Le centre de documentation pour le sport
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Le centre de documentation pour le sport

Le parasport s’est considérablement développé au cours des dernières décennies, avec une augmentation de la participation des athlètes ainsi que des intensités d’entraînement et des performances sportives (Patricios et Webborn, 2021; Fagher et coll., 2016). Pourtant, il existe encore peu de recherches permettant d’orienter la pratique, notamment en ce qui concerne la physiologie du sport et la santé des para-athlètes (Gee et coll., 2021).

Récemment, des recherches plus ciblées sur l’entraînement en parasport ont amélioré nos connaissances sur la façon de soutenir les para-athlètes. Cependant, certains aspects de la santé et du bien-être ne sont pas bien compris, notamment la façon dont la fatigue et la récupération sont gérées, malgré l’incidence élevée de blessures et de maladies chez les para-athlètes d’élite (Harrington et coll., 2021; Fagher et coll., 2022a).

Ce billet de blogue partage les résultats de notre recherche, qui a examiné comment les praticiens du parasport gèrent la récupération avec leurs athlètes. Nous avons interviewé des praticiens du sport expérimentés travaillant avec des para-athlètes d’élite dans toute l’Amérique du Nord, afin de connaître les défis et les succès qu’ils ont rencontrés avec leurs athlètes. Nous avons choisi d’interviewer une variété de professionnels pour assurer une perspective équilibrée, y compris des entraîneurs, des physiologistes, des médecins, des diététiciens, des thérapeutes en réadaptation et un entraîneur en performance mentale.

Nos entrevues ont révélé des thèmes clairs sur la récupération des athlètes dans le parasport, qui sont mis en évidence ci-dessous.

1. Donner la priorité aux concepts simples

Les praticiens sont tous d’avis qu’un repos de qualité et une alimentation adéquate sont essentiels pour que les athlètes restent en bonne santé et soient prêts. Ils ont souligné que si les athlètes sont reposés et mangent bien, les adaptations de l’entraînement s’améliorent. Cette idée n’est pas propre aux para-athlètes, mais les praticiens ont discuté des façons dont certains para-athlètes luttent pour obtenir un bon repos et une bonne nutrition.

Par exemple, certains athlètes ayant une déficience visuelle ont des réponses altérées à la lumière, ce qui peut avoir un effet sur leurs cycles de sommeil. Certains athlètes peuvent avoir des troubles du sommeil en raison de spasmes musculaires ou de douleurs chroniques. Des recherches récentes ont porté sur les habitudes de sommeil d’un grand groupe d’athlètes d’élite suédois et ont révélé que 60 % d’entre eux déclaraient dormir 7 heures par nuit ou moins (Fagher et coll., 2022b). De plus, étant donné les différences de digestion et d’appétit, en particulier chez les athlètes souffrant de lésions de la moelle épinière, les praticiens ont suggéré de se concentrer sur l’essentiel, à savoir manger suffisamment.

Ainsi, si vous travaillez avec des para-athlètes, quel que soit leur niveau, n’oubliez pas de leur poser des questions sur le sommeil et la nutrition, et de leur apporter un soutien en conséquence.

2. Apprenez à connaître l’athlète dans son ensemble

Athlete with a disability skiing down a mountainDe nombreux praticiens du sport ont souligné l’importance d’établir des relations de qualité avec les para-athlètes avec lesquels ils travaillent. Ils ont souligné que l’utilisation d’outils d’auto-évaluation (par exemple, des questionnaires ou des questions simples où l’athlète peut évaluer ses sentiments ou son état de bien-être) améliorait la prise de décisions sur la façon d’ajuster l’entraînement et de déterminer les besoins de récupération.

En outre, les praticiens ont parlé de l’importance d’écouter et d’apprendre de l’expérience vécue par l’athlète, afin d’apprendre à le connaître en tant que personne. Les praticiens ont noté que le fait de passer du temps à établir des relations avec les para-athlètes contribue également à réduire les hypothèses inutiles sur le handicap, ce qui permet en fin de compte d’améliorer les objectifs de performance et de maintenir une meilleure santé globale de l’athlète. Les experts que nous avons interrogés ont insisté sur le fait qu’un changement d’expertise est nécessaire lorsqu’on travaille avec des para-athlètes, en permettant à l’athlète de donner plus de conseils, en faisant confiance à son jugement et à la connaissance de son corps.

Lorsque vous travaillez avec des para-athlètes, n’oubliez pas que du temps, des efforts et de l’intimité sont nécessaires pour bien comprendre l’histoire de chaque personne, tant en ce qui concerne son sport que son handicap.

3. Reconnaître la diversité des expériences

La diversité des expériences parmi les populations de para-athlètes est plus grande que celle des athlètes valides, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, il existe une variété de types de déficiences différentes, ainsi qu’une diversité au sein de chaque type de déficience. Deuxièmement, chaque para-athlète a une expérience individuelle unique, tant sur le plan du sport que du handicap. Par exemple, les athlètes qui ont acquis une déficience plus tard dans leur vie auront une expérience différente de ceux qui ont une déficience congénitale. Nous pouvons considérer la durée pendant laquelle un athlète a vécu avec son handicap comme son « âge de handicap ». Cette notion d’âge de la déficience est importante pour la façon dont vous travaillez et planifiez la récupération des para-athlètes. Certains athlètes peuvent être confrontés à un corps nouvellement modifié ainsi qu’à des ajustements dans leur mode de vie quotidien, tandis que d’autres para-athlètes ont des années d’entraînement et comprennent donc mieux les principes d’entraînement et de récupération.

4. Pensez aux facteurs musculo-squelettiques

Les praticiens du sport que nous avons interrogés ont tous souligné que la masse musculaire (quantité de muscles), les déséquilibres musculaires (par exemple, une fonction musculaire différente dans un bras par rapport à l’autre) et la spasticité musculaire (augmentation du tonus musculaire ou de la raideur) influençaient la prise de décision des para-athlètes. La masse musculaire est un élément important à prendre en compte, en particulier pour les athlètes souffrant de lésions de la moelle épinière à lésion élevée, qui peuvent être amenés à utiliser toute leur masse musculaire fonctionnelle disponible pour répondre aux exigences de l’activité. En comprenant cela, les praticiens ont réalisé que des intervalles de repos plus longs pendant l’entraînement ou entre les séances peuvent être nécessaires pour permettre un temps de récupération suffisant. De même, il est essentiel de comprendre la disponibilité de la masse musculaire de chaque athlète pour programmer correctement une séance d’entraînement. En effet, une masse musculaire moindre peut nécessiter un repos plus long entre les séances de travail et une modification de la durée globale de la séance d’entraînement ou du nombre de séries, de répétitions ou d’intervalles effectués.

