Aux abords du terrain mais aussi au centre : Le rôle important des parents dans le sport des jeunes

Quiconque a déjà assisté à un match de soccer pluvieux le samedi ou jonglé avec les horaires des dîners pour s’adapter à l’entraînement de volleyball sait que le sport chez les jeunes ne se fait pas sans les parents. Ils sont les chauffeurs, les meneuses de claque, les bailleurs de fonds et, parfois, les critiques les plus virulentes sur la ligne de touche.

Mais comme le Dr Nick Holt ne le sait que trop bien, les parents ne sont pas simplement une présence périphérique dans le sport des jeunes. Ils jouent un rôle central dans le développement des jeunes athlètes.

M. Holt est doyen de la faculté de kinésiologie de l’Université de Calgary. Il est également chercheur de longue date, entraîneur de soccer pour les jeunes et parent. En d’autres termes, il a vécu ce monde sous tous les angles. Il a passé les deux dernières décennies à étudier le développement des jeunes dans le sport, en mettant l’accent sur le rôle des parents. Ses travaux suggèrent que le comportement des parents peut influencer de manière significative l’expérience sportive d’un enfant, et même son développement personnel au sens large.

« Il n’existe pas de manuel spécifique », déclare M. Holt en riant, lorsqu’on lui demande comment les parents peuvent soutenir au mieux leurs enfants. « Les enfants sont uniques. La relation entre l’enfant et le parent est unique. Il n’y a donc pas un ensemble de règles qui convienne à tout le monde. »

Mais il y a, ajoute-t-il, des signes importants.

La parentalité aux abords du terrain : Entre soutien et contrôle

La première chose à savoir est que le sport chez les jeunes est un environnement social complexe. Il ne s’agit pas seulement de développer des compétences et de participer à des compétitions. C’est aussi là que les enfants apprennent à être des coéquipiers, à gérer la pression et à développer leur sens de soi. Tous ces processus sont façonnés par leur environnement, par l’intermédiaire des entraîneurs, des pairs et, bien sûr, des parents.

M. Holt décrit une zone de tolérance parentale entre deux extrêmes : trop de liberté et trop de contrôle. Si vous laissez les enfants totalement libres de faire ce qu’ils veulent, ce n’est généralement pas très positif, explique-t-il. Si vous exercez un contrôle excessif et essayez de dicter tous les aspects de la vie de votre enfant, ce n’est pas très positif non plus. L’idéal se situe entre les deux : les limites sont claires, mais les enfants ont aussi l’autonomie de faire des choix et d’en tirer des leçons.

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Une grande partie des recherches de M. Holt porte sur ce que l’on appelle le développement positif des jeunes, une approche basée sur les forces et ancrée dans la psychologie positive. Au lieu de s’attacher à corriger les problèmes, ce cadre met l’accent sur l’aide à apporter aux enfants pour qu’ils développent leurs capacités, qu’il s’agisse de résilience, de travail d’équipe ou de régulation émotionnelle. L’objectif? Aider chaque enfant à développer son potentiel et à s’épanouir.

Et les parents jouent un rôle clé pour rendre cela possible.

Transformer les tensions aux abords du terrain en conversations constructives

Cela ne veut pas dire que le voyage est facile. M. Holt est franc quant aux défis à relever, même pour quelqu’un qui a ses lettres de noblesse. « Je ne prétendrai pas avoir appliqué quoi que ce soit [de mes recherches] à mon rôle de parent, plaisante-t-il. Comme pour tout le monde, c’est une question d’essais et d’erreurs. »

Mais en tant qu’entraîneur, il a adopté une approche différente. « Ce que j’ai essayé de faire, c’est d’aider les parents à comprendre certaines des preuves qui existent et qui peuvent les aider à être des parents plus efficaces dans les sports de jeunes », explique-t-il.

M. Holt rejette l’idée que les parents doivent être tenus à l’écart. « Mon point de vue a toujours été le suivant : J’entraîne les enfants et les parents en font partie, plutôt que d’essayer de les séparer et de les tenir à l’écart. Nous faisons tous partie de l’équipe. »

Comment cela se passe-t-il dans la pratique? M. Holt décrit une réunion d’avant-saison, non seulement pour faire le point sur la logistique, mais aussi pour engager les parents dans une réflexion approfondie. Il les répartit en petits groupes et leur demande : « Selon vous, qu’est-ce que votre enfant attend de vous cette saison? »

Ensuite, il posait la même question aux enfants.

