La prévention des troubles alimentaires chez les jeunes athlètes

Introduction 

L’adolescence est une période charnière, marquée par une vulnérabilité accrue aux préoccupations vis-à-vis l’image corporelle et aux troubles alimentaires. Les jeunes qui baignent dans le milieu du sport sont encore plus à risque, car la pression y est souvent forte de se conformer à certains standards corporels pour réussir. 

En effet, la culture sportive peine à se défaire des idées suivantes : 

  • « Les athlètes devraient avoir un corps maigre et ferme. » 
  • « Pour s’améliorer, il faut perdre du poids. » 
  • « Les véritables athlètes performent malgré la douleur et les blessures. » 
  • « Pour réussir, il faut faire des sacrifices physiques et émotionnels. » 

Si l’on ajoute à cela les messages sociétaux omniprésents qui prônent certains idéaux corporels et modes d’alimentation comme étant les normes à atteindre, il est facile de comprendre pourquoi bon nombre de jeunes athlètes développent des inquiétudes liées au corps et à l’alimentation qui les poussent à adopter des comportements préjudiciables. Parmi ces comportements, notons : 

  • la restriction de l’apport alimentaire;  
  • l’élimination de groupes alimentaires de l’alimentation;  
  • le mauvais usage de suppléments ou d’autres aides ergogéniques;  
  • l’adoption d’un régime alimentaire et d’exercice physique strict;  
  • le recours à l’exercice comme punition pour avoir trop mangé, ou malgré la maladie ou la blessure. 

Une ou un jeune athlète dont l’alimentation est perturbée (pensées, sentiments et comportements négatifs à l’égard de la nourriture, du poids ou de l’apparence corporelle) court un grand risque de développer un trouble de l’alimentation comme l’anorexie mentale, la boulimie ou l’hyperphagie boulimique. 

En raison des différences entre les outils de mesure utilisés et les populations à l’étude, il n’existe pas de consensus scientifique sur la prévalence des troubles de l’alimentation chez les athlètes, en particulier à l’adolescence (Marrows et coll., 2023). Toutefois, une étude portant sur un vaste échantillon représentatif de diverses identités sexuelles et sportives révèle que 33 % des athlètes d’élite à l’adolescence présentent des troubles du comportement alimentaire (Giel et coll., 2016). De plus, il a été démontré que les personnes qui pratiquent des sports comportant une dimension esthétique ou des catégories de poids sont particulièrement susceptibles d’adopter des comportements associés aux troubles alimentaires (Giel et coll., 2016; Walter et coll., 2022). 

La prévention des troubles alimentaires chez les jeunes athlètes

À l’adolescence, les discours toxiques véhiculés dans le milieu sportif peuvent compromettre les avantages physiques, mentaux et sociaux de la pratique du sport. Cependant, en inculquant les concepts qui suivent aux jeunes athlètes, on les aide à adopter une relation saine avec la nourriture, le corps et le sport qui les rend plus imperméables aux pressions externes. 

  • Le respect de la diversité corporelle 
    Le corps humain se décline en toutes sortes de tailles, de formes et de capacités. Les corps n’ont pas à avoir la même apparence ou les mêmes capacités. La diversité corporelle est inhérente à l’humain comme elle l’est pour les autres espèces. Dans un monde idéal, tout le monde se sentirait libre d’être soi-même, sans devoir répondre à une norme sociale pour être respecté. Toute personne pourrait avoir la chance de vivre sans la pression du jugement ou des attentes des autres par rapport à son corps, peu importe son apparence ou ses capacités. 
  • L’alimentation comme source d’énergie et de plaisir 
    À l’adolescence, les besoins énergétiques sont grands, particulièrement lorsqu’on fait beaucoup de sport. Les jeunes athlètes qui entretiennent une relation saine avec la nourriture respectent les signaux de leur corps et mangent selon leur appétit, leur degré de satiété et leurs besoins énergétiques. Le fait de consommer une quantité suffisante d’aliments nourrissants (sur le plan physique, mais aussi émotionnel) les aide à s’entraîner et à réaliser leur potentiel tout en évitant les blessures.  
  • L’identité globale : reconnaître qui l’on est en dehors du sport 
    L’identité des athlètes ne se résume pas à leur sport. Ces personnes à part entière sont aussi des frères, des sœurs, des amis, des employées, des étudiants, etc. Il est important que les jeunes athlètes comprennent la place que leur rôle d’athlète occupe dans leur identité. Elles et ils doivent être capables de reconnaître si le fait d’être une ou un athlète est surreprésenté dans leurs valeurs, leurs croyances et leur autoperception, car leur estime ne soi ne doit pas dépendre entièrement de leurs performances. 