Les praticiens ont également souligné que la prescription de l’intensité du travail et de la progression de l’entraînement doit être faite avec précaution pour éviter de surcharger les muscles qui travaillent (en particulier chez les athlètes qui ont une plus petite quantité de muscles fonctionnels). Pour les athlètes souffrant de spasticité, l’augmentation du tonus musculaire et de la raideur peut être exacerbée après l’exercice, ce qui altère le taux de récupération après l’exercice. Lorsque vous travaillez avec des para-athlètes, l’ajout de stratégies d’autogestion régulières, comme les massages et les étirements, à leur régime d’entraînement pour tenir compte de ces facteurs musculo-squelettiques peut être primordial pour la qualité et la durée de la récupération.

5. Tenir compte de leurs activités de vie quotidienne

Enfin, les praticiens du sport ont discuté des stress physiques et mentaux supplémentaires que de nombreux para-athlètes accumulent dans leur vie quotidienne en dehors de l’entraînement, en particulier lorsqu’ils doivent faire plus d’efforts pour naviguer dans des environnements à accessibilité réduite. Cela est particulièrement important pour les athlètes dont la masse musculaire fonctionnelle est moindre, car les activités de la vie quotidienne exigent simplement plus de temps, de planification et d’énergie globale. Cela a une incidence cumulative sur le temps de repos réel dont peut bénéficier un athlète, en particulier lorsqu’il est combiné à l’entraînement, imposant ainsi un stress total plus important qui peut entraîner une fatigue chronique ou un risque de blessures de surutilisation.

La prévention des blessures est essentielle, car les blessures sportives peuvent être particulièrement préjudiciables chez les para-athlètes, car elles ont une incidence sur leur capacité à s’entraîner et rendent les activités quotidiennes plus difficiles (Thompson et Vanlandewijck, 2021). Un praticien a résumé en disant que le programme d’entraînement global devrait inclure le stress de la vie quotidienne comme un facteur de la charge d’entraînement globale. Il est important de travailler avec les athlètes pour explorer des stratégies qui réduisent le stress de la vie quotidienne afin d’améliorer la récupération et la préparation à l’entraînement et à la compétition.

Conclusions

Nous espérons avoir mis en lumière des aspects importants à prendre en compte lorsque l’on travaille avec des para-athlètes. Dans l’ensemble, s’assurer de soutenir les athlètes en dehors des heures d’entraînement aura des résultats positifs à l’entraînement et en compétition. Compte tenu de l’expérience vécue unique de chaque athlète, n’oubliez pas de les écouter et de prendre des décisions collectives en fonction de leurs commentaires. Les préoccupations en matière de santé et d’entraînement des para-athlètes varient, mais un suivi régulier de la santé des athlètes peut aider à comprendre les besoins individuels et à prévenir les blessures ou les maladies (Fagher et coll., 2022c). Enfin, s’assurer que les bases d’un sommeil et d’une nutrition adéquats sont abordées est fondamental pour préparer les athlètes à s’entraîner et à concourir.

Les entraîneurs jouent un rôle important en facilitant le développement des athlètes. Le fait de guider les athlètes à travers une introduction au sport para après un accident est un rôle d’entraîneur unique. Cette étude explore le rôle des entraîneurs de rugby en fauteuil roulant dans le développement des athlètes atteints d’une lésion de la moelle épinière.

Ce blogue s’inscrit dans le cadre d’une série créée en collaboration avec le Comité paralympique canadien et le Groupe de travail sur le transfert des athlètes paralympiques et met en avant les possibilités et les défis associés au transfert des para-athlètes et à la pratique de plusieurs sports

En 2006, Robbi Weldon est tombée par hasard sur un numéro de Abilities Magazine. Le magazine arborait en couverture une photo du paracycliste Brian Cowie et comportait un article sur le skieur paranordique Brian McKeever et son frère et guide, Robin McKeever. Les deux Brian avaient le même trouble oculaire que Weldon, la maladie de Stargardt.

Sportive accomplie (elle affectionne particulièrement le ski alpin, le goalball et le soccer et a même établi des records du monde en dynamophilie étant jeune), Weldon venait là de mettre le doigt sur son prochain défi. Quelques mois plus tard, elle battait le meilleur athlète paranordique national de l’époque et était bien partie pour faire partie d’Équipe Canada lors des Jeux paralympiques de 2010.

Robbi Weldon competes with guide in Para nordic Sochi ParalympicsMais ses rêves paralympiques ne se limitaient pas au ski paranordique. Environ un an après ses débuts, l’entraîneur national de paracyclisme a en effet demandé à Weldon si elle aimerait essayer le cyclisme en tandem. À peine deux semaines après sa toute première participation aux Jeux paralympiques avec l’équipe de ski paranordique, Weldon a donné suite à Cyclisme Canada. Et c’est ainsi que sa carrière de double athlète a commencé.

Au total, Weldon a participé à quatre éditions des Jeux paralympiques : deux d’hiver et deux d’été. Et seulement six ans après avoir feuilleté par hasard ce numéro de Abilities Magazine, elle a remporté une médaille d’or en cyclisme sur route avec sa guide, Lyne Bessette, en 2012.

Entraîner un athlète pratiquant deux sports

Weldon raconte que ses années les plus prolifiques comme cycliste, elle les a connues lorsqu’elle s’entraînait aussi en ski. Ça ne fait aucun doute dans son esprit. Mais convaincre son entraîneur cycliste, ça a été une autre paire de manches.

« Mon entraîneur cycliste était fermement opposé à toute forme d’entraînement musculaire. Il voulait que tout se fasse à vélo. Les McKeever s’intéressaient eux aussi au cyclisme, donc ils comprenaient les avantages que ça présentait pour la pratique du ski. Il a vraiment fallu que je demande à Robin [l’entraîneur de ski paranordique de l’époque] de rencontrer mon entraîneur cycliste pour lui faire changer d’avis, se remémore Weldon. Mais lorsque j’ai mis fin à ma carrière de skieuse alpine, en 2015, mes dernières années comme cycliste n’ont pas été aussi prolifiques qu’à mes débuts. »

Robbi Weldon and guidePour Weldon, pratiquer deux sports n’est pas seulement difficile parce qu’il faut trouver un juste équilibre entre deux calendriers d’entraînement, mais parce qu’il faut aussi s’occuper de ses deux enfants tout en continuant à travailler à l’hôpital. Elle avait besoin d’un entraîneur flexible qui puisse la soutenir à la fois comme athlète et comme parent.

« Les entraîneurs doivent ajuster les entraînements. Je faisais une séance d’entraînement avant d’aller travailler et une autre après avoir mis mes enfants au lit. J’emmenais mes enfants avec moi aux camps d’entraînement et ça ne posait pas de problèmes aux entraîneurs », raconte-t-elle.

