Le 9 décembre, 2020, les premiers Championnats du monde de cyclisme Esport UCI se tiendront sur Zwift. Pour tous les détails sur comment suivre l’équipe canadienne à cet évènement, et pour consulter le calendrier virtuel multiplateformes de Cyclisme Canada pour la saison d’hiver 2020/2021 (incluant les sorties en groupe pour tous les niveaux et les compétitions ouvertes au public!) cliquez ici.
Au fil des dernières années, les sports électroniques une industrie en plein essor. Selon un article récent de Reuters, les revenus de l’industrie mondiale de l’esport devraient dépasser 159 milliards de dollars d’ici la fin de 2020, avec des projections de dépasser 200 milliards de dollars d’ici 2023. On prévoit que plus de 2,7 milliards de joueurs auront participé à l’esport d’ici la fin de 2020. Au sein de ces chiffres stupéfiants, le cyclisme virtuel s’est taillé une part assez importante du gâteau. Les chiffres pré-pandémiques pour la plateforme Zwift à eux seuls ont montré 1,6 million d’utilisateurs actifs avec plus de 600 millions de miles virtuels enregistrés, et une évaluation récente de l’entreprise à un peu plus de 1 milliard de dollars.
Alors, qu’est-ce que le cyclisme virtuel et pourquoi est-il si populaire? Le cyclisme virtuel, tout en tombant sous la bannière plus large de l’esport, se distingue de la plupart des autres esports car vous « jouez » réellement en effectuant un véritable effort physique. Pour participer activement à un événement cycliste virtuel, que ce soit une sortie, une course ou un entraînement, vous devez tourner les pédales de votre vélo. Les plateformes virtuelles telles que Zwift, RGT, Fulgaz et Peloton ont « virtualisé » l’activité de longue date du vélo stationnaire en développant des produits sophistiqués qui connectent les consommateurs à des plans d’entraînement, des mondes virtuels et une communauté mondiale – le tout dans le confort de votre maison. Le résultat est une expérience utilisateur avec de nouveaux défis excitants et des opportunités pour rester connecté. En pleine pandémie mondiale, le cyclisme virtuel nous a permis de rouler et de rivaliser avec des milliers de cyclistes et de voyager dans de vastes mondes virtuels sans craindre de rompre le protocole de distanciation physique ou même de quitter nos salons. Bien que les communautés virtuelles du cyclisme existent depuis plusieurs années, cette discipline du cyclisme est certainement encore « nouvelle » par rapport au sport lui-même et nous continuons à découvrir son vaste potentiel. Au cours de la dernière année, j’ai eu la chance de plonger tête première dans le monde du cyclisme virtuel et de me familiariser avec les différentes plateformes et les communautés qui se sont développées à l’intérieur de celles-ci. De dire que j’ai beaucoup appris est un euphémisme, mais voici quelques-uns des principaux points à retenir.
Le cyclisme virtuel aide à bâtir une véritable communauté
Quand j’ai commencé à rouler et à concourir, la plus grosse déception chaque année était lorsque la neige commençait à tomber et que le temps était devenu juste assez froid pour que ce soit douloureux de rouler à l’extérieur. La plupart du temps, cela voulait dire qu’il était temps de ranger mon vélo et de dire adieu à mes copains de vélo jusqu’au printemps. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Parallèlement aux développements excitants de l’industrie tels que le fatbike, qui permet de mieux rouler à l’extérieur pendant toute l’année, les gens ont également commencé à mieux apprécier l’idée de rouler à l’intérieur, suscitée par les progrès des entraîneurs intelligents et des plateformes de cyclisme virtuelles. Les courses locales, les clubs et les rencontres ont commencé à apparaître sur des plateformes telles que Zwift, et avec l’avènement d’applications comme Discord, il était maintenant possible de parler avec vos amis en temps réel. Tout à coup, vous pouviez planifier des sorties de groupe avec tous vos copains d’été aussi souvent, sinon plus souvent, que vous le faisiez pendant l’été. De plus, vous aviez l’occasion de vous connecter avec d’autres coureurs provenant d’un peu partout dans le monde. Depuis ma propre incursion dans le cyclisme virtuel, j’ai développé des amitiés avec des coureurs du monde entier à la suite d’un sprint ou d’une sortie de groupe, maintenues par des sorties régulières pour nous garder motivés. L’aspect de développement communautaire des plateformes de cyclisme virtuel est, selon moi, l’une des valeurs ajoutées les plus importantes dans tout cela. Les plateformes virtuelles nous ont permis de rester en contact et de continuer à nous mettre au défi dans un tout nouveau monde connecté, allégeant l’effort de faire du vélo stationnaire. Avec le bon équipement, une connexion Internet stable et un abonnement à la (aux) plateforme(s) de leur choix, les utilisateurs peuvent se connecter à une communauté aux vues similaires construite autour d’un objectif commun d’améliorer la santé et la forme physique tout en maintenant un certain niveau de plaisir.
L’esport comme complément au « sport traditionnel »
Très souvent, on critique l’esport comme favorisant un style de vie plus sédentaire, encourageant la paresse et distrayant les gens de l’importance de l’activité physique. Dans certains cas, ces arguments peuvent avoir du mérite, mais nous devons garder une vue d’ensemble. L’esport peut être un complément au sport traditionnel, et de nombreuses organisations sportives trouvent des moyens uniques de l’intégrer dans leur programmation.
