
Résumé du projet
Cette recherche a pour objectif de définir la nature de diverses influences sociales qui favorisent un engagement accru dans la pratique continue du sport chez les sportifs d’âge moyen et plus âgés. La recherche a été réalisée auprès de participants à des événements sportifs réservés aux athlètes vétérans (plus de 35 ans) de niveau régional, national et international et auprès d’athlètes participant aux Jeux des vétérans (55 ans et plus). En premier lieu, les résultats révèlent une corrélation entre l’influence des proches et des niveaux supérieurs d’engagement volontaire (fonctionnel) dans le sport chez les athlètes vétérans (AV), une constatation importante puisque l’engagement volontaire se traduit habituellement par la pratique continue du sport. Certaines données indiquent que l’influence des proches sur l’engagement fonctionnel dépendait de l’âge. À titre d’exemple, les AV plus jeunes (40 ans) font état d’une volonté fonctionnelle accrue envers la pratique continue du sport lorsque les attentes perçues et les pressions exercées par les autres sont moins importantes, tandis que les AV plus âgés (début de la soixantaine) font état d’une volonté accrue de pratiquer un sport de façon continue lorsque les attentes de leurs proches sont plus élevées. En deuxième lieu, les résultats démontrent que tant l’influence sociale positive (soutien) que l’influence sociale négative (attentes/pressions) doivent être prises en considération lorsqu’il s’agit d’encourager les participants à continuer de pratiquer leur sport, sans qu’ils se sentent obligés de le faire. En guise d’exemple, les AV de niveau international ayant fait part d’une perception de soutien social accru sur une période d’un an ont indiqué que leur sentiment d’obligation à la pratique du sport avait diminué de manière correspondante, un fait important puisqu’un fort sentiment d’obligation ne favorise habituellement pas la pratique continue du sport. En troisième lieu, pour les sous-ensembles d’athlètes vétérans qui ont indiqué bénéficier du soutien d’un vaste réseau social, les quatre agents les plus importants qui déterminent l’engagement dans le sport sont les suivants: leur conjoint ou conjointe, leurs enfants, leurs partenaires d’entraînement et leur professionnel de la santé. Les niveaux d’engagement obligatoire des AV sont déterminés par les pressions qu’ils perçoivent de la part de leur conjoint ou conjointe et de la part de leurs partenaires d’entraînement, comme, par exemple, la désapprobation que ces agents ressentiraient s’ils abandonnaient leur sport. À l’inverse, l’approbation de leur participation dans un sport par leur médecin est associée à un faible sentiment d’obligation. La pression exercée par les enfants pour la pratique continue du sport s’est révélée être une perception importante qui explique à la fois l’engagement obligatoire et fonctionnel. En quatrième lieu, les données descriptives indiquent que ce ne sont pas tous les AV qui bénéficient d’un vaste réseau social (en effet, plus de 20 p. cent des participants n’ont ni conjoint(e), ni enfant). Devant ce constat, on pourrait déduire qu’un ensemble différent d’agents sociaux influencent ces athlètes. En cinquième lieu, nous avons constaté des différences mineures entre les deux sexes, à savoir que les hommes font état d’un sentiment d’obligation plus fort à poursuivre leur engagement dans le sport, que les niveaux d’engagement obligatoire des hommes sont plus vulnérablesau soutien social, et que les niveaux d’engagement obligatoire des hommes sont davantage rattachés aux pressions sociales.