Christina Picton, une de ses camarades qui pratique elle aussi deux sports, confirme que l’attitude des entraîneurs et leur soutien peuvent faire toute la différence lorsque l’on découvre un nouveau sport. Picton est une célébrité dans le monde du para-hockey sur glace canadien depuis 2010. Elle a été capitaine de l’équipe nationale féminine de para-hockey sur glace et a été la première femme à tenter d’intégrer l’équipe masculine.

En 2018, un athlète qu’elle entraînait dans le cadre d’un programme intitulé « Apprenez à faire de la luge » lui a suggéré de s’intéresser au ski paranordique. Après avoir, dans un premier temps, rejeté l’idée, Picton, qui souffre d’une maladie congénitale qui affecte ses deux jambes, a fini par arpenter les pistes. Quelques semaines plus tard, elle participait à sa première course de ski paranordique avant, un an plus tard, de passer sur le circuit international et de décrocher une place dans l’équipe canadienne pour les Jeux paralympiques de 2022.

« Tara [Chisholm], mon entraîneuse de hockey, a vu que j’avais la possibilité de participer à des compétitions de haut niveau et de progresser énormément en tant qu’athlète. Elle a compris que c’était ma porte d’entrée pour les Jeux paralympiques. Elle savait que c’était mon rêve et m’a soutenue sans réserve », se remémore Picton.

Sa deuxième entraîneuse, Patti Kitler, qui a d’une certaine façon « pâti » de la décision prise par Picton, a néanmoins soutenu la relation qu’elle entretenait avec le hockey, et l’a encouragée à continuer à pratiquer les deux sports aussi longtemps qu’elle le souhaitait.

Transfert d’aptitudes d’un sport vers un autre

En passant du para-hockey sur glace au ski paranordique, Picton affirme que ce ne sont pas seulement ses aptitudes physiques qui ont été transférées, mais aussi les aptitudes mentales acquises en participant à des compétitions de haut niveau dans un sport différent.

« Aux Jeux paralympiques, un rêve que je caressais depuis de nombreuses années, l’une des entraîneuses m’a dit : “Wow, tu t’en sors si bien! Tu ne sembles même pas nerveuse” se souvient Picton. J’étais incroyablement excitée d’être là, mais j’étais calme. Et je pense que cela vient des situations de haute pression que j’avais vécues en hockey. »

Cindy Ouellet plays wheelchair basketballPratiquer plusieurs sports a de nombreux avantages dont Cindy Ouellet, quintuple paralympienne et athlète multisports, ne manque pas de profiter. Triple paralympienne, Ouellet était d’ores et déjà une athlète accomplie au sein du programme canadien de basket-ball en fauteuil roulant lorsqu’elle a ajouté des sports d’hiver à son programme d’été. Elle s’est mise au ski paranordique en 2017 et a progressé rapidement. Il ne lui a fallu qu’un an environ avant qu’elle ne signe sa quatrième participation aux Jeux paralympiques, en 2018.

Ouellet, qui est également une boxeuse et une athlète de CrossFit accomplie, a pour le moment mis un terme à son parcours en ski paranordique, mais pas parce qu’elle en a fini avec les sports d’hiver. Ouellet a les yeux rivés sur le para-hockey sur glace. Elle va participer au tout premier tournoi de para-hockey sur glace sanctionné par le Comité international paralympique, le World Challenge, avec Team World en août.

Comme Brianna Hennessy l’a décrit dans un article précédent, pour Ouellet, la combinaison poussée-traction du basket-ball en fauteuil roulant et du ski paranordique était complémentaire, bien qu’elle s’identifie davantage comme une athlète axée sur la puissance. La transition vers le hockey s’est faite sans difficulté, en partie parce que le planter du bâton de ski est un mouvement similaire à celui qui permet de faire avancer une luge sur la glace. Mais comme le basket-ball en fauteuil roulant, le hockey est un sport d’équipe axé sur la puissance.

« Je pense aussi que le fait que je pratique la boxe et que je fasse du CrossFit renforce ma force physique. Tout se transfère d’une manière ou d’une autre, ajoute Ouellet. Je suis fermement convaincue qu’il est préférable de pratiquer plusieurs sports plutôt que de se spécialiser. »

Il n’y a pas qu’un chemin qui mène à la réussite

Weldon, Picton et Ouellet comptent à elles trois 10 participations aux Jeux paralympiques. Les trois femmes sont des athlètes multisports depuis leur enfance et toutes trois ont représenté le Canada en ski paranordique.

À première vue, leurs expériences avec le système parasportif canadien peuvent sembler similaires. Mais ce que leurs histoires montrent, c’est qu’il n’y a pas qu’une seule « bonne » façon de progresser dans le sport, qu’il soit para ou non.

« N’oubliez pas de prendre soin de votre santé mentale et de votre santé physique pour éviter le surmenage, conseille Ouellet. La pratique de plusieurs sports génère beaucoup de pression et de stress, alors assurez-vous de vous appuyer sur votre système de soutien, y compris votre administrateur de la haute performance et vos entraîneurs, et assurez-vous que tout le monde est sur la même longueur d’onde. »

Christina Picton competes in Para biathlonPour les autres athlètes qui envisagent de pratiquer plusieurs sports ou de passer d’un sport à un autre, les expériences de Weldon, Ouellet et Picton montrent qu’il est important que les entraîneurs fassent preuve de flexibilité et de collaboration et que le système sportif permette aux athlètes féminines de réaliser leur potentiel.

Selon Picton, il n’y a aucun inconvénient à essayer quelque chose de nouveau. « Si vous n’essayez pas, vous ne saurez jamais, n’est-ce pas? Il se peut que vous vous plantiez ou que vous n’aimiez pas ça, mais vous pourriez aussi découvrir quelque chose que vous aimez vraiment. »

Pour d’autres histoires de transfert d’athlètes para, consultez nos profils sur Alex Hayward, Brianna Hennessy et Liam Hickey.

La pandémie de la COVID-19 a limité l’accès à la classification des athlètes, une exigence pour les compétitions de para-sports. À cette fin, des chercheurs de la Western University travaillent à l’élaboration et à l’évaluation de cadres hybrides pour la classification, y compris des éléments de classification virtuelle. L’objectif est d’envisager des approches qui nécessitent peu de ressources et qui créent des niveaux plus élevés d’accessibilité à la participation au para-sport.

La campagne #WeThe15 vise à utiliser le sport pour contribuer à faire tomber les barrières et à mettre fin aux discriminations dont sont victimes les 15 % de la population mondiale qui connaissent un handicap. Mais certains chercheurs affirment que la campagne néglige la nature excluante de certains événements, tels que les Jeux paralympiques (où seuls certains corps handicapés peuvent concourir). Ils suggèrent de dépasser le message “tout le monde est humain” pour aller vers une célébration de la différence.