Les résultats ont été surprenants et étonnamment cohérents. Les enfants voulaient des encouragements, de la ponctualité et de l’espace. « Ils voulaient être à l’heure à l’entraînement, être soutenus sans se faire crier dessus, se souvient-il. Ce qu’ils ont dit n’avait rien de révolutionnaire, mais cela a permis à tout le monde de se mettre d’accord. Cela a également montré que les enfants avaient une idée de ce qu’ils attendaient de leurs parents. »

Il s’agit d’une stratégie simple mais puissante : rassembler tout le monde, créer une compréhension mutuelle et définir des attentes communes. Elle s’appuie également sur des recherches. M. Holt et ses collègues ont constaté que les enfants sont très sensibles à la présence de leurs parents pendant les matchs. Même s’ils n’entendent pas tous les mots prononcés sur la ligne de touche, ils remarquent un air renfrogné ou une posture tendue. « Vous ne regardez peut-être pas votre parent tout le temps, mais vous en êtes conscient », explique M. Holt.

Quand les bonnes intentions tournent mal

Bien sûr, même des parents bien intentionnés peuvent s’égarer.

« Malgré leurs meilleures intentions, certains parents nuisent au développement positif », explique M. Holt. Cela peut se produire lorsqu’un parent s’investit excessivement dans les performances, considérant la réussite sportive de son enfant comme le reflet de la sienne. Ou lorsqu’ils essaient de résoudre tous les problèmes de leur enfant, le privant ainsi de la possibilité de développer ses capacités d’adaptation et sa résilience.

Il ne s’agit pas de dénoncer les « mauvais » parents, mais de comprendre comment faire mieux.

M. Holt souligne que la grande majorité des parents font de leur mieux. Ils ont simplement besoin d’outils, de soutien et d’une meilleure compréhension de ce qui aide les enfants à grandir. Cela peut vouloir dire résister à l’envie de critiquer les performances de l’enfant pendant le chemin du retour ou reconnaître que l’anxiété est transférée du parent à l’enfant.

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Les entraîneurs et les clubs peuvent aider en favorisant des environnements où ces conversations ont lieu tôt et souvent, et où les parents ne sont pas considérés comme des obstacles mais comme des alliés dans le développement de leurs enfants.

Créer un système qui soutient tout le monde

Si le sport pour les jeunes est un système, il doit fonctionner pour toutes les personnes impliquées : les enfants, les entraîneurs et les parents. Cela signifie qu’il faut aider les entraîneurs à définir des attentes claires, offrir aux parents des ressources fondées sur des données probantes et, surtout, se concentrer sur les besoins des enfants.

Cela signifie également qu’il faut se rappeler le principe fondamental au cœur du développement positif des jeunes : chaque enfant a le potentiel de s’épanouir s’il bénéficie d’un environnement adéquat.

Selon M. Holt, la prochaine fois que vous serez aux abords du terrain, que vous attendrez dans le stationnement ou que vous vous dépêcherez d’aller chercher des collations pour l’équipe, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seulement un assistant ou un spectateur. Vous êtes un élément essentiel de l’expérience sportive de votre enfant. Et la façon dont vous vous montrez verbalement, non verbalement et émotionnellement a de l’importance.

Comment les parents sportifs façonnent le jeu, pour le meilleur et pour le pire

« Ce que je constate, c’est que les entraîneurs, les parents et les athlètes tolèrent beaucoup moins les comportements inappropriés de la part des officiels, explique M. Holt. Mais on peut avoir autant d’affiches que l’on veut autour de l’installation, si elles ne sont pas appliquées, elles ne servent à rien. Si elle n’est pas appliquée, la signalisation ne sert à rien. »

Un thème qui touche de près de nombreux entraîneurs et administrateurs : que se passe-t-il lorsqu’un parent bien intentionné est à l’origine de l’exclusion d’un enfant de l’équipe?

