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Alors que les restrictions de santé publique commencent à être levées dans le pays, le retour à la participation sportive nécessitera un ajustement et une adaptation. Au moment où les athlètes reprennent le sport, le virus est toujours présent, tout comme l’incertitude. L’annulation de manifestations sportives, l’imposition de protocoles de confinement à la maison et la distanciation sociale des derniers mois ont entraîné pour de nombreux athlètes une perte de contrôle, voire une perte de leur sentiment d’identité (Koninckx et Teneau, 2010). Ces sentiments de perte peuvent persister longtemps après le retour à l’entraînement.

En ce qui concerne le retour au sport, les athlètes peuvent passer par trois phases de défis émotionnels : gérer les émotions associées à la perte de repères ; donner un sens à la situation et au changement nécessaire ; et mobiliser l’énergie et les efforts pour s’adapter à la nouvelle réalité. Ce blogue discutera de chaque phase et des implications pour les athlètes et les entraîneurs.

Phase 1: Gérer ses émotions

Les athlètes auront des réactions différentes et des niveaux de confort et de motivation variables lorsqu’ils reprendront le sport. Ils peuvent ressentir de la joie et de l’enthousiasme d’être avec des amis et de retourner à l’entraînement, et attendre avec impatience la compétition, ou ressentir de la peur et de l’anxiété liées au risque d’infection, aux effets du désentraînement ou au fait de connaitre un retard par rapport aux concurrents et aux coéquipiers. Il est important de reconnaître ces différences et d’accroître la conscience émotionnelle que nous avons de nous-mêmes et des autres.

Les attentes pour les premières séances d’entraînement devraient être modestes et axées sur le rétablissement des relations. Si des petits groupes d’athlètes/entraîneurs s’entraînent ensemble, laissez-leur le temps de se rattraper et se réorienter vers l’environnement d’entraînement. Ce rétablissement est important pour la gestion des émotions et favorise l’adaptation au nouvel environnement d’entraînement, qui sera probablement très différent de ce qu’il était avant la pandémie.

Il est également probable que les athlètes et les entraîneurs éprouvent un certain degré de fatigue mentale une fois de retour dans leur environnement sportif. Le stress lié au respect des directives, au nouvel environnement et à la simple interaction avec les autres après des mois d’interactions sociales limitées peut entraîner un plus grand sentiment de fatigue.

Phase 2: Donner un sens à la situation

La deuxième phase consiste à donner un sens à la situation. Si la motivation et l’engagement d’un athlète n’ont pas été affectés par les circonstances entourant la pandémie, ils sont une source d’énergie pour aller de l’avant. Si la motivation et l’engagement ont été altérés, des sentiments d’incohérence, de manque d’efficacité et d’efficience, des doutes et des sautes d’humeur peuvent être ressentis (Koninckx et Teneau, 2010).

À ce stade, les évaluations physiques et techniques sont importantes, car les athlètes reprendront le sport à un niveau différent de celui qui existait avant leur isolement. Si les athlètes ont continué à faire des exercices et à s’entraîner à la maison, ils ne connaissent probablement pas autant de retard qu’ils ne le pensent. Les athlètes qui ont passé du temps à travailler sur d’autres aspects de leur performance (par exemple, la performance mentale ou tactique) peuvent se retrouver avantagés une fois qu’ils reprendront le sport. L’entraînement doit être progressif pour éviter les blessures et le surentraînement, et tant les athlètes que les entraîneurs doivent demeurer flexibles pour faire face aux changements de restrictions et renouveler leurs objectifs.

Certains athlètes reviendront et voudront reprendre l’entraînement aux niveaux d’avant la pandémie ; d’autres s’interrogeront peut-être sur leur retour. Il peut être utile pour les athlètes et les entraîneurs d’explorer et de discuter du « pourquoi » de l’athlète – ses raisons profondes de poursuivre sa carrière sportive et ses objectifs.

