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Vous êtes-vous déjà demandé à quel point un écart d’une journée peut avoir une incidence? Par exemple, la différence entre être né le 31 décembre ou le 1er janvier. Ce petit écart de 24 heures pourrait faire la différence entre la compétition dans le sport d’élite et le sport récréatif, ou le fait d’être identifié comme étant doué ou de recevoir un (mauvais) diagnostic de trouble d’apprentissage à l’école. De nombreux systèmes de développement des jeunes (p. ex. le sport et l’éducation) s’appuient sur des dates limites arbitraires pour regrouper les personnes en cohortes, ce qui entraîne des différences d’âge entre les enfants d’un même groupe. Gardez en tête qu’une différence d’âge de 11 mois chez les enfants de 10 ans représente 10 % de leur expérience de vie totale. Bien que cette différence puisse sembler insignifiante, elle peut mener à un phénomène connu sous le nom d’effet de l’âge relatif (EAR). L’EAR tend à avantager les personnes les plus âgées d’un groupe et à désavantager leurs pairs relativement plus jeunes. Les effets de l’EAR sont vastes et touchent le sport, l’éducation, la santé et le bien-être. Par exemple, on a constaté que les élèves relativement plus jeunes d’un groupe ont des notes plus faibles et des taux de fréquentation scolaire plus bas que les autres élèves (Cobley et coll., 2009a); ils sont aussi moins susceptibles de fréquenter ou de terminer leurs études post-secondaires (Bedard et Dhuey, 2006; Dhuey et coll., 2017), ils démontrent une estime de soi inférieure (Thompson et coll., 2004) et ont des taux de suicide (Thompson et coll., 1999) et d’incarcération pour les crimes mineurs (Dhuey et coll., 2017) plus élevés.

Pourquoi ce phénomène se produit-il? Il s’avère que la réponse est assez simple. Les effets de l’âge relatif ont tendance à se produire lorsque des personnes sont sélectionnées en fonction de leur capacité perçue et placées dans des équipes différentes (p. ex. programmes de personnes douées, sports de compétition) qui offrent des possibilités et des ressources variées. Le problème est que les entraîneurs, les enseignants et les parents confondent souvent « talent » et « âge ». Bien qu’ils croient sélectionner les enfants les plus talentueux pour des positions d’élite, il s’agit souvent des enfants les plus âgés de la cohorte.

Au sein du sport, nous avons tendance à voir l’EAR le plus souvent dans des activités culturellement valorisées comme le hockey au Canada ou le soccer en Angleterre. Malheureusement, l’EAR peut amener les jeunes athlètes à abandonner leurs études (Lemez et coll., 2014), ce qui les prive des nombreux résultats positifs associés à la participation sportive.

Le hockey sur glace a été l’un des sports les plus fréquemment étudiés. L’ERA se produt dès l’âge de sept ans (Hancock et coll., 2013), culmine au niveau élite junior (≈ 16 à 21 ans), puis se stabilise légèrement dans la LNH (Cobley et coll., 2009b). Cependant, certaines données suggèrent que les jeunes athlètes qui « survivent » à ce processus pourraient finalement s’améliorer (Gibbs et coll., 2011).

Au sein du sport, l’EAR est un sujet populaire chez les universitaires et les décideurs ayant fait l’objet de discussions lors de conférences antérieures dans le cadre de l’Initiative de recherche de Sport Canada et présentées dans le SIRCuit. L’EAR a également attiré l’attention de la presse populaire, ayant fait l’objet d’un profil dans des livres à succès tels que Outliers: The Story of Success de Gladwell (2008) et SuperFreakonomics de Levitt et Dubner (2009), des magazines sportifs comme Sports Illustrated (Levy, 2011) et des émissions de télévision comme 60 Minutes (CBS Interactive, 2012).

Le problème lié à l’EAR qui touche l’éducation et le sport peut mener à des expériences et des opportunités inéquitables. Les chercheurs doivent travailler en collaboration avec les intervenants du sport et de l’éducation pour développer des solutions réalisables et attrayantes pour pallier l’EAR afin que toutes les personnes, quelle que soit leur date de naissance, aient des chances égales de réussir dans leurs études et le sport.


