Selon le dictionnaire Oxford, « inclusion » est l’action ou l’état d’inclusion ou d’être inclus dans un groupe ou une structure. La véritable inclusion implique une participation authentique et responsabilisée et un véritable sentiment d’appartenance pour tous les participants et toutes les participantes. Cependant, si nous voulons connaitre l’inclusion, nous devons la planifier intentionnellement — si nous ne sommes pas précis et clairs sur la manière de créer l’inclusion dans les espaces et lieux sportifs, nous continuerons à faire échouer ceux qui sont en marge.
Lors du discours d’ouverture du sommet « Au Canada, le sport c’est pour la vie » de 2020, j’ai animé une discussion sur les approches d’inclusion centrées sur les participant(e)s. Plus de 400 chefs de file des domaines du sport, des loisirs, de l’éducation et de la santé ont travaillé à définir les principes fondamentaux de l’inclusion et la manière dont ils pourraient être intégrés dans les politiques et les pratiques de leurs organisations. Cet article présente les points saillants de cette conversation et fournit des exemples de la manière dont les organisations donnent vie à ces principes.
1er principe : Le respect est une profonde admiration pour les capacités, les qualités ou les réalisations de quelqu’un et serait vécu en appréciant le parcours unique et les expériences vécues de chacun.
Le projet Hijabi Ballers, basé dans la région du Grand Toronto, vise à reconnaître et à célébrer l’athlétisme des jeunes filles et des femmes musulmanes, et à accroître leur participation dans les espaces et les programmes sportifs de la ville. Le nom Hijabi Ballers représente trois choses : être une femme de confession musulmane, être une athlète et être une leader. Le projet vise à mettre en lumière celles qui représentent visiblement leur foi tout en se présentant comme des athlètes. Le mot « baller », terme générique désignant tous les athlètes, a une forte connotation de leader, de réussite et d’audace.
2e principe : La dignité est le droit d’une personne à être valorisée et respectée pour elle-même, et à être traitée de manière éthique ; elle serait vécue en rencontrant les participant(e)s à l’endroit où ils et elles se trouvent afin qu’ils et elles puissent s’engager de différentes manières et à différents niveaux.
La politique d’inclusion des personnes transgenres de Patinage Canada, élaborée avec la participation de membres de la communauté LGBTQI2S et de défenseurs du sport inclusif, a été conçue pour garantir aux athlètes le droit de pratiquer un sport qu’ils aiment sans discrimination ni réglementation d’exclusion. Dans les compétitions relevant de la compétence de Patinage Canada, les athlètes peuvent participer dans la catégorie de genre à laquelle ils s’identifient, ce qui permet de choisir avec dignité la façon dont les athlètes se présentent. Toutes les identifications de l’identité de genre par les athlètes sont considérées comme étant faites de bonne foi et ne nécessitent pas de divulgation ou de documentation supplémentaire.
3e principe : L’ouverture est la réceptivité aux nouvelles idées et aux nouvelles expériences ; elle serait vécue en partageant et en honorant nos expériences culturelles, et en donnant aux participant(e)s un siège à la table pour diriger la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes de sport et de loisirs.
Dans le cadre du programme de surf de North Preston, l’Association de surf de la Nouvelle-Écosse et Blxckhouse collaborent pour créer un programme destiné aux jeunes d’origine africaine. North Preston est la plus ancienne et la plus grande communauté noire indigène du Canada. Malgré sa proximité avec Lawrencetown — le lieu de naissance du surf canadien — peu de personnes d’origine africaine surfent en Nouvelle-Écosse. Ceci est dû à des raisons historiques et sociales de grande envergure et le but de ce programme est de collaborer avec la communauté pour éliminer les obstacles à cette expérience.
4e principe : L’alliance, c’est lorsqu’une personne privilégiée cherche à travailler en solidarité avec une personne ou un groupe marginalisé ; elle serait vécue en investissant nos capacités, notre compassion et notre cœur dans le développement de nouvelles relations.
L’initiative « Une équipe » du Comité olympique canadien a été créée pour lutter contre la discrimination fondée sur le genre, l’homophobie, la biphobie, la transphobie et tout autre type de discrimination dans le sport. Les campagnes #BeYou et #OneTeam ont fait acte de présence aux événements du défilé de la fierté et ont célébré les athlètes qui s’identifient comme LGBTQI2S pour leurs réalisations et la manière dont ils et elles vivent ouvertement leur identité.
5e principe : La compassion, c’est le souci des défis auxquels sont confrontés les autres ; elle serait vécue en montrant l’exemple.
Free Footie est un club sportif parascolaire gratuit organisé en partenariat avec des écoles très vulnérables d’Edmonton, en Alberta. La plupart des 4 000 enfants touchés chaque année sont des réfugiés, des nouveaux arrivants ou des jeunes autochtones qui ne peuvent pas se permettre le modèle typique « payer pour jouer » ou qui sont confrontés à d’autres obstacles à la participation. Free Footie a été conçu pour combler ces lacunes : l’équipement et l’inscription sont gratuits, le transport est organisé et payé, et les participant(e)s sont récupéré(e)s à leur école juste après la classe. Par le biais du jeu, le programme entoure les enfants de modèles et leur apprend le leadership, le respect et l’engagement. Les écoles partenaires voient les participant(e)s améliorer leurs notes, se comporter correctement et assister aux cours afin qu’ils et elles puissent s’amuser à la fin de la journée scolaire.
6e principe : La sécurité est un espace positif qui favorise la participation basée sur le consentement et soutient le développement et le bien-être physique, émotionnel et social de tous les participants et toutes les participantes. Cet espace est exempt d’abus, de mauvaise conduite, d’intimidation, de harcèlement et de bizutage, et exige que tous les participants et toutes les participantes soient traité(e)s avec dignité. La sécurité serait vécue en examinant les différents besoins des personnes dans les espaces et lieux de sport et de loisirs. Cela nous permettra de mieux planifier le soutien aux diverses personnes qui font partie de nos programmes, et à celles qui méritent d’être incluses, mais qui n’ont pas encore fait l’objet d’une planification adéquate.
Dans le cadre de son plan visant à créer une culture d’intégration sur le lieu de travail où le personnel se sent en sécurité en apportant son authenticité au travail, le Comité paralympique canadien a investi dans la formation du personnel et des membres du conseil d’administration sur l’intégration des LGBTQI2S. Pendant la formation dispensée par Femmes et sport au Canada, une athlète paralympique ouvertement gaie a partagé son expérience vécue. La formation a permis à deux membres du personnel de s’identifier comme homosexuels et d’organiser des diners-causeries pour le personnel.
Alors que nous réfléchissons à ce dont les gens ont besoin pour réussir dans nos programmes, l’heure est venue de repenser la façon dont nous structurons nos organisations, nos programmes, nos rôles… et en fait, le système plus large du sport et des loisirs. Les exemples ci-dessus peuvent inspirer notre travail et fournir des pratiques prometteuses pour guider nos intentions. L’intention d’inclusion nous oblige à inviter plus de voix à la table, à écouter, à apprendre et à réfléchir au type de système que nous pourrions créer si nous nous appuyions sur des personnes, plutôt que sur un budget, des bailleurs de fonds ou des mandats.