En 2006, les Nations unies ont adopté la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), une convention historique qui protège le droit à la participation dans divers domaines sociaux, notamment les activités, les sites et les services sportifs.
La CDPH a été ratifiée par le Canada et 176 autres pays à travers le monde. Néanmoins, les taux de participation sportive des personnes ayant un handicap sont faibles. Bien que les données sur la participation sportive des Canadiens ayant un handicap soient limitées (c.-à-d. nous n’avons pas d’estimations précises des taux de participation sportive pour cette population), les données d’autres pays sont convaincantes. Par exemple, Sport England (2019) mentionne qu’un quart de la population britannique handicapée est active dans le sport – soit que la moitié du taux de la population non handicapée de l’Angleterre.
Alors que l’accès et la sensibilisation aux possibilités sportives pour les personnes handicapées continuent d’augmenter, les définitions de la pratique du sport ont également commencé à changer. En plus de la quantité de participation au sport – qui comprend la fréquence à laquelle une personne pratique un sport, la durée de chaque pratique ou compétition et la durée de la saison – les chercheurs et les praticiens se concentrent de plus en plus sur la qualité de la participation sportive. En d’autres termes, les perceptions subjectives des participants selon lesquelles leur participation au sport a été satisfaisante, agréable et donne des résultats significatifs sur le plan personnel (Evans et coll., 2018).
Le Cadre sur la participation aux parasports de qualité
Bien que des activités, des sites et des services sportifs accessibles soient nécessaires pour que les personnes de toutes capacités puissent pratiquer un sport, l’accessibilité ne garantit pas des expériences sportives positives. La création d’expériences positives nécessite une considération de plusieurs facteurs, tels que le sentiment d’appartenance, le choix, la réussite et le défi.
En s’assurant que les personnes ayant un handicap sont exposées à des expériences sportives positives, la chance qu’elles continuent de pratiquer un sport et, par conséquent, d’en tirer des avantages potentiels, est susceptible de s’améliorer (Caron, Martin Ginis, Rocchi et Sweet, 2019; Martin, 2006). Par conséquent, une participation de qualité est cruciale pour le développement à long terme du sport et de l’activité physique en général.
Dans cette optique, les chercheurs du Projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap – une alliance financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada de partenaires des secteurs universitaire, public, privé et gouvernemental qui travaillent ensemble pour accroître la participation communautaire des Canadiens ayant une incapacité physique – ont synthétisé la documentation existante et sollicité les commentaires des intervenants du secteur du sport pour personnes handicapées afin de créer un cadre éclairé par des preuves de participation optimale au parasport.
Fondation
Une participation de qualité est le résultat d’une exposition répétée à des expériences positives, et les données probantes du point de vue des personnes handicapées suggèrent que les expériences positives sont construites à partir de six « blocs de fondation » clés (Martin Ginis, Evans, Mortenson, & Noreau, 2017) :
- Autonomie : avoir l’indépendance, le choix ou le contrôle ;
- Appartenance : un sentiment d’appartenance à un groupe ;
- Défi : se sentir mis au défi de façon appropriée ;
- Engagement : se sentir motivé, concentré ou impliqué dans une activité ;
- Maîtrise : un sentiment d’accomplissement ; et
- Sens : un sentiment de responsabilité envers soi-même ou envers les autres.
Ces éléments clés forment le noyau du Cadre sur la participation aux parasports de qualité, qui décrit 25 stratégies fondées sur des données probantes pour favoriser des expériences positives et, par conséquent, une participation de qualité aux sports pour personnes handicapées (Evans et coll., 2018). Les responsables de programmes sportifs peuvent choisir des stratégies qui ciblent une ou plusieurs des six composantes clés, créant ainsi une base à partir de laquelle des expériences positives peuvent être construites. Ces stratégies fondamentales se répartissent en trois catégories :
- L’environnement physique : p. ex. s’assurer que des toilettes et des vestiaires accessibles sont disponibles, que les entrées et les sorties sont suffisamment larges pour accueillir les fauteuils roulants et autres aides à la mobilité, et/ou que l’éclairage et la signalisation (gros caractères ou braille) sont adéquats pour les personnes ayant une déficience visuelle.
- L’environnement social : p. ex. les participants perçoivent que les autres (p. ex. les bénévoles du programme, les entraîneurs, les spectateurs) ont des attitudes positives envers le handicap et le parasport. Cela peut se faire par le biais de la formation des bénévoles et/ou des entraîneurs, ainsi que par des campagnes de sensibilisation aux handicaps, comme la Semaine nationale de l’accessibilité du gouvernement du Canada.
- Caractéristiques du programme : p. ex. modifier le niveau de difficulté, les types d’activités et l’équipement pour répondre aux besoins des athlètes individuels.
Par ailleurs, les « blocs de fondation » sont très individualisés, ce qui signifie que la combinaison de ceux-ci qui contribuent à une expérience positive sera différente d’une personne à l’autre. Ainsi, les stratégies fondamentales devraient être choisies en fonction des besoins des participants ou des objectifs du programme en général.
Élaboration du Cadre
Le Cadre sur la participation aux parasports de qualité a été élaboré au moyen d’un processus rigoureux en plusieurs étapes (voir Evans et coll., 2018 pour de plus amples détails). La première étape a consisté en un examen de la documentation sur la participation dans tous les milieux de personnes handicapées (p. ex. la réadaptation), qui a permis de déterminer les « blocs de fondation » initiaux des expériences positives (Martin Ginis et coll., 2017). Par la suite, un examen systématique de la recherche qualitative (c.-à-d. fondée sur des données narratives) et quantitative (c.-à-d. fondée sur des chiffres) a été effectué afin de déterminer les aspects des programmes d’activité physique adaptés qui sont propices à faciliter les six blocs de fondation (Shirazipour et coll., sous presse). De plus, des études qualitatives originales ont été réalisées dans le but de comprendre les points de vue des personnes ayant des incapacités physiques concernant la participation à des programmes de qualité et les six blocs de fondation (Allan, Smith, Côté, Martin Ginis et Latimer-Cheung, 2018; Shirazipour et coll., 2017), ainsi que les stratégies concrètes utilisées par les organismes qui offrent des expériences adaptées en activité physique pour améliorer la qualité des programmes (Shirazipour, Aiken et Latimer-Cheung, 2018). Enfin, les commentaires des intervenants (chercheurs et partenaires communautaires du Projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap; chercheurs externes et administrateurs sportifs; athlètes, entraîneurs et parents dans le milieu des sports pour personnes handicapées) ont été recueillis au moyen de multiples sondages en ligne et de consultations en personne et en ligne (Evans et coll., 2018). L’équipe de recherche a ensuite intégré les commentaires des intervenants dans le Cadre.
Ressources
Pour de plus amples renseignements sur le Cadre sur la participation aux parasports de qualité – y compris une liste complète des stratégies qui peuvent être utilisées pour cibler chaque élément constitutif et les preuves à l’appui – consultez les ressources suivantes :