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Cet article est le troisième et dernier d’une série spéciale qui se penche sur la façon dont les dirigeants de sports canadiens s’adaptent et innovent pour préserver le bien-être des athlètes qui se préparent pour les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et d’autres grands jeux en période de pandémie mondiale. Ne manquez pas le premier et le deuxième article de la série!


Points saillants

  • Dans lensemble du système sportif, les athlètes utilisent leur voix pour influencer des changements positifs. 
  • Les points de vue des athlètes sont pris en compte dans les décisions clés en matière de politiques et de programmes sur des priorités telles que le sport sécuritaire, la lutte contre le dopage, la diversité et l’inclusion, l’équité des genres, le retrait de lÉquipe Canada des Jeux de Tokyo en mars 2020 et la place légitime des protestations aux Jeux olympiques ou paralympiques.
  • La première association indépendante dathlètes au monde, AthlètesCAN, est née au Canada et est à l’avant-garde de la défense des athlètes depuis près de 30 ans.
  • L’éducation et la collaboration avec les organisations sportives permettront de soutenir l’influence croissante du leadership des athlètes.

Les athlètes de haut niveau exercent une influence plus grande que jamais en matière de prise de décisions sur de multiples questions et par l’entremise de diverses plateformes.

AthletesCAN logo

« À un certain point, tout le monde a reconnu que des changements importants doivent être faits et que nous devons tout simplement faire les choses correctement, a déclaré Dasha Peregoudova, qui a récemment terminé son mandat de présidente d’AthlètesCAN. Ce que je trouve le plus encourageant, c’est le rôle central que jouent les athlètes leaders dans le processus de décision. Les dirigeants sportifs ont fini par reconnaître que les athlètes sont les experts de l’expérience. Mieux que quiconque, ils peuvent apporter à la table cette perspective primordiale du terrain de jeu. »

Avec une régularité et une constance croissantes, les opinions des athlètes sont prises en compte dans les décisions clés en matière de politiques et de programmes touchant des priorités de plus en plus importantes dont le sport sécuritaire, la lutte contre le dopage, la diversité et l’inclusion, l’équité des genres, le retrait de l’Équipe Canada des Jeux de Tokyo en mars 2020, et la place légitime de la protestation aux Jeux olympiques ou paralympiques.

En ce qui concerne les Jeux de Tokyo, la santé et le bien-être des athlètes sont apparus comme le facteur central de la décision de se retirer de la compétition. Les experts techniques et médicaux ont convenu qu’il serait déraisonnable d’attendre des athlètes qu’ils affrontent les risques et l’incertitude liés à l’entraînement et à la compétition au milieu d’une pandémie sanitaire mondiale. Mais les voix les plus convaincantes autour de la table de décision ont été celles des athlètes eux-mêmes.

Des environnements changeants

« Je dois tirer mon chapeau aux représentants des athlètes, car ils ont aidé le reste d’entre nous à comprendre que le fait de faire passer les athlètes en premier signifiait que nous n’avions pas d’autre choix que de nous retirer de Tokyo 2020, a déclaré le Dr Mike Wilkinson, médecin en chef du Comité olympique canadien (COC). Ils ont orienté les délibérations qui ont entraîné la décision finale de se retirer, ce qui était une évidence. »

Seyi Smith, Chair of the Canadian Olympic Committee Athletes’ Commission
Seyi Smith, ancien président de la commission des athlètes du Comité olympique canadien

L’un de ces représentants des athlètes était Seyi Smith, qui était à l’époque président de la commission des athlètes du COC. Double champion olympique en athlétisme (Londres 2012) et en bobsleigh (Pyeongchang 2018), M. Smith affirme que la décision concernant les Jeux de Tokyo démontre l’influence croissante de la voix des athlètes dans le sport de haut niveau canadien.

« Il y a un changement qui se produit, c’est certain, et on peut le constater dans les décisions clés qui sont prises, a-t-il déclaré. En tant qu’athlètes, nous sommes pris plus au sérieux et les hauts dirigeants nous demandent notre avis – non pas parce qu’ils se sentent obligés de cocher une case, mais parce qu’ils croient que nous avons quelque chose d’important à apporter à la table. »

M. Smith fait remarquer que les dirigeants sportifs ont toujours appartenu à l’un des deux camps suivants : les administrateurs sportifs qui passent des années à apprendre le système et à gravir les échelons jusqu’à des postes de direction, et les professionnels des affaires qui apportent un genre de savoir-faire d’entreprise qui fait souvent défaut au secteur sans but lucratif.

