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L’initiation est une question complexe qui fait partie de la culture et de la tradition du sport universitaire canadien. L’initiation se définit comme une activité conçue pour établir la hiérarchie sociale d’une équipe en humiliant, en abaissant, en malmenant et/ou en mettant en danger les nouveaux venus, peu importe si ces personnes sont disposées ou non à participer pour renforcer leur statut social au sein de l’équipe. Les rapports isolés et un nombre grandissant de recherches indiquent que la pratique des initiations se poursuit parmi les athlètes universitaires, mais, à ce jour, nous n’avons pas de données de base permettant de comprendre les tendances en matière d’initiations dans l’ensemble du Canada.

Jay Johnson et le panel lors de la Conférence IRSC  de 2017

Cette étude était une initiative pluriannuelle visant à examiner la prévalence et la nature des initiations entre les étudiants-athlètes de Sport interuniversitaire canadien (SIC), maintenant appelé U Sports. Plus précisément, l’étude visait à :

  1. étudier la prévalence et la nature des activités d’initiation entre les étudiants-athlètes de SIC, en mettant l’accent sur les taux selon le sexe;
  2. examiner les stratégies déjà en place dans les programmes sportifs pour la gestion des activités d’initiation dans les équipes de sport universitaire commanditées;
  3. examiner les politiques d’élaboration de stratégies pour améliorer l’efficacité des politiques;
  4. fournir des stratégies axées sur la recherche aux administrateurs du secteur du sport pour prévenir les initiations entre les étudiants-athlètes de SIC et intervenir en cas de problème;
  5. fournir un modèle pour le transfert des connaissances afin d’aider d’autres organismes de sport, notamment les écoles secondaires, les associations sportives communautaires ou les équipes régionales/nationales, à résoudre les problèmes d’initiation dans leurs programmes.

Les athlètes qui ont participé à la présente étude ont indiqué que les pratiques d’initiation courantes comprenaient l’humiliation publique et l’abaissement. Les athlètes ont en outre précisé que non seulement les entraîneurs étaient au fait des activités d’initiation, mais qu’ils étaient aussi présents quand ces activités se déroulaient. Les athlètes qui avaient subi une initiation considéraient que l’expérience avait des effets plus positifs que négatifs, et ils n’ont pas signalé les incidents survenus à cette occasion parce qu’ils croyaient que cela faisait partie de la vie des membres de l’équipe. Enfin, seul un petit pourcentage des athlètes avaient participé à des ateliers de prévention des initiations. Globalement, les résultats démontrent que les initiations sont très courantes dans le sport canadien, et qu’il faut davantage d’interventions en matière de prévention des initiations qui s’adressent aux athlètes, mais aussi aux entraîneurs.

Méthodes de recherche

Cette étude faisait appel à diverses méthodes de recherche (quantitatives et qualitatives).

La phase un correspondait au volet « sondage » de la collecte de données. Des sondages électroniques en français et en anglais ont été menés auprès d’étudiants-athlètes des universités canadiennes. Il s’agissait d’un échantillon aléatoire d’étudiants-athlètes U Sports pratiquant divers sports (52 institutions et 21 sports pratiqués par des hommes et des femmes [www.universitysport.ca]).

La phase deux correspondait au volet « entrevue ». Des entrevues de suivi ont eu lieu dans diverses régions du Canada avec des étudiants-athlètes, des entraîneurs et des administrateurs du sport sur le campus des établissements faisant partie de l’échantillon. Les entrevues individuelles (d’une durée approximative de 60 à 120 minutes) étaient organisées selon un échantillon régional pour représenter l’éventail des universités canadiennes, et elles ont été réalisées avec un nombre égal d’étudiants-athlètes et d’entraîneurs de sexe masculin et féminin des différents sports.

