
Résumé du projet
La présente recherche examine la participation au sport et l’engagement dans le sport chez les jeunes Canadiens en milieu urbain et leurs effets sur le développement des athlètes, les organismes de sport, les entreprises, les commanditaires et la société canadienne. Une attention particulière est prêtée à la ville de Toronto et aux sports en piscine et sur la glace.
Il y a quatre questions de recherche :
- De quelles façons et à quel point les jeunes Canadiens en milieu urbain sont-ils engagés dans le sport?
- Quel est le processus d’engagement?
- Quelles sont les ressources qui existent pour faciliter, soutenir et améliorer l’engagement?
- Quels rôles, responsabilités et avantages reviennent aux entreprises, aux gouvernements et aux organismes à but non lucratif?

Méthodes de recherche
Le présent projet a comporté un large éventail de démarches de recherche secondaire et de protocoles de collecte de données primaires. La recherche secondaire comprenait une analyse documentaire et une analyse de cohorte des jeunes Canadiens de 1992 à 2005, à l’aide de l’Enquête sociale générale (ESG) de Statistique Canada (1992, 1998 et 2005). Environ 10 000 répondants ont rempli le volet de l’ESG portant sur le sport et l’activité physique. Pour ce qui est de la recherche primaire, on a procédé à deux netnographies (comptes rendus écrits de la cyberculture en ligne, éclairés par les méthodes d’anthropologie culturelle) de plusieurs forums en ligne afin de mieux comprendre et cerner les principaux facteurs motivant ou inhibant la participation au sport chez les jeunes.
On a observé la fréquentation des installations de sports aquatiques et des arénas à Toronto, à Montréal et à Sudbury afin de déterminer les habitudes quotidiennes et régulières des jeune utilisateurs. Les chercheurs se sont concentrés sur l’ethnicité des participants, le niveau socioéconomique, le mode de transport pour se rendre sur le site, l’engagement de la famille, les types d’activités et le niveau d’activité. Les entrevues ont visé de jeunes athlètes, des jeunes non-athlètes et des jeunes dans les écoles.
L’intervention expérimentale a comporté trois sondages et une intervention auprès de 123 élèves de la 4e à la 8e année dans trois écoles primaires publiques à Sudbury, ainsi que de leurs parents. Les élèves ont été répartis en trois groupes: les ménages très actifs, les ménages modérément actifs et les ménages inactifs selon les réponses à un premier sondage. Un deuxième sondage a porté sur les attitudes et le comportement des jeunes relativement à l’activité physique. Après ce deuxième sondage, le jeunes ont été répartis au hasard en deux groupes: l’un a reçu une trousse d’information sur l’activité physique et l’autre une trousse d’information sur la bonne alimentation. Un troisième sondage, identique au deuxième, a été distribué après l’intervention pour voir s’il y avait eu un changement dans le niveau d’engagement et l’attitude face à l’activité physique et le niveau d’appui de la famille.
Le questionnaire d’un sondage auprès d’un large échantillon (sondage national auprès des jeunes Canadiens vivant en milieu urbain, n=3 003) de jeunes à Toronto, à Vancouver et à Montréal, a été conçu d’après tous les ouvrages et études antérieurs.
Une analyse spatiale des installations sportives de la ville de Toronto, toujours en cours, décortiquera l’emplacement des installations, des clubs et d’autres infrastructures importantes relativement à divers facteurs démographiques, ainsi que les résultats des autre méthodes, pour donner une évaluation géospatiale du Grand Toronto.
Résultats de recherche
L’analyse documentaire et l’analyse de cohorte ont révélé que la participation au sport chez les jeunes en milieu urbain était déterminée par six facteurs sous-jacents: le contexte du foyer, l’éducation parentale, le contexte communautaire, le genre ou contexte social, les autoperceptions et les comportements concurrents. Tous ces facteurs font la différence entre les adolescents qui pratiquent des sports et ceux qui n’en pratiquent pas. Notamment, l’analyse de cohorte a fait ressortir le fait que le taux de participation des générations plus jeunes diminue plus rapidement que celui d’autres cohortes.
Les entrevues, les netnographies et l’intervention expérimentale ont permis de mieux comprendre ces facteurs sous bien des angles. Par exemple, il se dégage des entrevues avec les jeunes huit principaux éléments qui influent sur la participation au sport : (i) l’influence des parents et frères et sœurs, (ii) les entraîneurs, (iii) la situation socioéconomique de la famille, (iv) les habiletés techniques, (v) le contexte géographique, (vi) les qualités (aspect identitaire) et les compétences (perception des forces par rapport aux faiblesses) personnelles, (vii) les amis et (viii) l’école comme lieu d’initiation au sport (mais également comme obstacle à un engagement plus grand). Plus particulièrement, le genre et l’ethnicité ne semblaient pas être aussi importants que ce qu’on croyait auparavant (littérature). Dans le cadre des entrevues, trois observations importantes ont été faites à propos des processus et de la force de l’engagement. Premièrement, les processus de la participation au sport chez les jeunes dépendent de l’interaction avec les environnements sociaux des jeunes. Deuxièmement, le niveau de compétition et le degré d’engagement de la famille influent sur la force de l’engagement des jeunes dans le sport.
