
Résumé du projet
Le projet avait pour principal objectif d’examiner les perspectives des Canadiens et Canadiennes d’origine chinoise sur la santé et la participation au sport.
Dans l’ensemble, les participants ont indiqué des changements à la fois positifs et négatifs dans leurs perspectives sur la santé et la participation au sport après avoir immigré au Canada. Ils ont fait face à la fois à des conflits culturels et au concept d’intégration. De multiples facteurs ont une influence sur leur participation au sport. Pour un grand nombre d’entre eux, leur participation au sport semble être influencée par les valeurs culturelles chinoises. Des politiques et des programmes de sport adaptés à leur culture sont essentiels pour augmenter la participation au sport de ce groupe minoritaire le plus important au Canada.
Méthodes de recherche
L’étude comportait des entrevues qualitatives et un questionnaire quantitatif rempli par 100 immigrants chinois de première génération, âgés de 25 ans ou plus, et habitant dans l’un des quatre centres urbains suivants : Toronto, Vancouver, Halifax ou St. Catharines. La stratégie de sondage mixte regroupait un échantillonnage dirigé, un sondage en boule de neige dans des collectivités sino-canadiennes et des appels ouverts.
Résultats de recherche
Les participants percevaient généralement le sport comme une composante d’un mode de vie sain et comme un moyen de maintenir et d’améliorer sa santé.
Ces Sino-Canadiens ont vécu divers changements depuis leur immigration : bon nombre d’entre eux ont indiqué faire davantage de sport et d’activités physiques (parce qu’ils avaient davantage de temps et de ressources) alors que d’autres ont rapporté une diminution (parce qu’ils n’avaient pas suffisamment d’amis et d’accès à leurs activités préférées).
Voici les facteurs qui ont contribué à des changements positifs : l’encouragement des amis, des collègues et des médias; les ressources disponibles (par ex. installations, équipement et environnement naturel); les coûts abordables; l’accès facile; la sensibilisation à la santé; et davantage de temps libre comparativement à la Chine.
Les sports les plus communs comprenaient le ping-pong, le badminton, le basketball, le soccer, le golf, la natation et le cyclisme. Le ping-pong semblait être leur sport préféré, mais les participants disaient regretter qu’il ne soit pas davantage respecté au Canada.
La majorité des participants ont recommandé que les nouveaux arrivants participent à des sports et à des activités physiques pour améliorer leur santé physique ainsi que leur santé mentale (p. ex. sortir de la maison, se faire des amis, éliminer du stress), pour mieux s’intégrer à la société et pour avoir des loisirs significatifs. Ils encourageaient également les nouveaux arrivants à profiter des ressources communautaires (programmes et installations gratuits ou peu coûteux) et des milieux naturels (p. ex. parcs, régions sauvages), au Canada. Ils suggéraient également d’essayer de faire du sport et des activités physiques amusants et convenables (en fonction de l’âge et des capacités), de le faire avec des amis ou en groupe et d’adopter des sports canadiens (p. ex. patinage, ski, chasse) tout en conservant ceux que préfèrent les Sino-Canadiens (p. ex. taïchi, ping-pong).
Les sources d’information sur les sports et l’activité physique comprenaient (par ordre décroissant d’importance) : a) les médias (p. ex. revues, livres, télévision, Internet); b) les amis, les parents, et les collègues; c) les professionnels de la santé; d) le voisinage, les centres communautaires et la société en général; e) l’éducation scolaire; et f) la famille, y compris les parents et les frères et sœurs.
Il semblait y avoir des divergences culturelles chez les Sino-Canadiens au chapitre de l’activité physique et des sports pratiqués à grande échelle. Par exemple, les participants avaient tendance à adopter les valeurs ou les philosophies chinoises traditionnelles, comme le respect de la nature (顺其自然), l’harmonie entre le yin et le yang (阴阳调和) et la juste mesure (中庸之道). Les valeurs culturelles liées à la santé, au sport et à la signification de la vie amenaient ces personnes à participer à des sport d’intensité douce à modérée (se reporter aux sports les plus pratiqués mentionnés ci-dessus), plutôt qu’à des activités très intenses ou à des sports extrêmes (p. ex. hockey, triathlon, ski, voile ou escalade). Ils croyaient qu’il faudrait souligner que le sport et l’activité physique ont pour objectif d’être en santé et pas nécessairement plus fort.
De nombreux Sino-Canadiens ne connaissent pas les ressources ni les programmes offerts en matière de sport par les collectivités ou par des organismes gouvernementaux.