 Résultats de la recherche

Phase un

En tout, 434 athlètes U Sports (anciennement Sport interuniversitaire canadien) de différentes universités canadiennes ont participé à l’étude. De ce nombre, 201 étaient de sexe masculin et 233, de sexe féminin. Quatre-vingt-quatre pour cent des participants étaient âgés de 18 à 22 ans; 13,60 %, de 23 à 26 ans; 1,20 %, de 27 à 30 ans; et 0,70 % étaient âgés de 31 ans ou plus. L’échantillon était diversifié du point de vue racial et ethnique : 4,80 % des athlètes se disaient Asiatiques; 5,30 %, Afro-Canadiens; 1,30 %, membres d’une Première Nation; 1,10 %, Hispaniques ou Latino-Américains; 1,10 %, originaires des îles du Pacifique; 81,80 % se disaient Blancs et 3,70 %, d’une autre race. Environ 2 % des répondants au sondage ont choisi de ne pas indiquer leur origine raciale/ethnique. La majorité des participants étaient des étudiants à plein temps (97,56 %), une petite partie d’entre eux étaient des étudiants à temps partiel (2,44 %). Trente pour cent des participants en étaient à leur première année au premier cycle; 21,47 %, à leur deuxième année au premier cycle; 18,66 %, à leur de troisième année au premier cycle; 15,58 %, à leur quatrième année au premier cycle; 9,72 %, à leur cinquième ou sixième année au premier cycle; et 3,92 % poursuivaient des études supérieures.

Les participants pratiquaient des sports à divers niveaux (ligues interuniversitaires [93,50 %] et clubs [13,10 %]), le football (40,50 %), le soccer (9,25 %) et le hockey sur glace (9,25 %) étant les sports les plus populaires chez les hommes, tandis que le basketball (18,03 %), le soccer (17,17 %) et le rugby (12,02 %) étaient les sports les plus populaires chez les femmes. On a demandé aux athlètes d’évaluer leur expérience globale en tant qu’athlète au sein de leur équipe. La majorité des athlètes (72,53 %) ont indiqué que leur expérience était généralement positive, 24,24 % ont dit qu’elle était à la fois positive et négative et 1,34 %, qu’elle était surtout négative.

Expériences d’initiation

Pour évaluer l’expérience des athlètes concernant les activités d’initiation, une liste de 22 activités leur a été présentée. Pour chaque activité, les athlètes devaient indiquer: (a) s’ils y avaient participé; (b) si d’autres membres de l’équipe y avaient participé; (c) si eux-mêmes et d’autres membres de l’équipe y avaient participé; ou (d) si eux-mêmes ni aucun autre membre de l’équipe n’avaient jamais participé à une telle activité (voir le tableau 1). Dans une proportion de 57,8 % (n = 251), les athlètes ont dit qu’eux-mêmes et d’autres membres de l’équipe avaient participé à au moins une des activités décrites. Les agissements qui revenaient fréquemment étaient les suivants : porter des vêtements embarrassants (30,20 %); chanter ou scander en public dans un événement sans rapport avec le sport, ou lors d’une pratique ou d’une partie (28,10 %); assister à une soirée de parodie ou à un « bien cuit » (18,20 %); boire ou manger des mixtures infâmes (15,90 %); se faire crier, hurler ou jurer après (15,70 %); être associé à des personnes précises et pas à d’autres (11,10 %); être le domestique d’autres membres (10,40 %). Les femmes (56,57 %) ont signalé davantage d’activités d’initiation que les hommes (43,43 %).

Activités d’initiation déclarées. On a demandé aux athlètes s’ils avaient déjà été initiés. Parmi les athlètes qui ont mentionné avoir participé à une des activités correspondant à la définition d’« initiation », 59 % ont dit qu’ils avaient été initiés, 34,30 % ont dit qu’ils ne l’avaient pas été, et 6,80 % n’étaient pas certains. Les participants qui avaient dit avoir été initiés ont précisé que des initiations se faisaient dans toutes sortes d’organisations, entre autres les équipes sportives interuniversitaires (86,08 %), les clubs sportifs intramuraux (20,93 %), les orchestres (20,62 %), les organismes des arts de la scène (20,10 %), les organisations militaires (20 %), d’autres types d’organisations (15,15 %) et les clubs de loisirs (9,48 %). En ce qui concerne la participation des athlètes à l’initiation d’autres athlètes, la plupart ont indiqué qu’ils n’avaient jamais participé à l’initiation de quelqu’un d’autre (74,42 %) et qu’ils n’avaient jamais participé à des activités d’initiation dans le cadre de leur équipe (70,55 %).

