L’équité entre les sexes est un signe d’une saine gouvernance : leçons tirées dans le secteur du sport

La répartition hommes-femmes dans le sport et les postes de leaders dans le sport est en train de changer. En 2018, le gouvernement du Canada a indiqué clairement que l’équité entre les sexes est une priorité à tous les niveaux du sport, et il s’est fixé comme objectif d’atteindre l’égalité entre les sexes d’ici 2035.

En février, dans le cadre de la Déclaration de Red Deer, les ministres responsables du sport à l’échelle fédérale, provinciale et territoriale se sont engagés en principe à élaborer une stratégie adaptée à leur propre compétence afin que les conseils d’administration des organismes de sport financés atteignent l’équité entre les sexes d’ici décembre 2024. (Conférence des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables du sport, de l’activité physique et des loisirs, 2019).

La diversité des sexes dans les postes de leadership dans le sport est une condition préalable à l’équité dans d’autres facettes du sport. Des études menées dans le milieu des affaires ont démontré que les organisations sont plus susceptibles de comprendre leurs consommateurs cibles lorsqu’elles comptent au moins un membre qui représente le sexe, la race, l’âge, l’orientation sexuelle ou la culture de leur public cible (Catalyst, Why Diversity and Inclusion Matter, 2018). Il a également été démontré qu’en l’absence d’une diversité de dirigeants, les femmes, les personnes de couleur et les employés LGBT sont moins susceptibles de voir leurs idées appuyées (Catalyst, 2018).

Un examen mené par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières et appuyé par la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance a démontré que les conseils d’administration ayant une politique écrite sur l’équité entre les sexes comptaient un pourcentage plus élevé de femmes que les autres (Coalition canadienne pour une bonne gouvernance, 2018).

Dans le secteur sportif canadien, Triathlon New Brunswick, Ontario Soccer et Curling Canada sont trois organismes qui ont intégré l’équité entre les sexes dans leurs documents de gouvernance. Alors que les organismes de sport nationaux, provinciaux et territoriaux progressent dans la création de plans d’action pour l’équité entre les sexes, ces organismes ont mis en œuvre des pratiques qui peuvent être adaptées et appliquées en fonction de divers contextes individuels.

S’engager en faveur de l’équité entre les sexes

Pour Triathlon New Brunswick, les règlements sur l’équité entre les sexes sont un exemple à suivre à l’échelle internationale et nationale. En 2017, l’Union internationale de triathlon a présenté une déclaration d’équité entre les sexes à son conseil d’administration, et Triathlon Canada a fait de même.

Lorsqu’Althea Arsenault est devenue présidente de Triathlon New Brunswick en 2018 et qu’elle a amorcé le processus de mise à jour des règlements de l’organisme, elle a vu une occasion d’introduire l’équité entre les sexes dans ses documents de gouvernance.

« C’était une occasion d’être proactif; le moment était parfait. On s’est dit “Ajoutons ces trois phrases qui disent exactement ce que nous voulons faire dans ce domaine”. »

Mme Arsenault, la première femme à occuper le poste de présidente du conseil d’administration de Triathlon New Brunswick, mentionne que le fait d’inclure ces concepts dans un règlement permanent était plus attrayant que de faire de l’égalité des sexes une politique ou une procédure.

Cet engagement était également attrayant pour Katherine Henderson, chef de la direction de Curling Canada. Les membres de Curling Canada ont voté pour la mise à jour d’un règlement sur l’équité entre les sexes en 2018, modifiant ainsi une règle qui était déjà en place depuis des décennies. Selon Mme Henderson, la tenue d’un vote auprès des membres était une position beaucoup plus affirmée que la création d’une politique qui ne serait appliquée que dans une salle de réunion.

« Je pense que cette discussion nous a permis de nous rappeler le type de sport que nous voulons être, a mentionné Mme Henderson. Ce que nous essayons de véhiculer en tant que sport, c’est que l’égalité entre les sexes est quelque chose en quoi nous croyons d’un océan à l’autre. »

Dans le cas d’Ontario Soccer, la mise en œuvre d’une politique sur l’équité entre les sexes faisait partie d’un processus de modernisation de la gouvernance qui mettait l’accent sur l’équité entre les sexes comme l’un des principes de bonne gouvernance.

