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Les recherches et la pratique portent de plus en plus sur les répercussions physiques et psychologiques des traumatismes et de la violence, par exemple le fait de vivre dans une zone de conflit ou être victime de violence familiale. En Amérique du Nord, ces recherches ont permis de mieux comprendre la prévalence et l’incidence des expériences indésirables durant l’enfance (EIE). Il s’agit notamment de violence physique, sexuelle ou psychologique subie pendant l’enfance, de négligence et d’autres expériences vécues pendant l’enfance comme la séparation ou le divorce des parents, l’exposition à la violence familiale, le fait de vivre avec une personne atteinte d’une maladie mentale, l’abus de substances dans la maison et l’incarcération d’un membre de la famille (Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2014). Les recherches ont révélé qu’entre 50 et 60 pour cent de la population signalent au moins une EIE, dont environ 30 à 40 pour cent signalent au moins deux EIE (Centers for Disease Control & Prevention, 2010; Dube, 2003; Felitti et coll., 1998). Plus le nombre d’EIE augmente, plus le risque d’effets négatifs sur la santé et les aptitudes sociales augmente.

Les répercussions des traumatismes et de la violence peuvent se manifester par une gamme de symptômes physiques, psychologiques, émotionnels et sociaux (Anda et coll. 2006; Felitti, 1998; Irish, Kobayashi et Delahanty, 2010). Ceux-ci comprennent notamment :

  • une réaction de stress hyperactive (liée une réaction « combattre ou fuir »);
  • un risque accru de maladies chroniques (p. ex. maladies cardiovasculaires, cancer, diabète);
  • des taux élevés d’anxiété et de dépression;
  • des difficultés comportementales accrues (p. ex. crises émotionnelles, manque de concentration, agressivité);
  • des difficultés d’autorégulation physiologique et émotionnelle;
  • des défis liés à l’établissement et au maintien de relations et de systèmes de soutien social;
  • des complications liées à la stabilité d’emploi et à l’évolution de carrière.

Compte tenu de la prévalence des EIE au sein de la population, les organismes de sport, les entraîneurs et les chefs de programme reconnaissent qu’une proportion importante d’athlètes ont vécu des EIE. Dans le sport et l’activité physique, les répercussions de ces expériences peuvent entraîner des difficultés à établir des relations positives avec les coéquipiers et les entraîneurs, une incapacité à se concentrer, de la difficulté à respecter les règles du jeu, un comportement agressif avec les adversaires et les coéquipiers, un manque de conscience de soi, des excès de violence et des difficultés à gérer la pression des compétitions (Bergholz et coll., 2016).

En quoi consiste un programme de sport axé sur les traumatismes?

Lorsque les chefs de programmes et les entraîneurs en apprennent sur les traumatismes, cela signifie qu’ils savent que toute personne avec qui ils interagissent peut avoir été touchée par un traumatisme à un moment de leur vie et qu’ils comprennent qu’une variété de défis émotionnels (p. ex. anxiété, dépression, colère) et comportementaux (p. ex. consommation de substances, autodestruction, isolement) peuvent découler de ce traumatisme (Gutierres et Van Puymbroeck 2006; Nadew 2012; Schäfer et Fisher, 2011).

L’objectif global d’un programme axé sur les traumatismes est de donner aux personnes aux prises avec de tels défis l’occasion d’acquérir des compétences qui les aideront à améliorer leur capacité à maîtriser leurs émotions et leurs comportements. Bergholz et ses collègues ont identifié un certain nombre de principes essentiels à l’élaboration d’un programme de sport axée sur les traumatismes. Le programme sportif doit :

  1. Mettre l’accent sur la création d’un environnement sécuritaire sur le plan physique et émotionnel;
  2. Être conçu pour un engagement à long terme plutôt que pour des objectifs ponctuels à court terme;
  3. Créer des occasions d’établir des relations significatives avec les autres;
  4. Avoir une structure de soutien (p. ex. règles du jeu, calendrier, activités prévues et prévisibles, ratio raisonnable entre entraîneurs et athlètes); et
  5. Intégrer les pratiques culturelles locales (p. ex. les pratiques locales de guérison des traumatismes).

Les programmes de sport axés sur les traumatismes sont importants en raison de ce qui suit :  un pourcentage important de jeunes sont exposés à une forme quelconque de traumatisme; le sport est l’activité parascolaire la plus populaire chez les jeunes au Canada et, par conséquent, une excellente occasion de sensibiliser un grand nombre de jeunes; et les données indiquent que le mouvement physique est une composante importante du processus de guérison (Bergholz et coll., 2016; D’Andrea, Bergholz, Fortunato et Spinazzola, 2013).

La ligue Bounce Back

Au Canada, ces principes sont mis en pratique dans le cadre d’un nouveau projet financé par le Gouvernement du Canada et dirigé par Les Repaires jeunesse du Canada. Les Repaires jeunesse du Canada est un organisme national sans but lucratif qui travaille avec plus de 200 000 jeunes chaque année provenant de quelque 700 petites et grandes villes, collectivités rurales et indigène au Canada. Plus de 70 % des familles concernées ont un faible revenu et courent un risque accru de subir un traumatisme ou d’y être exposées. La mission de l’organisation est d’offrir aux enfants et aux jeunes un endroit sécuritaire et positif où ils peuvent vivre de nouvelles possibilités, surmonter leurs obstacles, établir des relations solides et développer de la confiance et des compétences.

