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Clear, transparent water in Olympic swimming pool

Cet article est le deuxième d’une série spéciale qui examine comment les leaders sportifs canadiens s’adaptent et innovent pour préserver le bien-être des athlètes qui se préparent pour les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et d’autres grands Jeux pendant la pandémie mondiale. Lisez le premier article ici.


Les défis auxquels sont confrontés les meilleurs athlètes canadiens pratiquant des sports d’été n’ont jamais été aussi intimidants et complexes.

Pour la première fois dans l’ère olympique moderne, les Jeux olympiques et paralympiques ont été reportés. La propagation alarmante de la COVID-19 et le retrait de plusieurs pays — à commencer par le Canada — ont obligé les organisateurs à prendre, fin mars, la décision sans précédent de repousser d’un an le début des Jeux de Tokyo.

Les athlètes olympiques et paralympiques du Canada — et ceux qui aspirent à faire partie de l’équipe canadienne à Tokyo en 2021 — ont ressenti l’impact de la pandémie d’innombrables façons : de la fermeture des installations d’entraînement à l’isolement des entraîneurs et des coéquipiers et coéquipières, en passant par les mêmes angoisses financières que les millions d’autres Canadiens et Canadiennes victimes de l’un des pires ralentissements économiques de l’histoire du pays.

Étonnamment, au milieu de la déception, du stress et de l’incertitude, les athlètes et les leaders sportifs canadiens connaissent également une série d’avantages inattendus qui pourraient en fait améliorer les chances de succès du Canada au plus haut niveau du sport international.

Percée dans le domaine de l’hygiène

Antoine Atallah
Antoine Atallah, directeur général de Grands Jeux Canada

« J’ai souvent décrit l’environnement des Grands Jeux comme la plus grande boîte de pétri du monde », déclare Antoine Atallah, directeur général de Grands Jeux Canada, qui supervise la planification des services de santé pour l’équipe canadienne aux Jeux olympiques et paralympiques. « Si vous y réfléchissez bien, le village des athlètes rassemble 10 000 personnes du monde entier qui vivent, mangent et compétitionnent ensemble. C’est comme une convention quadriennale des virus actifs et des maladies transmissibles du monde entier. »

Ce qui est si difficile dans la situation actuelle, c’est que COVID-19 est un nouveau virus et que la distribution des vaccins approuvés prendra de nombreux mois.

Selon M. Atallah, la planification de compétitions internationales implique désormais des considérations médicales nouvelles et toujours plus nombreuses, telles que des pratiques d’hygiène plus strictes, des tests de dépistage des virus réguliers, des protections supplémentaires pour les athlètes paralympiques dont le système immunitaire est compromis et des protocoles pour toute personne qui contracte le virus.

Paradoxalement, il note que la pandémie mondiale est également susceptible d’entraîner des bénéfices à long terme qui ont été obstinément difficiles à obtenir.

« Pendant des années et des années, nous avons insisté sur l’importance de l’hygiène, mais jusqu’à présent, il a été très difficile de faire en sorte que les athlètes se lavent les mains pendant 20 secondes ou utilisent fréquemment du désinfectant pour les mains, dit-il. La COVID-19 est en train de changer cela, pas seulement pour Tokyo, mais pour tous les Grands Jeux à l’avenir, selon moi. »

Nouvelles perspectives sur la planification et la préparation

Dans un sens beaucoup plus large, le report des Jeux de Tokyo a créé un temps et un espace inattendus pour que le Comité paralympique canadien (CPC) et le Comité olympique canadien (COC) puissent jeter un regard neuf sur leurs approches traditionnelles de la planification et de la préparation des Jeux.