Les athlètes qui ont une faible estime personnelle ou dont l’estime de soi est basée sur leurs performances sportives sont plus susceptibles que les autres de développer des problèmes de santé mentale comme l’anxiété, la dépression, une image corporelle négative et des troubles de l’alimentation.

Les athlètes doivent également être capables d’autocompassion. Contrairement à l’estime de soi, qui est centrée sur les aspects positifs de soi-même, l’autocompassion consiste à reconnaître et accepter ses défauts et ses échecs avec bienveillance et sans jugement. Selon Doorley et coll. (2022), les athlètes capables d’autocompassion sont moins susceptibles que les autres de voir leurs performances diminuer à la suite d’un revers. Cette aptitude serait donc un tremplin vers la réussite. 

  • Le moi authentique : Vivre selon ses valeurs et défendre ses intérêts 
    « Tu dois agir de telle ou telle façon, t’entraîner avec plus d’ardeur, perdre du poids, etc. » Les athlètes entendent ces mots d’entraîneurs, de parents, d’amis et sur les réseaux sociaux. Toute cette pression peut contraindre une personne à ignorer ses propres besoins et valeurs, et à adopter des comportements qui nuisent à son bien-être. Pour conserver une approche saine et fondée sur des valeurs du sport et de la vie, les jeunes doivent apprendre à donner la priorité à leurs besoins et à défendre leurs intérêts.     

Le rôle du personnel entraîneur, des parents et des gardiennes et gardiens dans la prévention des troubles de l’alimentation 

Le personnel entraîneur, les parents et les autres adultes significatifs ont un rôle essentiel à jouer dans la prévention du développement de troubles de l’alimentation chez les jeunes athlètes. En montrant aux jeunes athlètes de leur entourage qu’elles respectent les corps de tous types, qu’elles prennent soin d’elles-mêmes et qu’elles adhèrent à une perspective globale de la valeur de la participation et de la performance sportives, ces personnes donnent l’exemple. Voici diverses façons de cultiver un environnement sportif propice au bien-être des jeunes athlètes :   

  • Adopter une approche de l’entraînement axée sur la personne plutôt que sur la performance. 
  • Travailler sur le développement et l’amélioration des forces et des compétences physiques, mais aussi mentales. 
  • S’abstenir de tout commentaire sur le poids, la forme ou la composition du corps (celui des athlètes, mais aussi le vôtre). 
  • Appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard des moqueries ou des brimades fondées sur l’apparence.  
  • S’informer sur les troubles de l’alimentation et apprendre à en reconnaître les signes avant-coureurs. 
  • Offrir aux athlètes des ressources éducatives qui peuvent les aider à acquérir des connaissances et des compétences pour gérer avec succès les problèmes liés à l’image corporelle et à l’alimentation dans le cadre du sport, par exemple le cours Le sport à mon image

Le sport à mon image 

Le sport à mon image est un cours d’apprentissage en ligne développé par le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), avec la contribution d’un groupe consultatif multidisciplinaire, notamment du National Eating Disorder Information Centre (NEDIC).  

Le sport à mon image s’adresse aux athlètes de toutes les identités de genre; la formation vise tout particulièrement les cohortes adolescentes qui en sont aux étapes S’entraîner à s’entraîner et S’entraîner à la compétition du cadre de Développement à long terme par le sport et l’activité physique. Les athlètes y apprendront à : 

  • reconnaître la manière dont les discours sociétaux et médiatiques sur l’alimentation et le corps influencent la culture sportive;  
  • explorer leurs relations avec la nourriture, leur corps et la pratique du sport; 
  • adopter une approche globale du bien-être; 
  • s’offrir davantage de respect et de compassion à l’égard de leur corps, dans le cadre du sport comme en dehors. 

Le cours comprend sept modules : 

  1. Introduction  
  2. Commencer par une saine relation avec la nourriture  
  3. Comprendre les troubles alimentaires  
  4. Respecter la diversité corporelle  
  5. Ton moi entier  
  6. Ton moi authentique  
  7. Donner en retour 

On y trouve des séances de réflexion et d’autoévaluation, ainsi que des outils, des ressources et des liens pratiques.  

Conclusion 

Les jeunes peuvent tirer un grand profit de la pratique du sport. Pour les athlètes, l’adolescence constitue toutefois une période particulièrement à risque en ce qui concerne le développement de troubles de l’alimentation et de la nutrition. En donnant l’exemple, en favorisant un environnement sportif sûr et positif et en mettant à leur disposition des ressources éducatives bien pensées telles que Le sport à mon image, le personnel entraîneurs, les parents et autres adultes peuvent contribuer à réduire les risques.  

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Diététicienne autorisée et détentrice d’une maîtrise en santé publique, Emily Tam est coordonnatrice du développement des ressources au National Eating Disorder Information Centre (NEDIC). 

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