
Résumé du projet
Le capital social représente la confiance, la réciprocité et la compréhension commune qui peuvent être produites et reproduites dans un lien social. Lorsqu’il est produit parmi des personnes et au sein des groupes d’une organisation, cette « énergie sociale » peut être une ressource importante permettant l’atteinte des objectifs. Ce projet avait pour objectifs d’étudier la nature et le développement du capital social chez les bénévoles de clubs ou d’organismes communautaires de sport (OCS) et son impact sur la capacité des OCS à atteindre leurs objectifs de développement du sport. Les OCS offrent aux enfants, aux jeunes et aux adultes des voies d’accès qui leur permettent de prendre part à divers contextes de participation sportive. Les bénévoles sont sans contredit l’élément vital de ces associations communautaires sans but lucratif, car ils sont responsables de l’organisation, de la gouvernance et de la prestation de programmes et de services sportifs récréatifs et compétitifs de qualité. Il est important de comprendre comment l’expérience des bénévoles peut influer sur la capacité de ces organismes à atteindre leurs objectifs. Quatre études ont été menées pour répondre aux objectifs du projet.
Les résultats nous permettent de conclure que le capital social se manifeste chez les entraîneurs et les membres bénévoles des conseils d’administration des OCS sous trois formes. Le capital « relationnel » (confiance, respect mutuel, soutien et échange) et le capital « cognitif » (compréhension commune et échange ouvert d’idées) sont plus courants; il y a peu de manifestations du capital « structurel » (accès aux ressources par l’entremise des autres). Le capital social est généré par les liens « d’attachement » et « d’accointances » entre bénévoles qui se caractérisent par des personnalités, des approches à l’égard du travail et un mode de vie semblables ou différents, respectivement. Cependant, ce ne sont pas tous les liens entre les bénévoles qui génèrent du capital social et certains d’entre eux sont considérés comme étant « seulement du travail », sans aucune indication de soutien mutuel ou de compréhension commune. Il est plus susceptible d’y avoir une énergie sociale lorsque les bénévoles travaillent ensemble au moins une fois par semaine et qu’ils contribuent au lien par des compétences, des idées et une énergie valorisées.
Il est important de noter que le capital social a des effets réels sur les bénévoles, le conseil d’administration de l’OCS et le club lui-même. Mis ensemble, la confiance, le respect mutuel, le soutien, l’échange d’idées et la compréhension commune (capital relationnel et cognitif) sont particulièrement positifs et motivants pour les bénévoles qui estiment que cela les rend plus efficaces et efficients. Les bénévoles perçoivent également que l’énergie sociale générée parmi les bénévoles est essentielle au bon fonctionnement général du club. Notamment, la forme structurelle du capital social, qui permet d’avoir accès à d’autres ressources, informations et individus par l’entremise des liens entre les membres du conseil d’administration, est celle qui a la plus grande incidence sur le rendement efficace du conseil en tant qu’organe directeur du club.
Les bénévoles des OCS devraient avoir l’occasion de générer du capital social dans leurs liens avec les autres, y compris chez ceux qui s’estiment différents des autres. Les trois formes de capital social peuvent avoir des effets réels sur l’organisation, la gouvernance et la prestation efficaces du sport dans les collectivités canadiennes.
Méthodes de recherche
Étude 1 : Nous avons exploré la nature, le développement et l’impact perçu du capital social au moyen d’entrevues semi-dirigées avec 30 membres de conseils d’administration et entraîneurs bénévoles d’OCS dans différents sports en Ontario. Les bénévoles ont nommé d’autres bénévoles du club avec lesquels ils ont des liens importants dans le cadre de leurs fonctions, puis ont décrit ces liens pour un maximum de cinq bénévoles.
Étude 2 : Un instrument d’enquête sur le terrain a été élaboré pour mesurer le capital social mis au jour dans la première étude. Au total, 127 entraîneurs et membres de conseils d’administration bénévoles d’OCS de différents sports de l’Ontario ont répondu au sondage en ligne. Les participants ont fait état de leurs liens avec deux autres bénévoles « importants ». La fréquence des interactions, la contribution des atouts individuels et l’efficacité perçue du bénévole et du club ont été examinées.
Étude 3 : L’enquête en ligne a été adaptée pour mesurer le capital social dans le contexte particulier des conseils d’administration des OCS composés de bénévoles. Une analyse au niveau du groupe a été possible pour les conseils d’administration de 42 clubs (réponse d’au moins trois membres du conseil d’administration) touchant différents sports en Ontario. Les participants ont fait état des liens entre les membres du conseil d’administration. La fréquence des interactions, la contribution des atouts individuels et la perception relative au bon fonctionnement des bénévoles, du conseil d’administration et du club ont été examinées.
Étude 4 : Une étude de cas comparative a été utilisée pour effectuer un examen approfondi du capital social parmi les bénévoles au sein d’un OCS composé de membres et d’un organisme communautaire voué aux arts composé de membres. Des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de 20 bénévoles dans chaque organisme. Ces derniers ont nommé d’autres bénévoles de clubs qui sont importants pour leurs fonctions et ont décrit les liens qui les unissent avec un maximum de cinq d’entre eux. Les réseaux sociaux de ces bénévoles ont été créés, et les avantages pour les bénévoles et les clubs ont été examinés.
Résultats de recherche
L’étude 1 a révélé que les formes relationnelles, cognitives et structurelles du capital social se manifestent chez les entraîneurs et les membres bénévoles des conseils d’administration des OCS. Cette énergie sociale était plus susceptible d’être produite lorsque les bénévoles interagissent les uns avec les autres au moins une fois par semaine. Grâce à ces liens, les bénévoles ont l’impression d’être plus motivés, ambitieux, efficients et efficaces dans leur travail au sein des clubs.
