Depuis 2005, les programmes sportifs nationaux, provinciaux et territoriaux du Canada se basent sur le modèle de développement à long terme de l’athlète (Balyi, Way et Higgs, 2013), maintenant connu sous le nom de Développement à long terme par le sport et l’activité physique (DLT). Toutefois, plusieurs modèles existent dans la littérature scientifique et partout dans le monde. Par exemple, le Developmental Model of Sport Participation (Côté, Baker et Abernethy, 2007) est l’un des modèles les plus cités dans le monde universitaire, tandis que l’Australie utilise le Integrated Foundations, Talent, Elite, Mastery  Framework (Gulbin, Croser, Morley et Weissensteiner, 2013).

Ces modèles sont importants pour ceux qui offrent un programme sportif, étant donné qu’ils donnent des lignes directrices sur comment promouvoir la participation aux sports et à l’activité physique à long terme. Bien que notre récente étude a permis de confirmer l’appui scientifique pour ces modèles et leur influence sur certaines retombées de la participation sportive, l’étude a aussi soulevé des questions par rapport au niveau de confiance on devrait accorder à ces modèles pour guider les pratiques, les programmes et les politiques sportifs (Gallant et Bélanger, 2021). Dans ce billet de blogue, nous allons expliquer les résultats de l’étude qui visait à mieux comprendre l’appui scientifique pour différents modèles de participation aux sports et à l’activité physique, et comment ces résultats peuvent être utiles pour des personnes qui offrent un programme d’activité physique et de sport.

Que savons-nous à propos des modèles de participation sportive à long terme?

Jeune joueur de hockey assis sur un banc de vestiaire avec son équipement.Notre étude visait à identifier tous les modèles de développement de la participation sportive qui décrivent l’évolution de différentes trajectoires de participation à l’activité physique et aux sports. Ces modèles établissent la participation sportive comme un passage de différentes étapes successives. À chaque étape, les modèles suggèrent des activités qui sont appropriées, basées sur l’âge, le développement biologique, le niveau de compétence ou de compétition d’une personne.

De façon générale, les modèles de développement à long terme recommandent que les jeunes participent à plusieurs sports durant leur enfance (au lieu de se spécialiser de façon hâtive dans un seul sport). À mesure que les enfants vieillissent, les modèles suggèrent que les enfants peuvent soit maintenir une participation récréative à plusieurs différentes activités physiques et sports tout au long de leur vie, soit faire une transition vers une trajectoire de performance où les jeunes vont progressivement diminuer le nombre de sports qu’ils pratiquent pour éventuellement mettre l’accent sur un seul sport. Comme les modèles visent à décrire la participation sportive, ils se penchent rarement (ou du tout) sur les jeunes qui ne pratiquent pas aux sports ou ceux qui abandonnent le sport.

Les modèles décrivent différentes retombées potentielles des différentes trajectoires de participation. Par exemple, comparativement aux jeunes qui se spécialisent hâtivement, les jeunes qui suivent les trajectoires de participation récréative ou de performance devraient, rendus à l’âge adulte, avoir une meilleure santé globale et être plus physiquement actifs. L’exposition des jeunes à différents sports et différents environnements augmente les chances qu’ils développent une variété d’habiletés motrices et qu’ils identifient un sport qu’ils aiment vraiment.

Toutefois, les modèles mentionnent que les jeunes qui se spécialisent hâtivement dans un sport seraient à haut risque de blessures d’usure et d’épuisement comparativement à ceux et celles qui pratiquent plusieurs sports, ce qui pourrait mener à une moins bonne santé générale (Côté et coll., 2007). La spécialisation hâtive demande plusieurs heures d’investissement de la part du jeune, ce qui pourrait nuire au développement de ses habiletés motrices (autre que celles nécessaires pour le sport en question) et rendre l’ajustement à de nouveaux sports difficile, si le sport principal doit être cessé.

Quels sont les appuis scientifiques pour les modèles de participation sportive à long terme?

Un groupe de filles se congratulant après un match de football. Après avoir identifié et décrit différents modèles de participation sportive à long terme, nous avons tenté d’identifier l’appui scientifique pour ces modèles. Spécifiquement, nous voulions mieux comprendre quelles trajectoires étaient le plus susceptibles d’être associées avec la participation soutenue à l’activité physique ou sportive (ou non-participation). Nous souhaitions également mieux comprendre quelles trajectoires étaient associées avec les meilleures retombées pour la santé. Plusieurs études soutiennent qu’une pratique sportive diversifiée durant l’enfance est associée avec le développement d’athlètes élites lorsqu’ils seront adultes. De plus, la pratique sportive diversifiée durant l’enfance augmente aussi les chances d’être actif plus longtemps.