La répartition hommes-femmes de leurs membres était également un facteur important : 42 % de leurs 400 000 joueurs sont des filles et des femmes, mais seulement 27 % de leurs entraîneurs sont des femmes. Avant de modifier la politique et la structure de son conseil d’administration, Ontario Soccer comptait 25 % de femmes au sein de son conseil d’administration. Ce pourcentage est maintenant de 33 %.

« Nous avions du travail à faire pour avoir une bonne perspective de leadership, a déclaré Johnny Misley, chef de la direction d’Ontario Soccer. Certaines personnes peuvent regarder ces chiffres et se dire “Wow, 27 % de vos entraîneurs sont femmes, c’est très bien.” Mais pour nous, ce n’est pas acceptable. »

Passer à l’action

Il existe de nombreux facteurs que doivent considérer les organismes qui cherchent à intégrer l’équité entre les sexes dans leurs documents de gouvernance. Voici trois mesures que les organismes de sport peuvent prendre pour s’assurer que leurs politiques et règlements sont efficaces.

  1. Être précis

Une répartition 50/50 entre les sexes garantit une véritable équité, tandis qu’une répartition 40/60 permet aux organisations de s’adapter aux fluctuations dans la composition des conseils d’administration. L’une ou l’autre des répartitions permet aux organisations de choisir des candidats ayant une variété de compétences pour s’attaquer aux problèmes complexes auxquels elles sont confrontées.

Les personnes qui ne sont pas en faveur d’une répartition 40/60 affirment que le seuil de 40 % peut rapidement devenir le plafond pour les femmes (c.-à-d. la représentation maximale qu’elles pourront avoir) à moins qu’un véritable engagement à valoriser la diversité et l’inclusion soit en place.

Les clauses de Curling Canada, Triathlon New Brunswick et Ontario Soccer sont présentées ci-dessous. Les organisations qui en prennent note risquent de devoir ajuster le contenu en fonction de leurs procédures d’élection.

Curling Canada (règlement) 
3. NORME SUR LES SEXES POUR LE CONSEIL DES GOUVERNEURS – Afin de promouvoir léquilibre entre les sexes pour les femmes et les hommes au sein du Conseil des gouverneurs, tout en veillant à ce que les critères déligibilité, de compétence et de performance professionnelle soient les plus importants, le Conseil doit être constitué de telle manière quaucun sexe ne représente plus de 60 % ou moins de 40 % du nombre total des membres du Conseil.
Triathlon New Brunswick (règlement) 
Afin de favoriser l’équilibre entre les sexes parmi les postes dotés du conseil dadministration (maximum 12) tout en sassurant que les critères délection prédominants sont ladmissibilité, la compétence et le rendement professionnel, le conseil doit être constitué de telle manière quaucun sexe ne représente plus de 60 % ou moins de 40 % du nombre total des directeurs. 
Ontario Soccer (Manuel des politiques) 
10.0 ÉQUITÉ ENTRE LES SEXES 10.1 Le conseil dadministration d’Ontario Soccer fixe un objectif de représentation des femmes dau moins 40 au sein du conseil dadministration d’Ontario Soccer et de tous les comités d’Ontario Soccer, et il établit des plans pour atteindre cet objectif dici 2020. Il recommande également que tous les organismes dirigeants d’Ontario Soccer envisagent de mettre en place des plans semblables pour accroître la représentation des femmes dans leurs conseils et comités, au besoin.  
  1. Fixer une date limite

Selon la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance, l’établissement d’une cible avec un échéancier significatif est une pratique exemplaire lorsqu’il s’agit de politiques de diversité entre les sexes (Coalition canadienne pour une bonne gouvernance, 2018).

