On estime qu’un quart des Canadiennes et Canadiens sont des immigrants, un chiffre qui devrait atteindre 30 % d’ici 2036 (Statistiques Canada, 2017). Lorsque les immigrants arrivent au Canada, leur état de santé est souvent bon, voire optimal. Au fil du temps, ils peuvent être confrontés aux multiples défis de l’immigration, notamment la recherche d’un logement, d’un emploi, d’une communauté et d’amis. À leur tour, les immigrants peuvent adopter des modes de vie malsains qui peuvent entraîner une dégradation de leur état de santé. C’est ce que l’on appelle l’effet de l’immigrant en bonne santé (Elshahat & Moffat, 2022). Selon le gouvernement canadien, le terme « immigrant » désigne une personne qui a quitté son pays d’origine pour s’installer définitivement dans un autre pays (Gouvernement du Canada, 2016).
Sport la participation à une activité physique peut avoir des effets positifs sur la santé physique et mentale des individus (Jakicic et al., 2019 ; Pascoe et al., 2020). Elle peut également créer un sentiment d’appartenance et fournir une occasion d’interaction sociale et de soutien, ce qui peut contribuer au processus d’intégration dans la société canadienne (Schmidt et al., 2021). Malgré ces avantages, les immigrants ne sont pas assez actifs (Mahmood et al., 2019).
Les obstacles à la participation à l’activité physique chez les immigrants au Canada comprennent le manque de soutien social, la langue, les coûts des programmes et le manque de programmes adaptés à la culture (Mahmood et al., 2019). Chez les femmes immigrantes, qui déclarent des taux d’activité physique inférieurs à ceux des hommes immigrants (Mahmood et al., 2019), les obstacles à l’activité physique comprennent les responsabilités familiales, les préoccupations religieuses et le manque d’énergie, de temps et d’engagement (Caperchione et al., 2015 ; Wieland et al., 2015). Dans ce billet de blogue, nous décrirons nos recherches sur les expériences des femmes immigrées en matière d’activité physique. Nous présenterons également des considérations pratiques pour les organisations qui cherchent à rendre l’activité physique et le sport plus accessibles aux immigrants.
À propos de notre étude
Pour l’une de mes études dans le cadre de ma thèse de doctorat, nous avons recruté des femmes immigrantes en utilisant une approche de recherche d’engagement communautaire afin de comprendre et de répondre à leurs préoccupations et à leurs besoins (Vaughn et al., 2018). Un partenariat a été établi entre Kingston Gets Active (KGA), une organisation à but non lucratif qui fournit des ressources en matière d’activité physique à la communauté de Kingston, et Immigrant Services Kingston and Area (ISKA), l’un des principaux fournisseurs de services aux immigrants à Kingston.
Poussée par mon engagement en tant qu’ambassadrice de KGA et par mon intérêt personnel pour l’immigration, j’ai contacté ISKA pour connaître les besoins des femmes immigrées en matière de santé et de bien-être. J’ai rencontré les femmes pendant deux ans, j’ai codirigé certains groupes et j’ai assuré la traduction de l’anglais à l’arabe et vice versa chaque fois que cela était nécessaire. Le fait d’être une femme musulmane immigrante, et plus récemment une mère, a facilité mes interactions avec les participantes et leur a permis de s’identifier à moi d’une certaine manière.
Grâce à mes échanges avec les femmes, nous avons appris qu’il y avait un manque de participation à l’activité physique et de savoir-faire physique, ainsi qu’un besoin d’approfondir ce sujet. Par conséquent, KGA a proposé trois ateliers sur l’activité physique et la littératie physique aux femmes inscrites à l’ISKA. J’ai également mené des entretiens avec 10 immigrantes afin d’explorer la question de l’activité physique, du sentiment d’appartenance et de l’intégration.
Ce que nous avons appris
Cette recherche nous a appris que les immigrantes voulaient faire partie de la culture canadienne et que l’activité physique, dans ses formes les plus simples comme la marche, leur donnait l’occasion de rencontrer des Canadiennes et Canadiens, ce qui renforçait leur appartenance à la communauté. Les immigrantes ont également souligné certains obstacles qui les empêchent d’être plus actives. L’un de ces obstacles est le manque de possibilités culturellement adaptées à leurs besoins.
Par exemple, les femmes ont déclaré qu’elles avaient besoin d’installations dont l’accès est réservé aux femmes et d’une instructrice qui comprend leur langue et peut communiquer avec elles, ou qui peut communiquer en anglais tout en fournissant les adaptations nécessaires pour qu’elles puissent comprendre la langue et l’exercice. D’autres obstacles mentionnés par les femmes sont le manque de services de garde d’enfants et le besoin d’être dans un environnement de groupe qui peut les motiver à faire de l’exercice de manière plus régulière.
Que peuvent faire les organisations pour rendre l’activité physique plus accessible aux immigrants et soutenir leur engagement dans le sport ?
1. Laissez-les exprimer leurs intérêts
Lorsque les immigrants font partie de la conversation, ils expriment ce qui les intéresse en matière d’activités physiques ou sportives. Pour ce faire, ils peuvent être associés à la planification et à la mise en œuvre de toute activité. Par exemple, les immigrants peuvent avoir déjà participé à des activités physiques et souhaiter participer à une activité similaire. D’autres peuvent n’avoir aucune expérience et souhaiter bénéficier de conseils et d’un encadrement.
2. Tenez compte des particularités religieuses et culturelles
L’adaptation à la diversité religieuse et culturelle devrait être une priorité importante pour les organisations de sport et d’activité physique qui souhaitent intégrer d’autres personnes, en particulier les immigrants. Par exemple, certaines immigrantes ne se sentent pas à l’aise dans un sport particulier où se côtoient des personnes de sexes différents dans le même jeu et peuvent préférer une équipe exclusivement féminine. Pour cette population, il peut être très utile de tenir compte des codes vestimentaires, de s’entraîner les jours d’observation religieuse et d’être conscient des efforts de jeûne pendant les jours religieux.
3. La représentation est importante
Bien souvent, nous avons besoin d’un coup de pouce pour essayer quelque chose de nouveau. Il en va de même pour les immigrants. La présence d’immigrants dans une équipe sportive et à des postes de direction peut procurer aux autres immigrants un sentiment d’appartenance et de sécurité et faciliter leur participation à un sport ou à des activités physiques. Par exemple, les jeunes immigrants qui portent un hijab peuvent se sentir mieux intégrés s’il y a quelqu’un qui leur ressemble dans l’équipe.
4. Inclure les familles
L’un des principaux obstacles à l’activité physique et à la pratique du sport chez les femmes immigrantes est le manque de services de garde d’enfants. Le fait d’inclure les familles dans un même programme peut atténuer cet obstacle et offrir aux familles un espace où elles peuvent se rencontrer et socialiser tout en étant physiquement actives.
Conclusion
Il ne fait aucun doute que la population immigrante augmente au Canada, et la recherche a montré que leur participation à des activités physiques et sportives peut être une excellente occasion pour les Canadiennes, Canadiens et immigrants d’apprendre à connaître la culture de l’autre et de favoriser l’intégration et l’appartenance tout en améliorant leur santé et leur bien-être. Offrir aux immigrants la possibilité de participer à des activités physiques peut s’avérer très utile, mais cela ne peut se faire sans leur participation au dialogue pour s’assurer que les possibilités d’activité physique soient adaptées à leurs besoins.