Imaginez que vous êtes sur le terrain, que l’adrénaline monte et que vous êtes prêt à donner le meilleur de vous-même. Soudain, une collision se produit et tout change en un instant. Telle est la réalité d’une commotion cérébrale liée au sport, que de nombreux athlètes ne connaissent que trop bien. Une commotion cérébrale liée au sport est une lésion cérébrale qui survient lorsqu’un coup porté à la tête ou au corps lors d’un événement sportif provoque un déplacement rapide du cerveau à l’intérieur du crâne, entraînant une perturbation temporaire des fonctions cérébrales normales (Patricios et coll., 2023). Les symptômes peuvent inclure des maux de tête, des vertiges, des pertes de mémoire, des troubles de la vision, des bourdonnements d’oreilles, des nausées, une sensibilité à la lumière, de la somnolence et des difficultés de concentration (Patricios et coll., 2023). Ces symptômes sont dus à des perturbations fonctionnelles du cerveau (Patricios et coll., 2023; McCrory et coll., 2017).
Ces dernières années, la gestion des commotions cérébrales a évolué, s’éloignant de la méthode traditionnelle du repos complet et mettant plutôt l’accent sur la réadaptation active. Cette nouvelle approche met en évidence les avantages d’une activité physique précoce dans le processus de récupération, qui non seulement accélère le rétablissement, mais aide également les athlètes à retrouver leur santé physique et mentale plus efficacement (McCrory et coll., 2013; McCrory et coll., 2017).
L’incidence de l’exercice sur la santé du cerveau
L’exercice physique est bénéfique pour le corps et l’esprit. Physiologiquement, il améliore les fonctions cérébrales en améliorant le flux sanguin, en favorisant la plasticité neuronale et en réduisant le risque de déclin cognitif (Nishijima et coll., 2016). Les athlètes, en raison de leurs niveaux élevés d’activité physique, peuvent avoir des profils cérébraux différents qui protègent potentiellement contre les effets néfastes des commotions cérébrales (Tremblay et coll., 2017; Gay et Slobounov, 2018; Prince et coll., 2020; Taylor et coll., 2015). Sur le plan psychologique, l’exercice est lié à l’amélioration de la santé mentale, réduisant les symptômes d’anxiété et de dépression dans diverses populations, y compris les personnes en bonne santé, en surpoids et obèses (Elkington et coll., 2017; Nezlek et coll., 2018). Plus précisément, il a été démontré que l’activité aérobie diminue la détresse psychologique et contribue au sentiment de bien-être chez les adultes et les adolescents (Elkington et coll., 2017; McMahon et coll., 2017).
En aidant les athlètes à reprendre l’exercice peu après une blessure, on peut les aider à conserver les avantages d’être actifs et de pratiquer un sport, ce qui, en retour, peut favoriser leur rétablissement. Des études, comme celle de Janelle Prince (2020), indiquent que les athlètes qui ont l’habitude de faire de l’exercice régulièrement peuvent avoir plus de mal à supporter l’inactivité qui suit souvent une commotion cérébrale que ceux qui sont moins actifs.
Exercice pendant les premiers stades de la convalescence
Dans le passé, les premiers stades de la récupération d’une commotion cérébrale étaient gérés par un repos strict. Cependant, de nouvelles recherches suggèrent qu’un repos complet après les 24 à 48 premières heures peut en fait ralentir la récupération (Gupta, Summerville et Senter, 2019; Leddy et coll., 2019). Au lieu de cela, la pratique d’exercices aérobiques légers qui n’aggravent pas les symptômes peut être sûre et efficace, en particulier lorsqu’elle est adaptée à l’athlète (Henke et coll., 2020; Lempke et coll., 2019).
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L’idée, selon les nouvelles lignes directrices, est de maintenir le niveau d’intensité suffisamment bas pour éviter une augmentation significative des symptômes. S’ils augmentent, ce ne doit pas être de plus de 2 points dans la gravité des symptômes (sur une échelle de 1 à 10) et ne doit pas durer plus d’une heure (Prince, 2023).
Principales conclusions d’études récentes :
- Exercice de faible intensité : Les athlètes qui ont fait des exercices aérobiques de faible intensité, comme la marche ou le vélo stationnaire, dans les 10 premiers jours suivant la commotion cérébrale ont récupéré plus rapidement que ceux qui se sont contentés de s’étirer ou de se reposer (Henke et coll., 2020).
- Plans personnalisés : Les adolescents bénéficiant de plans d’exercices aérobiques personnalisés se sont rétablis plus rapidement, même si leurs symptômes étaient graves au départ (Chizuk et coll., 2022).
- Réduction de la durée des symptômes : L’exercice aérobique précoce a été associé à une réduction de la durée des symptômes et à un retour plus rapide à un fonctionnement normal, même chez les personnes présentant un risque élevé de symptômes post-commotionnels persistants (Howell et coll., 2022).