Connaissance des activités d’initiation

Au sujet de la liste des activités d’initiation qui leur a été présentée, 38,02 % des athlètes ont indiqué qu’ils étaient au courant de ce type d’activités avant de se joindre à l’équipe, 48,34 % ont dit qu’ils ne l’étaient pas, et 13,55 % ont dit qu’ils l’étaient un peu. Cinquante-trois pour cent des athlètes avaient entendu dire que des membres d’autres équipes de leur université s’adonnaient à des activités d’initiation, et 28,89 % avaient vu des membres d’autres équipes participer à de telles activités. Parmi les athlètes qui avaient vécu au moins une expérience d’initiation, 60,60 % ont indiqué que les entraîneurs n’étaient pas au courant ou présents, ou qu’ils n’y participaient pas; 33,90 % ont dit que les entraîneurs étaient au courant, mais qu’ils n’étaient pas présents; 33,71 % ont indiqué que les entraîneurs étaient présents pendant l’activité; et 4,54 % ont dit que les entraîneurs participaient à l’activité. Par ailleurs, 67,40 % des répondants ont précisé que les anciens de l’équipe n’étaient présents dans aucune activité d’initiation.

Perceptions quant à la nature des initiations

Les participants qui avaient déclaré avoir vécu au moins une activité d’initiation ont dit que les initiations avaient lieu principalement à l’extérieur du campus dans une résidence privée (74,90 %), à l’extérieur du campus dans un lieu public (25,82 %) et sur le campus dans un espace public extérieur (16,41 %). Les athlètes ont aussi déclaré que les activités d’initiation se déroulaient le jour (7,25 %), le soir (59,36 %), et à la fois le jour et le soir (33,39 %). Les initiations se produisaient surtout pendant une fin de semaine où il n’y avait pas de compétition (77,61 %) plutôt qu’un jour de semaine (12,27 %) ou pendant une fin de semaine ou un jour de semaine où l’équipe avait une compétition (10,12 %). Pour ce qui est des médias sociaux, les photos des activités d’initiation n’étaient pas affichées dans l’espace Web public en général. En effet, environ 80 % des athlètes ont dit n’avoir jamais publié en ligne des photos des activités d’initiation de leur équipe. Quand on leur a demandé si d’autres avaient déjà publié des photos de ces activités dans un espace Web public, 55,46 % des athlètes ont répondu « non », 25,58 % ont répondu « oui », et 19 % n’étaient pas certains.

Attitudes à l’égard des initiations

Les participants ont dit parler de leur expérience ou de l’expérience vécue par d’autres à un ami (77,13 %), à un autre membre de l’équipe (67,09 %) et au capitaine de l’équipe (41,67 %). Par contre, les participants ont déclaré qu’ils ne parlaient pas de leur expérience à un membre du clergé (88,13 %), à un conseiller (86,85 %) ou à un entraîneur (79,20 %). Par suite de la participation à des activités d’initiation, 63,02 % avaient davantage le sentiment de faire partie de l’équipe et 18,65 % avaient un sentiment d’accomplissement. Une petite partie des athlètes éprouvaient des sentiments négatifs à la suite de leur participation à des activités d’initiation, par exemple ils attendaient d’avoir l’occasion de faire la même chose à d’autres (19,92 %), ils se sentaient stressés (10,84 %), humiliés/abaissés (9,08 %) et coupables (7,97 %).

