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La relation des athlètes avec la nourriture peut être compliquée. C’est particulièrement vrai pour les femmes qui pratiquent le sport, qui ont tendance à présenter des taux plus élevés de troubles de l’alimentation (Torstveit et coll., 2007). Le rôle de la pratique sportive dans la relation des athlètes avec la nourriture n’est pas simple. Certaines études suggèrent que la pratique d’un sport peut en soi favoriser les troubles de l’alimentation. D’autres recherches soulignent les nombreux avantages de la pratique sportive, notamment l’amélioration de l’image corporelle (Petrie et coll., 2009). 

Comment les cultures sportives façonnent-elles la relation des athlètes avec la nourriture et leur corps? Plus important encore, comment les athlètes féminines gèrent-elles cette relation et qu’ont-elles à dire à ce sujet? 

Pour répondre à ces questions, j’ai interviewé 9 athlètes d’identité féminine et 2 entraîneurs d’équipes féminines universitaires d’une université de division II de la NCAA. Parmi les participantes figuraient des athlètes de différents sports, notamment des sports individuels (natation, athlétisme et lutte) et des sports d’équipe (football, basketball et volleyball). Cela m’a permis d’examiner une variété de cultures sportives tout en mettant en lumière les voix des athlètes dans la conversation autour de la relation des femmes avec la nourriture et les troubles de l’alimentation dans le sport. 

Dans ce billet de blogue, je discuterai des implications de la conception de la nourriture comme « carburant » et de l’alimentation comme « faire le plein de carburant ». D’une part, le fait de considérer la nourriture comme un carburant encourage les athlètes à consommer des aliments pour soutenir leur entraînement sportif et peut contribuer à prévenir les restrictions alimentaires. D’autre part, le fait de considérer la nourriture uniquement comme un carburant suggère que le corps de l’athlète n’est qu’une machine. Enfin, le principe de « l’alimentation en tant que carburant » détourne l’attention d’autres façons de gérer la nourriture.

« Faire suffisamment le plein »

Ce qui ressort de toutes les entrevues, c’est la façon dont les athlètes et les entraîneurs parlent de la nourriture comme d’un « carburant » pour le corps. Les athlètes et les entraîneurs ont discuté de « faire le plein » dans le sens d’une consommation suffisante d’énergie et de nutriments. L’un des entraîneurs a suggéré que le fait de considérer les aliments comme un carburant peut aider les athlètes à ne plus étiqueter les aliments comme « bons » ou « mauvais », « sains » ou « malsains ». Les athlètes que j’ai interrogées semblaient également associer ce terme à une relation plus positive et moins axée sur la restriction avec la nourriture. 

Athletes SprintingEn d’autres termes, « l’alimentation comme carburant » peut indiquer que les cultures sportives s’éloignent de la restriction alimentaire et des régimes et mettent l’accent sur un apport énergétique suffisant pour les athlètes. Les discussions autour de la faible disponibilité énergétique chez les athlètes et de la carence énergétique relative dans le sport reflètent également ce changement. (Mountjoy et coll., 2018) 

Cependant, lorsque la nourriture est encadrée uniquement comme une technologie pour soutenir la performance athlétique, cela dévalorise d’autres rôles importants de la nourriture comme manger pour le plaisir, le lien social ou manger comme une façon d’honorer sa culture. 

Cette idée de « carburant » implique que le corps est un instrument ou une machine. En fait, il n’est pas rare que les corps des athlètes soient décrits en termes mécaniques. Cela peut créer une distance entre l’athlète et son corps et même suggérer que les athlètes sont moins qu’humains, leurs besoins et leurs sentiments étant moins importants que l’objectif de la performance sportive. 

« Bien s’alimenter »

Les athlètes et les entraîneurs que j’ai interrogés ont également fait le lien entre « faire le plein » et le fait de manger pour être en santé. De nombreuses athlètes que j’ai interrogées ont décrit l’« alimentation saine » comme un objectif, bien que souvent difficile à atteindre. Certaines ont indiqué qu’une alimentation saine pouvait aider à obtenir un corps plus mince ou à améliorer les performances sportives. Il était également clair que la responsabilité de bien manger et de rester en bonne santé incombait à chaque athlète. Cet accent mis sur la responsabilité individuelle en matière de santé dissimule le rôle des facteurs externes qui façonnent l’accès des athlètes à la nourriture et leur relation avec celle-ci (Dworkin et Wachs, 2009). Par exemple, de nombreuses athlètes ont décrit les défis pratiques que représente le fait de bien s’alimenter, qu’il s’agisse des contraintes de temps, de la difficulté de planifier et de préparer les repas ou du coût élevé des produits frais et des autres aliments qu’ils considèrent comme nutritifs. 

Lorsque j’ai demandé aux athlètes ce que manger sainement signifiait pour elles, elles ont généralement décrit le fait de manger plus de légumes et de salades tout en évitant la malbouffe. Indirectement, ces conversations impliquaient de manger avec retenue ou modération. Inversement, d’autres athlètes ont parlé de leur capacité à apprécier des aliments qu’ils n’associaient pas à une alimentation saine (comme les hamburgers). Dans ce contexte, l’accent était souvent mis sur le fait de pouvoir consommer des aliments en grande quantité ou de ne pas avoir à se restreindre. 