Troisièmement, l’engagement des parents est peut-être le plus important de tous les facteurs de motivation. Surtout, les entrevues ont révélé que les jeune font du sport dans le cadre de l’un de trois processus : social (famille, amis), institutionnel (école, club), identitaire (autoperceptions, égo, etc.).
Il y a une différence entre ces processus pour les jeunes qui font du sport à des fins récréatives et pour ceux qui sont des athlètes de haut niveau.
Les netnographies ont fait ressortir que les jeunes dans des situations sans environnement propice sont ceux qui ont le plus besoin de politiques pour les aider, comparativement à ceux issus de familles biparentales de classe moyenne. En outre, l’analyse fondée sur les données de l’ESG se rattachant au « contexte du foyer » a renforcé le fait que ce facteur est un élément crucial – voire le plus important – pour la participation au sport chez les adolescents. Les familles intactes, dont les revenus sont supérieurs à la moyenne dont plusieurs membres font du sport correspondent à un idéal qui n’est pas à la portée de tous les adolescents.
Une analyse initiale du sondage auprès d’un large échantillon laisse supposer que ceux nécessitant un soutien pour participer au sport sont ceux qui ne cadrent pas avec les facteurs de participation au sport susmentionnés. En fait, le profil de l’actuel participant au sport donne à penser qu’il faudrait déployer des efforts pour joindre les adolescentes de plus de 17 ans, du centre du Canada, vivant avec des parents moins instruits, dans une famille à faible revenu et non intacte, avec un père né au Canada et sans aucun autre membre de la famille faisant du sport, étant entraîneur ou assistant à des manifestations de sport amateur.
Répercussions sur les politiques
La présente recherche rappelle plusieurs recommandations importantes à l’intention des gouvernements au niveau de l’élaboration des politiques et au niveau des programmes. La plus importante recommandation visant les politiques, de toute évidence, est la nécessité d’élaborer des politiques qui ciblent la partie de la population canadienne qui a besoin d’un soutien. Les familles à revenu moyen, dont les deux parents sont à la maison et ont un revenu décent, n’ont pas besoin d’aide, car les enfants sont passablement actifs. Ce sont, en fait, les mères monoparentales ou les veuves, vivant dans un logement en copropriété, ayant un revenu limité, qui ont vraiment besoin du soutien, car leurs enfants sont largement inactifs. Cet aspect ressort de l’analyse de cohorte qui a révélé que la participation au sport chez les jeunes a chuté à un rythme considérablement plus élevé pour les ménages dont les revenus étaient inférieurs à 40 000 $ par année comparativement aux ménages dans la catégorie des revenus de 100 000 $ par année. La ligne de partage des revenus indique clairement la nécessité d’un soutien fiscal (État) pour la participation des enfants des personnes à faible ou moyen revenu. Les espaces parrainés par l’État à différents niveaux de loisir et de compétition dans le sport organisé pour les jeunes de ces familles pourraient avoir une plus grande incidence.
Prochaines étapes
Il reste deux étapes à exécuter dans l’analyse de toutes ces données: l’analyse géospatiale des installations et une analyse plus poussée des données du sondage s’adressant à un large échantillon.
Principaux intervenants et avantages
Les décideurs et les investisseurs dans le sport à la base doivent concentrer les ressources sur les participants évoluant dans des milieux non propices ou des foyers non idéaux. Ces organismes comprennent les gouvernements, les fondations, les commanditaires, le COC et les ONS.
Les organismes intéressés à accroître la participation devraient agir afin de supprimer les obstacles structuraux qui empêchent de puiser dans les bassins potentiels de participants.
Les promoteurs de la santé devraient prendre note que le taux de participation au sport chez la génération plus jeune baisse rapidement. Les politiques devraient chercher à encourager l’adoption de modes de vie sain par les jeunes adultes en adressant des messages clés aux écoles, aux enseignants et aux commissions et conseils scolaires. Il faut également relier les objectifs de développement du sport à des messages préconisant la vie saine qui ciblent les filles.
Enfin, il faut tenir compte de la culture et des sous-cultures des jeunes (c.-à-d. le réseautage social et les intérêts divergents liés à l’écran) dans la planification des programmes à l’intention des adolescents.