Parmi les participants qui avaient déclaré avoir été initiés, la majorité n’avait pas signalé les activités d’initiation aux instances universitaires (88,14 %). Une grande proportion des athlètes ont indiqué qu’ils ne signalaient pas ces activités parce qu’ils avaient l’impression que cela faisait partie de la vie des membres d’une équipe (75,67 %). D’autres athlètes ne les signalaient pas parce qu’ils : (a) craignaient que d’autres membres de l’équipe apprennent qu’ils l’avaient fait; (b) craignaient que leurs coéquipiers s’en prennent à eux s’ils apprenaient qu’ils l’avaient fait (12,58 %). Les athlètes ont aussi déclaré qu’ils ne voulaient pas causer d’ennuis à leurs coéquipiers (27,42 %).

Connaissance des stratégies de prévention des initiations et d’intervention

La majorité des personnes faisant partie de l’échantillon ont déclaré qu’on n’avait jamais fourni à leur équipe une liste d’idées pour l’organisation d’activités positives de renforcement de l’esprit d’équipe comme solution de rechange aux initiations (55 %). La plupart des athlètes ont dit qu’ils avaient entendu parler de politiques anti-initiation pendant la séance d’orientation des nouveaux étudiants (60,46 %) et avant de se joindre à l’équipe ou à l’organisation (62,53 %). Un petit pourcentage des participants ont dit avoir assisté à des ateliers de prévention des initiations animés par des adultes et des camarades (22,30 % et 12,21 %, respectivement).

Analyse

Les résultats montrent que plus de la moitié des athlètes et d’autres membres de leur équipe ont vécu au moins une expérience d’initiation. Plus du tiers des athlètes ont indiqué que les entraîneurs étaient au courant de ces activités, et un autre tiers ont dit que les entraîneurs étaient présents pendant les initiations. Les résultats indiquent également que les activités d’initiation ont lieu principalement à l’extérieur du campus dans une résidence privée, pendant les fins de semaine où il n’y a pas de compétition, et le soir. La majorité des athlètes qui ont vécu l’expérience de l’initiation ont dit éprouver des sentiments plus positifs que négatifs. Une grande partie des athlètes n’a pas signalé aux instances universitaires les incidents survenus lors d’initiations parce qu’ils croyaient que cela faisait partie de la vie des membres de l’équipe. Enfin, les résultats montrent que la plupart des athlètes ont entendu parler des politiques relatives aux initiations pendant la séance d’orientation des nouveaux étudiants et avant de se joindre à l’équipe.

Les résultats de la présente étude révèlent que les initiations sont courantes dans les sports universitaires au Canada, 58 % des athlètes ayant vécu au moins une expérience d’initiation. Fait intéressant, toutefois, c’est le plus faible taux d’initiation noté dans les études qui ont examiné la question des initiations parmi les athlètes universitaires. Comme dans les recherches antérieures menées aux États-Unis (Allan et Madden, 2012), les types les plus courants d’initiation mentionnés par les athlètes interrogées pour la présente étude consistent à humilier les initiés en public ou à les abaisser, ce qui donne à penser que les types d’initiation sont relativement identiques, quels que soient les groupes d’étudiants (p. ex. athlètes, clubs universitaires, arts de la scène). De plus, quand on a demandé aux étudiants qui avaient dit avoir vécu une expérience d’initiation s’ils avaient été initiés, seulement 60 % d’entre eux ont déclaré avoir subi une initiation. Cette constatation particulière révèle qu’il y a de la confusion parmi les athlètes quant à ce qui constitue et définit une initiation. C’est un phénomène qu’on retrouve dans d’autres recherches sur la question.

