Les sports des maîtres sont un excellent moyen pour les adultes de s’amuser et de rester actifs. Dionigi (2015) a identifié trois catégories d’athlètes maîtres en fonction de leur parcours jusqu’aux sports des maîtres. Les « tardifs » sont les personnes qui ne commencent à faire du sport qu’à l’âge adulte. Les « continus » sont celles qui ont commencé à s’impliquer dans le sport dans leur jeunesse et qui n’ont jamais cessé. Enfin, les « seconds départs » sont les personnes qui pratiquaient le sport lorsqu’elles étaient jeunes, qui ont fait une pause, et qui ont recommencé à pratiquer le sport plus tard dans leur vie.
Les recherches mentionnent que de nombreux maîtres nageurs appartiennent à la catégorie des « seconds départs ». Nous avons sondé plus de 200 maîtres nageurs canadiens qui avaient de l’expérience en natation lorsqu’ils étaient jeunes, et nous avons constaté qu’ils avaient pris en moyenne 13 ans de congé entre le moment où ils ont cessé de faire de la natation dans leur jeunesse et leur retour dans le sport comme athlètes maîtres. Ce long écart dans leur participation à la natation peut s’expliquer en partie par des obligations externes, comme l’école, la famille, la carrière ou les finances. Cependant, nous nous demandions si la nature de leurs expériences de natation dans leur jeunesse pouvait aussi contribuer à cet écart.
Nous avons décidé d’examiner comment les expériences sportives des jeunes peuvent façonner la participation ultérieure aux sports des maîtres et avoir un effet sur leur motivation (Larson, McHugh, Young et Rodgers, 2019). Notre étude comprenait des entrevues avec vingt maîtres nageurs qui avaient tous de l’expérience en natation de compétition dans leur jeunesse. Environ la moitié de ces nageurs (les nageurs « continus ») sont passés directement de jeunes nageurs à des maîtres nageurs, sans faire de pause. Les autres (les « seconds départs ») ont pris en moyenne 16 ans de congé entre la fin de leur participation comme jeunes nageur et leur retour au sport à l’âge adulte.
Les entrevues rétrospectives ont révélé que ces deux groupes de nageurs partageaient certaines expériences communes à l’époque de leur jeunesse, y compris un volume d’entraînement élevé et l’atteinte de leurs limites sur le plan de la performance. Cependant, d’autres aspects de leur entraînement ont influencé leur perception de ces expériences et ont par la suite affecté leur motivation à nager.
Par exemple, un volume d’entraînement élevé n’était généralement pas suffisant pour que les gens cessent de faire de la natation, mais lorsqu’on combinait un volume d’entraînement intense à un plateau de performance, à une incapacité à faire d’autres activités et à de mauvaises relations avec les entraîneurs ou les coéquipiers, cela a poussé les « seconds départs » à se tenir loin de la piscine. Par contre, les « continus » qui ont fait état d’un volume d’entraînement élevé ont également soulevé des relations solides avec leurs entraîneurs et coéquipiers, ce qui a rendu l’entraînement plus supportable, voire agréable.
Bien que tous les nageurs aient atteint un point dans leur jeunesse où ils se sont rendu compte qu’ils n’allaient pas se rendre aux Jeux olympiques, leur réaction à cette prise de conscience dépendait de leurs motivations pour la natation. Les « seconds départs », qui se concentraient sur la performance, ont commencé à penser que l’entraînement n’en valait plus la peine et que les coûts l’emportaient sur les avantages. Ils ont donc interrompu leur participation à la natation. Cependant, les « continus » avaient ciblés de multiples avantages non liés à la performance qu’ils voulaient continuer à accumuler en participant à des événements de maîtres nageurs. Il s’agit notamment du plaisir, de la forme physique et des aspects sociaux.
Trois recommandations sont tirées de cette étude pour les entraîneurs et les parents qui veulent encourager les jeunes à continuer de faire de la natation jusqu’à l’âge adulte :
- Permettre aux nageurs de participer à des activités en dehors de la natation. S’ils sont forcés de choisir entre des activités tout aussi attrayantes, ils risquent d’abandonner la natation. Même s’ils continuent d’en faire, il peut y avoir du ressentiment et une diminution du plaisir qui mènent au décrochage par la suite.
- Entretenir des relations solides en natation, surtout lorsqu’un entraînement intensif et à volume élevé est nécessaire. Les nageurs et les entraîneurs passent beaucoup de temps ensemble, et la qualité de ces relations peut être un motif pour rester impliqués.
- Encourager les motifs multiples de participation. Plutôt que de mettre l’accent uniquement sur la performance, misez sur les occasions d’amitié, de santé et de plaisir. Cela donne aux nageurs une raison de continuer à nager même lorsque leur performance ne s’améliore plus.