Saviez-vous que 1 Canadien sur 450 a subi une commotion cérébrale liée au sport (CCS) ou un autre type de lésion cérébrale au cours de la dernière année (Gordon et Kuhle, 2022)?
Une CCS est une lésion cérébrale traumatique causée par un coup direct ou indirect à la tête (McCrory et coll., 2017). Par exemple, être frappé au cou par un ballon de soccer ou recevoir un coup de coude à la tête de la part d’un adversaire sont des incidents qui peuvent mener à une CCS. Les athlètes peuvent faire face à des conséquences psychosociales, c’est-à-dire avoir des répercussions sur leur situation sociale et leur santé mentale (par exemple, l’anxiété), ainsi qu’à des symptômes physiques courants (par exemple, des maux de tête; Caron, 2019; McCrory et coll., 2017).
Il est recommandé aux athlètes qui ont subi une CCS de suivre la stratégie de retour progressif au sport avant de reprendre le sport. Dans ce blogue, nous examinons l’importance d’évaluer les facteurs psychosociaux lors du retour au sport des athlètes, un élément de la récupération qui n’est pas suffisamment mis de l’avant dans la stratégie du retour progressif au sport.
Lacunes de la stratégie du retour progressif au sport
Chaque étape de la stratégie du retour progressif au sport se concentre sur la récupération physique en vue du retour au sport. Les étapes impliquent que les athlètes réintègrent progressivement les activités professionnelles ou scolaires, puis le mouvement et l’exercice, avant de faire un retour complet au sport.
Le processus n’aborde pas entièrement les facteurs psychologiques de la récupération autres que ceux mentionnés aux étapes 4 et 5 (amélioration de la réflexion, restauration de la confiance) et ne définit pas comment les athlètes peuvent atteindre ces étapes (van Ierssel et coll., 2022). La stratégie de retour progressif au sport ignore également d’autres facteurs psychosociaux importants impliqués dans la récupération des athlètes après une CCS (Bloom et coll., 2022). Ces facteurs sont importants à prendre en compte car ils peuvent avoir un effet négatif sur la performance et le bien-être.
Les commotions cérébrales sont bien plus que des maux de tête
Lassman et coll. (sous presse) ont examiné les facteurs psychosociaux impliqués dans le retour au sport après une CCS en interrogeant 12 étudiants-athlètes qui pratiquaient le football américain, la natation artistique, le basketball, le cyclisme, le hockey sur glace, la ringuette, la voile, le patinage synchronisé et la natation. Tous les athlètes avaient souffert de symptômes de CCS pendant au moins six semaines, et certains pendant deux ans.
Les chercheurs ont identifié 6 facteurs psychosociaux impliqués dans la reprise du sport après une CCS. Il s’agit des éléments suivants :
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La peur
Tous les athlètes ont déclaré que la peur était un facteur impliqué dans la reprise du sport. Même s’ils ont reçu l’autorisation médicale de reprendre le sport, certains ont mentionné qu’ils appréhendaient de se blesser à nouveau. Les étudiants-athlètes craignaient également de régresser et de ressentir à nouveau les symptômes d’une CCS pendant leur rétablissement ou de souffrir d’effets potentiels à long terme.
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Confiance
Les athlètes qui étaient confiants quant à leur retour au sport ont déclaré qu’ils étaient capables d’équilibrer leurs différents rôles (par exemple, leurs rôles social, scolaire et sportif). Ces athlètes ne ressentaient aucun symptôme de leur CCS, pensaient qu’ils ne se blesseraient pas à nouveau et se sentaient capables de faire face aux pressions du sport. Ainsi, pour les athlètes, avoir confiance en eux pour reprendre le sport signifiait qu’ils avaient l’impression d’être la même personne et le même athlète qu’avant leur blessure. Par exemple, un athlète de football l’a décrit comme suit : « Vous êtes aussi bon que vous l’étiez, ou vous êtes aussi en santé que vous l’étiez, aussi capable que vous l’étiez. »
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Identité
Certains athlètes atteints d’une CCS avaient l’impression que leur identité avait été perturbée par la blessure et qu’ils ne savaient plus qui ils étaient. Il était important de restaurer l’identité pendant le processus de récupération en reconstruisant la santé mentale, l’image corporelle et les interactions avec les coéquipiers et les entraîneurs. Les athlètes qui ont été en mesure de restaurer leur identité ont ressenti de la joie et de l’excitation lors de leur retour au sport.
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Soutien
Les coéquipiers et les entraîneurs ont fait preuve de soutien en se montrant sincèrement préoccupés par la santé et le bien-être de l’athlète blessé. Il était important pour les athlètes que les membres de l’équipe leur fournissent des commentaires sur leur retour au sport. Le soutien provenant de la famille, des amis, des professionnels de la santé et du personnel universitaire était également important. De nombreux membres de la vie sociale des athlètes peuvent contribuer à faire une différence positive dans leur rétablissement.
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Pressions
Les athlètes ont décrit avoir subi deux types de pressions lors de leur rétablissement après une CCS. La première, la pression interne, fait référence à la pression que les athlètes s’imposent à eux-mêmes. Par exemple, l’une des athlètes a déclaré : « En tant que capitaine, je veux être là pour encourager les filles et les guider, d’autant plus que nous [l’équipe] n’avons pas été très performantes ces derniers temps. »
Le deuxième type de pression, la pression externe, fait référence à la pression provenant d’autres personnes telles que les coéquipiers, les entraîneurs et les parents. Par exemple, un athlète a décrit une situation où son entraîneur lui a demandé : « Est-ce que tu fais semblant d’avoir une commotion cérébrale? Ou n’es-tu pas assez fort? » Cependant, dans cette étude, les athlètes pensent que la pression externe venant de leurs entraîneurs, coéquipiers ou parents n’était souvent pas manifeste ou destinée à faire ressentir à l’athlète une pression pour revenir.
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Le cas par cas
Chaque expérience de CCS est unique pour chaque athlète. Deux athlètes atteints de CCS peuvent avoir des symptômes et une durée de récupération complètement différents. Par exemple, un nageur a dit :
« J’ai eu des commotions cérébrales où je me suis dit “je vais bien, je me sens normal, ça ne m’affecte pas tant que ça”. Et d’autres commotions que j’ai eues étaient beaucoup plus graves. Donc, le sentiment de préparation ne change pas seulement d’une personne à l’autre, mais aussi d’une commotion à l’autre. »
Points à retenir
Les résultats de l’étude de Lassman et coll. (sous presse) montrent qu’il est important de prendre en compte non seulement les conséquences physiques, mais aussi psychosociales pendant la récupération après une CCS. Les athlètes et leur équipe de soutien peuvent tirer deux enseignements pratiques de cette étude :
1) Comme chaque commotion cérébrale est différente, l’adaptation est essentielle. Il est important de créer un environnement psychologiquement sûr qui favorise une communication honnête et directe entre les personnes impliquées dans la récupération de l’athlète (par exemple, l’athlète, l’équipe médicale, les membres de l’équipe, les entraîneurs et les parents). Cela permettra au réseau de soutien de l’athlète de comprendre comment répondre au mieux à ses besoins.
2) Les athlètes sont les mieux placés pour savoir quand ils se sentent psychologiquement prêts à reprendre le sport. Toutefois, des études ont montré que certains athlètes ont tendance à précipiter leur retour au sport, même s’ils présentent encore des symptômes de commotion (Renton et coll., 2021). Par conséquent, il reste nécessaire de mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation aux commotions cérébrales afin de prévenir un retour prématuré au sport.