La ligue Bounce Back (LBB) est un programme de sport axé sur les traumatismes qui a été conçu par Edgework Consulting en collaboration avec Les Repaires jeunesse du Canada. Au cœur de la ligue se trouve un nouveau programme d’études qui a été élaboré et mis à l’essai à trois endroits. Dans le cadre du programme, les jeunes s’adonnent à une variété de sports et de jeux actifs au cours de l’année pendant trois saisons de jeu (automne, hiver et printemps). Bien que certains aspects de la prestation du programme varient selon les besoins et les intérêts de chaque emplacement, la LBB se concentre principalement sur trois aspects :

  1. Les leaders aident les jeunes à jouer en mettant l’accent sur le développement de la conscience de soi et sur la capacité de se préparer à tirer le meilleur parti des défis et des possibilités qui se présentent. Les leaders se concentrent sur la création d’un espace accueillant, inclusif et sécuritaire où les jeunes sentent qu’ils peuvent participer pleinement. Chaque séance de la LBB commence par un accueil et un échauffement, et les jeunes apprennent à vérifier leur pouls pour prendre conscience de leur corps et de leur réaction à l’activité physique.
  2. Les leaders aident les jeunes à bâtir leur équipe en leur apprenant l’importance d’investir dans les gens pour les aider à développer leur propre système de soutien et à s’entraider à développer des compétences en équipe. Après l’échauffement, les animateurs font participer les jeunes à des exercices liés au sport ou à l’activité de la journée, puis les font jouer. Les exercices et les règles du jeu sont spécialement conçus pour mettre l’accent sur le travail d’équipe et favoriser l’établissement de relations.
  3. Les leaders encouragent les jeunes à jouer en les aidant à s’adapter à de nouvelles situations et en leur permettant de persévérer et de rester dans un esprit positif face à l’adversité. Une caractéristique unique de la LBB est un espace appelé la « Zone », qui est toujours disponible dans n’importe quelle session du programme. Les jeunes sont encouragés à utiliser la Zone pour prendre des pauses lorsqu’ils en ont besoin. Par exemple, s’ils se sentent épuisés, ils peuvent se retirer du jeu et y retourner lorsqu’ils sont prêts.

Ces trois aspects sont également renforcés à la fin de chaque session lors du regroupement de l’équipe où les responsables font le point avec les jeunes sur les réussites et les défis de la journée.

Résultats de la LBB à ce jour

Le projet de la LBB repose également sur un solide modèle de recherche interventionnelle qui utilise une combinaison de méthodes quantitatives (p. ex. sondages et observations auprès des jeunes et des leaders) et qualitatives (entrevues avec les jeunes et les leaders, et activités artistiques avec les jeunes) pour évaluer l’effet du programme d’études et de la formation du personnel connexe. Les résultats de l’année pilote sont prometteurs. Les leaders ont fait état d’une amélioration de leur connaissance des principes axés sur les traumatismes et de leur confiance dans l’utilisation de ce type d’approche. D’après l’analyse des journaux de bord hebdomadaires remplis par les leaders, il était évident qu’ils avaient réussi à mettre en œuvre la structure et les activités du programme comme prévu et de manière progressive (Shaikh, Bean et Forneris, 2018). Les jeunes qui ont participé au programme ont également obtenu des résultats positifs, notamment une amélioration du bien-être du début jusqu’à la fin de la saison, des améliorations sur le plan du savoir-faire physique, le développement d’amitiés et l’acquisition d’un certain nombre d’aptitudes de vie comme le travail d’équipe, l’écoute respectueuse, la persévérance et des efforts supplémentaires (Shaikh, Bean et Forneris, 2018).

Commencer la mise en œuvre d’une approche axée sur les traumatismes

L’adoption d’une approche axée sur les traumatismes améliorera les résultats pour toute équipe ou tout programme. Ce type d’approche peut aider les athlètes à améliorer leur capacité à réguler leurs émotions et leur comportement, à améliorer leur concentration et leur travail d’équipe, et donc à améliorer leur performance sur le terrain et en dehors de celui-ci. Voici sept principes développés par Bergholz et ses collaborateurs (2016) qui peuvent être mis en pratique pour commencer :

  • Utilisez une communication efficace : voix et ton apaisants, écoute attentive, explication du comment et du pourquoi des actions, questions engageantes, réduction des distractions;
  • Concentrez-vous sur une compétence à la fois et sur les progrès plutôt que sur la performance;
  • Encouragez l’expression des émotions verbales et non verbales;
  • Offrez aux athlètes la possibilité de se retirer du jeu et de reprendre plus tard;
  • Parlez aux jeunes et faites le point avec eux en examinant le jeu et en leur posant des questions rétrospectives;
  • Mobilisez les athlètes en les invitant à donner leur avis; et
  • Soyez disponible pour des rencontres informelles avant et après une pratique.

