Le Centre canadien de documentation pour le sport (SIRC) est heureux de collaborer avec Sport Canada à la mise en commun des recherches en cours sur des sujets à l’appui des politiques et des programmes de sport de qualité. Cette semaine, nous vous faisons part des points saillants qui se dégagent d’un article récent relatif à une étude sur LES HABILETÉS ENSEIGNÉES PAR LES ENTRAÎNEURS DE VOLLEYBALL ET LEURS RELATIONS AVEC LE DÉVELOPPEMENT À LONG TERME DES ATHLÈTES.
Skills trained by coaches of Canadian male volleyball teams: A comparison with long-term athlete development guidelines. Chevrier J, Roy M, Turcotte S, Culver DM, et Cybulski S. (2016). International Journal of Sports Science and Coaching, 11(3), 410-421.
Points saillants de la recherche du SIRC
Des modèles de développement à long terme du participant/athlète (DLTP/A) ont été élaborés au niveau national et au Québec pour aborder les philosophies appropriées se rapportant à l’entraînement et à la compétition pour les jeunes athlètes en développement. Les entraîneurs ont suivi cette formation liée à ce modèle pendant toute la durée de leur certification d’entraîneur. Conformément au mandat qu’il a reçu de Sport Canada, Volleyball Canada (VC) a élaboré un modèle de DLTP/A qui aborde les enjeux déterminés par un comité d’experts du DLTP/A créé par VC dans son examen initial du modèle de DLTP/A. Volleyball Québec (VBQ) a préparé sa propre version d’un modèle de DLTP/A qui répond au mandat du gouvernement provincial, tout en s’adaptant au modèle de VC. Volleyball Canada a appliqué les lignes directrices ciblées en matière de compétitions et d’entraînement propre à un sport dans son modèle de DLTP/A. Pour examiner de quelle façon les entraîneurs appliquent les lignes directrices du modèle de DLTP/A dans le cadre de leurs pratiques d’entraînement, les trois étapes du plan de DLTP/A qui se conforment le mieux aux étapes de VBQ « S’entraîner à s’entraîner » = école secondaire (de 12 à 16 ans), « Apprendre à compétitionner » = cégep/collège (de 17 à 19 ans), et « S’entraîner à la compétition » = université (20 ans et plus), ont été ciblées en vue d’être étudiées. L’objectif de cette étude était d’« examiner si les entraîneurs de volleyball appliquaient les lignes directrices sur le DLTP/A pendant la saison, à la suite des instructions qu’ils ont reçues pendant la formation du Programme national de certification des entraîneurs (PNCE). Plus précisément, les objectifs de cette étude étaient les suivants : a) décrire les habiletés ayant fait l’objet d’un entraînement des athlètes dans trois étapes distinctes du DLTP/A et b) comparer le pourcentage de temps accordé par les entraîneurs dans des séances d’entraînement pour chacune des catégories de compétence lorsqu’ils essayent de fonder leur pratique sur les lignes directrices du modèle de DLTP/A de VBQ et de VC. » [traduction] À l’aide d’une étude de cas multiples, quatre entraîneurs d’athlètes masculins aux niveaux secondaire, collégial et universitaire du Québec ont été étudiés au moyen d’observations et d’entrevues semi-structurées.
Observations de l’étude :
- Les entraîneurs se sont conformés aux lignes directrices sur le DLTP/A de VBQ et de VC en ce qui concerne le temps alloué à l’entraînement technique et à l’entraînement tactique en équipe; 90 % pour trois des quatre entraîneurs, et le quatrième entraîneur a atteint un résultat de 75 %.
- À l’étape « S’entraîner à s’entraîner », le temps consacré aux habiletés techniques était conforme aux lignes directrices du modèle de DLTP/A de VBQ, mais plus de temps a été alloué que ce qui était prescrit par les lignes directrices du modèle de DLTP/A en ce qui concerne les étapes « Apprendre à compétitionner » et « S’entraîner à la compétition ».
- Les habiletés tactiques individuelles ont fait l’objet d’un entraînement insuffisant aux étapes « S’entraîner à s’entraîner » et « S’entraîner à la compétition », et les habiletés tactiques en équipe ont fait l’objet de trop d’entraînement au niveau secondaire.
- Pour l’entraînement durant la saison, la priorité est accordée aux habiletés tactiques en équipe, et la plus grande partie du temps d’entraînement est consacré à cela. Pour « S’entraîner à s’entraîner », les entraîneurs ont poursuivi des objectifs semblables pour développer les habiletés en tant qu’entraîneur de « S’entraîner à la compétition » malgré la différence d’âge des joueurs.
- Aucun entraîneur ne s’est conformé aux lignes directrices sur le DLTP/A de VBQ ou de VC en ce qui concerne le volume total d’activité (habiletés, entraînement physique, habiletés motrices et compétitions). [Les lignes directrices de VBQ et de VC sont différentes les unes des autres, car VC tient compte des recommandations réalisables par toutes les provinces.] Les entraîneurs ont indiqué que les lignes directrices en matière de volume étaient difficiles à suivre pour les raisons suivantes : (1) le nombre d’heures d’entraînement allouées par les institutions scolaires (temps de gymnase, etc.); et (2) les calendriers d’entraînement préalablement attribués les ont placés à la merci des autres au sein de l’administration.
