Emma Lunder, l’une des biathlètes les plus accomplies du Canada, range sa carabine et sa combinaison de course pour un tablier Starbucks et un sac à dos afin d’entamer un nouveau chapitre de sa vie.
Un parcours sportif qui a commencé il y a 17 ans en tant que jeune cadette de la Marine dans sa ville natale de Vernon, en Colombie-Britannique, et qui l’a menée à la ligne de départ de la Coupe du monde en 2014, à deux Jeux olympiques (2018 et 2022) et à sept participations aux Championnats du monde, a pris fin pour l’athlète de 33 ans.
« Je fais cela depuis longtemps et il est certain que c’est devenu plus difficile d’être loin de la maison pendant de si longues périodes de l’année, avec les camps d’entraînement et les compétitions tout au long de l’hiver. Ça peut devenir exigeant. J’ai eu une longue carrière dont je suis très fière, mais il est temps de passer au chapitre suivant et de voir ce que la vie me réserve », a déclaré Lunder.
L’as du biathlon s’est hissée 11 fois parmi les 10 meilleures d’épreuves de Coupe du monde au cours de ses neuf années de carrière au sein de l’équipe nationale de biathlon. Il ne lui manquait que 1,2 seconde pour accéder au podium au cours de la saison 2022-2023, alors qu’elle avait terminé quatrième d’une épreuve de sprint sur 7,5 kilomètres.
« Je voyais qu’un podium était possible pour moi. C’est sûr que ça fait un peu mal de ne pas y arriver, mais en y repensant, quatrième au monde, c’est un exploit incroyable que je peux dire que j’ai accompli », a déclaré Lunder, dont le meilleur résultat aux Championnats du monde a été une septième place dans la course de masse pour couronner son parcours remarquable en 2022-2023 où elle a obtenu cinq places parmi les 10 meilleures.
« En repensant à ma carrière, je suis naturellement plus fière de mes meilleurs résultats – toutes ces places parmi les 10 meilleures étaient des accomplissements assez incroyables, mais mon premier succès international que je n’oublierai jamais a été la Coupe de l’IBU à Canmore en 2015 », a-t-elle ajouté.
C’était vraiment le cas.
Le tir et le ski de la Canadienne étaient aussi équilibrés que la crème parfaite et la douceur d’un café Moka Starbucks alors qu’elle mettait la foule canadienne de sa ville natale à ses pieds au Centre nordique de Canmore, en remportant la médaille d’argent à la Coupe de l’IBU.
« Ce podium devant toute ma famille et mes amis était vraiment, vraiment spécial et m’a montré que je pouvais réussir en tant qu’athlète, parce qu’à ce moment-là, j’étais en milieu de peloton. C’était super motivant et ça m’a donné envie de voir ce que je pouvais faire d’autre ».
Cette performance a déclenché une course remarquable, qu’elle a partagée avec son partenaire Christian Gow, qui s’est retiré de l’équipe nationale de biathlon il y a un an. Le couple de biathloniens a partagé le meilleur résultat en relais mixte simple au cours de la saison 2019-2020, où ils ont terminé au pied du podium, en quatrième position.
« Je pense que chaque fois que j’ai pu courir un relais mixte avec Christian (c’est uniquement un homme et une femme) c’était très spécial pour moi de pouvoir le faire avec mon partenaire et nous avons frôlé le podium à plusieurs reprises. Ces courses étaient si spéciales parce que je ne courais pas seulement pour moi. Nous le faisions vraiment, lui et moi, en tant qu’équipe, a ajouté Mme Lunder. Au cours des deux dernières années, j’ai senti que j’étais capable de décrocher des résultats comme ceux que j’ai obtenus en 2023, ma meilleure saison. J’étais tellement motivé et emballée à l’idée de voir ce que je pourrais faire par la suite, mais je n’ai pas réussi à retrouver le déclic et j’ai senti qu’il était temps de passer à autre chose ».
Quand elle n’accumule pas les kilomètres sur les pistes et qu’elle ne peaufine pas son tir sur le parcours de biathlon du Centre nordique de Canmore, Lunder se rend au Starbucks local où elle sert des lattes aux gens du coin depuis 2010.
« Je travaille chez Starbucks depuis que j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires et je vais certainement continuer à y travailler pendant l’été parce qu’ils m’ont beaucoup soutenue dans le cadre du programme d’athlètes d’élite de Starbucks », a déclaré Lunder, qui a aussi suivi des cours en ligne à l’Université de Calgary et s’inscrira à des études postsecondaires à temps plein à l’automne.
Elle continuera aussi à trouver des ouvertures dans son emploi du temps pour redonner au sport et à la prochaine génération.
« Au cours des cinq dernières années, en tant que doyenne de l’équipe nationale, j’ai essayé d’être très ouverte avec les jeunes athlètes et d’assumer un rôle de mentore, car je sais à quel point cela a été important pour moi d’avoir Rosanna Crawford quand j’ai rejoint le programme, a ajouté Lunder. Je pense qu’à l’avenir, je ferai aussi un peu d’entraînement et je continuerai à encadrer des athlètes quand je le pourrai, car j’aime vraiment ça ».
« J’ai vécu une expérience incroyable. Je suis tellement reconnaissante du soutien que j’ai reçu, des gens que j’ai rencontrés et des endroits que j’ai pu voir. C’est vraiment un rêve devenu réalité. Je suivrai les courses depuis la maison, j’encouragerai l’équipe et tous ceux qui pratiquent ce merveilleux sport, tout en trouvant des moyens de rester en contact ».
Que ce soit sur les pistes ou au café du coin.