Les deux approches, bien qu’elles mettent l’accent sur des aliments différents (sains ou malbouffe) et des approches de l’alimentation (avec ou sans restriction), peuvent décrire ce que signifie d’alimenter le corps athlétique. 

Bien que les athlètes et les entraîneurs aient déclaré que la restriction alimentaire était indésirable et nuisible, beaucoup ont également laissé entendre que les athlètes devaient gérer leur corps. Cette gestion du corps peut inclure le poids, la maigreur, ainsi que d’autres caractéristiques physiques. Les participantes ont décrit le paradoxe de l’athlète comme quelqu’un qui « carbure bien » en mangeant en abondance tout en restant maigre ou en pouvant modifier son corps au besoin (par exemple, pour prendre du poids en vue d’une compétition ou pour améliorer ses performances sportives). 

Malgré l’évolution de la façon dont les cultures sportives parlent de la nourriture, elles semblent toujours privilégier certains types de corps et encourager la croyance que les athlètes peuvent façonner leur corps par l’entraînement, la discipline et, surtout, la consommation de nourriture (ou la restriction de celle-ci).

Gérer les tensions autour du principe de « l’alimentation comme carburant »

Considérer la nourriture comme un carburant peut être à la fois utile et problématique. En examinant plus en profondeur ce concept, je fais la lumière sur les tensions et les pressions que les athlètes, en particulier les femmes, subissent dans le sport. Ma recherche montre également comment les athlètes gèrent ces pressions et ces contradictions. 

De nombreuses athlètes ont parlé de l’utilisation de la connaissance de soi pour gérer leur relation avec la nourriture et leur corps. Par exemple, une lutteuse a décrit le parcours qu’elle a suivi pour trouver ce qu’elle considérait comme une façon équilibrée de perdre du poids tout en continuant à apprécier la nourriture. Il s’agissait notamment de compétitionner dans différentes catégories de poids et de réfléchir à l’expérience, sur le plan de la performance et du ressenti. De même, les athlètes d’autres sports ont parlé de l’auto-observation, plutôt que de se fier à des conseils ou à des règles externes pour découvrir quels types d’aliments les aidaient à se sentir bien et à réaliser de bonnes performances.

Certaines athlètes ont remis en question l’idée selon laquelle seuls certains types de corps permettent d’obtenir de bonnes performances sportives. Plusieurs athlètes que j’ai interrogées ont décrit comment des athlètes dont le corps ne correspondait pas à l’image traditionnellement associée aux corps idéalisés dans leur sport (généralement minces ou maigres) obtenaient d’excellents résultats. Une autre athlète a mis l’accent sur la diversité des corps dans le sport, en disant : « C’est une grosse erreur de penser que l’on peut […] juger de la force, de l’endurance ou de la détermination mentale d’une personne simplement en la regardant. » Cette participante a exprimé l’espoir que la reconnaissance et la célébration de cette diversité puissent contribuer à atténuer la pression que subissent de nombreuses athlètes en se conformant à un idéal corporel particulier.

En développant la conscience de soi et leurs connaissances, les athlètes peuvent remodeler leur relation avec la nourriture de manière à transcender les idées de discipline et de contrôle corporel et à mettre en valeur l’autonomie des athlètes. Bien que les cultures sportives puissent renforcer des croyances et des pratiques peu utiles, voire nuisibles, les voix et les expériences des athlètes peuvent contribuer à faire évoluer ces cultures vers une relation plus positive et plus responsabilisante avec la nourriture.


A propos de(s) l'auteur(s)

Marina Khonina est titulaire d’une maîtrise en sociologie de l’université Simon Fraser, où elle a étudié les cultures sportives et la relation des femmes athlètes avec la nourriture. Mme Khonina est une ancienne coordinatrice de recherche principale au SIRC et travaille actuellement comme consultante en recherche et coordinatrice de projet. Elle s’intéresse particulièrement à l’application des connaissances dans les sciences du sport et de la santé, et est également une athlète d’athlétisme qui participe à des épreuves de sprint.

Références

Dworkin, S. L. et Wachs, F. L. (2009). Body Panic : Gender, Health, and the Selling of Fitness. NYU Press.

Mountjoy, M., Sundgot-Borgen, J., Burke, L., Ackerman, K. E., Blauwet, C., Constantini, N., … Budgett, R. (2018). Déclaration de consensus du Comité international olympique (CIO) sur la carence énergétique relative dans le sport (RED-S) : mise à jour 2018. International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism, 28(4), 316 à 331. https://doi.org/10.1123/ijsnem.2018-0136

Petrie, T. A., Greenleaf, C., Reel, J. J. et Carter, J. E. (2009). An examination of psychosocial correlates of eating disorders among female collegiate athletes. Research Quarterly for Exercise and Sport, 80(3), 621 à 632. https://doi.org/10.1080/02701367.2009.10599601 

Torstveit, M. K., Rosenvinge, J. H. et Sundgot-Borgen, J. (2007). Prévalence des troubles alimentaires et pouvoir prédictif des modèles de risque chez les athlètes d’élite féminines : une étude contrôlée. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 18(1), 108 à 118. https://doi.org/10.1111/j.1600-0838.2007.00657.x


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