LA RÉTENTION DES ARBITRES DU SPORT AU CANADA

Sport Information Resource Centre (SIRC) est heureux de collaborer avec Sport Canada à la mise en commun des études en cours sur des sujets à l’appui des politiques et des programmes de sport de qualité. Cette semaine, nous publions les grandes lignes d’un article récent relatif à une étude sur LA RÉTENTION DES ARBITRES DU SPORT AU CANADA.

Factors contributing to the retention of Canadian amateur sport officials: Motivations, perceived organizational support, and resilience. Livingston, LA, and Forbes, SL. (2016). International Journal of Sports Science and Coaching, 11(3), 342-355. [traduction libre : Facteurs contribuant à la rétention des arbitres du sport amateur au Canada : motivation, soutien organisationnel perçu et résilience.]

Grandes lignes de l’étude selon le SIRC

Les arbitres jouent un rôle essentiel dans le monde du sport et ils doivent être vus au même titre que les entraîneurs sur le plan de la participation et du développement. Les études dans le domaine de l’arbitrage ont été jusqu’à présent peu nombreuses et elles étaient axées sur le volet psychologique du sport par l’examen des caractéristiques affectives (capacité de composer avec les difficultés, stress, etc.), cognitives (prise de décision, perception, etc.) et psychomotrices (santé, blessures, etc.) du rôle, principalement chez les hommes adultes du sport d’élite. L’étude a été menée selon la perspective des systèmes écologiques en examinant les interactions entre les caractéristiques personnelles, les demandes du sport examiné et les facteurs environnementaux et systémiques qui déterminent l’expérience du rôle d’arbitre. L’étude visait à « comprendre ce qui motive les gens à devenir arbitres et à demeurer actifs dans le domaine de l’arbitrage, leur résilience et leur perception du soutien qu’ils reçoivent des organisations sportives au Canada ». Plus de 1000 arbitres actifs à l’heure actuelle représentant tous les territoires et provinces au Canada ont participé à l’étude.

Recrutement des arbitres

  • Environ quatre arbitres interrogés sur cinq arbitrent dans un sport qu’ils pratiquent encore ou qu’ils ont pratiqué comme athlète.
  • Les principales motivations qui poussent les gens à devenir arbitres étaient intrinsèques : « l’amour du sport », le désir de « contribuer en retour » et la possibilité de continuer à « relever des défis » dans le sport. La rémunération financière était un facteur de motivation secondaire, en particulier dans les premiers temps de leur carrière d’arbitre.
  • La motivation diffère selon que l’arbitre est un athlète ou un ancien athlète.
    • Ceux qui avaient quitté le sport ont indiqué être devenus arbitres parce qu’ils « aimaient le sport » et parce que le rôle d’arbitre leur semblait être une extension/transition logique à leur rôle d’athlète. La transition du rôle d’athlète à celui d’arbitre découlait généralement des facteurs suivants : le déclin de la performance en raison de l’âge; les habiletés insuffisantes pour participer au sport à un niveau compétitif plus élevé ou une blessure mettant fin à la carrière. Cette tendance se retrouvait chez les arbitres de sports d’équipe et les arbitres de sports individuels. La motivation était généralement liée au besoin de « relever des défis » et d’avoir un « lien avec la communauté sportive ».
    • Ceux qui ont fait la transition vers l’arbitrage tout en participant au sport à titre d’athlètes ont cité des facteurs de motivation extrinsèques en combinaison avec leur « amour du sport », un facteur intrinsèque. Ils étaient généralement plus jeunes au moment de leurs débuts et étaient motivés par la rémunération, bien que ce facteur perde de l’importance avec le temps. Dans d’autres cas, la motivation venait des éloges et de la reconnaissance reçus de gens d’influence.
    • Ceux peu nombreux qui étaient arbitres dans un sport auquel ils n’avaient pas participé comme athlète citaient comme motivation la participation de leurs enfants dans ce sport, bien que certains aient indiqué que ce n’était pas une réponse volontaire, mais plutôt une réponse motivée par l’obligation de faire des heures bénévoles.
  • En comparaison avec des études semblables, l’étude suggère que les niveaux de motivation changent avec le temps et peuvent être différents selon le sexe.