« C’est seulement maintenant que le système reconnaît que le leadership sportif ne considérait pas une voix essentielle, qu’un troisième groupe – les athlètes – doit être entendu afin de compléter ces perspectives clés qui mènent à des décisions bien éclairées, a ajouté M. Smith. Reste à savoir si c’est durable, si cette relation va continuer à se développer et si nous sommes capables d’utiliser cette influence pour créer un changement durable. »

Des décennies de travail

Pour les pionniers de la défense des athlètes, l’environnement était radicalement différent à l’époque. Beckie Scott, médaillée d’or olympique en ski de fond en 2002 et pilier du mouvement international de lutte contre le dopage, se souvient que lorsqu’elle s’est engagée pour la première fois dans la représentation des athlètes, la plupart des organisations étaient heureuses de les faire participer lorsque cela leur convenait, et surtout lorsqu’il n’y avait pas de menace pour les intérêts commerciaux plus larges du sport.

Lors d’un webinaire organisé par le SIRC en septembre 2020, Mme Scott a mentionné que, « le plus souvent, les commissions et les comités d’athlètes n’étaient pas mis en place de façon à assurer leur réussite. Ils étaient souvent réduits à être des porte-parole ou des marionnettes des organisations, et l’engagement efficace et significatif des athlètes n’était pas une priorité. »

Pleins feux sur les experts webinaire avec Beckie Scott: Politique et principes

Sans se décourager, Mme Scott a consacré des années à lutter pour assurer un sport propre. En collaboration avec des homologues passionnés d’autres pays, elle a accompli un travail qui a permis d’exposer les pratiques persistantes des tricheurs et l’incapacité ou le manque de volonté des dirigeants sportifs internationaux de remédier au type de tricherie systémique qui a entaché les Jeux olympiques d’hiver de 2014 de Sotchi et qui a créé une tempête internationale qui perdure encore aujourd’hui.

Mme Scott est sans doute l’une des défenseures canadiennes les plus connues du sport, mais elle serait la première à reconnaître qu’elle n’est qu’une des nombreuses athlètes locales qui ont contribué à une campagne de changement qui dure depuis des décennies.

Le rôle des institutions

En fait, la première association indépendante d’athlètes au monde est née au Canada. AthlètesCAN est à l’avant-garde de la défense des intérêts des athlètes depuis plus de 30 ans et contribue de manière bien établie à un collectif international dirigé par la World Players Association (WPA), qui stimule les changements alors que les problèmes deviennent de plus en plus complexes et sophistiqués. La WPA rassemble 85 000 joueurs du sport professionnel par l’entremise de plus de 100 associations de joueurs dans plus de 60 pays.

« L’union fait la force; l’apprentissage, la compréhension et le partage font la force, a déclaré Mme Peregoudova. La défense des intérêts des athlètes prend définitivement de l’ampleur et nous en voyons beaucoup de preuves ici au Canada. L’émergence du mouvement pour un sport sécuritaire au cours des deux dernières années en est certainement l’exemple le plus visible. »

L’établissement d’une solide relation de travail avec la WPA a aidé AthlètesCAN à porter ses efforts de défense des droits à un autre niveau, selon Ashley Labrie, qui a occupé le poste de directrice exécutive de l’organisation de mars 2015 à novembre 2019. « Nous avons appris que mettre les questions prioritaires au premier plan est une question de cadrage, de positionnement et de temps opportun. Lorsque les histoires d’abus commis par des athlètes ont commencé à capter l’attention des médias et du public, et que le ministre fédéral du Sport a fait une sortie en 2018 pour faire du sport sécuritaire une priorité et inviter les athlètes à s’exprimer, cela a débloqué une porte que nous n’avons pas hésité à franchir », a-t-elle ajouté. « AthlètesCAN était prête avec des athlètes leaders clés, des survivants, et un plan de mobilisation et d’engagement des athlètes pour s’assurer que les athlètes soient entendus sur cette question importante. »

Lors du forum annuel d’AthlètesCAN en septembre 2018, les représentants des athlètes ont rédigé une liste de principes directeurs et de recommandations, faisant valoir que le Canada devait retrouver une position de leader à l’échelle internationale en créant un organisme national indépendant chargé de prévenir et de traiter la maltraitance des athlètes.