« Nous saisissons cette occasion pour remettre en question les hypothèses, bousculer le statu quo et nous poser des questions fondamentales », déclare Catherine Gosselin-Després, directrice générale du sport du CPC. « Qu’est-ce qui peut être fait différemment ou plus efficacement ? Comment pouvons-nous innover pour surmonter les défis de la COVID-19 et mettre la table pour une meilleure voie à suivre ? Nous devenons beaucoup plus systématiques sur la façon dont nous planifions et exécutons ces plans. »

Gosselin-Després soutient qu’Équipe Canada doit devenir plus autonome que jamais pour limiter l’exposition aux personnes ou aux situations qui pourraient mettre leur santé en danger. Cette autonomie collective, insiste-t-elle, sera l’un des piliers de la planification des Jeux bien au-delà de Tokyo.

Erica Wiebe. Photo: Team Canada

Selon Céline DesLauriers, directrice principale des Jeux au COC, le plan directeur du projet pour une compétition comme les Jeux olympiques comporte 20 000 lignes. À l’instar de Gosselin-Després, elle affirme que le report des Jeux de Tokyo a permis « … de s’arrêter, de réfléchir et de réévaluer. Que faisons-nous ? Pourquoi le faisons-nous ? Quel est le bénéfice pour nos athlètes et pour leurs performances ? Ce genre d’analyse va nous permettre d’être beaucoup plus efficaces et orientés vers un but précis. »

À titre d’exemple, Brett Greene, collègue de DesLaurier au COC, souligne la possibilité de faire appel à des entreprises locales pour gérer une grande partie de la logistique de l’équipe canadienne alors que celle-ci ne peut pas voyager. « Ils connaissent évidemment la situation et la culture locales bien mieux que nous, et cela nous permettra de réduire le nombre de visites sur place que nous devons effectuer. De toute évidence, il n’y a pas beaucoup d’appétit pour les voyages internationaux en ce moment. »

Selon Mme Gosselin-Després, la courbe d’apprentissage a été à la fois abrupte et enrichissante. « Nous avons beaucoup appris en expérimentant différentes approches ainsi qu’en partageant nos expériences avec nos homologues d’autres pays. Je n’ai jamais vu autant de collaboration entre les comités paralympiques nationaux. Je pense que cela nous prépare tous à l’avenir. »

Collaboration sans précédent

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Il existe également un fort esprit de collaboration entre les principaux experts et les organisations sportives autour des questions médicales clés. Le Dr Mike Wilkinson, médecin en chef du COC, note que des collègues — tant au niveau national qu’international — ont saisi l’occasion de partager les recherches, les politiques et les leçons apprises.

« Nous cherchons tous des réponses et des solutions et nous avons très vite compris qu’il allait falloir un effort international concerté pour tenter de surmonter cette crise sanitaire », dit-il.

L’homologue de M. Wilkinson au Comité paralympique canadien, le Dr Andy Marshall, a également joué un rôle de premier plan en réunissant les responsables médicaux des comités paralympiques nationaux du monde entier pour partager l’information et la recherche, coordonner la planification et mettre en évidence les meilleures pratiques.

Au niveau national, M. Wilkinson affirme que le niveau de collaboration au sein du système sportif est meilleur qu’il ne l’a jamais vu. « La façon dont le COC, le CPC et ANP travaillent ensemble a atteint un tout autre niveau, ajoute-t-il, au point où nous prenons toutes les décisions médicales clés ensemble ».

Wilkinson dit que grâce à toute cette collaboration, lui et Marshall plaisantent souvent en disant qu’ils passent plus de temps l’un avec l’autre qu’avec leurs conjoints.

Il souligne également le rôle essentiel du comité consultatif sur la médecine du sport (SMAC), qui s’appuie sur les connaissances collectives d’experts chevronnés du COC, du CPC, de l’Institut national du sport du Québec et de trois instituts canadiens du sport (Pacifique, Calgary et Ontario).

« Le Comité existe depuis un certain temps, mais il a vraiment pris son essor au début de la pandémie, au moment où la communauté du sport de haut niveau a désespérément besoin d’informations scientifiques fiables et actualisées, et de recommandations auxquelles elle puisse se fier », ajoute M. Wilkinson.