Environ 34 % des athlètes interrogés pour la présente étude ont dit que les entraîneurs étaient au courant des activités d’initiation, mais qu’ils n’y assistaient pas. Ce résultat se compare à celui d’une recherche antérieure, qui montrait que 25 % des étudiants de niveau collégial croyaient que leurs entraîneurs/conseillers étaient au courant des activités d’initiation. Ce qui est plus inquiétant, c’est que 34 % des athlètes ont indiqué que les entraîneurs étaient présents pendant les activités d’initiation. Dans l’ensemble, les perceptions des athlètes concernant le fait que leurs entraîneurs étaient au courant des initiations ou y assistaient se comparent à ce que des recherches antérieures révélaient. Dans ces recherches, la majorité des athlètes disaient que leurs entraîneurs avaient permis et toléré les initiations, et certains athlètes avaient même indiqué que les entraîneurs encourageaient les initiations en disant aux athlètes qui initier. Fait intéressant, les résultats de la présente étude, combinés à ceux de recherches antérieures, semblent indiquer que les perceptions des athlètes concernant les comportements des entraîneurs à l’égard des initiations ne coïncident pas avec l’attitude adoptée publiquement par ces derniers à l’égard de ce phénomène. Pour illustrer ce qui précède, mentionnons que Caperchione et Holman (2004) ont constaté que la majorité des entraîneurs des universités désapprouvaient les pratiques d’initiation et croyaient que les athlètes devraient les contester, les rejeter et même les signaler.

Les entraîneurs allaient même jusqu’à affirmer que les athlètes qui refusent de participer à des rituels ou à des cérémonies d’initiation devraient être respectés et admirés par leurs coéquipiers. Cette idée que des nouveaux venus contesteraient et rejetteraient les pratiques d’initiation, et qu’ils seraient respectés et admirés pour ce comportement, ne correspond pas à ce qu’on voit dans la littérature ni aux constatations de la présente étude. De plus, il est extrêmement déprimant de voir des entraîneurs assister aux initiations ou feindre d’ignorer totalement leur existence, étant donné que ce comportement est une forme d’encouragement aux pratiques d’initiation, que cela renforce la structure hiérarchique de l’équipe et que cela nuit indirectement (et peut-être directement) au bien-être des nouveaux venus. Par conséquent, comme les entraîneurs peuvent jouer un rôle crucial dans le processus entourant les initiations, ils devraient non seulement élaborer et communiquer des politiques d’équipe strictes contre les initiations, mais aussi adopter des comportements qui vont dans le sens de ces politiques.

Les résultats de la présente étude montrent que les perceptions des athlètes concernant la nature des initiations sont quelque peu différentes de ce que les recherches antérieures avaient révélé. Par exemple, dans la présente étude, les athlètes ont indiqué que les initiations avaient lieu principalement hors campus dans une résidence privée, pendant les fins de semaine où il n’y avait pas de compétition, et le soir. Ils ont dit également que les photos des activités d’initiation n’étaient généralement pas publiées dans les médias sociaux. Pour leur part, les étudiants qui avaient participé à l’étude menée aux États-Unis par Allan et Madden (2012) disaient que les initiations se déroulaient souvent dans un espace public sur le campus pendant le jour, et qu’eux-mêmes ou d’autres membres de leur équipe/organisation publiaient des photos de ces activités en ligne. Ces constats divergents peuvent s’expliquer par la différence entre les populations échantillonnées pour la présente étude (étudiants-athlètes) et celles de l’étude d’Allan et Madden (p. ex. étudiants-athlètes, membres de groupes d’artistes de la scène, membres de clubs universitaires, etc.). Contrairement aux membres des organisations étudiantes, les athlètes des équipes peuvent passer plus de temps ensemble (p. ex. prendre part à des entraînements le soir) et, de ce fait, ils risquent d’avoir plus d’occasions de participer à des initiations. De plus, la recherche a montré que les athlètes (ainsi que les membres des fraternités et des sororités) sont plus susceptibles de vivre des expériences d’initiation que les membres d’autres groupes (Allan et Madden, 2012). Par conséquent, les praticiens et les chercheurs s’intéressent de plus en plus au déploiement d’efforts de prévention plus efficaces et à la mise en œuvre de politiques disciplinaires plus rigoureuses dans le cadre des programmes de sport universitaires. Dans la présente étude, il est possible que les athlètes aient pris plusieurs mesures de précaution pour éviter de « se faire prendre » (p. ex. ne pas publier de photos en ligne) et de subir éventuellement une forme ou une autre de châtiment, contribuant ainsi à la culture du secret qui entoure les initiations.