Phase 3: Mobiliser l’énergie et les efforts

Cette troisième phase est celle d’un nouvel équilibre, lorsque les athlètes se concentrent à nouveau sur la performance. Bien que des événements ciblés puissent avoir changé en raison de la pandémie, les objectifs quotidiens de performance et de processus doivent toujours refléter la poursuite d’objectifs à long terme. Il peut être difficile de maintenir la motivation lorsqu’il n’est pas clair où se situe la « ligne d’arrivée ». Pour s’aider, les athlètes et les entraîneurs peuvent se recentrer sur des objectifs de performance et de processus à court terme qui sont sous leur contrôle et qui, en fin de compte, favoriseront la performance à long terme. Les athlètes devraient maximiser l’utilisation des ressources et de l’expertise disponibles (par exemple, les équipes de soutien intégrées, les entraîneurs) pour s’assurer que leur plan et leurs objectifs d’entraînement sont bien alignés aux aspects physiques, techniques, tactiques et mentaux de la performance.

À cette phase (et à toute autre phase), les athlètes peuvent se trouver aux prises avec des doutes et une perte de confiance en soi. Les entraîneurs peuvent aider les athlètes à remettre en question toute fausse croyance (par exemple, « je suis tellement en retard! ») avec des données probantes en mesurant et en suivant régulièrement les progrès, et en comparant les résultats avec les données de pré-isolement lorsque cela est utile. En fixant et en évaluant des objectifs à court terme, les athlètes peuvent gagner en confiance et en motivation pour aller de l’avant, même dans l’incertitude d’objectifs tangibles à long terme.

Le retour à l’entraînement après l’isolement est similaire au retour après une longue blessure. La réintégration progressive est la clé. Cependant, une différence majeure entre le retour après une blessure et le retour après un isolement est la façon dont les athlètes sont susceptibles de se sentir. Au retour d’une blessure, les athlètes ne sont pas forcément à pleine capacité. Cependant, il est possible qu’en revenant de l’isolement, les athlètes se sentent le plus reposé ou récupéré qu’ils ou elles se soient sentis depuis longtemps. Cela peut conduire les athlètes à vouloir en faire trop, trop tôt.

Enfin, il est tellement important que nous utilisions les compétences mentales, la créativité et les leçons apprises pendant les restrictions de santé publique de la COVID-19 et que nous les transférions à notre environnement d’entraînement adapté. Ainsi, une nouvelle réalité sera créée, la confiance reviendra et de nouvelles idées émergeront (Koninckx et Teneau, 2010 ; Deetjeans, 2005). En fin de compte, nous pourrions réaliser que la pandémie a contribué à renforcer la résilience et la tolérance des athlètes face à l’incertitude, à développer des compétences transférables et à accroître leur sagesse.


A propos de(s) l'auteur(s)

Lori Dithurbide (@DrLoriD) est professeure adjointe à l’École de la santé et de la performance humaine de l’université Dalhousie. Ses recherches portent sur les aspects psychosociaux du sport. Elle est également consultante principale en performance mentale pour le Centre canadien du sport Atlantique et l’équipe canadienne de gymnastique artistique féminine, et a travaillé avec des athlètes de haut niveau de différents sports olympiques et paralympiques.

Amélie Soulard est psychologue et consultante principale en performance mentale pour l’Institut du Sport du Québec (INS Québec) où elle travaille avec des athlètes de boccia, de rugby en fauteuil roulant et d’autres athlètes de niveau international de différents sports. Elle enseigne également la psychologie du sport et de la performance à l’Université de Sherbrooke et au Conservatoire de musique de Montréal.

Références

Deetjeans, M.-C. (2005). Résilience et autodétermination : l’art de rebondir après la souffrance. Montréal : Les éditions Quebecor.

Koninckx, G. et Teneau, G. (2010). Résilience organisationnelle: Rebondir face aux turbulences. Louvain-la-Neuve, Belgique: De Boeck Supérieur.


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