Depuis février, le Comité a distribué près de deux douzaines de mises à jour présentant les dernières recherches sur le virus, des ressources et des outils pratiques, ainsi que des conseils sur le retour à l’entraînement et à la compétition.

Le groupe de travail sur le retour au jeu, présidé par Anne Merklinger d’À nous le podium, a reçu de nombreux éloges pour avoir agi rapidement afin de rassembler le système sportif. Le groupe de travail est composé d’un groupe diversifié de 20 représentants du secteur, dont neuf organisations nationales de sports d’été et d’hiver, des organisations de services multisports (par exemple, le Centre canadien pour l’éthique dans le sport, l’Association canadienne des entraîneurs), des instituts canadiens du sport et des hauts fonctionnaires. Ensemble, ils ont élaboré un cadre national complet pour guider une réintroduction prudente et bien informée du sport au Canada.

Le Dr Andy Marshall du CPC se dit agréablement surpris de voir la coopération d’organisations traditionnellement réservées, comme les ligues sportives professionnelles.

« La LNH, la NBA, la Major League Baseball, elles ne partagent généralement pas beaucoup d’informations avec nous du côté du sport amateur, dit-il. Mais ils ont été les premiers en Amérique du Nord à revenir au sport. Et le fait d’avoir accès à leurs approches, à leurs recherches et aux leçons apprises nous a été très utile pour élaborer nos plans pour l’équipe canadienne ».

Les athlètes deviennent créatifs

Pour de nombreux athlètes canadiens, le choc initial et la déception du report sont lentement remplacés par la détermination farouche qui les a portés au sommet de leurs sports respectifs. En ayant la possibilité de surmonter leur colère et leur déception, les athlètes de haut niveau font preuve d’une résistance et d’une créativité remarquables pour relever les défis posés par la pandémie.

Selon M. Wilkinson, les plateformes de médias sociaux débordent d’exemples inspirants. « Des parcours d’obstacles et des murs d’escalade faits maison, des zones d’entraînement dans le garage, le sous-sol ou la salle à manger des parents : les athlètes ont trouvé tant de moyens créatifs de s’entraîner de manière significative sans avoir accès à leurs installations habituelles. Le fait de pouvoir s’entraîner à la maison a également apporté de nombreux autres avantages : moins de temps et de tracas pour se rendre au travail, de l’argent économisé et plus de possibilités de s’entraîner sur des lacunes personnelles ».

Seyi Smith
Seyi Smith, Président de la commission des athlètes du Comité olympique canadien

Seyi Smith fait partie de ces athlètes exceptionnels qui ont participé aux Jeux olympiques d’été (Londres 2012, athlétisme) et d’hiver (P’yŏngch’ang 2018, bobsleigh). Aujourd’hui président de la commission des athlètes du Comité olympique canadien, il estime que la pandémie a aidé les athlètes à devenir plus résistants et autonomes.

« Avec un peu de créativité et un peu d’équipement emprunté, il a été possible pour de nombreux athlètes de haut niveau de faire la plupart de leurs entraînements chez eux, dit-il. Cette prise de conscience a été très forte, car elle a prouvé à certains athlètes qu’ils n’ont pas nécessairement besoin de dépendre d’autres personnes ou installations pour maintenir leur régime d’entraînement. »

Le repos, un avantage sur les compétiteurs

Wilkinson ajoute que plusieurs athlètes ont également saisi l’occasion de s’attaquer à des problèmes de longue date comme les blessures chroniques, la biomécanique, les corrections techniques et les déficits de force. « C’est un don inattendu de temps et de nombreux athlètes canadiens l’utilisent à bon escient. Sur le plan mental, le report des Jeux de Tokyo, les inconnus qui y sont associés et les scénarios qui évoluent rapidement sont probablement le meilleur outil d’entraînement à la résilience mentale que nous ayons jamais pu avoir. »

Pour le kayakiste Michael Taylor, le report a un côté positif qui lui permet de se remettre de quelques blessures tenaces subies l’hiver dernier. « C’est évidemment difficile d’avoir du retard, a-t-il déclaré à la radio de la CBC en juillet, mais j’ai pu passer plus de temps à la maison, plus de temps avec ma famille, ce qui est si rare pour les athlètes quand on est constamment sur la route. Cette partie a donc été très agréable. »

Comme tant de ses coéquipières olympiques canadiennes, la nageuse Kylie Masse a passé un séjour prolongé en famille pendant la majeure partie de la pandémie. Elle pense que de nombreux points positifs sont apparus après la pause de la pandémie.