Limites :
Les résultats s’appliquent spécifiquement aux Sino-Canadiens et ne peuvent pas faire l’objet d’une généralisation pour d’autres groupes ethnoculturels.
La participation au sport n’était qu’un élément d’une étude plus vaste. D’autres résultats visaient l’activité physique, la bonne forme physique, le mode de vie et la santé.
Répercussions sur les politiques
Les décideurs doivent être conscients que les politiques actuelles en matière de sport reposent essentiellement sur les valeurs culturelles occidentales (p. ex. plus on en fait, mieux c’est; compétitivité) qui sont susceptibles de ne pas être partagées par toutes les collectivités ethnoculturelles. Il faudrait élaborer des politiques de participation au sport adaptées aux différentes cultures pour combler les divers besoins de la société multiculturelle canadienne.
Il faut élaborer des programmes de sport et des installations (p. ex. tennis de table, badminton) adaptés aux différentes cultures. La conception des parcs et des installations destinées au sport et aux loisirs adaptée aux différentes cultures devrait tenir compte des besoins grandissants des principales minorités.
Les organisations sportives de tous les ordres de gouvernement pour des sports comme le badminton et le tennis de table devraient cibler les Sino-Canadiens afin de leur offrir toute une gamme d’occasions de pratiquer leur sport favori. D’autres organisations sportives comme celles qui visent le boccia, les quilles, le curling, le judo, le karaté, le taekwondo ainsi que les sports pour handicapés (p. ex. basketball en fauteuil roulant et goalball) devraient avoir une plus grande visibilité et promouvoir leurs programmes sportifs chez les Sino-Canadiens parce que ces sports correspondent aux valeurs culturelles chinoises.
Les médias, les professionnels de la santé et les centres communautaires, qui constituent des éléments importants au chapitre de la participation des Sino-Canadiens au sport, devraient déployer des efforts pour encourager les Sino-Canadiens à faire du sport pour améliorer leur santé et par loisir. Des renseignements (p. ex. sources en direct, brochures, dépliants) devraient être disponibles dans la langue des principaux groupes minoritaires afin de promouvoir les programmes et les services en matière de participation au sport.
Prochaines étapes
Il reste des questions sans réponse et de nouvelles questions concernant la participation au sport des Sino-Canadiens :
- Le projet actuel a mis en lumière une augmentation et une diminution de la participation au sport chez les Sino-Canadiens : Qui sont ceux qui ont indiqué une augmentation ou une diminution de leur participation au sport et quels facteurs ont contribué à ces changements?
- Quelles sont les différences au niveau de la participation au sport avant et après 10 années d’immigration chez les Sino-Canadiens? (Remarque : Une période de 10 ans est considérée comme un jalon dans les recherches sur la santé des immigrants.)
- Qu’en est-il de la participation au sport chez les Sino-Canadiens de deuxième génération? Est-ce que les Sino-Canadiens de deuxième génération ont davantage adopté des habitudes de participation aux sports réguliers en raison de leur acculturation, comparativement aux Sino-Canadiens de première génération?
- Quels sont les obstacles spécifiques des Sino-Canadiens à la participation au sport? Comment ces obstacles peuvent-ils être abolis pour augmenter la participation au sport?
- Est-ce que le cadre de travail élaboré dans le projet actuel (p. ex. les changements et leurs causes dans la participation au sport après l’immigration et les facteurs et les sources de participation au sport) s’applique à la participation au sport chez d’autres groupes ethnoculturels? Quelles stratégies contribuent à augmenter la participation au sport chez d’autres groupes importants d’immigrants au Canada (p. ex. Indiens, Philippins)?
- Comment la participation au sport contribue-t-elle à l’intégration et à l’acculturation des immigrants au Canada?
Principaux intervenants et avantages
- Sport Canada
- Le Ministère de la Promotion de la santé et du sport de l’Ontario
- Les associations sportives de tous les niveaux (national, provincial et municipal) : boccia, quilles, curling, judo, karaté, taekwondo, sports pour handicapés (goalball, basketball en fauteuil roulant).
- Les médias
- Les groupes de professionnels de la santé
- Les centres communautaires
Les résultats pour les groupes ou les secteurs susmentionnés permettront d’élaborer des politiques et des programmes de sport adaptés aux différentes cultures. De plus, ils pourront cibler et servir la collectivité chinoise, la minorité visible la plus importante au Canada, particulièrement dans deux centres urbains, Toronto et Vancouver. Éventuellement, un nombre accru de Sino-Canadiens participeront à ces programmes qui répondent à leurs besoins.