Cette semaine, les Jeux Invictus sont de retour au Canada et comprennent huit jours incroyables de sports adaptés qui rassemblent des membres des forces armées et des anciens combattants du monde entier. Il ne s’agit pas d’un événement sportif comme les autres. Les Jeux Invictus sont une compétition sportive internationale qui cherche à exploiter le pouvoir du sport pour promouvoir le rétablissement des membres des forces armées et des anciens combattants souffrant de maladies et de blessures physiques et psychologiques.
Des études ont montré à quel point les Jeux Invictus sont bénéfiques, non seulement pour les concurrents, mais aussi pour leurs familles. Cependant, une question récurrente a été posée aux responsables de programmes et aux entraîneurs, en particulier dans les pays qui n’ont jamais participé aux Jeux : « Comment? ». La question de savoir comment les programmes peuvent être mis en œuvre pour obtenir des avantages optimaux sur le plan de la participation n’est pas propre aux Jeux Invictus. Il s’agit d’une question à laquelle tous les programmes sportifs sont confrontés. Grâce à une série d’observations, d’entrevues et de sondages, notre équipe a établi 71 stratégies de meilleures pratiques représentatives de ces efforts internationaux visant à améliorer la qualité des expériences et des résultats des compétiteurs.
Ces stratégies donnent un aperçu de la manière d’aborder le sport de compétition pour les adultes souffrant de maladies et de blessures physiques et psychologiques, qui peuvent avoir divers objectifs de participation, comme améliorer leur santé physique, renouer avec leur famille et leurs amis, se sentir plus proches d’eux-mêmes ou retourner au travail. Ce qui est unique dans l’approche des Jeux Invictus, c’est que les médailles ne sont pas l’objectif de la compétition. Au contraire, le succès est défini comme un progrès personnel.
Cette approche peut trouver un écho dans divers types de programmes sportifs communautaires, en particulier chez les athlètes de haut niveau. Dans ce billet de blogue, nous soulignons trois thèmes qui sont présents dans les 71 stratégies et qui peuvent être adaptés aux athlètes de haut niveau de tous les niveaux et de toutes les capacités.
Thème 1 : Élargir la définition et la compréhension de l’accessibilité
Souvent, lorsque les gens entendent le terme « accessibilité » dans le sport, ils imaginent des besoins d’accessibilité physique tels que des rampes et des équipements de transfert, ainsi que des vestiaires et des toilettes accessibles. D’autres peuvent envisager les aménagements du point de vue des handicaps sensoriels, notamment la présence d’interprètes, la prise en compte de la taille et de la police des affiches, ainsi que des caractéristiques tactiles ou de l’éclairage. Cependant, lors de l’entraînement ou de la compétition pour les Jeux Invictus, pour beaucoup, un aménagement clé peut également concerner les maladies psychologiques, une considération qui n’est peut-être pas couramment abordée dans l’environnement sportif.
L’une des maladies psychologiques les plus répandues aux Jeux est le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Les déclencheurs potentiels du syndrome de stress post-traumatique font l’objet d’une réflexion approfondie basée sur la connaissance des compétiteurs militaires. Dans le cadre d’une compétition sportive, ces déclencheurs peuvent être la foule, les bruits et la musique forts, les images vidéo ou photographiques et ce qui se passe dans l’environnement extérieur autour des installations d’entraînement et de compétition (par exemple, les bruits de construction des bâtiments voisins).
De nombreux entraîneurs et membres du personnel de l’équipe travaillent avec le compétiteur pour comprendre ses besoins particuliers, puis le soutiennent lors des réunions d’équipe ou de la compétition. Le fait de savoir ce qui les attend concernant la taille de la foule, la musique et les images, par exemple, permet de préparer le concurrent et de trouver des solutions personnalisées. Par exemple, une solution disponible aux Jeux Invictus est celle des salles de repos privées, qui offrent aux concurrents atteints de SSPT un espace sécuritaire et peu stimulant pour se reposer ou gérer les éléments déclencheurs.
Envisager ce thème en dehors des Jeux Invictus : Les compétiteurs atteints de SSPT peuvent être davantage représentés dans un environnement de sport adapté militaire. Cependant, la leçon est bonne, quel que soit le type spécifique de condition médicale :
- L’accessibilité ne se limite pas à l’accès physique à un espace.
- Le sport adapté peut bénéficier d’une plus grande inclusion de personnes ayant diverses conditions médicales. Pour les Jeux Invictus, cela a également signifié le développement d’un nouveau type de système de catégorisation qui permet à tous les individus de concourir ensemble dans le sport adapté de manière équitable, quel que soit le type de maladie ou de blessure physique ou psychologique.
- S’entretenir avec le concurrent et comprendre les facteurs qui peuvent faciliter ou réduire son sentiment d’équité et de sécurité dans l’environnement de l’entraînement et de la compétition et trouver des moyens de se préparer à ces scénarios ou de les éviter.