Les études 2 et 3 ont révélé que la confiance et l’entraide mutuelle sont étroitement liées à une réflexion commune et à l’échange d’idées. Il s’agissait de formes de capital social beaucoup plus répandues et ayant une plus grande incidence sur l’attitude des bénévoles et le rendement perçu que les liens entre les bénévoles qui donnent accès à d’autres personnes et à d’autres ressources. Le capital social était beaucoup plus répandu chez les bénévoles qui interagissaient plus fréquemment et lorsque « l’autre » bénévole apportait des atouts précieux au lien. Au sein des conseils d’administration composés de bénévoles, des niveaux tout aussi élevés de capital relationnel/cognitif et structurel ont été observés, grâce aux connaissances, à l’expérience, aux idées et à l’énergie apportées par les membres des conseils. Le capital structurel est celui qui a eu le plus d’impact sur la perception du rendement du conseil d’administration du club.
L’étude 4 a révélé que le capital social des bénévoles du club sportif et de l’organisme voué aux arts était assez semblable, à savoir que le capital relationnel et cognitif était le plus répandu et le capital structurel, très limité. Le capital social n’a pas du tout été relevé dans près d’un cinquième des liens entre les bénévoles. Le capital cognitif, soit l’échange d’idées et la compréhension commune, semblait beaucoup plus répandu au sein de l’OCS, ce qui peut être attribuable à une fonction du sport ou à la taille beaucoup plus petite de l’OCS au sein duquel les bénévoles jouent plusieurs rôles. L’étude a également mis en lumière le capital social généré à la fois par les liens d’attachement (entre des personnes semblables) et par les liens d’accointances (entre des personnes différentes), où la personnalité, l’approche à l’égard du travail et le mode de vie sont à la base des similarités ou des différences perçues.
Incidence sur les politiques
La Politique canadienne du sport (2002) reconnaît que « [c]’est à l’échelle locale que la participation sportive peut le mieux se développer ». La politique relative au développement du sport est donc axée sur la mise en œuvre communautaire. Ce projet fournit des renseignements précieux sur la façon dont le capital social parmi les bénévoles des OCS est une ressource potentiellement cruciale pour les clubs et a une incidence sur la capacité d’offrir des programmes sportifs de qualité visant une « participation accrue » et explique pourquoi il en est ainsi.
La politique du sport peut être bien servie par les bénévoles des clubs sportifs communautaires qui se font confiance, se respectent, se soutiennent et échangent des idées en vue d’avoir une compréhension commune de l’orientation, de la fonction et de la gestion de leur club. Cela peut être particulièrement important lorsque les clubs mettent en place des initiatives concernant l’inclusion de groupes sous-représentés (comme les femmes et les filles, les peuples autochtones, les personnes handicapées représentés dans les politiques canadiennes actuelles en matière de sport et les groupes qui seront pris en compte dans le cadre du renouvellement de la PCS).
Les résultats mettent en lumière les répercussions sur la structure et la gestion du bénévolat dans les OCS pour s’assurer que les bénévoles ont l’occasion de travailler ensemble assez fréquemment, avec des personnes qui présentent des atouts précieux, de sorte qu’ils puissent produire ensemble un capital relationnel, cognitif et structurel. Le capital structurel, notamment, semble déficient dans le contexte des OCS, mais il a le potentiel d’accroître l’interaction et la collaboration (PCS, 2012), un objectif du système sportif canadien. Le potentiel est grand pour exploiter cette forme d’énergie sociale au niveau du sport communautaire.
Prochaines étapes
- L’intensité de l’engagement peut être un facteur dans la production de capital social et devrait être explorée pour mieux comprendre le capital social des bénévoles dans les OCS et l’incidence sur sa gestion efficace pour la prestation du sport.
- À partir des connaissances préliminaires observées dans le cadre de ce projet, la recherche devrait continuer d’explorer le phénomène des bénévoles qui se perçoivent comme étant différents qui s’unissent pour établir des liens dans le contexte du sport. Quelles sont la nature et l’étendue de cette diversité? Est-elle propre au sport ou à certains types de sports ou de clubs? L’impact social du sport au Canada peut s’étendre au-delà des terrains de jeu et se manifester dans les coulisses et les salles de conférence où les gens se réunissent pour planifier une activité.
- Étant donné la dépendance du système sportif canadien à l’égard des bénévoles, il y a lieu d’examiner le capital social des bénévoles au niveau des organismes provinciaux et nationaux de sport.
Principaux intervenants et avantages
- Les OCS peuvent tirer profit de la compréhension et de la culture du capital social parmi leurs bénévoles pour assurer un fonctionnement efficace des bénévoles, des conseils d’administration et des clubs.
- Les organismes provinciaux et territoriaux de sport peuvent tirer profit de la reconnaissance du rôle potentiel du capital social des bénévoles dans la prestation communautaire des initiatives sportives provinciales et territoriales et de l’intégration des principes associés à la création de capital social dans les lignes directrices sur la gestion des bénévoles. Il faudrait porter attention à la qualité des liens entre les bénévoles, tout comme on met l’accent sur le recrutement, la formation/présélection et la reconnaissance.
- Les organismes nationaux de sport et les organismes multisports peuvent tirer profit de la reconnaissance du fait que le capital social des bénévoles dans les OCS peut être essentiel à la mise en œuvre de leurs initiatives à l’échelle nationale.