Comme dans la recherche menée aux États-Unis, la majorité des athlètes de la présente étude considéraient que les initiations avaient beaucoup plus d’effets positifs que négatifs. Ce constat donne à penser que les athlètes estiment peut-être qu’un bon nombre des activités d’initiation sont inoffensives et appropriées, surtout quand leurs coéquipiers approuvent ces activités et s’y associent. Par exemple, si un nouveau venu participe à une activité d’initiation qui semble inoffensive (p. ex. porter des vêtements embarrassants) et qu’il ne considère pas cette expérience comme néfaste, alors il peut être plus susceptible de voir l’initiation comme une expérience positive. En fait, près des deux tiers des athlètes de la présente étude ont dit qu’ils avaient davantage l’impression de faire partie de l’équipe après avoir participé à des activités d’initiation. Ce point de vue semble concorder avec la croyance bien établie selon laquelle le fait de consentir aux initiations permet de devenir un membre à part entière du groupe. Les athlètes peuvent avoir justifié leur consentement à être initiés par la récompense subséquente (p. ex. l’appartenance). Les résultats montrent en outre que la majorité des athlètes ayant participé à des initiations n’ont pas signalé ces activités aux instances universitaires. La principale raison qui explique pourquoi les athlètes ne l’ont pas fait, c’est qu’ils estiment que cela fait partie de la vie d’une équipe. Ce constat illustre à quel point l’initiation est une tradition profondément ancrée et correspond à ce que des recherches antérieures sur le sujet avaient montré, à savoir que la participation à des activités d’initiation est considérée comme un aspect normal du sport. Les athlètes de la présente étude ont aussi indiqué qu’ils ne signalaient pas les activités d’initiation parce qu’ils craignaient les conséquences négatives (p. ex. subir un préjudice et être considéré comme un étranger). De même, les athlètes actuels et les anciens athlètes d’une étude menée aux États-Unis ont dit qu’ils ne voulaient pas critiquer les initiations parce qu’ils se feraient humilier davantage et qu’ils seraient ostracisés. Toutes ces constatations confirment la nécessité de sensibiliser les athlètes aux dangers des initiations et de leur donner les moyens de s’opposer à la tradition des initiations. Nous proposons que l’on utilise des études de cas, des scénarios et des jeux de rôle pour enseigner aux athlètes comment prévenir les incidents liés aux initiations et comment intervenir. Compte tenu des résultats de la présente étude, nous recommandons que les stratégies de prévention soient élaborées en collaboration avec les entraîneurs et les administrateurs pour en accroître l’efficacité.

La majorité des athlètes de la présente étude ont mentionné qu’ils avaient entendu parler des politiques anti-initiation lors de la séance d’orientation des nouveaux étudiants et avant de se joindre à leur équipe, mais seul un petit pourcentage d’entre eux ont indiqué qu’ils avaient participé à des ateliers de prévention des initiations. De plus, les résultats montrent que la plupart des athlètes ne s’étaient jamais vu proposer des idées pour des activités d’initiation positives. Ces constats mettent en évidence la nécessité d’adopter des stratégies plus proactives pour prévenir les initiations, comme l’organisation d’ateliers et de discussions avec les équipes. Les intervenants du milieu du sport (p. ex. les administrateurs et les consultants en psychologie du sport) pourraient notamment se servir des ateliers et des discussions avec les équipes comme lieu de débat pour remettre en question la tradition des initiations, l’affaiblir et la remplacer. En collaboration avec les entraîneurs, les intervenants pourraient profiter des ateliers pour sensibiliser les athlètes au problème que constituent les initiations, en discutant des dangers qui y sont associés et en leur expliquant qu’ils pourraient jouer un rôle important dans l’élimination des initiations. Au cours des discussions avec les équipes, les intervenants pourraient en outre chercher avec les athlètes des idées pour des initiations positives (p. ex. des jeux d’équipe faisant appel à la coopération et des excursions). Des activités de ce genre pourraient être des solutions de rechange aux traditionnelles activités dégradantes, humiliantes et préjudiciables, tout en favorisant la cohésion du groupe, un sentiment d’appartenance et de bonnes relations interpersonnelles. En fait, les résultats de la présente étude montrent que l’organisation d’activités différentes (p. ex. escalade de paroi rocheuse et excursion en canot) avec les athlètes de sexe féminin et masculin pourrait entraîner plusieurs résultats, comme une meilleure cohésion du groupe, la diminution de la hiérarchie au sein des équipes, le renforcement du sentiment d’appartenance au groupe, et que ces activités pourraient remplacer les pratiques actuelles en matière d’initiation.