Rétention des arbitres

  • Une analyse des données révèle un nombre considérable de différences quant aux motivations de ceux qui demeurent actifs comme arbitre au fil du temps en fonction du sexe, de l’âge, du sport et du milieu (urbain ou rural).
  • Les hommes avaient une cote de motivation plus élevée que les femmes en raison de l’exaltation, de l’enthousiasme et du plaisir qu’ils éprouvent au cours de l’arbitrage. Par contre, si on considère l’âge, les femmes âgées de 20 ans ou moins obtiennent une cote plus élevée que les hommes de leur âge, mais la tendance s’inverse après l’âge de 20 ans où la cote reste la même chez les hommes et diminue avec le temps chez les femmes. Ces données suggèrent que l’expérience d’arbitrage chez les femmes devient moins intéressante avec l’âge et l’acquisition d’expérience. Les auteurs suggèrent que les femmes vivent l’environnement d’arbitrage de façon plus démotivante ou négative, citant le manque de respect mutuel, les inégalités perçues sur le plan de l’application des politiques, le manque de modèles et de mentors et davantage d’actes de violence fondés sur le sexe.
  • La cote de plaisir de l’arbitrage est plus élevée chez ceux qui pratiquent des sports à cible (curling, tir à l’arc) et les sports individuels esthétiques (patinage artistique, plongeon, nage synchronisée), et les cotes les plus faibles sont obtenues pour les sports d’invasion (soccer, basketball) et les sports joués dans un champ (baseball, softball). Les types de décisions rapides (facteurs temporels) et la proximité des athlètes, des entraîneurs et des partisans (facteurs spatiaux) pourraient être les raisons pour lesquelles les arbitres réussissent ou non à se détacher de la négativité associée à leur rôle.
  • Les mesures de la motivation extrinsèque des arbitres sont modérées par des facteurs dépendant de l’environnement d’arbitrage associé à l’organisation du sport plutôt qu’à la nature de la compétition, où les arbitres les plus jeunes, âgés de 15 ans ou moins, obtiennent des cotes de motivation plus élevées, comme pour les 16 à 20 ans. Il importe de souligner que cela s’explique peut-être par le fait que ces groupes plus jeunes en sont encore au stage du recrutement et qu’ils ne sont pas encore passés à l’étape de la rétention. 
  • La cote de soutien organisationnel perçu (SOP) s’est également avérée plus élevée chez les plus jeunes dans le groupe des moins de 20 ans et diminuait avec l’âge des arbitres. Chez les arbitres plus jeunes, ces résultats étaient associés à leur motivation d’être rémunérés et l’accent sur le soutien des enseignants et des mentors. Chez les arbitres plus vieux, la tendance concorde avec les résultats d’autres études révélant un sentiment de déclin ou d’absence de soutien, d’encadrement et de reconnaissance envers les arbitres.
  • Les arbitres féminins obtenaient des cotes d’amotivation plus élevées et des cotes plus faibles de SOP en milieu urbain et des cotes d’amotivation plus faibles et des cotes de SOP plus élevées en milieu rural que les arbitres masculins. Il est difficile d’expliquer pourquoi, mais on propose qu’avec un nombre plus faible d’arbitres en milieu rural, les arbitres féminins ont peut-être plus de possibilités et du même coup elles se sentent plus appréciées.
  • Les cotes de résilience indiquent que le groupe étudié était hautement résilient, avec plus d’un tiers de l’échantillon ayant obtenu une cote de 100 % sur l’échelle de mesure. D’autres études doivent être faites pour déterminer si les membres du groupe étaient résilients avant de devenir arbitres ou si la résilience a été acquise au fil du temps. Même si le soutien organisationnel était généralement vu comme positif, les auteurs ont constaté que de nombreux arbitres de l’étude ont déclaré au moins un événement négatif important au cours de leur expérience, parfois suffisamment grave pour les pousser à cesser d’arbitrer au moins temporairement. La majorité des arbitres touchés sont retournés à leur rôle.

Conséquences pratiques

  • Les organisations devraient d’abord axer leurs stratégies de recrutement sur les athlètes qui sont déjà actifs dans leur sport comme prochaine génération éventuelle d’arbitres.
  • Une fois établis dans le rôle, les arbitres de tous les niveaux apprécient des signes de soutien de la part de leur direction (mentorat, communication, reconnaissance, possibilité d’avancement) au cours de toutes les étapes de leur carrière.
  • Pour réussir à recruter des femmes comme arbitres, il faut reconnaître que les femmes vivent le rôle différemment des hommes. Les organisations doivent déterminer pourquoi il en est ainsi dans leur sport et leurs systèmes et apporter les changements nécessaires à la création d’un environnement qui les appuie et qui est équitable.
  • Les sciences du sport doivent reconnaître les arbitres comme faisant partie du système sportif plutôt que comme des fournisseurs de service et entreprendre des études sur les arbitres portant sur les questions liées au recrutement, à la rétention, à l’avancement et à l’attrition.

Les observations générales tirées de l’étude indiquent clairement l’existence d’interactions entre les caractéristiques personnelles (âge et sexe), la tâche (type de sport), l’environnement (organisation d’arbitrage, organisation spatiale) et la rétention des arbitres. Les motivations personnelles changent au fil du temps, de l’étape du recrutement à l’étape de la rétention. Les responsables doivent voir à fournir un soutien organisationnel aux arbitres, ce qui favorisera la résilience chez les arbitres et se traduira par la rétention et l’avancement des arbitres comme partie intégrante du système sportif.

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