Thème 2 : Relations entre l’entraîneur et l’équipe
Bien que notre recherche n’ait pas utilisé le leadership transformationnel comme cadre d’orientation, bon nombre des stratégies que nous avons identifiées s’alignent sur ses principes. En particulier, à l’instar d’études antérieures sur le sport, notre recherche a mis en évidence l’importance des relations entre les entraîneurs, ainsi que des relations entre les entraîneurs et les compétiteurs, qui contribuent aux résultats de ces derniers.
De nombreuses stratégies liées à ce thème sont applicables indépendamment de la communauté ou du cadre sportif. Par exemple, une stratégie clé consistait pour les entraîneurs à apprendre à connaître le concurrent non seulement en tant que personne sportive, mais aussi en tant qu’individu. Quelle était sa situation familiale? Quels étaient ses objectifs? Qu’aime-il? Que n’aime-il pas? Quels sont ses défis? Qu’est-ce qui les motive? Qu’est-ce qui, en dehors du sport, lui demandait du temps et de l’intérêt? Comprendre la personne comme un individu à part entière et pas seulement comme un compétiteur sportif a permis de définir des attentes appropriées concernant la place du sport dans la vie de la personne et le type ou le niveau de soutien dont elle pourrait avoir besoin de la part de l’équipe.
Une autre stratégie consiste à respecter les entraîneurs et à apprendre à connaître tous les participants, quel que soit leur niveau de compétence ou de réussite dans le sport. Certains entraîneurs peuvent perdre de vue l’objectif des Jeux et passer plus de temps avec les concurrents susceptibles de remporter des médailles. Il est important que les entraîneurs se souviennent que chacun mérite le même temps, la même considération et le même encadrement pour atteindre son objectif individuel, qui (dans le contexte des Jeux Invictus) ne doit pas être basé sur les médailles mais sur l’amélioration de soi.
Le fondement de ces relations respectueuses est la communication et la création d’un sentiment d’appartenance à la communauté. De nombreuses équipes ont créé des groupes WhatsApp afin que tout le monde puisse rester en contact dès le jour de la sélection (lorsque les gens ont appris s’ils faisaient partie de l’équipe) et ces groupes ont été maintenus après les Jeux afin que les athlètes puissent rester en contact. Cette composante à long terme était importante. Les concurrents veulent savoir que leurs entraîneurs s’intéressent à eux et pas seulement à leurs performances, et qu’ils font partie d’une véritable communauté des Jeux Invictus. Cela signifiait qu’il fallait faciliter les occasions de rester en contact avec les entraîneurs et les coéquipiers après la compétition. De nombreuses équipes ont estimé qu’un mois après la compétition était le bon moment pour réunir tout le monde pour un événement post-Jeux et pour socialiser. Certaines équipes ont même continué à se rencontrer à intervalles réguliers après les Jeux, en fonction de la taille de la nation et de la facilité de transport. Il était essentiel que la communication et la cohésion de l’équipe ne soient pas abandonnées sur le site de la compétition et qu’elles se poursuivent une fois que tout le monde est rentré chez soi.
Considérer ce thème en dehors des Jeux Invictus : Les besoins des compétiteurs en matière de soutien social peuvent varier en fonction de leurs communautés individuelles et des niveaux de soutien de leur famille et de leurs amis ou dans différents domaines de la vie (par exemple, le travail, les loisirs). Cependant, ouvrir la conversation pour voir ce que l’individu et l’équipe veulent et ne pas présumer de leurs objectifs, de leurs besoins ou du type idéal d’environnement d’entraînement est un pas en avant important pour créer des expériences et des résultats de qualité.
Thème n° 3 : Penser au-delà du sport
Un troisième concept qui ressort de l’ensemble des résultats est l’importance de ne pas considérer la compétition comme la finalité de l’entraînement et de la participation. La compétition est importante et constitue une motivation essentielle et, pour beaucoup, irremplaçable pour suivre des programmes d’entraînement exigeants. Cependant, notre recherche a mis en évidence que le changement commence dès le premier jour, lorsque quelqu’un décide qu’il veut participer aux Jeux et postule pour une place dans son équipe nationale. À ce moment-là, il doit s’adresser à d’autres membres de sa communauté pour trouver des équipes ou des entraîneurs, commencer à être actif et prendre du temps pour lui-même et pour son rétablissement. Une fois sélectionné, il y a la valeur ajoutée d’une nouvelle communauté de coéquipiers et d’entraîneurs et le sentiment de responsabilité de s’entraîner non seulement pour soi-même, mais aussi pour représenter son pays et atteindre ses objectifs et ceux de son équipe.