Professional female soccer players celebrating a victory

« Physiquement, la pause vous donne beaucoup plus de temps pour récupérer des blessures et de la fatigue. Mentalement, vous avez un peu de remise en forme, une pause de l’eau, et une chance de profiter de certains autres aspects de votre vie et d’en apprendre un peu sur vous-même », a déclaré la médaillée olympique et championne du monde à la Presse canadienne. « J’ai réalisé tellement de choses pendant la quarantaine et ce ne sont pas du tout des choses énormes, mais juste des petites choses à propos de moi-même ou d’une nouvelle activité que j’ai essayée. Toutes ces choses sont importantes à considérer dans leur ensemble. »

Le sentiment de paix et la perspective dont parle Kylie sont révélateurs des nombreux avantages inattendus qui sont apparus pendant la pandémie.

Pour la médaillée d’or olympique Erica Wiebe, tout est question de perspective. « 2020 n’est pas normal », a-t-elle déclaré lors d’une entrevue à la radio de la CBC cet été. « Et elle nous a donné des opportunités et des cadeaux différents, alors j’essaie juste de la prendre au sérieux. »

Retour à la base

Il y a un élément existentiel à la pandémie, selon Wilkinson, alors que certains athlètes réfléchissent aux raisons pour lesquelles ils se consacrent autant à la poursuite du podium.

« En tant qu’athlète de haut niveau, vous êtes plongé dans la routine, dans le feu de l’entraînement hors saison, et il peut parfois être difficile de se rappeler pourquoi [on fait cela], ajoute-t-il. Ce moment a également rappelé à beaucoup de gens pourquoi ils font du sport, le pouvoir du sport d’être une lueur d’espoir et comment le sport peut être un incroyable aimant pour nous rassembler tous. »

Stephanie Dixon constate que de nombreux athlètes paralympiques canadiens partagent le même état d’esprit. En tant que chef de mission de l’équipe canadienne pour les Jeux paralympiques de l’année prochaine, elle décrit cette compétition comme « une merveilleuse opportunité pour ceux qui ne sont pas impliqués dans le travail quotidien de la logistique et de la planification en constante évolution. Pour beaucoup d’entre nous qui nous préparons aux Jeux, c’est un cadeau de temps et d’espace pour respirer, réfléchir et se mettre en position encore plus forte pour réussir, tant physiquement que mentalement. »


A propos de(s) l'auteur(s)

Derek Johnston est le président de Face Value Communications Inc. Au cours des 20 dernières années, Face Value a soutenu plus de 20 organisations sportives nationales et multiservices en leur fournissant des conseils en communication stratégique, des services d’animation et de coaching exécutif. En tant que bénévole, M. Johnston a fait partie du personnel de mission d’Équipe Canada lors de plusieurs grands Jeux dans des pays comme l’Australie, la Malaisie et le Royaume-Uni, et a été entraîneur de soccer et de triathlon pendant 25 ans.

En tant que gestionnaire du contenu du SIRC, Sydney Millar sollicite, soutient et conserve le contenu de chercheurs, d’experts et de leaders d’opinion du secteur du sport et de l’activité physique, et assure la direction de projets nationaux clés. Sydney reste en bonne santé en faisant du vélo et du ski de fond dans le parc de la Gatineau. 

Peter Morrow est le spécialiste des communications du SIRC. Il dirige la diffusion de recherches, d’information et des ressources du SIRC auprès de la communauté sportive. Il est un athlète multisports qui pratique le soccer, le hockey, le golf et le tennis.


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