Si votre conseil n’a pas encore atteint la parité entre les sexes, songez à fixer un échéancier pour l’atteinte de cet objectif. Par exemple, en 2017, Ontario Soccer s’est fixé comme objectif d’avoir une représentation de 40 % de femmes au sein de son conseil d’administration d’ici 2020.

  1. Créer un environnement favorable

Un seuil de 30 % de femmes est généralement reconnu comme une masse critique qui augmente la probabilité que les perspectives des femmes soient entendues (Catalyst, 2018). Cela permet d’éviter le symbolisme en veillant à ce que la voix des femmes ait le même poids que celles des autres membres du groupe (Coalition canadienne pour une bonne gouvernance, 2018).

En mettant l’accent sur l’inclusion, on s’assure que les avantages de la diversité se concrétisent. Les conseils d’administration des sports ne doivent pas se contenter de nommer des femmes; la véritable inclusion se produit lorsque les femmes et les personnes de tous les milieux se sentent les bienvenues et ont le sentiment d’appartenir à leur groupe. Examinez les ressources de Catalyst ou de l’ACAFS pour en savoir plus sur la façon de s’assurer que l’accent qui est mis sur la diversité va au-delà des simples chiffres.

Changer la culture, changer les comportements

En date de janvier 2019, quatre conseils d’administration d’ONS et d’OMS sur dix au Canada n’avaient pas atteint le seuil critique de 30 % de femmes, et deux ne comptaient aucune femme (ACAFS, 2019). Pour atteindre l’objectif de Sport Canada d’ici 2024, les organismes de sport qui ont un écart à combler devront élaborer un plan d’action.

Pour Mme Arsenault et Triathlon New Brunswick, l’inclusion de l’équité entre les sexes dans leurs règlements constituait une occasion de suivre la voie tracée par les leaders nationaux et internationaux et de créer un engagement qui durerait au-delà de son mandat.

« Je crois toujours qu’il n’est pas nécessaire de réinventer la roue; on n’a qu’à trouver ce qui existe déjà, a mentionné Mme Arsenault. Nous sommes tous dans le même bateau. »

Mme Henderson a pu constater les avantages de l’équité entre les sexes de première main grâce au curling et à son poste de membre du conseil d’administration de Rugby Canada. Elle a fait remarquer que l’équité entre les sexes dans un conseil d’administration a créé chez les membres du conseil une prise de conscience qui n’était pas nécessairement présente auparavant.

« Ils commencent à se rendre compte de la richesse de la situation et ils deviennent eux-mêmes ambassadeurs et défenseurs de l’équité entre les sexes, a précisé Mme Henderson. Ils commencent à réaliser les inégalités dans d’autres domaines du sport, et ils sont capables de les identifier. »

Pour M. Misley et Ontario Soccer, la modernisation de leurs documents de gouvernance a donné le coup d’envoi au processus d’élaboration d’une stratégie d’équité entre les sexes qui touche tous les secteurs de l’organisation et les tient responsables. M. Misley donne un conseil à d’autres organisations : s’en tenir au processus.

« Notre stratégie en est une à long terme. Nous sommes en constante évolution, non seulement dans ce domaine, mais aussi dans d’autres. Il ne faut pas croire qu’on va tout régler du jour au lendemain. »

Au final, la mise en œuvre de mesures visant à atteindre la diversité des sexes dans les conseils d’administration est une action tangible qui peut être intégrée dans l’ensemble du secteur du sport afin de voir de réels changements et de créer un avenir meilleur pour les organismes sportifs. Pour citer Mme Henderson, « on peut donner des arguments philosophiques jusqu’à ce que les vaches rentrent au bercail, mais les actions concrètes vont mieux fonctionner. »

Ressources recommandées
À propos de l’ACAFS

L’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique (ACAFS) se consacre à la création d’un système de sport et d’activité physique canadien équitable et inclusif qui habilite les filles et les femmes en tant que participantes et dirigeantes actives dans le sport et par l’entremise du sport. En mettant l’accent sur le changement systémique, nous travaillons en partenariat avec les gouvernements, les organisations et les dirigeants pour remettre en question le statu quo et proposer des solutions qui entraînent des changements mesurables.

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