A propos de(s) l'auteur(s)

Laura Chittle est candidate au doctorat au département de kinésiologie de l’Université de Windsor. Elle est actuellement financée par une bourse de doctorat du Programme de bourses d’études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier et par une subvention de recherche de Sport Canada. Ses études de thèse en cours évaluent le rôle de l’âge relatif sur le développement du leadership de l’athlète et les expériences positives des jeunes dans le sport.

Jess C. Dixon est professeur agrégé de gestion du sport et coordonnateur du programme d’études supérieures au département de kinésiologie de l’Université de Windsor. Ses intérêts de recherche et d’érudition portent sur la gestion stratégique dans le sport, le leadership exécutif et la gestion des ressources humaines dans le sport, les effets relatifs de l’âge dans le sport, les finances et l’économie du sport et la pédagogie de la gestion du sport. Ses recherches ont été financées par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et l’Initiative de recherche de Sport Canada.

Sean Horton est professeur de développement de la durée de vie au département de kinésiologie de l’Université de Windsor. Ses intérêts de recherche se situent principalement dans le domaine de l’acquisition de compétences et de la performance experte, tant chez les jeunes que chez les personnes âgées. Ses recherches sont financées par le Conseil de recherches en sciences sociales du Canada et la Fondation Trillium de l’Ontario.

Joe Baker est professeur de sciences du sport à l’Université York. Depuis plus de deux décennies, il examine les facteurs qui influent sur le développement et la performance à long terme des athlètes de haut niveau. Il travaille actuellement avec plusieurs organismes de sport nationaux et provinciaux (p. ex. Basketball en fauteuil roulant Canada, Golf Canada, Comité paralympique canadien, Institut canadien du sport de l’Ontario) pour améliorer les modèles de développement des athlètes et la mise en œuvre d’approches fondées sur des données probantes en matière d’acquisition des habiletés.

Références

Bedard, K. et Dhuey, E. (2006). The persistence of early childhood maturity: International evidence of long-run age effects. The Quarterly Journal of Economics, 121(4), 1437 à 1474.

CBS Interactive (2012). Redshirting: Holding kids back from kindergarten. 60 Minutes. Tiré de http://www.cbsnews.com/8301-18560_162-57390128/redshirting- holding-kids- back-from kindergarten/?pageNum=5&tag=contentMain;contentBody

Cobley, S., Baker, J., Wattie, N. et McKenna, J. M. (2009a). How pervasive are relative age effects in secondary school education? Journal of Educational Psychology, 101(2), 520 à 528. http://dx.doi.org/10.1037/a0013845

Cobley, S., Baker, J., Wattie, N. et McKenna, J. M. (2009b). Annual age-grouping and athlete development: A meta-analytic review of relative age effects in sport. Sports Medicine, 39(3), 235 à 256.

Dhuey, E., Figlio, D., Karbownik, K. et Roth, J. (août 2017). School starting age and cognitive development [document de travail 23660]. Cambridge, MA: National Bureau of Economic Research. Tiré de http://www.nber.org/papers/w23660.pdf

Gibbs, B. G., Jarvis, J. A. et Durfur, M. J. (2011) The rise of the underdog? The relative age effect reversal among Canadian-born NHL hockey players: A reply to Nolan and Howell. International Review for the Sociology of Sport 47(5), 644 à 649.

Gladwell, M. (2008). Outliers: The story of success. New York, NY: Little, Brown and Company.

Hancock, D. J., Ste-Marie, D. M. et Young, B. W. (2013). Coach selections and the relative age effect in male youth ice hockey. Research Quarterly for Exercise and Sport, 84, 126 à 130.

Lemez, S., Baker, J., Horton, S., Wattie, N. et Weir, P. (2014). Examining the relationship between relative age, competition level, and dropout rates in male youth ice-hockey players. Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, 24(6), 935-942. doi:10.1111/sms.12127

Levitt, S. D. et Dubner, S. J. (2009). SuperFreakonomics. New York, NY: William Morrow.

Levy, J. (8 août 2011). Myth no. 1: The relative-age effect. Sports Illustrated, 115(5), 49.

Thompson, A. H., Barnsley, R. H., Battle, J. (2004). The relative age effect and the development of self-esteem. Educational Research, 46, 313 à 320.

Thompson, A. H., Barnsley, R. H. et Dyck, R. J. (1999). A new factor in youth suicide: The relative age effect. Canadian Journal of Psychiatry, 44(1), 82 à 85.


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