Résumé du projet
On dit souvent que le sport est une activité importante pour la croissance saine et productive des jeunes, ainsi que pour l’optimisation de la santé et du fonctionnement tout au long d’une vie. Cependant, des éléments de preuve indiquent que l’accès au sport et aux possibilités de participation au sport de haut niveau n’est pas uniforme. Par exemple, les recherches démontrent que les personnes provenant de milieux à faible statut socio-économique sont moins susceptibles de participer au sport et d’atteindre de hauts niveaux de compétition. De plus, les recherches suggèrent que les athlètes d’élite ont tendance à provenir de villes de taille moyenne (tel qu’indiqué par les effets du lieu de naissance et de la taille de la collectivité) et à être nés plus tôt au cours d’une année de sélection (tel qu’indiqué par les effets de l’âge relatif) que leurs homologues qui ne font pas partie de l’élite. Mis à part ces facteurs sociaux et démographiques d’ordre plus général, des biais très précis tels que la surreprésentation de gauchers dans plusieurs sports dynamiques d’interception mettent en évidence la profondeur et l’ampleur de ces biais touchant le développement des athlètes de haut niveau. Toutefois, l’étendue des biais de participation dans l’ensemble du système de sport de haut niveau canadien n’a pas été entièrement documentée.
Le présent projet comportait une évaluation systématique des biais dans le système de sport de haut niveau canadien afin de déterminer leurs effets sur les résultats des athlètes. Selon le travail antérieur effectué dans ce domaine, nous avons examiné des biais bien connus tels que le sexe, l’âge, l’âge relatif (p. ex. l’âge relatif d’une personne par rapport à celui de ses pairs à des fins de comparaisons sociales), la taille de la collectivité (p. ex. la population), le statut socio-économique, la prévalence manuelle, et nous avons réalisé des analyses exploratoires pour déterminer les biais qui sont actuellement inconnus.
Méthodes de recherche
Cette enquête a exploré diverses méthodes pour atteindre ses objectifs, notamment :
- Analyses épidémiologiques à grande échelle : Afin d’explorer les tendances nationales affectant les résultats telles que les effets de l’âge relatif, les effets de la taille de la communauté et les biais reposant sur des facteurs socio-économiques et démographiques, nous avons recueilli de vastes données provenant d’archives publiques et d’autres sources en ligne. Ces données ont par la suite été étudiées à l’aide d’un assortiment de techniques statistiques.
- Analyses géographiques : Nous avons effectué une simple analyse descriptive du lieu d’origine des athlètes de haut niveau canadiens, ce qui a impliqué de retracer le lieu de développement des athlètes depuis la jeune enfance pour élaborer une carte nationale des athlètes de haut niveau canadiens. Ces résultats ont ensuite été comparés entre sports.
- Expériences à petite échelle : En plus des méthodes définies ci-dessus, nous avons exploré les mécanismes qui pourraient expliquer plusieurs effets persistants, notamment a) si le fait de côtoyer un plus grand nombre de joueurs droitiers peut expliquer la dominance des athlètes gauchers dans des sports dynamiques et interactifs, et b) si les biais implicites des entraîneurs peuvent avoir un effet sur la façon dont les athlètes de différents âges relatifs peuvent être évalués, favorisant ainsi les effets de l’âge relatif.
Résultat de la recherche
Analyses géographiques et épidémiologiques : Le système de sport de haut niveau canadien démontre toujours des indices de biais considérables. Par exemple, les hommes sont surreprésentés comparativement aux femmes à tous les niveaux de compétition. Nos résultats révèlent également que des effets d’apparence simple décelés dans le cadre de recherches antérieures sont plus complexes qu’ils ne le paraissaient initialement. Par exemple, les effets dus à la taille de la collectivité, qui paraissaient simples à la surface (p. ex. le fait que les athlètes provenant de régions comportant une population de taille moyenne soient avantagés), ne se maintiennent pas lorsqu’ils sont étudiés à l’échelle provinciale ou régionale, ce qui suggère que les effets à l’échelle nationale sont des erreurs statistiques qui dissimulent des données importantes liées aux avantages et aux désavantages géographiques des athlètes canadiens en développement. Des résultats similaires ont été observés pour les effets de l’âge relatif, qui accentuent l’influence généralisée et insidieuse sur les résultats, dont la participation et les succès, ainsi que tout au long d’une carrière et après celle-ci. Cependant, d’autres résultats ont indiqué que les athlètes désavantagés au départ (p. ex. ceux qui sont relativement plus jeunes dans la plupart des sports) performent éventuellement mieux au niveau élite de compétition. Ces résultats ajoutent une nuance à la discussion visant à déterminer comment l’âge relatif influence le développement d’athlètes et la justification pour les changements nécessaires au système pour supprimer ces effets.