Favoriser la croissance

Les recherches ont démontré les nombreux avantages de l’utilisation d’une approche axée sur les traumatismes et, par conséquent, le nombre de programmes et d’entraîneurs adoptant une telle approche augmente. Cependant, pour qu’un effet durable se produise dans la vie des athlètes qui ont vécu un traumatisme et les défis émotionnels et comportementaux connexes, des changements dans les politiques et les pratiques doivent être apportés. Les programmes de formation des entraîneurs doivent accroître la sensibilisation aux traumatismes et intégrer de la formation connexe afin d’inclure plus d’approches axées sur les traumatismes. De plus, les organismes de sport devraient élaborer des lignes directrices et des politiques pour aider leurs entraîneurs à utiliser ce type d’approche. Ces mesures contribueront grandement à améliorer l’environnement sportif et à accroître le soutien aux athlètes, du niveau récréatif au niveau élite.

Ressources recommandées

Creating trauma-informed sports programming for traumatized youth: Core principles for an adjunctive therapeutic approach. Par Bergholtz, L., Stafford, E. et D’Andrea, W. (2016). Journal of Infant, Child and Adolescent Psychotherapy, 15(3), 244 à 253.

Vital Connections: Harnessing the Power of Relationship to Impact the Lives of Young People. Par Bergholtz, L. (2018). Lioncrest Publishing.

Re-designing Youth Sport: Change the Game. By McCarthy, J., Bergholz, L. et Bartlett, M. (2016). Routledge.

The Boy Who Was Raised as a Dog: And Other Stories from a Child Psychiatrist’s Notebook–What Traumatized Children Can Teach Us About Loss, Love, and Healing. Par Perry, B. D. et Szalavitz, M. (2017). Basic Books.


A propos de(s) l'auteur(s)

Tanya Forneris est directrice associée de l’École de santé et des sciences de l’exercice de l’Université de la Colombie-Britannique Okanagan. Elle a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise à l’Université du Nouveau-Brunswick et son doctorat à la Virginia Commonwealth University. Son domaine d’expertise est l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de programmes communautaires et sportifs visant à favoriser le développement des jeunes.

Références

Anda, R. F., Felitti, V. J., Bremner, J. D., Walker, J. D., Whitfield, C. H., Perry, B. D., … et Giles, W. H. (2006). The enduring effects of abuse and related adverse experiences in childhood. European archives of psychiatry and clinical neuroscience, 256(3), 174 à 186.

Bergholtz, L., Stafford, E. et D’Andrea, W. (2016) Creating trauma-informed sports programming for traumatized youth: Core principles for an adjunctive therapeutic approach. Journal of Infant, Child and Adolescent Psychotherapy, 15(3), 244 à 253.

Centers for Disease Control & Prevention (2010). Adverse Childhood Experiences Reported by Adults — Five States, 2009. (Morbidity and Mortality Weekly Report, Vol. 59, No 49, pp.1609-1613). Washington, DC: U.S. Government Printing Office.

D’Andrea, W., Bergholz, L., Fortunato, A. et Spinazzola, J. (2013). Play to the whistle: A pilot investigation of a sports-based intervention for traumatized girls in residential treatment. Journal of family violence, 28(7), 739 à 749.

Dube, S. R., Felitti, V. J., Dong, M., Chapman, D. P., Giles, W. H. et Anda, R. F. (2003). Childhood abuse, neglect and household dysfunction and the risk of illicit drug use: The adverse childhood experiences study. Pediatrics, 111 (3), 564 à 572.

Felitti, V. J., Anda, R. F., Nordenberg, D., Williamson, D. F., Spitz, A. M., Edwards, V. et Marks, J. S. (1998). Relationship of childhood abuse and household dysfunction to many of the leading causes of death in adults: The Adverse Childhood Experiences (ACE) Study. American journal of preventive medicine, 14(4), 245 à 258.

Gutierres, S. E. et Van Puymbroeck, C. (2006). Childhood and adult violence in the lives of women who misuse substances. Aggression and Violent Behavior, 11(5), 497 à 513.

Irish, L., Kobayashi, I. et Delahanty, D. L. (2010). Long-term physical health consequences of childhood sexual abuse: A meta-analytic review. Journal of Pediatric Psychology, 35, 450 à 461.

Nadew, G. T. (2012). Exposure to traumatic events, prevalence of posttraumatic stress disorder and alcohol abuse in Aboriginal communities. Rural & Remote Health, 12(4).

Schäfer, I. et Fisher, H. L. (2011). Childhood trauma and psychosis-what is the evidence?. Dialogues in clinical neuroscience, 13(3), 360.

Shaikh, M., Bean, C. et Forneris, T. (2018). BBL Evaluation Report: Results of the Pilot Implementation. Rapport préparé pour Les Repaires jeunesse du Canada.

Substance Abuse and Mental Health Services Administration (2014). TIP 57: Trauma-Informed Care in Behavioral Health Services. (HHS Publication No. (SMA) 14-4816). Washington, DC: U.S. Government Printing Office.


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