Symptômes post-commotionnels persistants (SPCP) et exercice physique
Pour certains athlètes, les symptômes de la commotion cérébrale peuvent durer des semaines ou des mois. Lorsque les symptômes durent plus de quatre semaines, on parle de symptômes post-commotionnels persistants (Patricios et coll., 2023). Une activité aérobie régulière et structurée peut réduire le risque de SPCP, aidant les athlètes à reprendre le sport plus tôt (Howell et coll., 2019; Leddy et coll., 2019).
Principales conclusions de la recherche :
- Réduction du risque de SPCP : Les adolescents présentant un risque modéré à élevé de SPCP qui ont participé à un programme d’exercices aérobiques précoce et personnalisé étaient moins susceptibles de développer des SPCP que ceux qui ont reçu des soins standard sans recommandations spécifiques en matière d’exercices (Howell et coll., 2022).
- Amélioration à long terme : Les adolescents qui ont participé à des programmes d’exercices sous le seuil des symptômes ont continué à montrer une amélioration des symptômes jusqu’à 6 mois après l’intervention (Chrisman et coll., 2019).
- Sûr et efficace : L’exercice aérobique léger à modéré est sans danger pour le traitement des commotions cérébrales liées au sport et de SPCP. Après une commotion liée au sport, l’activité physique spontanée et l’exercice aérobique sous le seuil des symptômes sont sans danger, ce dernier accélérant la récupération et réduisant les symptômes chez les personnes souffrant de SPCP (Haider et coll., 2021).
- Programmes de réadaptation active : Des programmes comprenant des exercices aérobiques de faible intensité, des exercices spécifiques au sport, des exercices de relaxation, ainsi qu’une éducation et un soutien complets, ont montré des améliorations significatives des symptômes liés à l’humeur, tels que la colère et l’anxiété, chez les jeunes atteints de SPCP (Hunt et coll., 2020).
Effets psychologiques des commotions cérébrales
Les commotions cérébrales peuvent avoir des répercussions sur la santé mentale et le bien-être d’un athlète, entraînant des problèmes tels que l’anxiété et la dépression. Le fait de ramener les athlètes à l’activité et au sport, lorsqu’ils y sont autorisés, peut contribuer à réduire les conséquences psychosociales de ces blessures en rétablissant leur routine et leur participation aux sports. Alors que de nombreux athlètes connaissent de faibles niveaux de dépression et d’anxiété qui disparaissent une fois qu’ils reprennent le jeu, ceux qui souffrent d’anxiété préexistante ou concomitante peuvent être confrontés à un risque plus élevé de rétablissement prolongé (Hutchinson et coll., 2017; Kontos et coll., 2016; Turner et coll., 2017; Broshek et coll., 2015; Wiese-Bjornstal et coll., 2015).
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Il est essentiel de comprendre ces aspects psychologiques pour élaborer des stratégies de soins globales qui répondent aux besoins de santé physique et mentale des athlètes qui se remettent d’une commotion cérébrale. Les entraîneurs et les parents doivent être conscients des conséquences potentielles sur la santé mentale, telles que l’anxiété et la dépression, et être attentifs aux signes de maladie mentale chez leurs enfants ou les joueurs qui se rétablissent. Les jeunes et les adolescents cachent souvent les signes de maladie mentale ou craignent de demander de l’aide en raison de la stigmatisation (Ferrie, 2020). Par conséquent, les parents et les entraîneurs doivent être vigilants et observer tout signe de maladie mentale. S’ils remarquent des changements de comportement ou des signes de repli sur soi, ils doivent rapidement demander l’aide d’un médecin ou d’un professionnel de la santé mentale.
Fait ou mythe : Les enfants et les adolescents qui subissent une commotion cérébrale risquent davantage d’éprouver des problèmes de santé mentale que les enfants et les adolescents qui subissent d’autres types de blessures. Par le Dr Roger Zemek, médecin, urgentiste pédiatrique au Children’s Hospital of Eastern Ontario (CHEO).
Un soutien adapté peut favoriser de meilleurs résultats en matière de rétablissement et aider les athlètes à gérer le double défi de la blessure physique et de la détresse psychologique, ce qui, en fin de compte, facilitera leur retour à l’activité et au sport.
Aller de l’avant avec le rétablissement actif
À la lumière de l’évolution des connaissances sur les commotions cérébrales liées au sport, il existe des preuves solides que la réadaptation active et l’exercice individualisé peuvent améliorer les résultats de la récupération. L’exercice précoce peut favoriser la récupération physique et mentale après une blessure.
PLUS D’INFORMATION : Protocole de retour à l’activité physique/sportive du guide de vie
À mesure que nous en apprenons davantage sur les complexités de la récupération après une commotion cérébrale, il est essentiel de continuer à examiner de nouvelles approches et d’affiner notre compréhension des meilleures pratiques pour aider les athlètes à reprendre leur sport en toute sécurité et de manière efficace. Les personnes qui se remettent d’une commotion cérébrale doivent se conformer strictement aux recommandations de leur médecin.