Pourquoi les enfants abandonnent-ils le sport — et comment les encourager à continuer ? 

Avez-vous déjà vu un enfant de neuf ans courir, tout sourire, après un ballon de soccer… pour ensuite délaisser complètement le sport à l’adolescence ? Si oui, vous n’êtes pas seul. Ce scénario, malheureusement fréquent, reflète une tendance bien réelle au Canada. Et c’est précisément ce que le chercheur et épidémiologiste Mathieu Bélanger s’efforce de comprendre depuis plus d’une décennie. 

Professeur au Département de médecine familiale et d’urgence de l’Université de Sherbrooke, et chercheur au Réseau de santé Vitalité, M. Bélanger dirige l’une des études les plus longues jamais réalisées sur la participation sportive au pays : l’étude MATCH. Depuis 2011, près de 1 000 jeunes, suivis de la fin du primaire jusqu’à l’âge adulte, permettent de mieux cerner les mécanismes qui sous-tendent l’abandon — ou le maintien — d’une pratique sportive. 

« On sait que le sport procure des bienfaits exceptionnels à tout âge », souligne le chercheur. « Mais la participation atteint souvent un sommet autour de 12 ou 13 ans, avant de chuter progressivement. » 

Sport et adolescence : une relation complexe motivée par le plaisir 

Grâce à un financement du CRSH et de Sport Canada, l’étude longitudinale MATCH a permis de suivre ces changements et, surtout, leurs causes. L’étude révèle des résultats nuancés : la relation des jeunes au sport est tout sauf linéaire. Elle est influencée par de multiples facteurs — et pas toujours ceux que l’on croit. 

Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les obstacles externes comme les coûts, le transport ou la météo qui déterminent le plus l’abandon. Bien qu’importants, ceux-ci ne constituent pas les barrières les plus critiques à long terme. « Ce que nous avons observé, c’est que les barrières internes — comme le sentiment de compétence ou le degré d’autonomie — jouent un rôle bien plus déterminant », explique Bélanger. 

En d’autres mots, si un adolescent croit qu’il est bon dans ce qu’il fait, qu’il y prend plaisir, et qu’il a choisi cette activité de son plein gré, il est beaucoup plus susceptible de continuer à la pratiquer. 

Et un mot revient sans cesse dans la bouche du chercheur : le plaisir.  

« Il faut que ce soit amusant. C’est fondamental. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de “jouer” au soccer, au hockey… » 

Tous les jeunes ne décrochent pas : que nous apprennent ceux qui persistent ? 

L’un des aspects les plus révélateurs de l’étude MATCH réside dans une constatation souvent négligée : tous les jeunes ne cessent pas d’être actifs. Certains, au contraire, parviennent à maintenir un haut niveau d’activité physique, que ce soit à travers le sport ou d’autres formes d’activité physique. 

 « On se concentre souvent sur ceux qui arrêtent, mais il est tout aussi crucial d’observer ceux qui continuent », précise Bélanger. Ces jeunes se distinguent notamment par un environnement favorable qui les encourage à être actifs, un fort sentiment de motivation interne et un réseau social qui les soutient. 

Fait intéressant : plusieurs d’entre eux migrent du sport structuré vers des activités plus libres — marche, course, escalade, sports alternatifs — ce que les modèles traditionnels de développement du sport peinent à intégrer. 

« Le sport leur sert de porte d’entrée vers l’activité physique », explique-t-il. « Même s’ils finissent par délaisser les structures organisées, ils conservent le goût de bouger et restent actifs autrement. » 

Le rôle clé des parents : soutien ou obstacle ? 

Pour les parents, le message est clair : leur rôle est central. Le soutien tangible — accompagner aux entraînements, payer les frais, fournir l’équipement — est un important déterminant de la persévérance sportive. 

Mais attention aux pièges. Les comportements intrusifs, comme imposer la participation, utiliser la culpabilisation ou offrir des critiques après l’entraînement ou un match, peuvent s’avérer contre-productifs.  

« Même bien intentionnées, les remarques négatives nuisent souvent à l’engagement des jeunes », avertit Bélanger. « Ce qu’il faut privilégier, c’est le soutien, pas la pression. » 

Autre découverte intéressante : les enfants dont les parents pratiquent des sports atypiques — escalade, l’ultimate frisbee, etc. — sont plus enclins à explorer ces disciplines. Une preuve que la diversité inspire. 

Une vision à long terme : l’activité physique comme comportement de vie 

Contrairement aux études de courte durée sur la condition physique, qui se limitent souvent à mesurer les effets après quelques semaines de pratique, l’étude MATCH se distingue par son approche à long terme : elle suit l’évolution des comportements sportifs sur une période de 14 ans. 

« On mène souvent des recherches où l’on met en place un programme de 12 semaines, puis on en évalue les résultats », explique le Pr Bélanger. « Or, la pratique sportive est un comportement qui se construit et évolue tout au long de la vie. » 

Cette vision à long terme offre aux chercheurs l’occasion à la fois de confirmer certains modèles établis de développement des athlètes et d’en remettre d’autres en question. L’équipe de Bélanger a ainsi pu observer, aux côtés de trajectoires bien connues, de nouveaux parcours de participation jusque-là ignorés. 

Redéfinir le système sportif canadien 

À terme, le Pr Bélanger espère que ses travaux permettront de repenser l’organisation du sport au Canada, non pas uniquement dans une optique de performance et de formation d’athlètes d’élite, mais aussi pour encourager une pratique durable de l’activité physique, tout au long de la vie. 

Car au fond, le sport ne se résume pas à des médailles ou des records. Il est avant tout une source de mouvement, de lien social et de plaisir. Comme le résume avec justesse le chercheur : « Le sport, c’est censé être amusant. » 

Pour en savoir plus sur les travaux et les recherches de Mathieu Bélanger :  

Pr Belanger bio  

Étude MATCH 

Ressources complémentaires :  

https://impactslab.com/match-resultats/

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Paula Baker, M.Sc., est la rédactrice en chef du SIRC. Dans ce rôle, elle sappuie sur ses 20 ans dexpérience en tant que journaliste et ancienne physiologiste de lexercice pour apporter à nos lecteurs la recherche et les connaissances en matière de sport, ainsi que des histoires dintérêt humain.   

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