Résumé du projet
Objectifs :
- Vérifier le niveau d’activité physique des enfants âgés de trois à cinq qui fréquentent un centre
de la petite enfance (CPE); - Identifier les facteurs qui influencent l’activité physique des enfants qui fréquentent un CPE;
- Identifier les facteurs qui motivent les éducatrices à faire bouger les enfants au moins deux
heures par jour (recommandation du National Association for Sports and Physical Education); - Identifier les facteurs sur lesquels devraient reposer les interventions visant à augmenter
l’activité physique des enfants qui fréquentent un CPE.
Cadres théoriques : Théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991) et modèle structural de Cohen et al. (2000).
Méthodes de recherche
Population : Enfants âgés de trois à cinq ans qui fréquentent un CPE en installation, régis par le
gouvernement du Québec, dans la Capitale nationale et dans la région de Chaudière-Appalaches
(Québec, Canada) et les éducatrice de ces enfants.
Échantillon : CPE choisis aléatoirement à partir de la liste des CPE disponibles sur le site internet du ministère de la Famille et des Aînés. L’échantillon final pour identifier les déterminants du comportement est constitué de 46 éducatrices volontaires provenant de 20 CPE et de 242 enfants dont les parents ont accepté la participation à l’étude. L’échantillon pour identifier les déterminants de l’intention est constitué de 174 éducatrices.
Instruments de mesure. Les variables psychosociales furent mesurées avec un questionnaire autorapporté, élaboré selon les directives de la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991). Les variables structurales et l’intervention démocratique de l’éducatrice furent mesurés avec certains indicateurs de l’échelle d’observation de la qualité éducative (Bourgon & Lavallée, 2004). L’activité physique des enfants fut mesurée avec un accéléromètre Actigraph GT1M, qui devait être porté quatre jours, de l’arrivée au départ du service de garde. L’accéléromètre captait les mouvements aux 15 secondes.
Analyse des données. Des analyses multiniveaux, la régression multiple simple et la régression logistique ont été effectuées pour répondre aux questions de recherche.
Résultats de recherche
Les enfants de trois à cinq ans de cette étude fréquentaient le service de garde en moyenne huit heure par jour. Lors de leur présence au CPE, ils s’engageaient dans des activités physiques d’intensité légère, modérée ou élevée en moyenne 53 minutes (écart-type=23,55) par jour. En moyenne, 13 (écarttype=9,19) de ces 53 minutes consistaient en des activités physiques d’intensité modérée à élevée. Les facteurs suivants ont expliqué 19% de la variance de l’activité physique des enfants au CPE: l’intention de l’éducatrice à faire bouger les enfants, sa perception que les autres éducatrices font ou non bouger les enfants au moins deux heures par jour, l’intervention démocratique de l’éducatrice, l’âge de l’éducatrice, la qualité du matériel, l’âge et le sexe de l’enfant. Les résultats indiquent aussi que 33% des éducatrices ne sont pas fortement motivées à faire bouger les enfants au moins deux heures par jour. Les facteurs suivants expliquent 85% de la variance de l’intention (motivation) des éducatrices de faire bouger les enfants au moins deux heures par jour : la perception du contrôle de pouvoir faire bouger les enfants, la norme morale et la perception de l’éducatrice que les personnes importantes pour elle pensent qu’elle devrait faire bouger les enfants.
Ces résultats suggèrent qu’il serait pertinent d’intervenir dans les CPE en vue d’augmenter l’activité physique des enfants âgés de trois à cinq ans. L’intervention devrait notamment viser à augmenter la motivation des éducatrices qui présentent une intention moins forte de faire bouger les enfants. Cela pourrait se faire, notamment, en les amenant à surmonter les obstacles perçus (horaire chargé, manque de temps, température extérieure non clémente, etc.). En outre, il serait nécessaire qu’elles perçoivent que la direction du service de garde, les parents des enfants et leurs collègues éducatrices approuvent qu’elles fassent bouger les enfants au moins deux heures par jour. La direction des CPE et les parents devraient donc formuler clairement leur attente en ce sens. Il semble aussi que faire bouger les enfants ne constitue pas une valeur importante chez un grand nombre d’éducatrices peu motivées; cet aspect devrait donc être développé davantage. Pour les éducatrices déjà motivées à faire bouger les enfants, il serait pertinent d’intervenir afin de les amener à passer à l’action. La stratégie d’implantation des intentions (Gollwitzer, 1993, 1999) pourrait constituer une stratégie intéressante à cet effet. Les éducatrices pourraient aussi favoriser la coopération entre les enfants tout en établissant des consignes au regard de la sécurité et de la discipline. Enfin, il apparaît que les enfants bougent davantage lorsque le matériel est de qualité (par exemple : adapté à leurs besoins, favorise différentes dimensions du développement, etc.). Cet aspect pourrait donc être valorisé dans les services de garde qui se préoccupent de faire bouger davantage les enfants.
Les résultats et les suggestions présentées ici sont valables pour l’échantillon d’éducatrices et les CPE étudiés dans le cadre de cette recherche. Il se pourrait que les variables qui expliquent l’activité physique des enfants ne soient pas les mêmes avec un autre échantillon d’éducatrices ou de CPE. Si tel était le cas, les moyens d’intervenir pourraient donc s’avérer différents de ceux suggérés ici.
Répercussions sur les politiques
Selon le modèle de développement à long terme du participant/athlète (DLTA), proposé par Sport Canada, il importe de développer le savoir-faire physique dès le tout jeune âge. Pour cela, il importe d’offrir aux jeunes enfants des occasions pour explorer et exercer divers mouvements. Or, les données de la présente étude convergent avec d’autres disponibles dans la littérature et indiquent que les jeunes âgés de trois à cinq ans fréquentant les services de garde ne bougent pas suffisamment. Les résultats de la présente étude sont pertinents notamment pour l’élaboration ou la mise à jour des programmes éducatifs des CPE et les programmes de formation des éducatrices au Collégial. Les résultats s’avèrent 127 aussi pertinents pour la direction des CPE et les regroupements qui touchent la garde des enfants, telle l’Association du personnel-cadre des CPE. Des organismes comme les suivants sont aussi concernés puisqu’ils se préoccupent du mode de vie actif des enfants et de leur santé: Québec en forme, KinoQuébec, etc.
Prochaines étapes
Cette étude a permis de constater qu’il serait pertinent que les éducatrices soient mieux informées des bienfaits de l’activité et de ses contre-indications. Les résultats laissent aussi suggérer que les éducatrices ne perçoivent pas clairement ce qui est attendu d’elles concernant l’activité physique des enfants dont elles ont la responsabilité. Il serait donc nécessaire de les former, les outiller et les appuyer adéquatement afin qu’elles puissent favoriser l’activité physique de l’enfant âgé de trois à cinq ans.
Principaux intervenants et avantages
Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Québec en forme, Kino-Québec, Société Canadienne de physiologie de l’exercice, Institut canadien de la recherche sur la condition physique, Sports Québec, Jeunes en forme Canada, Association québécoise des CPE, Association du personnel-cadre des CPE du Québec, Fédération Canadienne des services de garde à l’enfance, Fédération des kinésiologues du Québec, Alliance canadienne de kinésiologie, Institut de la statistique du Québec, etc.