Stratégies d’entraînement pour maximiser l’apprentissage et la performance à long terme des athlètes

À une époque où les athlètes et les entraîneurs sont inondés d’idées pseudo-scientifiques sur l’importance d’accumuler 10 000 heures d’entraînement, on ne s’attarde pas à l’importance de la qualité des entraînements comme on le devrait. Contrairement à la croyance populaire, il existe des preuves significatives que l’amélioration des compétences spécifiques au sport pendant l’entraînement ne produit pas toujours le changement de performance à long terme qui témoigne de l’apprentissage (Soderstrom & Bjork, 2015). Bien que de nombreuses stratégies d’entraînement traditionnelles, telles que les exercices d’entraînement répétitifs, les exercices moteurs prescrits par l’entraîneur, les entraînements en bloc et la rétroaction corrective fréquente, se soient avérées efficaces pour améliorer les performances motrices à court terme pendant l’entraînement, ces stratégies ne contribuent pas à un apprentissage moteur solide qui peut être transféré à la compétition. L’apprentissage moteur est caractérisé par des améliorations relativement permanentes de la capacité de mouvement et est mesuré dans le temps et en dehors de l’entraînement (c’est-à-dire pendant les jeux et les compétitions). Une compréhension de la distinction entre l’apprentissage et la performance est nécessaire pour les entraîneurs qui conçoivent des environnements d’apprentissage pour les athlètes. En utilisant les principes de la pédagogie non linéaire (Chow, Davids, Button et Renshaw, 2016) et la théorie OPTIMALE de l’apprentissage moteur (Wulf et Lewthwaite, 2016), ce billet de blogue mettra en évidence certains des facteurs qui influencent les résultats d’apprentissage des athlètes et fournira des recommandations aux entraîneurs pour améliorer leurs stratégies d’entraînement actuelles.

Autonomie de l’apprenant

Les gens ressentent une motivation naturelle lorsqu’on leur donne la possibilité d’exercer un contrôle par le choix. Lorsqu’on leur donne la possibilité de choisir, leur motivation intrinsèque s’élève et leurs performances ont tendance à s’améliorer. Donner aux athlètes le contrôle de certains éléments de l’entraînement est une façon pour les entraîneurs d’accroître l’apprentissage moteur. Par exemple, laisser les athlètes décider :

  • de l’exercice avec lequel ils commencent leur séance d’entraînement;
  • de l’ordre d’une série d’exercices présélectionnés;
  • du moment où ils reçoivent de la rétroaction;
  • de l’utilisation d’appareils d’assistance;
  • du moment qu’ils veulent voir une démonstration des mouvements, s’ils le veulent.

Il est intéressant de noter que les recherches mentionnent que l’autonomie de l’apprenant est bénéfique pour l’apprentissage moteur même lorsque le choix offert n’est pas lié à la tâche motrice. Par exemple, lorsque les participants étaient autorisés à choisir la couleur de la balle de golf (blanche, orange ou jaune) qu’ils préféraient utiliser pendant la pratique du putting, ils ont obtenu de meilleurs résultats que les participants qui n’avaient pas eu le choix de la couleur lors d’un test de rétention un jour plus tard (Lewthwaite, Chiviacowsky, Drews et Wulf, 2015). Les résultats de cette étude, et de plusieurs autres, mettent en évidence l’influence positive que l’autonomie peut avoir sur l’apprentissage moteur.

Recommandation : Intégrer régulièrement le choix – pertinent ou non – dans les séances d’entraînement.

Rétroaction verbale et concentration sur l’attention

La rétroaction verbale est sans doute l’outil d’entraînement le plus utilisé dans le sport. Savoir quand et comment structurer la rétroaction pour optimiser les résultats de l’apprentissage est donc aussi précieux pour les entraîneurs que pour les joueurs. En ce qui concerne le temps, il a été démontré que le fait de donner aux athlètes le pouvoir de décider du moment où ils reçoivent de la rétroaction améliore l’apprentissage. En ce qui concerne le type de rétroaction verbale, un filtre plus positif semble profiter aux apprenants. Par exemple, les participants de l’étude à qui l’on a dit que leur performance moyenne au putting s’améliorait après chaque série de 10 coups roulés (que cela soit vrai ou non) ont montré une plus grande précision au putting lors d’un test de rétention un jour plus tard; ce qui indique que l’apprentissage a été accru chez ceux qui ont reçu de la rétroaction comparative (Chiviacowsky, Harter, Gonçalves et Cardozo, 2019). De même, les recherches ont montré un apprentissage accru lorsque les participants se sont fait dire que leur performance était supérieure à celle des autres et lorsque la rétroaction a été donnée à la suite de bons coups au lieu de mauvais coups. Pour aider les athlètes à s’améliorer, les entraîneurs doivent tenir compte du moment et du type de rétroaction lorsqu’ils signalent des erreurs et suggèrent des solutions potentielles.