Cette recherche visait un objectif secondaire, soit examiner l’influence de facteurs individuels sur l’engagement dans le sport, afin de mieux comprendre ce qui favorise un engagement à long terme, outre les influences sociales. Tant dans l’échantillon longitudinal que transversal, il est ressorti que le plaisir ressenti par les participants dans la pratique de leur sport est le facteur qui influence le plus l’engagement fonctionnel. Par ailleurs, les résultats longitudinaux pour les AV de niveau international démontrent que plus un athlète vétéran a l’impression d’avoir investi des ressources personnelles dans son sport, plus il a tendance à ressentir un engagement fonctionnel, surtout parmi les cohortes plus âgées (plus de 60 ans). Plus les athlètes anticipent des expériences agréables et des occasions spéciales engendrées par leur participation future à un sport (c.-à-d. occasions de participation), plus leur niveau d’engagement volontaire est élevé, particulièrement chez les AV plus jeunes (40 ans). Les résultats révèlent que les occasions de participation inhérentes à l’accomplissement de soi, à l’amélioration de la santé et de la forme physique, aux voyages attribuables au sport, à l’atteinte d’objectifs dans un contexte de compétition, au retardement des effets du vieillissement et aux occasions de socialiser revêtent une grande importance. On retrouve la plupart de ces conclusions dans les analyses transversales portant sur les AV de niveau régional et les athlètes participant aux Jeux des vétérans. Au chapitre des différences entre les deux sexes, il ressort que l’engagement fonctionnel des femmes est plus influencé par l’investissement personnel.
Méthodes de recherche
Nous avons employé des méthodes d’autoévaluation transversales et longitudinales (sous forme de groupes) faisant appel à des instruments fiables et valides liés au modèle d’engagement dans le sport. Les participants devaient s’autoévaluer sur place, lors d’événements sportifs, à leurs clubs ou lors des Jeux des vétérans, ou par l’entremise d’une plateforme en ligne.
Résultats de recherche
Les AV et les participants aux Jeux des vétérans font état de niveaux d’engagement fonctionnel (volontaire) beaucoup plus élevés par opposition à l’engagement obligatoire. On peut donc en déduire que ces athlètes pratiquent leur sport parce qu’ils le veulent et parce qu’ils l’ont choisi. Il n’en demeure pas moins que de nombreux participants indiquent ressentir simultanément un niveau d’engagement obligatoire, qui est certes moins élevé, mais qui est tout de même problématique puisque l’obligation de pratiquer un sport fait habituellement obstacle à la pratique continue de celui-ci et peut constituer un facteur d’abandon.
Le soutien social perçu a un effet positif sur les types d’engagement qui favorisent la pratique continue du sport, tandis que les pressions sociales perçues ont un effet direct sur les types d’engagement qui peuvent mener à l’abandon ou à l’arrêt du sport.
Des facteurs individuels liés aux expériences agréables, à l’investissement antérieur dans le sport, et aux perceptions de diverses occasions de participation bénéfiques propres au sport pour les vétérans ont tous une influence sur les types d’engagement qui favorisent la pratique continue du sport. Les perceptions d’expériences agréables revêtent une importance particulière à toutes les étapes de la vie, les perceptions d’investissement personnel antérieur prennent de l’importance avec l’âge (plus de 60 ans) et davantage chez les femmes que chez les hommes, et les perceptions d’occasions de participation ont des répercussions beaucoup plus déterminantes sur l’engagement chez les participants de moins de 60 ans.
Les interventions de soutien social devraient être articulées autour des agents sociaux qui semblent avoir une plus grande influence sur la force de l’engagement. Sur la foi des présentes constatations, les AV (qui font état d’un vaste réseau social) tireraient profit d’interventions qui ciblent le conjoint ou la conjointe, les enfants, les partenaires d’entraînement et les professionnels de la santé.
Limites des résultats et des conclusions :
Des analyses supplémentaires doivent établir des liens entre les types d’engagement et la fréquence, l’intensité et la nature saisonnière de la pratique du sport chez les AV, et évaluer les répercussions sur plusieurs saisons consécutives.
Les résultats portent sur des athlètes déjà actifs. Cela étant, les conclusions devraient davantage servir à mettre sur pied des interventions visant à inciter ces athlètes à poursuivre la pratique de leur sport. Avant d’appliquer ces conclusions au recrutement de nouveaux participants vétérans, il serait important de confirmer leur pertinence auprès de différents groupes.
