La politique dans le sport international : recherche sur le sport aux fins du développement et du mouvement pacifiste

Résumé du projet

Le sport et l’activité physique font à présent partie de programmes et d’initiatives conçus pour réaliser des objectifs internationaux en matière de développement, ce qui a entraîné la création du secteur sur le « Sport au service du développement et de la paix » (SDP). Bon nombre d’organisations différentes forment ce secteur, dont des organisations non gouvernementales, des organisations caritatives, des compagnies, des clubs de sports professionnels et des gouvernements. Par conséquent, le sport est officiellement reconnu par des organisations, notamment l’Organisation des Nations Unies, comme un facteur contribuant à l’avancement du développement social, surtout dans les pays à revenu faible et moyen (PRFM).

Puisant dans des entrevues avec des responsables de programmes et des décideurs de l’ensemble du secteur du SDP, la présente recherche vise à :

  • étudier les mandats et les approches propres au développement international au sein du secteur du
    SDP;
  • comparer et mettre en rapport ces mandats avec les antécédents en matière de développement
    international et les différentes orientations relatives au développement qui ont été mises en œuvre
    depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

On peut tirer deux principales conclusions. D’abord, même si le secteur du SDP représente manifestement la nouvelle forme de la mobilisation du sport aux fins de changements sociaux, les aspects et les conséquences de la conceptualisation et la mise en œuvre d’initiatives de développement par l’intermédiaire du SDP ne datent pas d’hier. Le développement international est politique par nature et les personnes qui travaillent dans le domaine du SDP le reconnaissent la plupart du temps. En fait, les défis politiques liés au SDP s’apparentent de près aux politiques de développement déterminées dans le cadre d’importantes recherches sur le développement au cours des dernières décennies. Plus particulièrement, l’équilibre entre la modernisation et la gérance et l’autodétermination demeure un défi dans le secteur du SDP. Par conséquent, les défis politiques liés au développement empêchent la mise en place du sport en tant que solution ou panacée aux difficultés touchant le développement international. Le sport n’est pas la solution au développement, mais il peut faire partie du processus visant à repenser les formes habituelles de développement international et, dans certains cas, à leur résister.

Méthodes de recherche

On a réalisé des entrevues semi-structurées (n=9) auprès de responsables de programme et de gestionnaires dans des organisations de SDP. Ce groupe de personnes comptait des représentants de deux organisations de défense et de facilitation du SDP, d’une fondation d’un athlète réputé, d’un 87 organisme de bienfaisance d’un club de sport professionnel axé sur le développement international et le SDP, d’une organisation de développement du sport et du coaching chez les jeunes et de quatre ONG liées au SDP œuvrant dans les pays du Sud et axées sur l’éducation et la santé chez les jeunes.

Les questions des entrevues mettaient l’accent sur la compréhension qu’avaient les décideurs de la place et du rôle qu’occupe le sport au service du développement, et de ses aspects et défis politiques. Même si les commentaires recueillis dans le cadre des entrevues ne reflètent pas complètement les changements continus et la diversité croissante touchant le SDP, ils présentent quand même des points de vue importants et des réflexions relativement aux orientations politiques du SDP. Toutes les entrevues ont eu lieu entre janvier et juillet 2010.

Résultats de recherche

Trois thèmes se dégagent des entrevues.

D’abord, il est raisonnable de soutenir que les notions traditionnelles de développement en tant que processus de modernisation se raccrochent aux connaissances et aux concepts actuels en matière de sport au service du développement au sein du SDP, et influent sur ceux-ci, surtout parce que ces notions présentent le SDP comme une manière de faciliter le progrès chez les personnes et les populations marginalisées. Malgré les points de vue critiques continus qu’attirent les intervenants en SDP sur leur travail et sur le secteur en général, la tendance consistant à réduire le développement à un processus d’amélioration et de protection de la modernité pour les personnes qui n’en reçoivent actuellement pas les avantages demeure une plateforme politique intéressante à partir de laquelle on peut mobiliser le sport au service du développement.