Depuis la montée fulgurante de l’industrie de l’esport dans le monde, de nombreuses organisations sportives traditionnelles utilisent l’esport comme moyen d’être plus engagées avec leurs communautés, et même de les développer. Un bon exemple est la récente initiative Hoops at Home de Basketball Canada qui a mis en relation les fans et les consommateurs de sports électroniques avec des athlètes vedettes tels que Chris Boucher et Aaliyah Edwards afin d’amasser des fonds pour leur fondation caritative. Il n’est pas rare non plus de voir des ligues sportives traditionnelles utiliser l’esport comme un moyen de garder la communauté connectée pendant l’intersaison grâce à des ligues, des événements et des tournois esport internes.
Une étude pré-pandémique a démontré que 4,4 millions de Canadiens ont suivi le sport électronique au cours de la dernière année; 57% de la génération Z, 43% des milléniaux et 31% de la génération X. Les plus jeunes consomment activement les sports électroniques, et les administrateurs sportifs traditionnels devraient examiner de près les moyens de saisir cette opportunité afin de croître leur engagement et de demeurer pertinents. Les initiatives esport telles que celles mentionnées ci-dessus ont fourni aux organisations sportives traditionnelles un public élargi avec lequel interagir, offrant de nouvelles opportunités de promouvoir leurs initiatives plus larges, menant peut-être même à une participation accrue « sur le terrain ».
Du côté du cyclisme virtuel, si vous avez déjà participé à un événement et que vous deviez nettoyer la flaque de sueur qui en résulte, vous saurez aussi bien que moi que le mot sédentaire n’a pas sa place. Ce nouveau domaine du cyclisme sert non seulement de complément à l’entraînement des coureurs, mais il encourage aussi un tout nouveau groupe de personnes à se lancer dans ce sport. Il est tout à fait raisonnable de supposer que la même personne qui a acheté un vélo Peloton pour faire de l’exercice en hiver ou pour économiser de l’argent sur un abonnement à une salle de sport pourrait très bien être intéressée par l’achat d’un vélo traditionnel pour faire du vélo à l’extérieur advenant le printemps.
Un tout nouvel égaliseur
Du point de vue de la fédération nationale de cyclisme, une chose qui est devenue très claire est le potentiel d’égalisation que possède le cyclisme virtuel. Au fil des ans, les athlètes nord-américains qui concourent au plus haut niveau du cyclisme se sont habitués à faire le pèlerinage annuel de l’autre côté de l’océan afin d’accéder au plus haut niveau d’entraînement et de compétition. Avec le cyclisme virtuel, les coureurs canadiens peuvent se mesurer contre les meilleurs au monde, sans encourir les frais ni les inconvénients d’un voyage outre-mer. Le résultat est un terrain de jeu plus diversifié en ce qui concerne les événements de course virtuels de haut niveau tels que le Tour de France virtuel et les prochains Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI. Ces évènements ont fourni une plateforme pour l’émergence d’une nouvelle catégorie de spécialistes en cyclisme, des athlètes non associés à des équipes traditionnelles de haut niveau, ne provenant pas de « nations cyclistes » traditionnellement fortes et parfois même pas issues du monde du cyclisme.
Du point de vue de l’organisation d’événements, le cyclisme virtuel a considérablement réduit la capacité requise pour organiser des événements à grande échelle avec des éléments tels que la capacité d’arbitrage locale, l’accès aux fermetures de routes, le soutien financier et même le climat local hors de l’équation. Avec le bon équipement, un certain savoir-faire en marketing et une solide connaissance de la plateforme/communauté de choix, un organisateur de n’importe où dans le monde peut organiser un événement cycliste virtuel compétitif.
Dernières réflexions
Au cœur du cyclisme virtuel se trouve l’essence du cyclisme intérieur – un moyen de développer la forme physique dans le confort de sa maison. Alors que cette nouvelle discipline passionnante continue de se développer, le cyclisme virtuel se construit rapidement une identité qui va bien au-delà des circonstances qui ont attiré beaucoup de gens vers le cyclisme intérieur en premier lieu. Dans un laps de temps relativement court, le cyclisme virtuel a progressé au point de devenir une discipline nettement reconnaissable du cyclisme, un peu comme le vélo de route, le vélo de montagne ou le BMX. Alors que nous continuons à affronter la tempête COVID-19, le cyclisme virtuel a été un outil inestimable pour garder notre communauté connectée et pour faire rayonner la participation.
Penser que la popularité continue du cyclisme virtuel ou de l’esport dans son ensemble est conditionnée à une pandémie mondiale serait de faire l’autruche. Le cyclisme virtuel existait bien avant la pandémie et continuera d’exister bien au-delà de celle-ci, mais avec un nouvel élan de participants. Nous voyons l’industrie développer des équipements spécialisés, les fédérations nomment des équipes nationales, et les Monsieur et Madame Tout-le-monde se mettre au vélo dans le confort de leur foyer. Nous sommes également confrontés à de nouveaux défis tels que le dopage technologique – un terme qui était complétement méconnu il y a seulement quelques années. Hélas, avec la croissance vient inévitablement des défis, mais je reste convaincu que le monde du cyclisme sera à la hauteur et adoptera cette nouvelle façon de participer à notre passe-temps favori. Possiblement le résultat le plus excitant est que le cyclisme virtuel a fait des choses incroyables pour attirer de nouvelles personnes dans la communauté cycliste dans son ensemble. Le résultat final: plus de gens à vélo – un résultat qui nous plaît tous.
Ce billet de blogue est une collaboration entre le SIRC et Cyclisme Canada. Nous vous invitons à découvrir le blogue Changement de vitesse de Cyclisme Canada, dans lequel les athlètes, les membres de l’équipe de soutien intégrée, et les membres du personnel s’expriment sur les succès, les joies, et les épreuves du cyclisme.