Recommandation : Accorder une plus grande valeur aux comparaisons positives (soit par rapport aux performances antérieures, soit par rapport à d’autres personnes – sans donner de noms), et fournir de la rétroaction à la suite de coups forts plus souvent que de coups faibles.

La rétroaction verbale des entraîneurs peut également être utilisée pour orienter l’attention d’un athlète vers des facteurs internes (sur les mouvements du corps) ou sur des facteurs externes (sur l’effet de mouvement prévu). Il existe des preuves substantielles qu’une concentration externe de l’attention est supérieure à une concentration interne de l’attention pour l’apprentissage moteur. Par exemple, Becker et Fairbrother (2019) ont constaté que les participants qui avaient reçu l’instruction de se concentrer sur les éléments externes (vitesse de la fléchette, trajectoire droite de la fléchette, et atteinte de la cible) ont obtenu de meilleurs résultats que leurs pairs qui avaient reçu l’instruction de se concentrer sur les éléments internes (vitesse de l’avant-bras, trajectoire droite du bras et main qui pointe vers la cible) lors d’une tâche de lancer de fléchettes; tant pendant l’intervention que lors du test de rétention un jour plus tard.

Recommandation : Lorsque vous fournissez de la rétroaction sur les compétences techniques, structurez le message de manière à ce que l’attention de l’apprenant soit tournée vers les éléments externes, vers l’effet escompté du mouvement, plutôt que vers le mouvement du corps lui-même.

Structure de l’entraînement

Les programmes d’entraînement en bloc impliquent des regroupements dans lesquels les compétences spécifiques au sport (patiner par en avant, patiner par en arrière, passer, tirer, etc.) sont pratiquées séparément pendant un certain temps (c’est-à-dire une faible interférence contextuelle). D’autre part, les programmes d’entraînement aléatoires exigent que les compétences soient utilisées dans un ordre quelque peu non structuré (c’est-à-dire une forte interférence contextuelle). Il a été démontré que l’entraînement en bloc améliore les performances motrices, en particulier pour les débutants, tandis que l’entraînement aléatoire améliore l’apprentissage moteur. La variation qui existe pendant l’entraînement aléatoire force l’athlète à s’adapter au contexte changeant et à développer le mécanisme sous-jacent des mouvements plutôt que de simplement répéter le même mouvement continuellement. Une étude impliquant des joueurs de basketball de collège a révélé que ceux qui avaient été assignés au groupe d’entraînement en bloc (27 passes de poitrine, 27 passes par-dessus la tête et 27 passes sur le côté des bras) avaient obtenu de meilleurs résultats que leurs pairs du groupe d’entraînement aléatoire (le nombre total de répétitions était égal à 81, mais les participants n’étaient pas autorisés à effectuer la même passe plus de deux fois de suite) pendant l’intervention, ce qui indique une performance motrice supérieure. Cependant, le groupe d’entraînement aléatoire a surpassé le groupe d’entraînement en bloc lors du test de rétention (un jour plus tard) et du test de transfert (les participants devaient effectuer les passes à une plus grande distance), ce qui indique un apprentissage moteur supérieur (Medina, Baba et Thomas, 2019). En effet, les compétences qui s’apprennent lentement sont oubliées lentement. Il convient de noter que les horaires d’entraînement aléatoires posent un plus grand défi aux apprenants que les entraînements en bloc, et les athlètes peuvent avoir l’impression de ne pas s’améliorer rapidement, ce qui peut être frustrant. L’intégration de l’autonomie de l’apprenant et de la rétroaction verbale positive peut contribuer à réduire la frustration.

Recommandation : Intégrez davantage des entraînements aléatoires à mesure que les athlètes deviennent plus compétents, mais trouvez l’équilibre idéal proverbial entre l’ampleur du défi et de frustration qui est imposée.

Conclusion

La distinction entre l’apprentissage et LA performance a d’énormes implications pour les entraîneurs qui tentent de faciliter l’acquisition de compétences motrices chez les athlètes. Les entraîneurs doivent s’efforcer de promouvoir l’apprentissage moteur, par opposition à l’amélioration à court terme des performances motrices, afin d’aider les athlètes à atteindre leur plein potentiel. Cet article présente quelques-uns des paramètres qui peuvent être manipulés par les entraîneurs afin d’améliorer l’apprentissage moteur chez les athlètes. En guise de dernière suggestion, il est recommandé que les entraîneurs informent les athlètes de leur intention de modifier leurs techniques d’entraînement et leur expliquent la raison de ce changement, avant de le mettre en œuvre. L’adhésion des athlètes à l’avance peut réduire la frustration, la résistance au changement et favoriser l’apprentissage.

Recommandation : Les entraîneurs informent les athlètes de leur intention de modifier leurs techniques d’entraînement et leur expliquent la raison de ce changement, avant de le mettre en œuvre.

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