Du point de vue éthique, les entraîneurs avaient la responsabilité de transmettre à leurs athlètes le courriel d’invitation à participer à l’étude. Il est possible que certains entraîneurs aient décidé consciemment de ne pas le transmettre pour maintenir la culture du silence qui entoure le phénomène des initiations. Dans le même ordre d’idées, plus de 1 000 athlètes avaient accepté de participer à l’étude, mais plus de la moitié d’entre eux n’ont pas répondu au sondage. Évidemment, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce taux de non-réponse. Étant donné la nature du sujet (les initiations), il se peut que les athlètes aient été réticents à décrire leur participation aux initiations, en dépit du fait que l’anonymat et la confidentialité étaient garantis.

(Voir la présentation PowerPoint pour les résultats de la phase deux)

 Répercussions sur les politiques

Nous recommandons que nos conclusions servent à formuler des recommandations pour une politique efficace et proactive favorisant l’adoption de valeurs positives parmi les équipes sportives, laquelle prévoirait un processus clair pour faire enquête sur les initiations, engager des poursuites en cas d’infraction aux règles et imposer des sanctions. Une telle politique pourrait renforcer la voix des participants et contribuer à un changement de l’intérieur. Les groupes ciblés devraient être les organes directeurs, U Sports, les universités, le sport au niveau secondaire, les organismes de réglementation provinciaux des différents sports et les organisations des clubs sportifs.

Les conclusions peuvent aussi servir à promouvoir la mise en œuvre de politiques et de programmes de formation efficaces qui traitent des dangers liés aux initiations, ce qui permettrait d’augmenter la probabilité que les athlètes continuent de pratiquer leur sport grâce à la création d’un cadre social et de compétition où les athlètes veulent investir du temps et des efforts et où leurs familles veulent encourager et soutenir leurs réalisations. La réussite du projet dépend de la communication des résultats de l’étude et de leur utilisation pour l’élaboration de recommandations et de matériel pédagogique qui seraient largement diffusés. Voici quelques exemples d’initiatives qui pourraient favoriser l’atteinte de ce but : nombreuses conférences de presse pour faire connaître les résultats de l’étude; rapports écrits officiels présentant les résultats et les recommandations aux institutions participantes et au grand public (en format papier ou dans un site Web); communication des résultats dans le cadre d’exposés présentés à des réunions ou à des conférences nationales, par exemple à des assemblées générales annuelles de U Sports, à des assemblées générales régionales, à l’Association canadienne des entraîneurs, à des organismes communautaires de sport, comme la LHO, la North American Society for Sport Management et la North American Society for the Sociology of Sport.