« Nous n’avons pas invité l’enfant à revenir jouer », se souvient M. Holt à propos d’une équipe qu’il a longtemps entraînée et dont le parent était autoritaire, excessivement impliqué et voulait participer à tout. « Les gens disent alors : “Vous avez exclu l’enfant à cause de sa mère ou de son père?” Oui, c’est ce que nous avons fait. »

C’est une décision qu’il ne prend pas à la légère et qui le met encore mal à l’aise, surtout si l’on tient compte de son engagement de longue date en faveur du développement positif des jeunes par le biais du sport. Mais pour M. Holt, c’est le contexte plus large de l’équipe qui importait. Le comportement autoritaire d’un parent nuisait à la cohésion du groupe. Après l’échec des efforts répétés pour y remédier, l’équipe d’entraîneurs a pris la décision difficile de donner la priorité au collectif plutôt qu’à l’individuel.

Cette tension entre le soutien du droit de chaque enfant à jouer et le maintien d’un environnement positif pour le groupe est une tension avec laquelle les organisations sportives à travers le Canada continuent de se débattre.

Pourquoi certains parents dépassent-ils les bornes?

« Ce n’est pas simple, a déclaré M. Holt. Mais la version courte est la suivante : les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants. »

Il évoque des tendances parentales plus larges, des termes comme « parent hélicoptère » et « parent chasse-neige » qui reviennent souvent dans la littérature académique, et qui aident à expliquer la motivation derrière ce qui peut ressembler à un excès d’implication.

« Les gens pensent qu’ils aident leur enfant en se battant pour lui, explique-t-il. Parfois, cela se traduit par “J’ai une plainte à formuler à l’encontre de l’entraîneur ou de l’organisation, et je vais résoudre le problème”. »

Mais cet instinct de défense, bien qu’il soit souvent ancré dans l’amour, peut empêcher les enfants de développer leur propre capacité à poser des questions, à lutter, à résoudre des conflits.

Parfois, il s’agit simplement d’une question d’adéquation. Les valeurs ou le style d’un club peuvent ne pas correspondre à ce que recherche une famille. M. Holt souligne l’importance d’une communication claire dès le départ sur la philosophie de l’entraîneur, les engagements sur le plan du temps, des attentes, du temps de jeu et de la vision du club.

« Plus l’approche est claire, mieux c’est, a-t-il déclaré. Cela permet aux gens de prendre des décisions en connaissance de cause. »

Créer de meilleures relations entre les parents et les clubs

Que peut-on donc faire pour améliorer les relations entre les parents et les organisations sportives? Commencez au niveau du club, conseille M. Holt.

« Plus on s’éloigne des parents, plus il est difficile d’avoir des relations », a-t-il déclaré.

Cela signifie que les entraîneurs, en particulier les entraîneurs bénévoles, sont souvent en première ligne. Mais ils ne doivent pas être laissés seuls face à des situations difficiles. M. Holt encourage les entraîneurs à demander de l’aide rapidement.

« Ne vous dites pas : “Je dois être capable de résoudre ce problème moi-même”. Vous n’êtes probablement pas compétent dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la résolution de conflits ou de la médiation. Allez parler à votre directeur technique. Il y a toujours quelqu’un au-dessus. »

Un autre élément clé? Vérifier la famille et l’athlète.

« J’avais l’habitude de plaisanter, et ce n’était pas vraiment une plaisanterie, en disant que lorsque j’acceptais l’enfant à entraîner, je validais la famille, a-t-il déclaré. Comme lorsqu’on recrute quelqu’un, on veut qu’il nous corresponde. Quelqu’un qui apporte une attitude positive. »

Il s’agit d’une approche pragmatique qui peut sembler inconfortable, mais qui pourrait épargner aux entraîneurs et aux clubs des problèmes plus graves à l’avenir.

Alors que les organismes de sport du Canada s’efforcent de créer des environnements plus sûrs, plus inclusifs et plus sains pour le développement des jeunes athlètes, écouter les parents sans les laisser mener la barque pourrait bien être l’un des plus grands exercices d’équilibre.

Pour en savoir plus sur les travaux et les recherches du Dr Nick Holt

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Paula Baker, M.Sc., est la rédactrice en chef du SIRC. Dans ce rôle, elle sappuie sur ses 20 ans dexpérience en tant que journaliste et ancienne physiologiste de lexercice pour apporter à nos lecteurs la recherche et les connaissances en matière de sport, ainsi que des histoires dintérêt humain.   

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