Ce blogue fait partie d’une série créée en collaboration avec le Comité paralympique canadien et le groupe de travail sur le transfert des athlètes paralympiques, qui met en lumière les possibilités et les défis du transfert des athlètes paralympiques et de la participation multisports.

Comme le reste d’entre nous, Alexandre Hayward a été confiné chez lui pendant des mois à cause de la COVID-19. Le jeune homme, qui était membre de l’équipe nationale junior de basketball en fauteuil roulant, s’est retrouvé aux prises avec les mêmes problèmes que les autres athlètes canadiens de tous les niveaux et de presque tous les sports : la fermeture des gyms, des piscines, des patinoires et des autres salles d’entraînement. Dans les circonstances, c’était très difficile de continuer à s’entraîner.

Après une blessure à la moelle épinière subie en jouant au hockey en 2012, il a rapidement gravi les échelons en basketball en fauteuil roulant. En 2017, il était nommé capitaine de l’équipe nationale canadienne des moins de 23 ans et athlète de l’année de Basketball en fauteuil roulant Canada. Pendant la pandémie, il a eu besoin d’un exutoire pour son énergie compétitive.  

C’est alors qu’il s’est mis au cyclisme.  

« Quand je jouais au hockey avant mon accident, j’étais déjà passionné de cyclisme. Je suis assez mobile, mais à cause de mon accident, récupérer me demande beaucoup de temps. [Après avoir fait du vélo], ça me prend quelques jours pour revenir à la normale. Quand je m’entraînais en basketball en fauteuil roulant, je n’avais pas vraiment le temps d’en faire », raconte-t-il. 

Le confinement lui a finalement permis de prendre le temps de récupérer, et en retour, le cyclisme l’a aidé à se tenir en forme même si les salles d’entraînement étaient fermées. Pour son entraîneur, Michael « Frog » Frogley, c’était évident qu’il fallait encourager sa passion pour le cyclisme. 

Plus Alex en faisait, plus il aimait ça. Vite, d’autres personnes ont remarqué qu’il avait un certain talent et même beaucoup de talent. 

« Parasport Nouveau-Brunswick m’a dit qu’il y avait un joueur de basketball en fauteuil roulant de la région qui venait de gagner une course de vélo de montagne à Fredericton », raconte Guillaume Plourde, alors entraîneur chez Cyclisme Canada. « Je me suis demandé s’il ne serait pas admissible au paracyclisme. » 

L’entraîneur a donc contacté le nouveau cycliste et peu après, il s’est retrouvé à parler à son collègue pour discuter de son entraînement, de son potentiel et de ses progrès dans un sport comme dans l’autre. 

L’athlète souligne que la volonté de coopérer de ses deux entraîneurs a complètement changé la donne. 

Team Canada wheelchair basketball athlete in competition« Il ne faut pas oublier que j’avais un brevet de joueur de basketball en fauteuil roulant quand j’ai commencé le cyclisme. Je ne veux pas dire que c’était la décision de Frog et de la façon dont il a décidé de gérer la situation, mais il y est pour beaucoup. Il avait été contre mon projet d’essayer le cyclisme, ça aurait été très difficile de lui dire non », se souvient-il. 

Empêcher les athlètes d’explorer leurs pleines capacités, quitte à perdre un joueur talentueux, va à l’encontre des principes de l’entraîneur de l’équipe de basketball en fauteuil roulant. 

« Ma philosophie est de maximiser le potentiel des athlètes et des équipes de manière holistique. C’est-à-dire leur potentiel en basketball en fauteuil roulant, mais aussi dans le reste de leur vie. Mon but est de les aider à aller au bout d’eux-mêmes dans leurs études, dans leur travail et dans leur vie de tous les jours. Pour cette raison, je suis naturellement prédisposé à ce que les athlètes expérimentent », explique-t-il.

L’entraîneur de paracyclisme a l’habitude de collaborer avec d’autres entraîneurs parce que plusieurs des athlètes avec qui il travaille viennent d’un autre sport. Le « transfert d’athlète » est le terme employé quand un athlète choisit de pratiquer un autre ou un deuxième sport. Guillaume Plourde est parfaitement conscient que le cyclisme est un sport « receveur » et il a donc un point de vue particulier sur la situation.  

« C’est toujours une bonne idée d’entretenir de bonnes relations avec les entraîneurs et entraîneuses des autres sports. Ça permet à tout le monde de se perfectionner et ça nous encourage à communiquer au lieu d’être possessif de nos athlètes », explique l’ancien entraîneur qui vient d’accepter un poste au sein du Comité paralympique canadien (CPC). 

Michael Frogley, qui vient du basketball en fauteuil roulant, un sport souvent « donateur », est entièrement d’accord avec lui. En fait, l’idée d’un sport « donateur » lui déplaît. Il préfère sport « d’opportunité » ou sport « de développement ». 

« Je pense que c’est très important de comprendre que le premier sport joue un grand rôle parce que c’est une expérience positive qui donne envie à un ou une athlète de continuer à en faire », ajoute-t-il. 

Parce que les deux entraîneurs étaient prêts à travailler ensemble, le jeune athlète n’a pas eu de problème à faire concorder son entraînement en basketball en fauteuil roulant et en paracyclisme tout en étudiant en génie.  

« Pour Guillaume et moi, les études d’Alex sont très importantes, et nous en avons tenu compte dans l’équation », insiste-t-il. 

Mais après un été complet à se consacrer au basketball en fauteuil roulant à temps plein à Toronto, le joueur s’est remis en question. 

« C’est le meilleur été que j’ai jamais connu en basketball. Je n’ai jamais aussi bien joué, mais je n’avais plus de plaisir », avoue-t-il. Après une bonne conversation avec ses entraîneurs, il en est venu à la conclusion qu’il valait mieux se consacrer entièrement au cyclisme. 

Lors de sa première course contre la montre, il a réussi le temps demandé pour faire de la compétition au niveau national. À Edmonton en juin, pour ses premiers championnats canadiens, il a causé la surprise en remportant la course contre la montre et en se qualifiant pour la Coupe du monde et pour les Championnats du monde du mois d’août disputés à Québec. Il voit sa première année de compétition d’élite comme une épreuve du feu.  

« On peut dire que je suis maintenant un cycliste », s’esclaffe-t-il. 

L’entraîneur de l’équipe de basketball en fauteuil roulant souligne qu’on doit son développement initial au travail de ses premiers entraîneurs au Nouveau-Brunswick. Le programme de Basketball en fauteuil roulant Canada a permis à Alex de développer ses capacités physiques, tactiques et psychologiques, et de s’entourer d’athlètes d’élite.  

« Sans cette préparation, Alex n’aurait jamais été sur la voie du podium aussi rapidement après son transfert. À mon avis, ce n’est pas une perte pour le basketball en fauteuil roulant. Nous avons plutôt contribué au succès d’un athlète », fait-il observer. 