Répercussions sur les politiques
Pertinence de la recherche dans l’amélioration de la participation sportive au Canada :
- Les stratégies visant à rehausser la participation sportive devraient avant tout avoir pour but d’accroître l’engagement fonctionnel, tout en diminuant les conditions qui engendrent un sentiment d’obligation. Les guides d’information et programmes sportifs pour les AV, leurs proches, leurs entraîneurs et leurs concepteurs de programmes d’entraînement pourraient proposer des trucs sur la manière d’instaurer des conditions favorisant l’engagement fonctionnel.
- Les interventions ciblant les programmes sportifs pourraient proposer des moyens de réduire les pressions exercées par le conjoint ou la conjointe, les enfants et les partenaires d’entraînement, d’inciter ces derniers à offrir un soutien et de partager les ressources de soutien, et proposer des manières de rehausser le soutien offert par les professionnels de la santé.
- Les stratégies d’information visant à promouvoir la pratique du sport tout au long de la vie devraient certes communiquer le plaisir éprouvé par les athlètes vétérans dans lapratique de leur sport, mais également mettre en évidence les diverses occasions de participation relevées par ces derniers. Au nombre des occasions qui devraient être mises en valeur en ce qui a trait à la pratique d’un sport chez les vétérans, mentionnons le sentiment d’accomplissement dans un contexte de compétition, les défis personnels, l’apprentissage et la maîtrise d’un sport, la santé et la forme physique, les facteurs de motivation sociaux, les voyages associés à la pratique du sport, et le retardement des effets du vieillissement. Ces occasions de participation devraient être à la base des programmes d’activités sportives. Sans vouloir nier leur importance, nos conclusions donnent à penser que les recherches antérieures pourraient avoir surestimé le sentiment d’appartenance à un groupe et passé sous silence les occasions attirantes que les AV voient dans la compétition et la mise à l’épreuve de leurs capacités. Il serait peut-être bon de mettre à l’avant-plan les occasions de participation mentionnées précédemment et de les présenter comme étant plus diversifiées que les occasions générées par d’autres loisirs pratiqués par les personnes d’âge moyen et plus âgées. Du reste, il pourrait être important de présenter ces occasions de participation comme étant une chose commune à tous les participants vétérans afin d’éviter que plusieurs personnes dans la société n’aient l’impression que la pratique d’un sport en tant que vétéran n’est bénéfique qu’aux personnes dotées d’un talent exceptionnel (comme, par exemple, les athlètes de la catégorie d’âge super) qui font les manchettes. Les interventions qui mettent en valeur les avantages uniques que l’on retire de la participation à un sport devraient être importantes à toutes les étapes de la vie, quoique notre recherche tende à indiquer qu’elles ont un effet plus frappant chez les participants de moins de 60 ans. En dernier lieu, il pourrait être efficace, dans le cadre des stratégies visant à inciter les participants actifs à poursuivre la pratique de leur sport (particulièrement les femmes et les personnes âgées de plus de 60 ans), d’inciter les participants à réfléchir sur le temps, l’énergie et les efforts qu’ils ont déjà investis dans leur sport.
Prochaines étapes
Il pourrait être intéressant de se pencher, dans le cadre d’une recherche, sur la détermination des facteurs individuels et sociaux qui attirent de nouvelles personnes âgées de plus de 35 ans vers la pratique d’un sport. Ces nouveaux sportifs sont peut-être d’anciens sportifs, qui ont pratiqué un sport dans leur jeunesse pour ensuite l’abandonner, des sportifs qui chaBradley Youngngent d’un sport à l’autre, ou de nouveaux venus, qui pratiquent un sport pour la toute première fois depuis l’âge adulte. Les facteurs à l’origine de la décision de pratiquer une activité sportive diffèrent peut-être parmi ces groupes.
Principaux intervenants et avantages
Les conclusions de la présente recherche pourraient être utiles aux concepteurs de programmes sportifs ainsi qu’aux organisations sportives qui cherchent à adapter de manière stratégique leurs activités et leurs ressources aux facteurs de motivation personnels et sociaux des AV, dans le but de former une masse critique d’athlètes qui pratiquent un sport la vie durant, dans un système qui entretient suffisamment la participation des athlètes de manière pour qu’ils puissent tirer profit de la pratique de leur sport à long terme.