, 32(1), 67–79.

https://doi.org/10.1108/JOCM-04-2018-0107

MacIntosh, E. & Doherty, A. (2005). Leader intentions and employee perceptions of organizational culture in a private fitness corporation. European Sport Management Quarterly, 5,

1-22. https://doi.org/10.1080/16184740500089557


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