Male swimming coach watching his swimmer practice at an outdoor pool.L’athlète et les deux entraîneurs veulent encourager les autres fédérations sportives où il y a des transferts à comprendre le rôle fondamental qu’ils jouent en donnant la chance de se faire une première expérience sportive. Michael Frogley note que la paranatation, comme le basketball en fauteuil roulant, voit aussi un grand nombre de transferts. « C’est une grande réussite parce que sans les fondements de la natation, les athlètes ne connaîtront pas autant de succès en se mettant, disons, au paratriathlon. » 

Le nouveau cycliste conseille aux autres athlètes qui songent à se lancer d’être ouverts et honnêtes avec leur entourage.  

Et aux entraîneurs et entraîneuses dont les athlètes sont intéressés par un transfert, Guillaume Plourde conseille de se demander ce qu’il y a de mieux pour l’athlète et si une exposition à un autre sport leur permettrait de s’améliorer. 

Même s’il n’est plus son entraîneur, Michael Frogley tient à l’œil les progrès de son ancien protégé en discutant avec lui de ses résultats et en décortiquant chacune de ses courses, comme il le faisait après un match.  

Il explique : « Le plus important conseil qu’on m’ait jamais donné est le suivant : comment faire pour savoir que les athlètes sont heureux? C’est facile : ils sourient. Quand vos athlètes sourient, c’est qu’on est bien partis. » 

Quand il s’est rendu à Québec pour assister aux courses des championnats canadiens, il a constaté toute la brutalité du paracyclisme. « Il faut apprendre à passer un long moment avec la douleur. Je regardais les athlètes à la fin d’une course et ils se décomposent sur le trottoir. Alex était là et il était tout sourire. » 

Une incidence élevée des taux de blessures observée lors des épreuves para-alpines des Jeux paralympiques d’hiver de 2014 à Sotchi a mené à une collaboration étroite entre les responsables techniques du sport, les responsables des pays hôtes et le comité médical du CIP. Cette collaboration a conduit à des changements de règles, tels que des courses plus tôt dans la journée lorsque les conditions de neige étaient meilleures, qui ont considérablement réduit le taux de blessures aux Jeux paralympiques d’hiver de 2018.

Les personnes présentant une déficience intellectuelle se sentent souvent exclues de leur communauté. La pratique du sport est un moyen de promouvoir l’inclusion sociale. Une étude transnationale suggère que les athlètes de Special Olympics qui se sentent plus inclus dans le sport sont également plus susceptibles de se sentir inclus dans leurs communautés locales.


Faits saillants


Lorsque Jenny Davey a commencé à travailler au Comité paralympique canadien (CPC) en 2014, elle était loin d’imaginer à quel point un partenariat de recherche naissant allait façonner le travail qu’elle effectue dans le système sportif paralympique 8 ans plus tard.

« Je n’aurais jamais pensé me dire que dans 8 ans j’allais pouvoir prendre le téléphone et appeler cette personne ou que ce travail serait infusé dans tout ce que je fais », a-t-elle mentionné.

Mme Davey fait référence à sa participation au Projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap (PCPP), un réseau intersectoriel de partenaires travaillant ensemble pour améliorer la participation communautaire, y compris dans le sport et l’exercice, des Canadiens en situation de handicap. Ici, le terme « participation » désigne à la fois la quantité et la qualité de l’engagement d’une personne dans une activité.

Mme Davey est maintenant gestionnaire du cheminement paralympique du CPC et responsable communautaire de l’équipe du sport et de l’exercice du PCPP. Elle travaille en étroite collaboration avec Amy Latimer-Cheung, professeure à l’école de kinésiologie et des sciences de la santé de l’Université Queen’s et responsable de la recherche de l’équipe sport et exercice.

Amy Latimer-Cheung partage un point de vue similaire lorsqu’elle pense aux débuts du PCPP.

« Je pensais que nous allions simplement faire beaucoup de sondages, a-t-elle déclaré. Je pensais que nous allions chercher à créer une définition de la participation de qualité, puis faire un sondage auprès des athlètes pour comprendre leur expérience, et ensuite peut-être créer une ressource ou deux. »

Mais le nombre de relations établies, de programmes créés et de ressources développées depuis le lancement du PCPP en 2014 raconte une histoire différente. Les chercheurs et les partenaires de tout le réseau du PCPP s’accordent à dire que celui-ci fait bouger les choses lorsqu’il s’agit d’améliorer la participation au sport et à l’activité physique des Canadiens en situation de handicap.

Projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap

Para-athletics race. Closeup view of leading athlete during a race on the track.Dirigé par Kathleen Martin Ginis, professeure au département de médecine et à l’école de kinésiologie et des sciences de la santé de l’Université de la Colombie-Britannique (campus Okanagan), le PCPP est financé par une subvention de partenariat du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Le CRSH a accordé la subvention à Mme Martin Ginis en 2014 pour une période de 7 ans, puis a prolongé la subvention jusqu’en 2023 en raison de la pandémie de la COVID-19.

Selon Mme Martin Ginis, le PCPP est né d’une initiative antérieure financée par le CRSH qui promouvait l’activité physique spécifiquement pour les personnes atteintes de lésions de la moelle épinière. Lorsque cette initiative a pris fin, nos partenaires spécialisés dans les lésions médullaires ont dit : « Génial, pouvons-nous faire plus que de l’activité physique? Et nos partenaires en matière de handicap ont dit : « Génial, pouvons-nous nous concentrer sur autre chose que les personnes atteintes de lésions de la moelle épinière? » Ces conversations ont jeté les bases de ce qui est devenu le PCPP.

Le PCPP se concentre sur la participation communautaire dans trois domaines : la mobilité (c’est-à-dire le fait de se déplacer dans sa communauté), l’emploi, et le sport et l’exercice. L’objectif de l’équipe chargée du sport et de l’exercice est d’élaborer, de tester et de mettre en œuvre des pratiques exemplaires fondées sur des données probantes afin d’accroître le nombre de personnes en situation de handicap qui font du sport et de l’exercice, et d’améliorer la qualité de leurs expériences.

« Je pense que c’est une question d’avoir les bonnes personnes au bon moment et au bon endroit. Le secteur du sport est très ouvert à l’idée d’une participation de qualité, a déclaré Mme Latimer-Cheung, responsable de l’équipe sport et exercice. Nous avons appris et continuons d’apprendre à écouter nos partenaires, et en étant ouverts à nos partenaires, je pense que cela nous a conduits sur un chemin vraiment étonnant », a-t-elle ajouté.

