Comment les experts se démarquent-ils des débutants? Dans le sport, la réussite dans les sports peu ou très stratégiques dépend grandement des connaissances de base des athlètes. En effet, ces connaissances peuvent être l’élément qui permet d’identifier les vrais experts parmi les athlètes ayant les mêmes compétences et la même expérience. Les connaissances de base sont importantes pour les parents et les entraîneurs, car elles leur donnent des façons de rehausser les performances athlétiques des enfants, outre l’amélioration des compétences physiques.
Quels sont les différents types de connaissances?
Une façon de catégoriser nos connaissances de base est de les diviser en trois types. En effet, on développe d’abord des connaissances déclaratives, puis procédurales et enfin stratégiques.
- Les connaissances déclaratives comprennent des faits, des définitions et des règles de jeu; essentiellement, il s’agit de choses qu’on peut verbaliser facilement.
- Les connaissances procédurales sont le « comment », par exemple comment lancer une balle de baseball, ou comment réparer un tuyau de vélo. On peut diviser davantage les connaissances procédurales en choix de réponse (décider du mouvement à faire dans une situation précise) et en moteurs procéduraux (faire le mouvement choisi). Les connaissances procédurales font le lien entre une situation, les renseignements sensoriels connexes et la façon qu’on choisit de répondre à la situation.
- Les connaissances stratégiques comprennent la connaissance de stratégies et de règles générales, comme le jeu à la défensive et la capacité de faire des passes rapides. Les connaissances stratégiques diffèrent des deux autres types dans le sens qu’il s’agit de connaissances générales qui peuvent être appliquées à de nombreux contextes. Contrairement aux connaissances déclaratives ou procédurales, ce type n’est pas propre à un seul sujet ou sport.
Les experts ont plus de connaissances déclaratives et procédurales que les débutants. Les connaissances procédurales impliquent de choisir et de faire une action qui convient aux circonstances. Par conséquent, un athlète qui a des connaissances accrues lui permet de faire des actions plus rapides et précises.
Pourquoi des connaissances de base sont-elles importantes dans le sport?
Les connaissances sont essentielles tant pour les sports peu stratégiques (natation, gymnastique, saut en longueur, etc.) que très stratégiques (soccer, baseball, tennis, etc.). Pour le premier type de sports, l’efficacité d’une compétence a une incidence sur la réussite sportive, tandis que pour le deuxième type, la réussite dépend aussi de l’interprétation des situations changeantes ou des interactions avec les adversaires.
Dans les sports peu stratégiques, les connaissances ont une grande incidence dans les premières étapes de l’apprentissage d’une compétence et dans l’application de celle-ci. En effet, les connaissances précèdent les compétences : on doit connaître les éléments d’une compétence, comme ses composantes et la position du corps, avant de la mettre en pratique adéquatement. On peut ensuite rehausser les connaissances procédurales sur la façon dont on exécute le mouvement pour qu’il devienne une habileté précise permanente.
Dans les sports très stratégiques, l’accent est souvent mis sur la capacité d’analyser un jeu ou de réagir à une action d’un adversaire. Encore une fois, la réussite dépend en partie de la rapidité et de la justesse de l’interprétation d’une situation et de la réaction qui en découle. Les compétences physiques à elles seules n’accordent pas d’avantage particulier si on n’intègre pas les connaissances.
Qu’est-ce que cela signifie pour les entraîneurs et les parents?
Les enfants peuvent développer des connaissances plus rapidement que des compétences physiques, ce qui fait en sorte que les connaissances sont possiblement le facteur le plus important qui influence la performance sur le terrain. Bien que l’expérience n’équivaille pas à de l’expertise, des années d’entraînement, de jeu et de pratique peuvent certainement accroître les connaissances de base.
Les entraîneurs devraient expliquer les éléments clés de ce qu’ils cherchent dans un mouvement et une compétence, de même que les raisons expliquant pourquoi on doit le faire d’une certaine façon. Ainsi, ils aident les enfants et les jeunes à mieux comprendre, et par conséquent à mieux performer. Lorsque les entraîneurs développent des jeux, ils doivent expliquer les options, laisser les athlètes les essayer, puis donner de la rétroaction. Ainsi, les entraîneurs favorisent l’apprentissage procédural et donnent aux athlètes l’occasion de mettre à l’essai des processus de prise de décisions ainsi que de nouveaux mouvements.
Les parents quant à eux doivent faciliter le développement des connaissances de base dans des situations quotidiennes. Il peut simplement s’agir d’expliquer une règle en regardant une partie, ou de décrire comment un athlète met en œuvre une habileté. Les parents doivent offrir aux enfants une occasion égale d’observer, de mettre en pratique et d’apprendre des sports. La différence sur le plan de la performance entre les jeunes garçons et les jeunes filles n’est pas nécessairement attribuable à des compétences physiques supérieures, mais plutôt aux connaissances de base. Sans généraliser, les garçons sont souvent exposés au sport plus tôt et plus fréquemment que les filles. Les parents devraient donc inclure toute la famille à leur expérience sportive. Non seulement cette pratique favorise-t-elle une participation sportive à long terme, mais elle constitue le fondement des connaissances de base.
Sources :
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Haywood K, Getchell N. (2009). Développement des mouvements moteurs pendant la durée de vie (5e éd.). Champaign, IL: Human Kinetics.
Thomas KT. Le développement de l’expertise sportive : du débutant au joueur le plus utile. QUEST. 1994; 46(2): 199 à 210.
À propos de l’auteure : Lily est une étudiante de 4e année dans le programme de kinésiologie à l’Université Western. Son expérience athlétique est dans la nage synchronisée et elle continue sa participation dans le sport comme entraîneuse et comme nageuse sur l’équipe universitaire.