Ensuite, il reste difficile au sein du secteur du SDP de concilier les points de vue critiques et théoriques relatifs au développement et les façons de réaliser le développement différemment avec les difficultés pratiques liées à la manière de mettre en œuvre de nouvelles approches touchant le développement par le sport. En particulier, les tentatives de mises en œuvre différentes du développement ont entraîné les spécialistes et chefs de file du SDP, surtout ceux des ONG, à mettre l’accent expressément sur l’appropriation locale des programmes de développement afin de remettre en cause les hiérarchies traditionnelles du développement. Toutefois, cette approche crée de nouveaux défis dans le cadre du SDP en ce qui a trait à la gouvernance, au financement, à la surveillance et à l’évaluation.

Enfin, il est établi que certains spécialistes du SDP travaillent directement à protéger la nouveauté en matière de développement qu’apporte le sport. C’est-à-dire, aux yeux de certains décideurs dans le domaine du SDP, le sport constitue une réponse à l’échec des principes dominants du développement, même si une telle démarche est très difficile à accomplir dans le cadre de l’économie politique du développement et en raison des pressions exercées afin que l’on mette en place et que l’on évalue le changement durable, et même qu’on le prouve.

Répercussions sur les politiques

L’incidence politique la plus évidente réside dans le fait que les aspects politiques de la mobilisation du sport en vue d’atteindre des objectifs de développement ne peuvent être ignorés ou écartés, même
88 lorsque le sport constitue une activité réellement populaire et fait preuve d’un attrait interculturel. Le développement international constitue, et demeurera, un terrain politique difficile et les décideurs feraient bien d’intégrer les aspects politiques de leurs décisions dans le secteur du SDP et en ce qui a trait au sport au service du développement dans son ensemble.

De plus, les études sur le terrain démontrent bien que de nombreux intervenants du secteur du SDP s’intéressent, et s’engagent, à une réflexion introspective critique ainsi qu’aux partenariats novateurs dans le secteur. Autrement dit, les points de vue traditionnels sur le développement en tant qu’aide apportée à un tiers monde passif sont considérés comme désuets au sein du secteur du SDP. Les décideurs se voient donc présenter une excellente occasion de repenser leurs modèles de politique et leurs organisations de mobilisation du sport en vue de réaliser les objectifs en matière de développement.

Prochaines étapes

La prochaine étape majeure dans le cadre de cette recherche consiste à examiner et étudier la possibilité qu’il existe d’autres orientations politiques en matière de développement (plus radicales, plus actives, plus durables), qui pourraient remplacer l’approche traditionnelle qui semble souvent prévaloir dans le domaine du SDP. Cette démarche permettra de réaliser une analyse comparative entre le « sport au service du développement » (tel qu’il est actuellement appliqué dans le secteur du SDP) et le « sport au service de l’activisme politique ou de la résistance ».

Principaux intervenants et avantages

Toute organisation ou tout groupe œuvrant à la mobilisation ou à l’organisation du sport et de l’éducation physique aux fins de développement (social, communautaire, économique, relationnel, etc.) peut tirer profit des données de cette étude. Elle pourrait être d’un intérêt particulier pour les organisations de ce genre qui œuvrent dans les pays du Sud.

  • ONG pour le sport au service du développement (p. ex. Right to Play, SCORE)
  • Organismes organisateurs (p. ex. le Bureau des Nations Unies pour le sport au service du
    développement et de la paix, Streetfootballworld)
  • Organisations caritatives d’athlètes célèbres (Fondation Steve Nash, Fondation Roger Federer)
  • Ministères (Sport Canada, Patrimoine canadien)
  • Organisations caritatives d’entreprises (Nike, Adidas)

About the Author(s) / A propos de(s) l'auteur(s)

Simon Darnell. Professeur, Sport pour le développement et la paix. Université de Durham.

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