Les partenaires intersectoriels du PCPP comprennent des organisations qui financent, offrent ou facilitent des programmes d’activité physique et de sport adaptés pour les Canadiens ayant un handicap. Ces organismes vont des centres communautaires, comme l’Abilities Centre (Whitby, en Ontario) et le Steadward Centre for Personal and Physical Achievement (Edmonton, en Alberta), aux organismes de sport qui desservent le secteur sportif national, dont PowerHockey Canada, Olympiques spéciaux Canada (OSC) et le CPC.

Les chercheurs et les partenaires sportifs du réseau du PCPP s’entendent pour dire que l’engagement de celui-ci envers la recherche communautaire et l’application des connaissances est la clé de son succès. Comme le dit Mme Latimer-Cheung, « il n’y a rien de plus gratifiant que de voir la recherche que vous faites mise en pratique et changer la façon dont un athlète vit le sport ou la façon dont un programme fonctionne. »

Favoriser une participation de qualité au sport et à l’exercice

Athlete working out during training.

Dans le secteur du sport au Canada, le terme « participation » est le plus souvent associé à des chiffres : Combien de personnes pratiquent un sport, à quelle fréquence et pendant combien de temps? Alors que nous sommes tellement concentrés sur la quantité, nous sommes moins enclins à considérer la qualité de la participation sportive d’une personne. 

C’est là que le PCPP adopte une approche différente. Le travail du PCPP est fondé sur le concept de participation de qualité. Selon le PCPP, la qualité de la participation est atteinte lorsqu’une personne considère que sa participation au sport est satisfaisante et agréable, et qu’elle obtient des résultats qu’elle juge importants.

« Je sais que nous ne sommes pas les seuls à parler de participation de qualité, mais je pense que nous sommes les premiers à l’avoir définie de manière aussi factuelle, délibérée et systématique et à avoir utilisé les résultats de la recherche pour la faire progresser », a déclaré Mme Martin Ginis.

En établissant et en synthétisant la base de données probantes sur la participation de qualité au sport, l’équipe de Mme Latimer-Cheung a élaboré le Plan d’action pour une participation de qualité au sport pour les enfants, les jeunes et les adultes en situation de handicap. Le plan d’action est une ressource gratuite qui fournit aux administrateurs de programmes sportifs, aux dirigeants et aux décideurs des outils pratiques pour concevoir et évaluer la qualité des programmes sportifs destinés aux personnes en situation de handicap.

Le plan d’action, qui s’appuie sur le Cadre de référence pour une participation sportive de qualité, identifie six éléments constitutifs d’une expérience sportive de qualité :

Le plan d’action identifie également des stratégies que les administrateurs de programmes, les dirigeants et les autres acteurs de l’environnement sportif peuvent utiliser pour soutenir les composantes de base. Par exemple, lorsqu’un entraîneur donne à un athlète la possibilité de choisir la compétence ou la technique qu’il juge la plus importante à travailler pendant l’entraînement, il soutient l’autonomie de l’athlète.

« Les six éléments de base semblent être universels, quel que soit le type de handicap ou de programme, a expliqué Mme Latimer-Cheung. Et les stratégies pour atteindre la qualité n’ont pas besoin d’être des changements énormes; ce sont les petites choses dans une journée qui font la différence. »

En plus d’avoir établi le plan d’action, les chercheurs du PCPP ont créé un outil permettant de mesurer les éléments constitutifs d’une participation de qualité à un programme ou à une activité. La mesure et le guide de la qualité de la participation peuvent être téléchargés gratuitement sur la page Web du PCPP. 

Mise en pratique de la participation de qualité

Young male athlete with a disability training in a gym, unhappyLe plan d’action et les ressources connexes sont devenus un élément fondamental du travail effectué par les partenaires sportifs du PCPP. Qu’il s’agisse de guider la conception et l’évaluation des programmes ou d’établir des critères pour l’administration des possibilités de financement, les partenaires affirment que le plan d’action est un outil utile pour promouvoir des programmes sportifs de qualité.

« L’un des éléments les plus utiles que nous avons intégrés au Steadward Centre est le cadre de participation de qualité », a déclaré Jen Leo, directrice du Steadward Centre for Personal and Physical Achievement de l’Université de l’Alberta.

Le Steadward Centre offre des programmes de sport, d’activité physique et de loisirs aux adultes, aux jeunes et aux enfants en situation de handicap. L’année dernière, le Steadward Centre a demandé à ses membres d’évaluer leurs perceptions des éléments constitutifs d’une participation de qualité dans le cadre des évaluations annuelles des programmes du centre. Les résultats de ces évaluations ont permis de former le personnel, a expliqué Mme Leo.

« Nos membres ont identifié le “défi” comme étant important pour eux, ce qui n’était pas le cas de notre personnel. Si c’est important pour nos membres, comment, en tant qu’équipe, pouvons-nous mieux encourager le défi? »

Le plan d’action est également une ressource de référence pour le CPC, selon Mme Davey.

« Vous pouvez être un petit club qui l’utilise ou une organisation nationale multisports comme la nôtre, en fonction du niveau du plan d’action que vous souhaitez atteindre, a-t-elle affirmé. « Je pense que c’est un très bon outil si vous travaillez dans le para-sport. »

Si le plan d’action a été créé à l’origine pour orienter les programmes sportifs destinés aux personnes ayant un handicap physique, un partenariat avec OSC a permis d’étendre son champ d’action aux personnes ayant un handicap intellectuel.

Tom Davies, le directeur du développement des athlètes et des entraîneurs à OSC, a approché Mme Latimer-Cheung au sujet d’un partenariat potentiel après qu’elle ait présenté le cadre de participation de qualité au sommet Sport pour la vie en 2019. « J’ai en quelque sorte marché vers eux après la présentation, parce que nous avons toujours parlé de la qualité de nos programmes, mais nous n’avons jamais été en mesure de soutenir cela à partir d’une base de recherche ou de preuves », a expliqué M. Davies.

Le PCPP a travaillé avec OSC pour engager les intervenants dans des conversations sur ce à quoi ressemble une participation de qualité aux programmes Olympiques spéciaux Enfant actif et S’amuser grâce au sport. Le PCPP a également examiné les ressources d’OSC destinées aux responsables de programmes.

« Ils ont commencé à se familiariser avec les Olympiques spéciaux et nos programmes. Et ils ont été en mesure de définir pour nous les domaines dans lesquels nous sommes sur la bonne voie en fonction de leurs piliers de participation de qualité, ainsi que certaines possibilités d’amélioration », a expliqué M. Davies.

À partir de là, le PCPP et OSC ont travaillé ensemble pour créer un nouveau plan d’action à l’intention des fournisseurs de programmes et des dirigeants afin d’améliorer la qualité des programmes destinés aux participants ayant une déficience intellectuelle.

