Ce billet est le troisième d’une série en collaboration avec l’Université Queen’s. Dans le cadre d’une mission visant à renforcer les compétences en matière de diffusion des connaissances, le Dr Luc Martin, professeur agrégé à l’école de kinésiologie et d’études sur la santé, a mis au défi les étudiants de son cours de troisième année sur la dynamique d’équipe de rédiger un billet de blogue pour le SIRC. Les cinq meilleurs articles ont été soumis au SIRC et seront publiés au cours des prochains mois.
Nous sommes le 31 mai 2018 : les dernières secondes du premier match de la finale de la NBA entre les Warriors de Golden State et les Cavaliers de Cleveland s’envolent et JR Smith ne sait pas combien de temps il reste. Il dribble le ballon hors de la zone plutôt que de tenter un lancer pour gagner le match. Le manque de communication entre les coéquipiers a coûté le match aux Cavaliers et a entraîné des conflits au sein de l’équipe. La question demeure : pourquoi personne ne communiquait-il au moment le plus critique du match? Ce billet de blogue examine les concepts importants relatifs à la communication d’équipe et fournit des stratégies pratiques pour les entraîneurs et les athlètes qui souhaitent améliorer la façon dont leur équipe communique.
Les avantages de la communication
La communication est un processus essentiel pour tout groupe – sans elle, il n’y a pas de sentiment de collaboration ou de compréhension entre les membres. La communication est essentielle pour identifier et convenir des objectifs, évaluer et ajuster les performances, et permettre un fonctionnement efficace de l’équipe. En effet, la communication peut souvent faire la différence entre gagner et perdre. Par exemple, dans la division 1 du tennis féminin de la NCAA, les équipes gagnantes ont fait preuve de deux fois plus de communication que les équipes perdantes (Lausic et coll., 2009). Il est intéressant de noter qu’en dépit des innombrables études qui soulignent l’importance de la communication, il existe des ressources limitées qui sont consacrées à aider les entraîneurs et les athlètes à devenir de meilleurs communicateurs (Hanson, 2019).
Développer la communication au sein de l’équipe
Les équipes efficaces peuvent partager des renseignements de différentes manières, mais l’objectif final devrait être de créer un savoir partagé. Deux méthodes permettent d’y parvenir : la création de systèmes de mémoire transactive ou le renforcement de modèles mentaux partagés.
La mémoire transactive est un système de partage des connaissances qui se développe souvent dans des relations ou des groupes où les personnes assument la responsabilité de différents domaines de connaissance et dépendent les unes des autres pour l’information (Ren et Argote, 2011). Une série d’expériences a montré que les performances des équipes s’améliorent lorsque les membres divisent leurs tâches cognitives de manière plus efficace (Kameda et coll., 2015). La relation entre Michael Jordan et ses coéquipiers des Bulls de Chicago de 1995 à 1998 en est un bon exemple. La division des tâches et la compréhension claire des rôles entre Jordan, Dennis Rodman, Scottie Pippen et Steve Kerr ont donné naissance à l’équipe des Bulls la plus puissante à ce jour – la mémoire transactive s’est améliorée, tout comme les performances globales de l’équipe. En général, les changements dans la composition de l’équipe peuvent rendre difficile le maintien d’un niveau élevé de mémoire transactive. Il est donc important de rester aussi cohérent que possible pour faire évoluer l’équipe, ou de s’assurer que les nouveaux membres sont mis au courant aussi rapidement et efficacement que possible.
Les modèles mentaux partagés représentent les croyances communes sur les objectifs du groupe, la meilleure façon d’atteindre ces objectifs et ce que signifie être membre d’une équipe (Mathieu et coll., 2000). Les coéquipiers qui partagent des modèles mentaux peuvent être décrits comme étant sur la même longueur d’onde. Par exemple, Lebron James et Dwayne Wade ont été décrits comme démontrant de solides modèles mentaux partagés pendant leur temps de jeu ensemble au sein du Heat de Miami de 2010 à 2014 (Friel, 2017). Leur alchimie frappante provenait de leur capacité à anticiper les actions de l’autre. Les modèles mentaux partagés sont importants pour construire une équipe afin de communiquer efficacement et d’anticiper les comportements des coéquipiers.
Stratégies pour améliorer la communication au sein de l’équipe
Il existe plusieurs façons d’établir une mémoire transactive et des modèles mentaux partagés :
- Examens des performances – L’examen des performances individuelles et collectives avec les athlètes et le personnel d’encadrement peut permettre d’établir une compréhension commune de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, et d’établir des priorités pour la suite du développement. Les examens peuvent également être l’occasion de permettre aux athlètes de jouer un rôle de leader et de démontrer des attentes basées sur la communication au sein d’une équipe.
- Entraînement de l’équipe – L’utilisation de simulations où l’équipe travaille sur des problèmes et accroît sa compréhension commune des systèmes/styles de jeu préférés et des objectifs généraux des joueurs est un moyen de renforcer les compétences en matière de communication. Ces possibilités permettent aux athlètes de réfléchir à l’incidence de leurs décisions dans le jeu, de résoudre les problèmes en équipe et de comprendre l’expertise et les tendances de leurs coéquipiers.
- Planification – L’examen des objectifs de l’équipe et les séances de remue-méninges pour discuter des actions collectives peuvent être utiles pour aider les membres à comprendre d’autres perspectives. Ces sessions aideront également le groupe à comprendre les différents rôles formels et informels et à s’assurer que tout le monde est sur la même longueur d’onde pour aller de l’avant.
Retour sur 2018
Si les Cavaliers avaient eu de meilleures pratiques de communication grâce à la mémoire transactive ou à des modèles mentaux partagés, JR Smith aurait-il commis l’erreur qui a fait le tour du monde? Avec ces atouts, ses coéquipiers auraient pu se parler sur le terrain avant le coup de sifflet, s’assurant que tout le monde était sur la même longueur d’onde concernant le pointage et les objectifs pour la prochaine possession du ballon. JR Smith aurait pu mieux anticiper les actions de ses coéquipiers en tirant les leçons des tendances et de l’expertise de ceux-ci. Il est clair que de nombreuses équipes n’ont pas tout compris lorsqu’il s’agit d’optimiser les performances, ce qui, en partie, rend le sport passionnant à regarder. Tout ce que vous pouvez faire en tant qu’entraîneur ou athlète, c’est de mettre votre équipe dans la meilleure position possible pour réussir si l’occasion se présente. Une façon d’y parvenir est de mettre l’accent sur la communication.