Analyses expérimentales : Notre examen initial des biais implicites dans les évaluations d’entraîneurs envers de jeunes athlètes de divers âges relatifs a été non concluant et nécessite un examen plus approfondi. Toutefois, notre travail expérimental portant sur les biais liés aux gauchers donne à penser que ces effets sont entièrement le résultat d’avantages propres à l’entraînement, et peuvent donc être résolus en adaptant les pratiques (p. ex. accroître l’entraînement perceptuel contre les gauchers).
Incidence par rapport aux politiques et aux programmes
Certains des effets déterminés et explorés dans cette étude semblent relativement faciles à résoudre avec des politiques de sport améliorées. Par exemple, les avantages qu’ont les gauchers peuvent être contournés par des modifications à l’entraînement qui seront communiquées dans le cadre de mises à niveau des programmes de formation des entraîneurs. Malheureusement, d’autres effets sont plus complexes et difficiles à résoudre. Une amélioration de l’éducation et de la sensibilisation à ce sujet serait utile, mais presque assurément insuffisante. Par exemple, nos analyses récentes des changements concernant les effets de l’âge relatif au cours d’une période de dix ans dans le soccer élite européen ont démontré que ces effets persistent malgré une connaissance accrue de l’effet. Cependant, nos résultats indiquent que plusieurs de ces biais sont présents dans l’ensemble du système, ce qui souligne les contraintes quant à la façon dont le sport de haut niveau est offert à la population canadienne. Tandis que ces résultats démontrent des biais explicites tels que les possibilités limitées pour les cohortes de faible statut socio-économique en raison de programmes qui exigent des frais d’accès, il est possible que ces biais soient le reflet de messages sociaux plus généraux qui influencent implicitement l’intérêt et la motivation pour le sport de haut niveau, et la participation à celui-ci.
Prochaines étapes
Plusieurs autres secteurs doivent être explorés davantage. Premièrement, les analyses qui ont été effectuées étaient limitées aux liens linéaires et directs, et il est possible que ces biais aient des effets multiplicatifs (p. ex. l’effet d’être une femme et de provenir d’un milieu de faible statut socio-économique pourrait être plus grand que les deux effets additionnés). Deuxièmement, il a été difficile d’obtenir des données objectives quant aux statuts socio-économiques pour beaucoup de nos analyses; par conséquent, ce biais, qui a souvent été cité comme un déterminant social critique de l’adoption de comportements sains tels de la participation au sport, n’est toujours pas suffisamment étudié dans la recherche liée au sport de haut niveau. Troisièmement, même s’il est important d’élaborer des solutions pour contrer ces effets, cela se fait rarement. Une telle tâche nécessiterait l’engagement de plusieurs chercheurs, de décideurs politiques et d’administrations, ainsi que de gens du milieu tels que des entraîneurs, des athlètes et des parents. Nous poursuivrons notre travail pour déterminer la meilleure approche pour quantifier l’influence de ces biais sur le développement d’athlètes de haut niveau canadiens.
Application des connaissances
Ces résultats seraient utiles pour des organisations telles que À nous le podium et les centres et les instituts canadiens de sport qui sont impliqués dans l’offre de sport de haut niveau à la population canadienne et dans la sélection et le développement d’athlètes de haut niveau canadiens.
De plus, les organisations telles que Sport Canada, L’exercice : un médicament Canada et l’Agence de la santé publique du Canada pourraient trouver les résultats intéressants, puisqu’ils sont liés à des enjeux sociaux plus généraux tels que la participation aux activités physiques et l’exercice.