« Notre partenariat avec SOCOSC a été extraordinaire, a déclaré Mme Latimer-Cheung. Tom et son équipe ont été très réceptifs à notre travail et nous ont fait part de leurs commentaires. Et, vous savez, nous avons aussi appris en cours de route, sur la façon de travailler avec des partenaires. »

M.Davies est d’accord : « Souvent, lorsque nous travaillons avec des chercheurs, nous mettons de l’argent à disposition, ils font la recherche, nous rendent la recherche, et puis rien ne se passe. Mais je pense qu’avec le PCPP, il y a eu plus de collaboration. » Les deux partenaires ont été investis à parts égales dans le projet, financièrement et intellectuellement, dit-il.

L’engagement du PCPP à aider OSC à créer des expériences de qualité pour ses participants n’échappe pas non plus à M. Davies. « Il y a eu un réel désir de prendre ce que nous avons découvert grâce à cette recherche et d’apporter des améliorations aux programmes d’OSC. »

Rehausser le profil du para-sport au Canada

Canada's sledge hockey team practicesPour Meghan Hines, présidente de PowerHockey Canada, la possibilité de partager son expérience en tant que para-athlète en fauteuil roulant électrique a été un élément clé de son travail avec le PCPP. Mme Hines collabore avec le PCPP sur un projet qui examine les expériences des para-athlètes en fauteuil roulant et des fournisseurs de programmes. L’objectif ultime du projet est de mettre en place davantage de programmes sportifs en fauteuil roulant au Canada.

« Les chercheurs du PCPP nous ont beaucoup aidés à comprendre comment nous pouvons tirer parti de la méthodologie de recherche pour obtenir l’information dont nous avons besoin pour atteindre l’objectif de notre projet, a mentionné Mme Hines. Leur perspicacité, combinée à notre expérience vécue en tant qu’utilisateurs de fauteuil électrique, a été inestimable et créera vraiment un changement positif dans le milieu du para-sport canadien. »

La recherche de Mme Hines avec le PCPP est utilisée pour créer un « manuel » sur la façon de gérer un programme de sport en fauteuil roulant réussi. La prochaine phase de la recherche consistera à utiliser ce manuel pour piloter de nouveaux programmes de sport en fauteuil roulant en Ontario.

« En fin de compte, ce projet ne concerne pas la recherche. Il s’agit de savoir comment créer des programmes de sport en fauteuil roulant de meilleure qualité, et de créer une meilleure expérience pour nos athlètes en fauteuil roulant actuels et futurs », a-t-elle ajouté.

Alors que de nombreux partenaires du PCPP sont des fournisseurs de services ou de programmes de sport et d’activité physique adaptés, le CPC apporte un regard différent à son travail avec le PCPP. Le CPC est un organisme de services multisports qui travaille avec les organismes nationaux de sport pour développer un système sportif paralympique durable au Canada. 

« Je pense que c’est une relation mutuellement bénéfique, a affirmé Mme Davey. Nous faisons certainement appel au PCPP pour nous aider dans nos recherches ou lorsque nous avons des questions ou parfois même pour nous aider à déterminer les bonnes questions à poser. Et si le PCPP cherche à faire certaines recherches ou à obtenir des commentaires dans une optique paralympique, alors nous essayons de partager ce que nous pouvons. »

Mme Davey aime souligner le soutien du PCPP qui a aidé l’un des partenaires communautaires de son réseau, les œuvres de charité Bon départ de Canadian Tire Jumpstart, à redéfinir l’admissibilité du fonds Bon départ pour le para-sport. Mme Davey y voit un exemple de la façon dont le PCPP a utilisé la recherche pour apporter un petit changement qui a eu un grand effet sur le programme.

Initiative conjointe du CPC et de Bon départ, le fonds Bon départ pour le para-sport était un programme de subventions conçu pour aider les organismes communautaires à éliminer les obstacles aux programmes de para-sport pour les enfants en situation de handicap. Désormais, toutes les demandes de programmes de para-sport, de sport adapté et de sport inclusif sont examinées dans le cadre des subventions de développement communautaire de Bon départ.

« Lorsque nous nous sommes associés pour la première fois à cette subvention, vers 2014, 2015, nous n’étions carrément pas en mesure de distribuer les fonds que nous avions parce qu’un nombre insuffisant d’organisations étaient admissibles selon les anciens critères », a expliqué Mme Davey.

Le PCPP a aidé le CPC et Bon départ à monter un dossier pour faire passer la limite d’âge des programmes para-sportifs admissibles de 18 à 25 ans. Le PCPP les a également aidés à élargir la définition des « obstacles » au-delà du besoin strictement financier. Après la mise en œuvre de ces changements, la demande pour le programme est montée en flèche. Comme l’a dit Mme Davey : « Nous sommes passés d’une situation où nous ne pouvions pas débloquer l’argent à une demande énorme et à des bienfaits énormes. »

L’évolution du partenariat entre le CPC et le PCPP au cours des huit dernières années a été un moment fort de la participation de Mme Latimer-Cheung au PCPP.

« Le CPC a toujours été un bon intervenant pour demander les dernières et les meilleures découvertes, mais maintenant, il propose aussi ses propres idées de recherche », a-t-elle affirmé. Elle espère que d’autres organismes envisageront de le faire à l’avenir.

« Je veux que les organisations sportives sachent qu’elles touchent des chercheurs désireux de travailler avec elles. Et nous trouvons toujours leurs idées vraiment passionnantes et intéressantes. »

Soutenir un système sportif inclusif, du terrain de jeu au podium

L’équipe sport et exercice du PCPP repousse également les limites lorsqu’il s’agit d’étudier l’activité physique et la participation au sport dans des contextes nouveaux et non traditionnels, comme sur le terrain de jeu.

Kelly Arbour-Nicitopoulos est professeure agrégée et étudie le handicap et l’activité physique à l’Université de Toronto. Elle dirige un projet du PCPP qui examine les expériences des enfants canadiens en situation de handicap et de leurs familles sur les terrains de jeu, y compris la façon dont les éducateurs physiques et les spécialistes de la réadaptation peuvent utiliser ces espaces.

Mme Arbour-Nicitopoulos travaille avec Bon départ depuis 2019 pour aider à évaluer l’incidence des aires de jeux construites dans le cadre de son initiative Jeu inclusif. L’initiative travaille en partenariat avec les municipalités locales pour apporter des infrastructures inclusives à grande échelle dans les communautés à travers le Canada, dans le but de s’assurer que les enfants de toutes capacités ont accès aux infrastructures de loisirs.

« Les familles ont une expérience positive des possibilités pour les enfants en situation de handicap de participer aux jeux sur le terrain de jeu. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il y a encore des défis à relever dans le milieu environnant », a expliqué Mme Arbour-Nicitopoulos.