Les efforts visant à atteindre cet objectif ont encore progressé en avril 2019, lorsqu’AthlètesCAN a organisé un sommet de deux jours auquel ont participé des athlètes, des partenaires sportifs, des experts en la matière, des survivants et des défenseurs. Ils ont « établi des recommandations orientées par un code (de conduite universel) harmonisé, des relations entraîneur-athlète, et la mise en œuvre et la responsabilisation pour un sport sécuritaire de A à Z », comme le décrit le communiqué de presse publié après l’événement. Moins de deux semaines plus tard, les voix des athlètes ont contribué à faire avancer et à approfondir la discussion et l’engagement du secteur, en collaborant avec les hauts dirigeants des organismes nationaux de sport et de services multisports lors du Sommet national sur le sport sécuritaire organisé par l’Association canadienne des entraîneurs (ACE).

« Un sondage mené par AthlètesCAN en collaboration avec l’Université de Toronto a permis de recueillir les expériences de 1 000 athlètes actifs et retraités. Les résultats ont permis de dresser un portrait vraiment troublant de la maltraitance au sein du système canadien qui ne pouvait tout simplement plus être ignoré », a déclaré Allison Forsyth, membre du conseil d’administration d’AthlètesCAN, athlète olympique, survivante d’abus sexuels et défenseure de la sécurité dans le sport.

« En tant qu’athlètes, quelques-uns d’entre nous se sont levés lors du Sommet national de l’ACE pour partager des histoires très personnelles et pour aider les dirigeants sportifs présents dans la salle à comprendre qu’ils font tous partie d’un système qui n’assure aucune sécurité et que nous faisons tous partie de la solution. »

Le Sommet a produit une série de déclarations consensuelles visant à définir l’orientation de l’élaboration d’un Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS), qui sera intégré aux politiques de tous les organismes sportifs financés par le gouvernement fédéral d’ici le 31 mars 2021.

« Lorsqu’on leur en donne la chance, les athlètes peuvent apporter une énorme quantité de connaissances, de passion et de compétences en leadership en tant qu’intervenants clés du sport, a déclaré Mme Peregoudova dans un communiqué de presse d’AthlètesCAN concernant l’événement d’avril 2019. Chaque discussion à la table de prise de décisions sur le sujet de la façon dont le sport est livré devrait résonner avec le son des voix et des perspectives des athlètes. »

Quelle est la suite?

Les champions de la défense des athlètes, anciens et actuels, envisagent l’avenir avec un mélange d’optimisme, de frustration et d’inquiétude. Mais ils s’accordent à dire que la voix des athlètes doit être entendue haut et fort pour maintenir l’élan acquis au cours des dernières années.

alpine ski racer in winter

Les athlètes ont plus de pouvoir qu’ils ne le savent, selon Beckie Scott, qui conseille aux autres athlètes de s’impliquer, de « s’engager, et de se mobiliser. Ne commettez pas l’erreur de choisir de ne pas vous en soucier ou de croire que le sport a tout compris et n’a pas besoin de votre aide, de votre voix ou de votre contribution. »

Les défenseurs des athlètes auront amplement l’occasion d’influencer la prise de décisions concernant une liste substantielle de priorités à l’ordre du jour du sport national et international. La pandémie de la COVID-19 continue de perturber l’entraînement et la compétition des athlètes à tous les niveaux, et de nombreuses questions demeurent quant à la manière dont les organisateurs protégeront le bien-être des athlètes olympiques et paralympiques aux Jeux de Tokyo.

Un débat sur la règle anti-protestation du Comité international olympique (CIO) se déroulera également en prévision des Jeux de Tokyo. Le CIO a rendu cette règle plus stricte au début de 2020 en limitant les possibilités de protestation des athlètes. Au nom de la commission des athlètes du COC, Seyi Smith a présenté une série de recommandations à la fédération internationale pour plaider en faveur de la préservation du terrain de jeu pour la compétition et rien d’autre. En même temps, il soutient que les athlètes doivent avoir la possibilité de défendre les causes qui leur tiennent à cœur sur la scène internationale, « comme la NBA l’a fait pour Black Lives Matter, a-t-il déclaré à Scott Russell de la CBC lors d’un débat sur CBC-TV. Ils ont attiré l’attention sur quelque chose qui n’aurait peut-être pas eu la même portée. Et je ne pense pas que ça vaille la peine de risquer cela en limitant éventuellement ce que les athlètes peuvent et ne peuvent pas dire. »

Au cours du même événement, le décathlonien olympique canadien Damian Warner est d’avis qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour que les athlètes s’expriment sur les questions qui sont importantes pour eux ou les communautés qu’ils représentent. « En regardant la NBA, la LNH et la NFL, on constate que tout le monde prend position, défend ses convictions. Et je pense que c’est extrêmement important en tant qu’athlète et j’espère simplement que nous serons capables de le faire aux Jeux olympiques. » Dans un environnement sportif international, a-t-il ajouté, il y a certaines situations où la voix de l’athlète est plus puissante que ses performances.