Une autre recommandation concerne la conception d’ateliers et de matériel pédagogique se fondant sur les résultats de l’étude, ainsi qu’un programme (semblable à la formation obligatoire sur la prévention de la toxicomanie pour les athlètes) qui pourrait être mis en œuvre par les administrateurs et les enseignants dans les universités, et dont s’inspireront des organisations semblables, comme les écoles secondaires. L’information produite peut être suffisante pour que les cochercheurs développent une ou des propositions de livres destinés à un public d’universitaires ou de chercheurs, ou à un public général d’entraîneurs communautaires, d’administrateurs et de parents, et qu’ils préparent des articles destinés à des revues scientifiques et des bulletins d’information.

Mettre en place des plateformes multimédias, des pages Facebook et des comptes Twitter pour sensibiliser les équipes, les entraîneurs, les athlètes et les organismes dirigeants, et pour communiquer avec eux, en vue de créer une approche plus transparente et d’engager un dialogue sur les initiations.

Prochaines étapes

Les chercheurs pourraient envisager de faire un examen qualitatif de la perception des initiations parmi les athlètes, les entraîneurs et les directeurs du secteur du sport, en mettant l’accent sur les stratégies actuelles et futures de prévention des initiations et d’intervention. Cette information pourrait éclairer les chercheurs et les praticiens sur les éléments clés nécessaires à la conception de stratégies et d’interventions peu coûteuses, pratiques et fructueuses. Étudier la culture d’encadrement permettrait aussi d’enrichir la littérature sur les initiations dans le monde du sport. Par ailleurs, les chercheurs ont noté que le mentorat entre les membres actuels et les nouveaux membres des équipes pourrait constituer une expérience de socialisation positive et favoriser un esprit d’équipe positif et sain. En fait, les recherches récentes indiquent qu’environ 40 % des athlètes canadiens du secteur intercollégial n’ont jamais été mentorés par un autre athlète. Il y a plusieurs avantages liés à ce type de mentorat, notamment un bien-être accru avec les coéquipiers, une augmentation de la confiance et de la performance, et le désir de mentorer d’autres athlètes. Les entraîneurs des équipes connues pour perpétuer la tradition des initiations pourraient s’efforcer de créer un environnement où les athlètes vétérans sont incités à mentorer les athlètes recrues. Cette approche pourrait contribuer à réduire l’importance des initiations dans les équipes sportives. L’objectif de déterminer si les relations de mentorat entre les athlètes servent à prévenir les incidents liés aux initiations justifie une étude subséquente. Le mentorat pourrait aussi s’étendre au sport dans le contexte des écoles secondaires et des clubs (ces systèmes alimentent le sport universitaire) et cibler les athlètes des écoles secondaires pour les sensibiliser et les faire participer aux discussions, et les amener à adopter une attitude positive afin qu’un changement culturel soit amorcé avant l’entrée à l’université, et, de façon générale, pour faire en sorte que davantage d’athlètes continuent de pratiquer leur sport.

Des recherches devraient aussi être menées sur l’efficacité des autres interventions, comme l’escalade de paroi rocheuse et les activités de plein air, pour transformer la culture des initiations parmi les équipes.

Enfin, il faudrait étudier un aspect important de ce phénomène : le système de relève. On sait très peu de choses sur les équipes et les athlètes au Canada avant le niveau universitaire. Pourtant, les recherches effectuées aux États-Unis indiquent qu’un pourcentage élevé des élèves vit l’expérience des initiations.

Principaux intervenants et avantages

L’Association canadienne pour la prévention de la discrimination et du harcèlement en milieu d’enseignement supérieur et les organismes de sport (p. ex. U Sports, Sport Canada, les ONS, Sport Manitoba, Canada West, la Fédération des associations du sport scolaire de l’Ontario, l’Association canadienne des entraîneurs, les organismes communautaires de sport comme la LHO, la North American Society for Sport Management et la North American Society for the Sociology of Sport.

La Conférence 2017 de l’Initiative de recherche de Sport Canada (Résumé du Transfert des connaissances)

Investigateurs : Jay Johnson, University Of Manitoba; M. Holman; J. Chin‐San; E. Allan; M. Madden

Vidéo de la présentation de la conférence de l’IRSC. (Vidéo en anglais seulement)



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