En d’autres termes, si les terrains de jeux sont construits pour être inclusifs, il peut être plus difficile d’y accéder. Par exemple, alors que Bon départ travaille avec des partenaires municipaux pour essayer de garantir l’accessibilité des places de stationnement, des sentiers et des toilettes, il reste encore des progrès à faire en ce qui concerne l’accessibilité des ressources entourant les terrains de jeux. En communiquant ces résultats à Bon départ et aux communautés où se trouvent ces terrains de jeux, Mme Arbour-Nicitopoulos espère créer une expérience de terrain de jeux plus inclusive « depuis le moment où un parent ou un enfant veut aller au terrain de jeux » jusqu’à son retour à la maison.

Mme Arbour-Nicitopoulos et son équipe ont également formulé 13 recommandations sur la façon de concevoir des aires de jeux inclusives, en se fondant sur un examen approfondi de la documentation universitaire. Elle travaille avec des partenaires pour créer des ressources fondées sur des données probantes qui permettront de mettre ces recommandations en pratique.

« Nous avons créé des ressources fondées sur des données probantes avec le Steadward Centre et nos collègues du Holland Bloorview (hôpital de réadaptation pour enfants) pour soutenir non seulement la construction de terrains de jeu plus inclusifs et accessibles, mais aussi la formation sur les pratiques de jeu inclusives afin de maximiser le retour sur investissement des espaces de jeu et de créer des expériences de jeu de qualité pour les enfants et les jeunes en situation de handicap », a-t-elle ajouté.

Une autre façon pour le PCPP de soutenir les programmes de sport et d’activité physique inclusifs est la défense des intérêts et la sensibilisation.

« Une famille ne peut pas participer à un programme d’activité physique si elle ne sait pas qu’il existe ou si elle ne sait pas s’il répond aux besoins de son enfant », a expliqué Rebecca Bassett-Gunter, professeure agrégée à l’École de kinésiologie et des sciences de la santé de l’Université York.

La contribution de Mme Bassett-Gunter au PCPP porte sur les pratiques fondées sur des données probantes pour promouvoir l’activité physique auprès des familles d’enfants en situation de handicap. Ces pratiques vont du contenu d’un message à la façon dont il est transmis au public cible.

Un résultat tangible du travail récent de Mme Bassett-Gunter a été l’élaboration de cinq recommandations fondées sur des données probantes à l’intention des organisations communautaires. Ces recommandations sont destinées à aider les organisations dans leurs efforts pour promouvoir l’activité physique chez les enfants en situation de handicap en partageant des informations avec les parents.

« Nous avons examiné les résultats de nos propres recherches, puis nous avons suivi un processus plus rigoureux impliquant 31 parties prenantes différentes pour parvenir à un consensus sur les recommandations que nous pouvons donner aux organisations communautaires », a expliqué Mme Bassett-Gunter.

L’implication des parties prenantes dans le processus a permis de s’assurer que les recommandations seraient pertinentes et utiles pour les organisations communautaires. Mais travailler avec 31 parties prenantes différentes a posé des défis en soi.

« Vous pouvez imaginer que les besoins de ParticipACTION sont vraiment différents de ceux du Toronto Accessible Sports Council ou du Steadward Centre en Alberta, a mentionné Mme Bassett-Gunter. Mais il était vraiment important d’avoir toutes ces voix impliquées. »

« Il n’y a pas d’inconvénient à introduire le para-sport dans la communauté »

Wheelchair athlete wearing a training jersey on the sidelines of a practiceDepuis 2014, l’équipe du PCPP sport et exercice a établi des partenariats avec plus de 70 organisations, publié près de 60 articles évalués par des pairs et créé plus de 100 ressources, boîtes à outils et bulletins d’application des connaissances. Alors que la subvention qui la finance expirera en 2023, Mme Latimer-Cheung mène la charge pour obtenir de nouveaux financements afin de soutenir les initiatives du PCPP en matière de sport et d’exercice.

« L’un des aspects positifs de cette subvention est qu’elle est si longue qu’elle nous a donné le temps d’établir des relations à long terme, a déclaré Mme Leo, qui a été contactée pour la première fois au sujet d’un partenariat avec le PCPP pendant le processus de rédaction de la subvention en 2013. « J’ai l’impression que même si le PCPP s’arrêtait demain, nous continuerions à travailler ensemble parce que c’est une collaboration tellement bénéfique pour les deux parties. »

Le groupe continuera à développer des relations nouvelles et existantes afin d’améliorer la quantité et la qualité de la participation au sport et à l’activité physique chez les Canadiens en situation de handicap, en s’appuyant sur les connaissances qu’il a recueillies et traduites au cours des huit dernières années.

« Les stratégies n’ont rien de sorcier, mais la façon dont les chercheurs du PCPP les présentent et expliquent les choses, et le fait qu’elles soient présentées par des chercheurs et qu’elles soient fondées sur des données probantes, leur donne un peu plus de poids, a déclaré M. Davies. Je pense que le simple fait de pouvoir diffuser ces stratégies et ces outils a créé un potentiel pour des environnements sportifs plus inclusifs », a-t-il ajouté.

Mme Hines fait écho au sentiment de M. Davies. « Il n’y a pas d’inconvénient à introduire le para-sport dans la communauté. Cela peut sembler être une grande entreprise, mais avec les bons outils et les bonnes stratégies, comme ceux fournis par le PCPP, c’est plus que possible », a-t-elle mentionné.

Pour progresser dans les domaines de l’inclusion et de l’équité, il faut souvent sortir de sa zone de confort, mais le PCPP a montré la différence que cela peut faire. Comme le dit Mme Bassett-Gunter :

« Je pense que les gens ont peur de se tromper dans le domaine de l’inclusion. Et vous savez, je pense que c’est la volonté d’apprendre et d’essayer de travailler avec les gens de votre communauté pour faire du mieux que vous pouvez, qui est vraiment ce sur quoi nous devons nous concentrer. »

Ressources recommandées

Plan directeur pour une participation de qualité au sport pour les enfants, les jeunes et les adultes ayant un handicap

Plan directeur pour une participation de qualité au sport pour les enfants, les jeunes et les adultes ayant une déficience intellectuelle

Mesure et guide de la qualité de la participation

Ressource sur les terrains de jeux inclusifs

Conseils et astuces pour l’élaboration et la diffusion d’informations sur l’activité physique à l’intention des enfants et des familles handicapés.

Toutes les ressources du CDPP sont disponibles gratuitement à cdpp.ca.

Les tests de base peuvent aider à déterminer si un athlète est prêt à retourner au jeu après une commotion cérébrale. Cependant, il est important que les prestataires de soins de santé soient conscients des symptômes et des signes qui peuvent exister dans l’état normal d’un para-athlète. Par exemple, les athlètes souffrant de troubles cognitifs peuvent avoir des difficultés de mémoire et de concentration, et les athlètes souffrant de déficiences visuelles sont plus susceptibles d’avoir des vertiges, des maux de tête et un mauvais équilibre préexistants.