Introduction et contexte
L’étude ParkSeek visait à déterminer les obstacles à la participation des jeunes (âgés de 13 à 25 ans) dans les parcs et à leur utilisation des ressources récréatives grâce à une nouvelle évaluation écologique et géographique momentanée (GEMA). Toutefois, en raison de la pandémie de COVID-19, il a été difficile de recruter des participants pour cette étude telle qu’elle était conçue. C’est pourquoi nous avons adopté une approche de recherche plus large qui serait toujours axée sur les domaines ciblés de l’Initiative de recherche sur la participation au sport (IRPS), soit l’augmentation de la participation au sport, l’amélioration du rendement du système sportif et le développement économique et social par le sport. En 2020 et en 2021, la fréquentation des parcs a considérablement augmenté par rapport aux niveaux prépandémiques au Canada. Selon certaines hypothèses, cette utilisation accrue serait due à des personnes qui compensent les occasions perdues de pratiquer une activité physique ou de socialiser, qui n’auraient pas été possibles autrement. En effet, les organismes de santé publique ont activement encouragé les Canadiens à utiliser les parcs pour protéger leur bien-être mental.
Méthodes
Les activités de recherche consistaient à déterminer la superficie de parc accessible par personne dans les douze collectivités ciblées par ParkSeek à l’échelle du Canada. Les parcs sont le lieu le plus fréquemment utilisé par les Canadiens pour pratiquer des activités récréatives et sportives. Cependant, durant la pandémie, de nombreuses activités sportives destinées aux jeunes ont été annulées. Par conséquent, nous avons interrogé un échantillon de jeunes (n = 279) de London, en Ontario, pour savoir si leur santé mentale et leur niveau de stress avaient changé, mais aussi pour établir si les parcs environnants étaient accessibles. Enfin, certains jeunes participants ont été recrutés pour l’étude de la GEMA, mais ils n’étaient pas suffisamment nombreux pour entreprendre une analyse significative des sous-groupes.
Principales constatations et répercussions
La recherche sur l’accessibilité des parcs a porté sur leur répartition géographique dans les lieux suivants : la baie de Fundy (Nouveau-Brunswick), de Guelph à Goderich (Ontario), Halifax (Nouvelle-Écosse), Kentville (Nouvelle-Écosse), London (Ontario), Montréal (Québec), Vancouver-Nord (Colombie-Britannique), Prince Albert (Saskatchewan), Saskatoon (Saskatchewan), Whitchurch-Stouffville (Ontario), Winnipeg (Manitoba) et Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest). Selon les directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’accès aux parcs pour favoriser la santé, chaque habitant devrait avoir accès à au moins 9 m2 et idéalement 50 m2 d’espaces verts dans chaque zone urbaine développée. De plus, l’OMS recommande l’implantation d’au moins un parc à moins de 300 mètres de chaque résidence,
ce qui est pris en compte dans notre projet au niveau de l’îlot de diffusion. L’accès aux parcs est essentiel pour permettre aux jeunes de pratiquer un sport récréatif. La situation est loin d’être idéale dans de nombreuses communautés et les communautés rurales affichent les pires taux d’accès aux parcs (tableau 1).
Tableau 1. Accès aux parcs et superficie idéale par habitant dans les communautés cibles selon ParkSeek
L’enquête menée à London (Ontario) a révélé que la présence de parcs à proximité du domicile des jeunes répondants n’avait eu aucune incidence sur leur santé mentale ou leur niveau de stress au début de la pandémie. La détérioration de la santé mentale des garçons était le résultat le plus préoccupant de l’enquête, pour lequel nous émettons l’hypothèse d’une perte d’accès aux occasions sociales qu’offre la pratique du sport récréatif à l’école. Par ailleurs, les établissements de restauration rapide ont eu un effet protecteur sur la santé mentale, indépendamment du sexe. En résumé, si la population a plus fréquenté les parcs pendant la pandémie, les jeunes n’ont pas bénéficié des mêmes avantages.
Points forts et limites
Les résultats sur l’accessibilité des parcs ne doivent pas être considérés comme représentatifs des possibilités offertes à tous les jeunes de pratiquer un sport récréatif. Les résultats du sondage ne doivent pas être interprétés comme étant représentatifs de l’ensemble de la population de jeunes Canadiens. Cette recherche apporte plutôt un éclairage instructif sur les facteurs en corrélation avec la pratique d’un sport récréatif chez les jeunes. Les recherches et les programmes futurs devraient prendre en compte les moyens de remédier aux répercussions négatives de la pandémie sur la participation des jeunes à une activité sportive, mais aussi saisir l’occasion de concevoir de nouveaux programmes et d’aménager de nouveaux espaces physiques susceptibles de les attirer.
Conclusions et prochaines étapes
Les résultats montrent que les décideurs politiques locaux et les professionnels présents dans l’écosystème de l’IRPS pourraient participer à la promotion de la participation des jeunes à des activités sportives récréatives en prenant les mesures suivantes :
- Intégrer directement le point de vue des jeunes dans la conception de programmes de sports récréatifs;
- Créer des occasions de socialisation similaires dans un contexte sportif récréatif, qui comprend souvent de la nourriture, des boissons et des loisirs, qui sont fournis par des « tiers » privés en dehors du cadre scolaire;
- Offrir des programmes sociaux et culturels plus adaptés aux jeunes (de 13 à 25 ans) par les administrations municipales, comme c’est le cas pour les enfants et les aînés.
- Examiner la manière dont les plateformes numériques mettent en évidence les renseignements sur les points de vente d’aliments présents dans les quartiers et reproduire cette démarche pour promouvoir le sport récréatif.
L’effet non observé des parcs et l’incidence importante de lieux tiers privés comme les emplacements de restauration rapide donnent à penser que ces espaces pourraient représenter davantage pour les jeunes qu’un espace dédié au sport récréatif. En tirant des leçons des lieux populaires auprès des jeunes, cela pourrait avoir des effets bénéfiques dans le milieu du sport, sur le plan économique et social.