Les études retenues n’ont pas été en mesure de spécifier l’âge où les jeunes devraient commencer à se spécialiser dans un seul sport, mais les études s’entendent que plus tard que les jeunes se spécialisent, le mieux c’est. Récemment, ceci a été démontré par une étude qui suggère que les athlètes qui se spécialisaient tôt avaient tendance à gagner au niveau junior, mais ceux qui se spécialisaient plus tard avaient tendance à gagner au niveau sénior (Güllich, Macnamara et Hambrick, 2021).

La recherche aide aussi à mieux comprendre pourquoi avoir une pratique sportive diversifiée pourrait être associée avec une participation à long terme. Par exemple, parmi des joueurs de soccer de 12 ans, les jeunes qui pratiquaient d’autres sports en plus du soccer s’étaient améliorés davantage au jeu durant les deux années suivantes, comparativement à ceux qui s’étaient déjà spécialisés au soccer. Les jeunes qui ont pratiqué plus de sports ont probablement plus d’habiletés motrices et psychologiques qui ont été capables d’être transférées, ce qui permet d’expliquer leur amélioration rapide.

Bien que la diversification sportive semble être plus avantageuse que la spécialisation hâtive pour la participation à l’activité physique et aux sports à long terme, la présente étude n’a pu trouver de recherche qui appuie le fait que la diversification sportive est associée à la santé future. À ce jour, aucune étude n’a comparé les états de santé, comme la composition corporelle, les marqueurs biologiques ou l’incidence de maladies chroniques parmi des jeunes qui avaient pratiqué une diversité de sports et ceux qui s’étaient spécialisés hâtivement. L’association entre les trajectoires sportives et la santé future reste à être étudiée.

Qu’est-ce qui manque dans les modèles de participation sportive à long terme?

Vue de dos d'une jeune fille tenant des patins artistiques, debout près d'une patinoire et regardant les autres s'entraîner.Encourager la pratique sportive diversifiée parmi les jeunes pourrait les aider à long terme, puisqu’un tel type de pratique sportive ne réduit pas les chances d’atteindre de hauts niveaux de performance et pourrait même aider les jeunes à rester actifs pour plus longtemps. C’est aussi à souligner que lorsqu’on encourage les jeunes à essayer plusieurs sports, on augmente néanmoins le nombre de sports que les jeunes vont arrêter de participer. Donc, une perspective manquante des modèles de participation sportive à long terme est la notion d’abandon sportif.

L’inclusion de trajectoires d’abandon sportif et de réintégration sportive sont essentielles considérant que la plupart des sportifs vont arrêter de participer à un moment donné soit pour s’investir à d’autres intérêts, soit parce que le sport n’est plus offert (Butcher, Lindner et Johns, 2002). Il est aussi important de comprendre que la vie de tous les jours peut mener à l’abandon sportif. Par exemple, la transition de l’école primaire au secondaire ou bien avoir un emploi à temps partiel chez les adolescents pourrait augmenter les chances que jeunes abandonnent le sport.

Il y a quand même de l’espoir pour ceux qui abandonnent le sport. Souvent, les jeunes abandonnent un sport pour en commencer un nouveau (Butcher et coll., 2002). Donc, l’inclusion d’une trajectoire d’abandon sportif et de réintégration sportive dans les modèles pourrait faciliter la recherche dans ces phénomènes méconnus. Accroître les recherches va nous permettre de mieux comprendre pourquoi, comment, et quand les jeunes abandonnent le sport et va aussi nous donner une opportunité de mieux connaître ceux qui réintègrent le sport après une absence. Globalement, l’inclusion de telles trajectoires va améliorer notre compréhension de la façon de maintenir la participation sportive, mais va aussi nous permettre de développer des pratiques pour faciliter la réintégration des jeunes s’ils abandonnent.

Dernières réflexions

La recherche appuie qu’une pratique sportive diversifiée durant l’enfance et l’adolescence augmente les chances d’être actif à long terme. Toutefois, comme une pratique sportive diversifiée est aussi associée avec l’abandon sportif et la réintégration, les modèles de développement sportifs à long terme et la recherche pourraient bénéficier de l’inclusion de telles trajectoires. Repenser les modèles de développement sportif à long terme pour avoir une vue globale de toutes les trajectoires possibles de participation aux sports pourrait contribuer à améliorer notre compréhension de comment garder les jeunes dans le sport.

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