Alors que les Jeux ne durent qu’une semaine, cette période d’entraînement peut durer jusqu’à 12 mois pour certaines nations. Cette période prolongée d’interaction régulière avec les coéquipiers et les entraîneurs avant les Jeux offre une opportunité inégalée de travailler sur des défis personnels, des objectifs significatifs et la maîtrise des compétences. Les nations abordent cette période d’entraînement de différentes manières. L’une d’entre elles élabore des plans de développement personnel individualisés pour chaque compétiteur. Plus précisément, lors de la sélection, chaque concurrent s’assoit avec l’entraîneur, les travailleurs sociaux et d’autres membres du personnel de l’équipe pour identifier ses objectifs de rétablissement et la manière dont il compte utiliser son expérience de l’entraînement et de la compétition des Jeux Invictus comme tremplin pour ces objectifs de rétablissement plus larges et sa vie en dehors du sport. Ce plan est revu régulièrement tout au long de la période d’entraînement. En outre, pendant les camps d’entraînement, du temps est consacré à l’examen de stratégies et de compétences en dehors du sport (comme la pleine conscience, la nutrition, le sommeil) qui peuvent contribuer à la réalisation de leurs objectifs plus vastes.
Cette approche délibérément personnalisée s’est avérée très fructueuse. En fait, de nombreuses nations cherchent désormais à encadrer l’entraînement non seulement en expliquant comment l’entraînement aidera le concurrent pour les Jeux Invictus, mais aussi comment l’entraînement pour les Jeux Invictus aidera le concurrent dans la vie qu’il souhaite mener dans les jours, les mois et les années qui suivront les cérémonies de clôture. Cette approche est également utile car elle permet aux concurrents et aux entraîneurs d’élaborer des plans sur la manière de poursuivre l’engagement sportif et d’équipe à long terme après les Jeux (comme trouver des options sportives locales pour maintenir la participation sportive ou être un mentor ou un bénévole pour les futures équipes), une considération importante pour maintenir les résultats de santé à long terme.
Considérer ce thème en dehors des Jeux Invictus : En dehors des Jeux Invictus, les athlètes masters peuvent bénéficier d’approches globales qui considèrent le sport dans un contexte de vie plus large. Ils peuvent également chercher à comprendre le rôle et les contributions du sport dans la vie d’un individu, ainsi que la manière dont leur entraînement et leur compétition peuvent les aider à atteindre leurs objectifs dans le cadre du sport et au-delà. Les programmes sportifs peuvent également envisager de consacrer une partie du temps d’entraînement à des sujets complémentaires qui influencent le développement personnel dans le cadre du sport et en dehors, comme les compétences psychologiques, la pleine conscience, la nutrition ou le sommeil.
Une autre stratégie des nations des Jeux Invictus, qui pourrait également être utile aux athlètes de niveau master, consiste à envisager des voies à long terme pour la participation et la contribution, par exemple en ouvrant la porte au bénévolat dans l’équipe ou à la formation d’entraîneur. Cette approche améliore non seulement l’expérience des futures équipes qui ont accès au soutien des pairs et au mentorat, mais peut également servir à soutenir les objectifs à long terme du compétiteur.
Conclusion
Alors que les chercheurs continuent d’identifier les bienfaits du sport, il est essentiel de prendre le temps de comprendre comment ces bienfaits peuvent être obtenus grâce à des stratégies et des techniques de mise en œuvre bien définies à l’intention du personnel des programmes et des entraîneurs. Bien que cette recherche ait été menée dans le contexte des Jeux Invictus, les résultats fournissent de l’information précieuse sur la façon dont différentes stratégies de mise en œuvre, telles que la façon dont le sport est encadré dans les objectifs et le contexte plus large de la vie d’une personne, peuvent influencer les résultats des participants. Les stratégies de meilleures pratiques représentent des lignes directrices qui peuvent être adaptées par différents programmes en fonction de facteurs tels que la démographie et la taille de l’équipe, le budget et le type de sport. En fin de compte, les résultats plaident en faveur d’une prise en compte holistique du compétiteur à l’intérieur et à l’extérieur du sport et d’une vision à long terme de la valeur de la participation sportive.
Financement : Cette recherche a été financée par Forces in Mind Trust, un programme de financement de 35 M£ géré par la fiducie à l’aide d’une dotation attribuée par le National Lottery Community Fund.
Remerciements : La Dre Shirazipour tient à remercier la Fondation des Jeux Invictus, ainsi que les nations et les concurrents des Jeux Invictus pour leur participation à cette étude. Elle souhaite également remercier les co-chercheurs du rapport de recherche : Emily Mayhew, PhD (Imperial College London); Jessica Capaldi, MA (Cedars-Sinai Medical Center); Bianca Luna-Lupercio, BS (Cedars-Sinai Medical Center); Nadia Hyunh, BA (Cedars-Sinai Medical Center); Yujie Cui, MS (Cedars-Sinai Medical Center); Vincius Calsavara, PhD (Cedars-Sinai Medical Center); Marcio Diniz, PhD (Cedars-Sinai Medical Center); M. Blair Evans, PhD (Western University); Amy E. Latimer-Cheung, PhD (Queen’s University); et Alice B. Aiken, PhD (Dalhousie University).