- Le manque de temps consacré par tous les entraîneurs à l’entraînement sur les habiletés motrices, qui est contraire aux lignes directrices sur le DLTP/A.
- Tous les entraîneurs ont répondu « très limité » ou « limité » en ce qui concerne leur niveau de connaissance et leur compréhension des modèles de DLTP/A et des lignes directrices.
Faisabilité pour les entraîneurs d’appliquer les lignes directrices du modèle de DLTP/A de VBQ et de VC :
- À l’étape « S’entraîner à s’entraîner » de l’école secondaire, il a été démontré que les équipes s’entraînaient moins de la moitié du temps prescrit par les lignes directrices sur le DLTP/A.
- Pour les entraîneurs qui ont des connaissances et des compétences limitées dans les domaines de la mise en forme, de l’entraînement physique et de l’entraînement aux habiletés motrices, il est difficile de se conformer aux lignes directrices.
- La disponibilité des heures de gymnase et la capacité des athlètes de s’engager à se conformer aux heures d’entraînement requises par les lignes directrices sur le DLTP/A font en sorte qu’il est difficile pour les entraîneurs de se conformer aux lignes directrices.
- Le programme de cours du Québec offre diverses activités; par conséquent, les étudiants ont moins de temps à consacrer à un seul sport.
- La nature linéaire des lignes directrices sur le DLTP/A rend difficile, pour les athlètes du Québec, de se conformer aux normes car ils s’investissent dans un sport lorsqu’ils sont plus âgés que dans les étapes du DLTP/A (pour le volleyball). Par conséquent, le temps plus long consacré à l’entraînement technique peut s’expliquer par ce début tardif.
- Les différences relevées dans les lignes directrices de VC et de VBQ en ce qui a trait au nombre d’heures consacrées à l’entraînement et aux compétitions peuvent s’expliquer par le contexte national par rapport au contexte provincial spécifique de l’élaboration des lignes directrices.
- Il est suggéré de modifier les lignes directrices de VC et de VBQ pour y intégrer un entraînement sportif à l’extérieur du programme de cours en ce qui concerne le volume d’entraînement.
Capacité du système sportif actuel d’appliquer les modèles de DLTP/A
- La connaissance qu’ont les entraîneurs des modèles DLTP/A était limitée ou erronnée. Les programmes de formation des entraîneurs portant sur le DLTP/A sont-ils suffisants pour permettre aux entraîneurs de pouvoir appliquer les lignes directrices? L’espoir est que les entraîneurs qui sont formés aux niveaux 1 et 2, puis qui sont laissés à eux-mêmes au sein de leur environnement d’entraînement, puissent appliquer les apprentissages. De nombreuses autres études montrent que : (1) cette mémorisation de théories suivie de leur application ne s’applique habituellement pas; et (2) la formation officielle des entraîneurs ne change pas nécessairement les compétences des entraîneurs.
- La suggestion des auteurs est la suivante : Si une autre étude sur les entraîneurs de ski de fond montre qu’aux étapes initiales (début actif et étapes fondamentales) les principes du DLTP/A ont été intégrés avec plus de succès pour les entraîneurs, peut-être que les organisations de volleyball devraient examiner de quelle façon Ski de fond Canada soutient ses entraîneurs après la mise en pratique de l’atelier officiel.
- Suggestions pour assurer un succès fondé sur les données des études :
- Créer et promouvoir des programmes et des initiatives pour mieux informer les entraîneurs sur les lignes directrices sur le DLTP/A, sur la façon de les mettre en pratique, sur la façon de développer les habiletés relatives à l’application des lignes directrices sur le DLTP/A (programmes de mentorat, programmes de supervision, communautés de pratique, etc.). Il faudrait réaliser une évaluation de la faisabilité de ces solutions.
- VBQ et VC pourraient lancer des projets pour soutenir les programmes favorables au DLTP/A : subventions, événements de reconnaissance, etc. Le défi consiste à avoir des projets parallèles à la façon dont les succès des entraîneurs sont habituellement mesurés. Comment le succès du développement de l’athlète est-il mesuré par rapport au succès dans les compétitions ou au repérage du talent? Les mesures sont-elles compatibles ou non?
- Mise en œuvre d’un « programme scolaire multisport – DLTP/A qui met l’accent sur le développement physique, mental, émotionnel et cognitif des étudiants-athlètes ».
Bien que les résultats de cette étude ne puissent pas être généralisés en raison de la petite taille de l’échantillonnage et du lieu géographique restreint, ils peuvent être transférables. L’auteur laisse entendre que les connaissances découlant de cette étude peuvent servir à développer davantage la recherche dans des domaines comme l’efficacité de la formation des entraîneurs du DLTP/A, l’établissement des calendriers des compétitions (dans les écoles) et la relation entre ce dernier et les lignes directrices sur le DLTP/A, ainsi qu’à faire des comparaisons avec d’autres sports et/ou d’autres provinces.