Un sentiment d’optimisme

Dans l’ensemble, M. Smith a des sentiments mitigés quant à l’avenir de la défense des athlètes au Canada. Ayant récemment quitté la présidence de la commission des athlètes du COC, il se dit optimiste quant à la force des relations existantes et est assuré que le point de vue des athlètes aura une place pertinente autour de la table de décision des Comités olympique et paralympique canadiens. Il est toutefois moins optimiste quant à ce qu’il appelle « l’institution de la représentation des athlètes » dans le sport canadien.

« Le COC nous fait participer à tout. C’est beaucoup de travail, mais nous aimons ça, et nous nous sentons valorisés et engagés », a-t-il mentionné. Cependant, M. Smith ajoute que des possibilités similaires de faire entendre la voix des athlètes sont limitées au sein de certains organismes nationaux de sport. « Il subsiste des problèmes systémiques qui nous exposent au risque d’être exclus des décisions clés. »

L’un de ces problèmes, selon Allison Forsyth, est l’éducation et le manque de compréhension générale parmi les athlètes de haut niveau d’aujourd’hui. Elle soutient que les athlètes ont la responsabilité de s’éduquer eux-mêmes et que les organisations sportives ont l’obligation d’aider les athlètes à mieux comprendre les organisations clés, le fonctionnement du système et la manière dont les décisions de financement sont prises.

Au-delà de la nécessité d’une meilleure éducation, AthlètesCAN a procédé à une évaluation complète des structures de gouvernance au sein des organismes nationaux de sport. L’exposé de position qui en a résulté, L’avenir de la représentation des athlètes au sein des structures de gouvernance des organismes nationaux de sport, publié en novembre 2020, propose des principes directeurs et des règlements types pour faire en sorte que la voix des athlètes soit entendue.

Le rapport conclut qu’« en incluant la voix des athlètes dans le processus décisionnel et la gouvernance [des organismes nationaux de sport], les institutions sportives canadiennes augmenteront leur niveau d’efficacité et de transparence, tout en favorisant les idéaux démocratiques. Les actes de bonne foi, l’inclusion et la volonté de réussite sont des vertus nécessaires à la promotion de la voix des athlètes au sein de la gouvernance du sport canadien. »

Pour Beckie Scott, l’avenir de la défense des athlètes repose sur les organismes de sport, qui doivent faire inclure les athlètes à la table de décision. « Engager (les athlètes) et les traiter comme de réelles parties prenantes importantes ne sera pas seulement bon pour les athlètes, mais aussi pour la viabilité et la longévité à long terme du sport. »

Le scénario « gagnant-gagnant » trouve également un écho chez Dasha Peregoudova. Elle affirme que si les athlètes sont impliqués et qu’on leur donne la parole, ils seront plus performants. « Cela fonctionne à merveille, a-t-elle mentionné. Un élément clé de la réussite d’un athlète est de se sentir entendu, responsabilisé et respecté. »

Mme Peregoudova soutient que le sport canadien est « au bord du précipice d’un changement de culture sans précédent ». Selon elle, un effort systémique visant à considérer les athlètes sous l’angle des droits de la personne – en tant qu’humains d’abord et athlètes ensuite – sera essentiel à ce changement.


A propos de(s) l'auteur(s)

Derek Johnston est le président de Face Value Communications Inc. Au cours des 20 dernières années, Face Value a soutenu plus de 20 organisations sportives nationales et multiservices en leur fournissant des conseils en communication stratégique, des services d’animation et de coaching exécutif. En tant que bénévole, M. Johnston a fait partie du personnel de mission d’Équipe Canada lors de plusieurs grands Jeux dans des pays comme l’Australie, la Malaisie et le Royaume-Uni, et a été entraîneur de soccer et de triathlon pendant 25 ans.

Peter Morrow est le spécialiste des communications du SIRC. Il dirige la diffusion de recherches, d’information et des ressources du SIRC auprès de la communauté sportive. Il est un athlète multisports qui pratique le soccer, le hockey, le golf et le tennis.


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